DEAFplus
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rédaction: Thomas Städtler
desiderer v.
[ÉtymologieEmprunté au lt. DĒSĪDERĀRE “désirer” (dès Plaute), “avoir besoin de” (dès Quintilien [1ers. apr. J.-C.], ThesLL 51,701; pour le mlt. cf. MltWb 3,439; LathamDict 1,629a). – Desiderable est un dérivé suffixal de desiderer ou emprunté au lt. DĒSĪDERĀBILIS, -E “qui est souhaitable, désirable” (dès Cicéron, ThesLL 51,696; pour le mlt. cf. MltWb 3,435; LathamDict 1,629a). – Desideratif est emprunté au lt. DĒSĪDERĀTĪVUS, -A, -UM, t. de gramm. “qui exprime le désir” (dès Priscien, ThesLL 51,697; pour le mlt. cf. MltWb 3,437; LathamDict 1,629b). – Comme la seule att. de desideros que nous connaissons est francoitalienne – la forme afr. courante étant desirros –, ce mot est à considérer prob. comme emprunté à l‘it. DESIDEROSO „désireux“, bien attesté depuis le milieu du 13e siècle (TLIO ), plutôt que comme un dérivé suffixal de desiderer ou que comme emprunté au lt. DĒSĪDERŌSUS, -A, -UM „id.“ (ThesLL 51,710 avec une seule attestation 6e/7es.; pour le mlt. cp. desideriosus LathamDict 1,629c [deux att. après 1099 et 1180]). Pour des raisons pratiques nous les traitons tous ici dans un seul article.
Cp. → desirrer DEAFpré, où se trouve aussi desirros.

Rem. no 1: BartschChrest n°9 reprend pour la Chanson de saint Alexis le texte d’AlexisP et donne pour le v. 206 la forme desidret que l’on serait tenté d’inclure dans cet article. Or, l’éd. P donne, tout comme le ms., desirret, à ranger sous → desirrer.
Rem. no 2: ANDEl cite sous desiderable aussi l’att. de SAubH 1046 avec cette graphie; dans l’éd. on lit cependant desirable.
]
  • “éprouver le désir (de qch.)” (dep. mil. 14es. [rarement attesté à travers les siècles(1)], SEvroulS 3088 [Adonques a consideré Lez moines qu’ont desideré O leur mestre touz jours venir. Pitié out, ne se pout tenir, Ains dist: ‘Les os de vostre mestre Ai; eulz sont ci et en cest estre’]; [ModusT 149,48 [le Monde est si garni de choses plesans et dilicieuses, de tresors, de vestemens, de toutes noblecez que l'en puet desiderer]; AalmaR 505 [appeto, -tis : appeter ou desiderer par appetit, adquerir, requerir]], TL 2,1610; Mts 951b; DMF; Hu 3,84b; ad FEW 3,53b)
desiderable adj.
(desiderable DulcisHarlM 36; OvMorB V 2364; [PsLorrA CV 24], desiderabile CommPsia1G2 II 28(2))
  • “qui excite le désir” (prob. 1163-64; ca. 13201616(3), CommPsia1G2 II 28 [Si devuns savoir que cil David et les sues aventures furent prophecie del nostre grant David Jhesu Crist, et li nuns et li segnefiance, car David ço sone en latin manu fortis vel visu desiderabilis, [ço est] forz par main o desiderabiles par veüe]; DulcisHarlM 36 [A, duz Jhesu treloable, Venkeres noble de diable, Vostre douceour n’a fin n’a fable, Tant estes sire desiderable]; OvMorB V 2364 [Encor afiert il a bon mestre, Qui drois philozophes veult estre, Qu’il ait desiderable soi De cognoistre le monde et soi]; [PsLorrA CV 24 [la terre desiderable et delitable]], Gdf 2,598c; ANDEl; Mts 951b; TL 2,1610 [renvoi]; DMF; Hu 3,84b; ad FEW 3,53b)
desideratif adj.
(desideratif prob. 2em. 14es. AalmaR 2914 [c.s. m.sg. -iz]; 8513 [c.s. m.sg. -is]; EvrartContyEchG 98r7 [c.s. f.sg. -ive])
  • “qui exprime le désir” (dep. prob. 2em. 14es., AalmaR 2914 [desiderativus, -va, -vum : desideratiz]; 8513 [optativus, -va, -vum : optatis, desideratis(4)]; EvrartContyEchG 98r7 [pour ce sont en le home et es bestes parfaites les .V. sens ordené, c'est assavoir pour congnoistre et eslire ce qui leur est convenable ou contraire et est ceste vertus appellee concupiscible, c'est a dire desiderative], GdfC 9,341b; DMF; Hu 3,84b; TLF 6,1278b(5); ad FEW 3,53b)
afr. francoit. desideros adj.
(desidros BueveFrancoitRo 4775)
  • “qui éprouve le désir (de qch.)” (1erq. 14es., BueveFrancoitRo 4775 [Bovo d’Antone… De star en pais senpre fo desidros E de mal faire senpre fo vergognos], cp. desidreux, attesté très rarement, aussi sous la forme desidereux, dep. 1586(6))
(1) Cp., p.ex., 1537 Trad. de Boccace, Flammette, ch.I, 19v° (dans Hu); Jean Baptiste Porta, La magie naturelle divisée en quatre livres…, Lyon 1678, p. 18; Méditations sur la Règle de S. Benoist, tirées du Commentaire de Monsieur l’Abbé de la Trappe…, Paris 1705, p. 324; K. F. von Wiebeking, Analyse descriptive historique et raisonnée des monumens de l’Antiquité…, Munich 1838, t. 1, p. 146; Yves Bertherat, Silences, poèmes, Paris 1969, p. 107; Nicolas Zurstrassen, Fors, in: Bibliothek sauvage 2, Paris 2015, p. 43.
(2) Suit directement la citation lt. dans le texte, ce qui pourrait expliquer la terminaison -bile.
(3) François de Sales, Traité sur l'amour de Dieu (dans Hu).
(4) Il n’est pas exclu que les att. d’Aalma concernent le terme de grammaire, cp. DMF.
(5) Donne comme première att. «1377 [1re éd.] B. de Gord., Pratiq., V,2» avec renvoi à GdfC qui cite pourtant l’impr. Lyon 1495, le seul existant et qui donne un texte rajeuni, cf. Littré HLF 25,328.
(6) Les sentences illustres de  M. T. Ciceron…, Paris 1586, p. 417b: Ceux qui frequentent le roy Phelippe, le dient si desidreux d’honneur…; Algebre de Viete, d’une methode nouvelle…, Paris 1636, p. 430: Puis que Morin est si desidereux de sçavoir qui a rendu mon françois si poli…; etc.