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rédaction: Thomas Städtler
disjonctif adj. et subst. f.
[ÉtymologieEmprunté au lt. DISIŪNCTĪVUS, -A, -UM, t. de gram. “qui exprime le fait que la suite de la phrase a un sens opposé ou alternatif au début, disjonctif” et t. de log. “qui exprime une alternative” (ThesLL 51,1385; pour le mlt., cf. MltWb 3,756; LathamDict 1,686b). Le français a emprunté les deux acceptions, le t. de logique est d’abord attesté comme subst. fém., l’adj. correspondant n’est attesté qu’à partir de 1534 (Hu 3,207a).

Rem. no 1: Takeshi Matsumura RLiR 68,583 interprète les att. AssJérJIbE 205,20 et 206,3 comme “conjonction disjonctive” et propose de les ajouter à StädtlerGram 202. L’idée est reprise dans Mts 955 avec la déf. “particule disjonctive”. A notre avis, ce sont des att. pour disjonctive comme terme de logique au sens de “énoncé qui pose deux alternatives”. Pour illustrer notre opinion, nous donnons des contextes plus longs que d’habitude, v. ci-dessous.
Rem. no 2: Au FEW 3,96b il faut ajouter un article disjūnctīvus.
]
(disjunctif DonatgS 52; Donatm1S 74; Donatm2S 99; DonatvC 197; 198; [OresmeEthM p. 158 [c.s. f.sg. -ive]; Gramm4S 30], desjointif av. 1266 AssJérJIbE 205,20 [c.s. f.sg. -ive]; 206,3 [c.s. f.sg. -ive])
  • 1o⁠adj., t. de gram. “qui exprime le fait que la suite de la phrase a un sens opposé ou alternatif au début, disjonctif” (en parlant d’une conjonction)⁠ (dep. 2em. 13es. [ms. déb. 14es.](1), DonatgS 52 [Quantes potestés de conjunction sont? .v. Quelles? La copulative couple, la disjunctive desjoint, l’expletive remple, la causele rent cause, la rationele rent raison]; Donatm1S 74; Donatm2S 99; DonatvC 197; 198; [Gramm4S 30], TL 2,1947; Mts 1041b; GdfC 9,390b [1562, La Ramee, Gram. p. 123]; Li 12,1182a [sans att.]; TLF 7,279a; StädtlerGram 202; ad FEW 3,96b)
  • 2o⁠f., terme de logique “énoncé qui pose deux alternatives” (dep. av. 1266(2), AssJérJIbE 205,20 [Et se celui de qui l’on se claime enssi noie et defent ce que le clamant li met sus et s’en eufre a defendre et en tent son guage, die celui qui est au conceill dou clamant la parole en la maniere desus devisee, mais que tant que il mete ‘ou’ por ‘et’ la ou il dit qu’il l’a murtri et doné le cop dont il a mort receue die qu’il l’a murtri ou doné le cop dont il a mort receue, et mete a la premiere parole le ‘et’. Por ce que son aversaire ne conoisse la desjointive a la premiere parole, que se il dit au premier le ‘et’ et il dit au doner des gages le ‘ou’, son aversaire ne s’en prendra pas si tost gardé se il le dit tost en ce que il sont eschaufés as guages doner com il fera au comencement de la parole]; 206,3 [Por ce que il seront esmeus et eschaufés plus as guages doner et mains guaitans que il ne sont au comencer de la parole, que espoir il cuidera qu’il dist la parole si com il fist au comencement. Et se il se garde lors de la desjointive et dit qu’il n’en s’en viaut enssi aerdre a luy, se court ne l’esgarde, et que cort esgardera que il ne le doit faire, si y mete le ‘et’]; [OresmeEthM p. 158 [Aristote preuve aprés que vertuz ne sont pas passions et par .iiii. raisons. Car tous ont telles passions et aucuns mouvemens a delectacion ou a yre. Et ainsi tous seroient bons ou mauvais. C’est la premiere raison. Se il a paour ou se il se courrouce senz raison ou autrement que par raison il est a blasmer. Et se il regule telles passions par raison il est a loer; c’est la seconde raison. Cest disjunctive est vraye pour la seconde partie, car vertu est causee en nous par operacions qui sont faictes par eleccion; et donques n’est pas vertu telles passions comme paour, courrouz, etc. Et c’est la tierce raison]; doc. 1425 ThorneRead 4,21], Lac 5,208a; Matsumura RLiR 68,583 [v. la rem. 1 ci-dessus]; Mts 955a [v. la rem. 1 ci-dessus]; DMF; ANDEl [1425]; Hu 207a; Li 12,1182a; TLF 7,279a; ad FEW 3,96b)
(1) Attestations supplémentaires pour conjonction disjonctive: Antoine Arnauld, La logique ou l’art de penser…, Paris 1664, p. 164; Trév 1734 2,827; J. E. Serreau/F. N. Boussi, La grammaire ramenée à ses principes naturels…, Paris 1824, p. 297 [trois att.].
(2) Attestations supplémentaires pour le 16es. au 19es.: Les mémoires de Mess. Martin du Bellay, Seigneur de Langey, Paris 1571, p. 172r°; La France toute catholique sous le regne de Louys le Grand…, Lyon 1684, t. 2, p. 250 [trois att.]; 251; Claude Serres, Les institutions du droit françois, suivant l’ordre de celles de Justinien…, Paris 1778, p. 187; M. Toullier, Le droit français, suivant l’ordre du code…, Bruxelles 1838, t. 7, p. 162.