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derision f.
[ÉtymologieEmprunté au lt.tard. DĒRĪSIO, -ŌNIS “moquerie” (dès mil. 3es., ThesLL 51,633; pour le mlt., cf. ib.; MltWb 3,401; LathamDict 1,624c).
Rem. no 1: Pour l’att. de desrison au sens de ”tort, injustice” (Lac 5,143b sous desraison), d’où derison “injure, tort, dommage, pillerie” (Gdf 2,642c sous desrision) de ViolPr (ca. 1460) d’après l’éd. de Gueulette 1727 (qui suit l’imprimé de 1520), qui correspond à ViolPrM XXXVIII 1 [onques home vivant ne fist telle desrision a dame ne a damoyselle](1), Merk RLiR 44,282 suppose un croisement sémantique avec desraison, bien que l’att. s’intègre bien dans le champs sémantique de notre mot. Cp. l’att. de GirRossAlH et la note 3 ci-dessous.
Rem. no 2: AND2 702b et ANDEl donnent sous derisorie la loc. adv. en derisorie “last, in final position” avec la seule att. de MirAgn2K XIII 158 Il memes ala en derisorie. En réalité, l’éd. donne Il memes ala en derein, l’entrée avec l’att. donnée est à supprimer.
Rem. no 3: Le FEW 3,49b donne sous derisio un petit paragraphe: «Ebenso aus lt. derisorius entlehnt dérisoire “fait par dérision” (seit 14. jh.).» La datation vient très prob. de Delboulle RHL 9,486 qui avait écrit pour dérisoire: «Vers 1327. Paroles derisoires (J. de Vignay, Mir. hist., XXVII, 5, édit. 1531)» ainsi que «xives. Il fait une raison derrisoire en soy mocquant et irrisant des Rommains (Raoul de Presles, Cité de Dieu, III, Exp. sur le chap. 25, édit. 1531.)». La date «v. 1327» a été reprise dans MatHistVoc2 3,65 et elle se trouve encore dans RobHist, Rob 2001 et RobP2 2015. Or, le ms. de JVignayMir BN fr.314 f°112v°a donne à l’endroit indiqué(2) paroles rians, la date «vers 1327» est donc caduque (> 1531 / 1495/96). Par contre, l’att. de Raoul de Presles est confirmée par l’éd. moderne basée sur les mss., et on lit dans RPreslesCitéB III chap. 25 (p. 835): Et fait une raison derisoire en soy mocquant des Rommains, disant que se si grant dieuesse comme est Descorde estoit courroucié a la cité de Romme… La première date assurée est donc 1375.]
Rem. no 1: Pour l’att. de desrison au sens de ”tort, injustice” (Lac 5,143b sous desraison), d’où derison “injure, tort, dommage, pillerie” (Gdf 2,642c sous desrision) de ViolPr (ca. 1460) d’après l’éd. de Gueulette 1727 (qui suit l’imprimé de 1520), qui correspond à ViolPrM XXXVIII 1 [onques home vivant ne fist telle desrision a dame ne a damoyselle](1), Merk RLiR 44,282 suppose un croisement sémantique avec desraison, bien que l’att. s’intègre bien dans le champs sémantique de notre mot. Cp. l’att. de GirRossAlH et la note 3 ci-dessous.
Rem. no 2: AND2 702b et ANDEl donnent sous derisorie la loc. adv. en derisorie “last, in final position” avec la seule att. de MirAgn2K XIII 158 Il memes ala en derisorie. En réalité, l’éd. donne Il memes ala en derein, l’entrée avec l’att. donnée est à supprimer.
Rem. no 3: Le FEW 3,49b donne sous derisio un petit paragraphe: «Ebenso aus lt. derisorius entlehnt dérisoire “fait par dérision” (seit 14. jh.).» La datation vient très prob. de Delboulle RHL 9,486 qui avait écrit pour dérisoire: «Vers 1327. Paroles derisoires (J. de Vignay, Mir. hist., XXVII, 5, édit. 1531)» ainsi que «xives. Il fait une raison derrisoire en soy mocquant et irrisant des Rommains (Raoul de Presles, Cité de Dieu, III, Exp. sur le chap. 25, édit. 1531.)». La date «v. 1327» a été reprise dans MatHistVoc2 3,65 et elle se trouve encore dans RobHist, Rob 2001 et RobP2 2015. Or, le ms. de JVignayMir BN fr.314 f°112v°a donne à l’endroit indiqué(2) paroles rians, la date «vers 1327» est donc caduque (> 1531 / 1495/96). Par contre, l’att. de Raoul de Presles est confirmée par l’éd. moderne basée sur les mss., et on lit dans RPreslesCitéB III chap. 25 (p. 835): Et fait une raison derisoire en soy mocquant des Rommains, disant que se si grant dieuesse comme est Descorde estoit courroucié a la cité de Romme… La première date assurée est donc 1375.]
(derision ca. 1198 EvratGenaBo 3961; AntAnW 1211; MirNDChartrK XX 51; SommeLaurB 32,364; 32,365; 32,364/365; ChastPerePrH 32,8 [c.s. sg. -ions]; VoieParadPrD 212,14 [ms. derison]; OvMorB IV 1755; Vie saint Cyriace ms. BN fr.988 f°163v°a; GilMuisK 1,275,2; 2,164,17 [c.s. sg. -ions]; [PsLorrA XXXIV 16; OresmeEthM 178; 272; 431 [deux att.]; etc.; 459; OresmePolM 117a [deux att.]; 240a; AalmaR 2903; 3594; 6997; etc.; 8508; OresmeCielM III 13,46; FroissChronL 5,39; etc.etc.DeschQ 9,196,5990; MenagB 105,25], derrision GuillPalMo 8056; SommeLaur var. GdfC; OvMorB VII 773; GirRossAlH 2440; [MirNDPers24P 1082; JGoulRatB XV 79; DeschQ 2,73,25; GuillMachConfH 3380var.], desrision GuillMachConfH 3380, deriseon PsLorrB XXXIV 19var.)
- ◆“moquerie mêlée de mépris” (dep. ca. 1198, EvratGenaBo 3961 [La nuiz fu noire et tenebrouse, Tot por voir, sens parole oisouse, Del ciel li aparut uns fors, Fumant aval venoit grant cors. Ce vit il en sa vision; Nel tenez a derision K’entre ces choses si diverses Tant horribles et tant averses, Ke l’une descent, l’altre rampe]; GuillPalMo 8056 [En non Dieu, pere (c’est le roi d’Espagne), dist Amphons, Molt fu grans la derrisions, Quant par force voliés avoir La pucele (Florence) outre son voloir]; AntAnW 1211 [Ainz atorne tot a folie E fet gab(e)s e derisions, Se il ot predications]; MirNDChartrK XX 51; SommeLaurB 32,364/365 [Li quinz getons de cest estoc (= ‘branche d’orgueil’(3)) si est derision, car c’est costume d’orgueilleus seurcuidé que il ne li soufist mie despire en son cuer les autres qui n’ont pas ces graces que il cuide avoir, einz en fet ses gas et ses derisions, et que pis est, se moque et chufle des preudeshomes et de ceus que il voit a bien atorner]; ChastPerePrH 32,8; VoieParadPrD 212,14; OvMorB IV 1755; Vie saint Cyriace ms. BN fr.988 f°163v°a [Et pour la derision des crestiens (Maximien) se baignoit ou leu ou sainz Cyriaces soloit baptizier et chanter ses espitres, vérifié sur ms.]; GirRossAlH 2440 [Toutes s'agenoillerent pour Dieu doner louange Et li crïent marci des molestations Et des granz batemanz et des derrisions Qu'elles havoient fait a la dame tres sainte(4)]; GilMuisK 1,275,2; 2,164,17; [GuillMachConfH 3380; PsLorrA XXXIV 16; MirNDPers24P 1082; OresmeEthM 178; 272; 431 [deux att.]; etc.; 459; JGoulRatB XV 79; OresmePolM 117a [Gorgias disoit a ceste propos par yronie et par derision que…, ib. une autre att.]; 240a; AalmaR 2903 [derisus, -sus : moquemens, derision]; 3594; 6997 [ludibrium, -brii : gabemens, derision]; etc.; 8508; OresmeCielM III 13,46; FroissChronL 5,39; DeschQ 2,73,25; 9,196,5990 (Le miroir de mariage); etc.etc.MenagB 105,25], TL 2,1437; GdfC 9,309a; Mts 895a; DMF; Li 12,1082c; DG 1,699b; TLF 6,1208a; FEW 3,49b)
- ◆“moquerie mêlée de mépris”"id." (dans une image) (ca. 1320, OvMorB VII 773 [Jhesus les grans toriaus donta Qui rendoient parmi la bouche Feu de venimeuse reprouche, D’affis et de derrisions Et de falses distrucions])
●derisorie f.
(1)
Le gloss. donne sous desrision: faire desrision a qq’un “se moquer de qq’un, tourner qq’un en ridicule, le bafouer”.
(2)
Dans le ms., c’est livre XXVII, chap. 6.
(3)
Pour les ‘branche d’orgueil’, cf. aussi p.ex. VoieParadPrD 127ss.
(4)
DMF range cette att. sous “tort, dommage causé par une attitude railleuse et méprisante, par une situation où l'on se sent moqué, par une attitude excessive ; p. ext., tort, dommage”, ce qui ne s’impose pas. Le sens de “moquerie mêlée de mépris” nous paraît bien adéquat; cp. la rem. 1 ci-dessus.
(5)
Correspond à [I]rrisoyre “moquerie” dans ManuelPéchR 9083; à ajouter à l’article irrision DEAF I 448,33.