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rédaction: Sabine Tittel
epatic adj.
[ÉtymologieEmprunt au terme de médecine lt. HĒPATICUS adj. “qui appartient au foie (dit des maladies)”, m. “celui qui souffre d’une maladie du foie” (ThesLL 63,2610 ), qui remonte, lui-même, au grec ἡπατικός, LidScott 1,776a. Pour le mlt., LathamDict 1,1145a («(w. vena, or as sb. f.) hepatic vein»: déf. modernisatrice à corr.) répertorie les mêmes sens que ceux qui sont attestés pour l’afr. Le terme vit dans la plupart des langues romanes: occ. epatic adj. “qui concerne le foie” (mil.\,14es., Rn 3,132b), “qui est malade du foie” (id., ib.); cat. epàtic, hepàtic adj. “qui appartient au foie” (dep. 1840, CoromCat 4,775a; AlcM 5,118a; 6,500a); esp. hepatico “id.” (dep. 1607(1), Corom2 3,343a [1786-1793]); port. id. “id.” (dep. [1712(2)] 1714(3), Morais10 5,680b [av. 1756]); it. epatico m. “celui qui est malade du foie” (dep. fin 13es., TLIO epàtico; Battaglia 5,183a), adj. “qui est malade du foie” (dep. 14es., ib.).
Rem. no 1: Il semble que epatic qualifie deux genres de plantes: les Marchantiophyta / Hepatophyta (nommées marchantiophytes ou hépatiques) et les Ranonculaceae (nommées renonculacées ou, de même, hépatiques). Alors que la différence entre les deux genres de plantes est explicite du point de vue biologique moderne, il est difficile de distinguer les attestations dans les textes afr. Les deux genres poussent dans des lieux humides et le nom des deux s’explique par la théorie des signatures développée au Moyen Âge qui repose sur le principe similia similibus curantor: l’apparence des végétaux est censée révéler leur usage et leur fonction. Dans le cas des renonculacées, c’est la forme des feuilles qui rappelle les lobes du foie. Le groupe des marchantiophytes semble devoir son nom à des espèces qui possèdent un thalle (le corps végétatif non différencié comprenant feuilles, tiges et racines de la plante) dont la forme ressemble à celle du foie (p.ex. l’espèce de l’hépatique des fontaines). Cf. MildenbergerTrut 2,813. Cp. aussi PlatPractH gloss. p. 293 «epatica s.? liverwort (Anemone hepatica L. or Marchantia polymorpha L.)» et OED3 liverwort. Gdf définit epatique, attesté dans mfr. GrantHerbC 175 et Jardin de santé, comme “genre de renonculaires” (renonculacées); DMF hépatique reprend sens et att. (sous forme de remarque, resp. comme matériel supplémentaire); FEW 4,430b semble rattacher les deux att. sous mfr. frm. hépatique “hépatique” qu’il date ‘dep. 15es.’. Le FEW 4,430b enregistre aussi le sens de “genre de renonculacées” en le datant ‘dep. Cotgr 1611’; dans Cotgr 1611 on ne trouve pourtant attesté que le subst. avec le sens “hépatique (Marchantiophyta, Hepatophyta)” et l’adj. avec le sens “qui appartient au foie” et, en plus, aloës hepatique.Rem. no 2: ModusT Gloss. 313: «Godefroy [3,323a] enregistre, d’après La Curne et avec un point d’interrogation, la mauvaise leçon epatié»: à corr., l’att. correspond à ModusT 99,18 aloés epatic. V. déjà les Errata dans GdfC 8,357c et cf. aussi epatié, ATILF - CNRS & Université de Lorraine 2009 http://www.atilf.fr/MotsFantomes. Rem. no 3: La remarque dans FevresS gloss. p. 84 «The ancients believed that this vein was connected with the liver» est correcte mais n’ajoute rien à la discussion: l’ancienne théorie des pneumas explique que le foie produit le sang nutitrif qui est ensuite transporté dans chaque partie du corps par les veines. Donc, conforme à l’ancienne théorie, c’est chaque veine qui est liée au foie. Le contexte dans [2em. 15es.] impr. Lyon 1495 Practique de maistre Bernard de Gordon appellee Fleur de lys en medecine indique la raison pourquoi la veine est appelée *veine epatic: Se flux de ventre sanguin vient par aparcion et rompure de veines, faites au commencement saignee des .ij. epatiques (d’où la définition de l’adj. substantivé donnée par le DMF hepatique [indication de la catégorie grammaticale manque]: “veine de la main droite située entre le majeur et l'annulaire que l'on saigne pour les affections du foie”). La désignation est encadrée dans la pratique de la saignée comme méthode thérapeutique. Le terme n’est pas à confondre avec les ‘veines hépatiques’ de la notion anatomique moderne qui drainent le sang désoxygéné et nettoyé (par le foie) du foie, de l'estomac, du pancréas, de l'intestin grêle et du côlon vers la veine cave inférieure.(4) Le sens moderne du terme est obligatoirement postérieur à l’Exercitatio anatomica de motu cordis et sanguinis in animalibus (1628) de William Harvey, œuvre décisive pour la compréhension de la circulation du sang. L’att. la plus ancienne du terme avec le sens moderne que nous trouvons est 1765 Enc 8,133b (l’att. la plus ancienne citée par Frantext est 1773/1774-1784, Denis Diderot, Éléments de physiologie); TLFi hépatique donne veines hépatiques sous l’adj. “qui constitue le foie ou qui se rapporte au foie” sans att.; la locution n’est pas dans le FEW.Rem. no 4: Dans des textes médicaux agn. on lit aussi des att. du mot latin en contexte agn. (comme t. tech. formellement non intégrés): 2eq. 13es. PlatPractH X 140 [se le purge l'en de la decoction de la semence citrulis, melonis, cucumeris, cucurbito, violettes, prunes, epatica, capillis veneris… Et lor dogne l'en a user de tel sirop: quise l'en en ewe epatica, capilli veneris ovesque le jus de scarioles et mete l'en zucre]; XI 146 [Quise om en ewe les racines de fenoil, d'ache, de perresil, speragi, brusci, epatice, capilli veneris]; ib. [Et li doigne om l'ewe de la decoction de la semence citrolis, melons, cucumbres et cucurbite, epatice, capillorum veneris]; ca. 1300 RecMédEupH 137 (fo 137ro) [use cest sirup: r[ecevét] endivie, scariole, scolopendrie, rostri porcini, epatice, herbe viole].
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(epatic ChirRogH I 30 (255vo) [2 att.]; I 31 (256ro); I 37 (259ro); etc.; I 46 (261ro); FevresS gloss. p. 84 [epatik](5); HuntMed ms. BL Sloane 146 [agn. fin 13es.] fo 1ro (p. 267); HuntMed ms. Oxford Bodl. Digby 69 [agn. ca. 1300] fo 178vo (p. 319) [2 att.]; fo 180vo (p. 324) [2 att.]; LSecrNatD 320,29; [ModusT 99,18; RecMédTrinH 24; 42; 45 (2 att.); etc.; 49; GrantHerbC 18], ⁠agn. epatik HuntMed BL Add. 15236 [agn. (Irl.) ca. 1300 48 (p. 239); RecMédEupH 134 (fo 136ro); ShortAnniv Cambridge Trinity Coll. O.2.5 [agn. mil. 14es.] 193, ⁠s.l. epatique 2eq. 13es. PlatPractH IX 118 (fo 88vo); IX 119 (fo 92ro); XVI 188 (fo 72ro); LSimplMedD 436; 466 (2 att.); 467; AntidNicD p. 29; HMondB 285; 287 (2 att.); 1418; etc.; 2067; LSecrNatD 348,31; [AalmaR 3454; GrantHerbC 175], epaticque DancusT II 19,3, eupatique HMondB 692, hepatique AmphYpL2 gloss. p. 289)
  • “qui a rapport au foie” (2eq. 13es.1765, PlatPractH IX 118 (fo 88vo) [dissintere epatique]; IX 119 (fo 92ro) [Contre dissenterie epatique doit l'en ovrier en teu maniere. Si ce avient de superhabundance de sanc, si le face l'en seignier de la veine dou foie. Mes si ce avient de la vertu contentive ou d'autre cause, si face l'en epithimes refroidanz de jus de froides herbes]; FevresS gloss. p. 84; [AmphYpL2 gloss. p. 289 [dissintere hepatique]; AalmaR 3454; Bernard de Gordon, Pratique [flux hepatique et de cervel sont peryodales Gdf]; Cotgr 1611; ENC 8,133b], GdfC 9,753a; ANDEl [epatik “hepatic, pertaining to the liver”]; DMF [hépatique]; FEW 4,403b [«mfr. “qui se rapporte au foie (p. ex. vaisseau, douleur)”» se réfère vraisemblablement à l’att. Bernard de Gordon, Pratique, Gdf])
  • ⁠adj. substantivé “celui qui souffre d'une maladie de foie” (partant d’un adj. avec le sens de “qui souffre d’une maladie de foie”, non attesté mais dont l’existence est crédible)⁠ (14es.1768, LSecrNatD 320,29; 348,31 [le foie du loup sechié… gairist les epatiques, lunatiqz et touz ceuls qui sont vains et evanuys]; [Fayard, Galen sur la faculté dez simples medicamens RLiR 42 (1978) 454; Leonarth Fousch, Commentaires très excellens de l'hystoire des plantes, Paris 1549 chap. 90; chap. 112; chap. 300; 1768 Dictionnaire botanique et pharmaceutique 267])
  • ⁠loc. subst. veine epatique t. d’anat. “vaisseau sanguin superficiel du bras qui est situé à sa face interne” [pour le sens du terme moderne, v. la rem. no 4 ci-dessus]⁠ (ca. 13001556, FevresS gloss. p. 84 [veine de epatika (gloss.: “the right basilic vein”; à rechercher)]; RecMédEupH 134 (fo 136ro) [rangé sous l’adj. dans l’ANDEl]; HMondB 285 [chascun rain est fourchié en .2. sous les aisseles, et l’un rain tent sous l’aissele duc’a la plieüre du coude, et la apert apertement, et est appellee la vaine epatique ou basilique, puis passe outre et tent a la main par la partie dedens le bras, et s’en tourne a la partie dehors la main, et apert entre le petit doi et cil d’après dit orilleur. Et est appelee en la main destre salvatelle ou epatique; en la main senestre est apelee splenetique]; [1556 Chappuis (ch. XII) [les veines… hepatique]], TL 3,740)
  • ⁠adj. substantivé “vaisseau sanguin superficiel du bras qui est situé à sa face interne” (13141492 / 1500, HMondB 287 (2 att.) [De ceste cephalique venant de l’aispaulle et de l’epatique venant de l’aiselle naissent .2. rains, de chascun un, les quiex se joingent ensemble, et font la vaine du cuer, dite moienne. Dont sont en chascun bras .5. vaines, c’est dorsal, epatique, corde, cephalique, moienne]; [1426 Olivier de la Haye, Poëme sur la grande peste de 1348 DMF; 1492 Cirurgie de maistre Guillaume de Salicet, traduction par Nicole Prevost DMF; impr. Lyon 1495 Practique de maistre Bernard de Gordon appellee Fleur de lys en medecine VI iv [Cure. Se flux de ventre sanguin vient par aparcion (ms. aparcion) et rompure de veines, faites au commencement saignee des .ij. epatiques, et puis ventoses]; VI xi [Cure. Premierement faites saignee de l’épatique]], DMF [enregistre l’adj. mais ne cite que des att. pour le substantif])
  • ⁠t. de botanique, nom donné à plusieurs plantes dont la forme des feuilles ou du thalle rappelle les lobes du foie, soit une espèce du groupe de plantes herbacées faisant partie des bryophytes (de la super-division des embryophyta rassemblant ce qu’on appelle les plantes terrestres) qui colonisent des milieux humides et ombragés, proches de sources, cours d’eau, etc., hépatique (Marchantiophyta, Hepatophyta), soit l’espèce de la famille des renonculacées habitant les forêts, d’une taille d’environ 10 cm, de feuilles vert sombre et de fleurs blanches, mauves, violacées ou roses, hépatique (Hepatica) [cf. la rem. no 1 ci-dessus]⁠ (dep. 13es., LSimplMedD 436; 466 (2 att.) [Epatique est froide et seche el permier degré. C’est une herbe qui croit en leus eveus et maismement en leus petreus. Ceste herbe a menue (ms. meine) folle et s’aert a la terre et a la perre. Tant est greignor ceste herbe et mielz vaut. Et por ce la claime l’en epatique qu’ele vault especiaument au foie. Ele a vertu de refroidier]; 467 [Et devez savoir qu’[en] trestotes les eves en coi l’en fait sirops contre l’estopement de l’espliem devez meitre epatique]; HuntMed BL Add. 15236 [agn. (Irl.) ca. 1300 48 (p. 239) [Pro mola matricis… Item violet, epatik i: livyrwort]; ShortAnniv Cambridge Trinity Coll. O.2.5 [agn. mil. 14es.] 193 [Patrocinium : romani epatike, anglice liverwort]; HMondB 2067 [Epatique la menor]; [GrantHerbC 175 [Epatica, epatique… c’est une herbe qui croist en lieux caveux, et par especial se il y a pierres, et a menues feulles qui se herdent a terre et a ces pierres]; Jardin de santé [epatique croist es pierres en lieux humides Gdf]; Leonarth Fousch, Commentaires très excellens de l'hystoire des plantes, Paris 1549 chap. 179 [De l’Hepatique… Leichen en Grec, se nomme en Latin Lichen… en maniere de langue elle lesche des pierres esquelles elle est attachee. Les nouveaux practiciens la nomment Hepatique, en tant qu'elle ha la semblance d'ung foye et fibres d'iceluy… L’Hepatique induicte, arreste flux de sang]; Cotgr 1611], TL 3,740; GdfC 9,753a [“genre de renonculaires”: à corr.]; ANDEl [epatik]; TLFi [hépatique2]; FEW 4,403b [«“famille de plantes intermédiaires entre les lichens et les mousses” (dep. 15es.)»])
  • ⁠t. de botanique loc. subst. aloé epatic “sorte d’aloès, genre de plantes succulentes (de la famille des Aloacées), qui rappelle le foie par la couleur des feuilles rompues”(6) (dep. 2eq. 13es., PlatPractH XVI 188 (fo 72ro); ChirRogH I 30 (255vo) [2 att.] [[A] la degrature des oiz oster pernez litargerie unce demie, olibani e aloén epatic la quarte partie de une unce… Pernez litargiri e aloén epatic, si en faites puldre e confiscez issi]; I 31 (256ro); I 37 (259ro); etc.; I 46 (261ro); AntidNicD p. 29 gloss.: «l’Aloès hépatique, moins pur, dont la couleur avait été comparée à celle du foie (hepar)»; DancusT II 19,3 [Des oiseaux qui ont le pouacre… Pren une once d’uille d’olive et autant de beurre et d’aloés epaticque et les confiz bien ensemble au feu]; HuntMed ms. BL Sloane 146 [agn. fin 13es.] fo 1ro (p. 267); HuntMed ms. Oxford Bodl. Digby 69 [agn. ca. 1300] fo 178vo (p. 319) [2 att.]; fo 180vo (p. 324) [2 att.]; [ModusT 99,18 [comment l’en peut garir un faucon qui a vers u corps… Prenés aloés epatic]; ]HMondB 692 [aloés eupatique (ms. en pastique)]; 1418; [RecMédTrinH 24; 42; 45 (2 att.); etc.; 49; GrantHerbC 18 [Aloén… Cest herbe cy ne croist pas seulement en Ynde, en Perse, en Grece, mais aussi en Puille. Et sont trois manieres d’aloén: cicotrin, epatic et cabalin (adj. en apposition)]; 1500 Jardin de Santé Frantext; 1558 Ruscelli, Empirie et secretz 311,4; 1572 Secrets de la vraye agriculture 235,3; Cotgr 1611], TL 3,740; Gdf 3,323a [v. la rem. no 2 ci-dessus]; GdfC 9,753a [adj. “qui rappelle le foie par sa couleur”]; FEW 4,403b [aloés epatic: «Modus-15.jh.»; aloès hépatique: «seit 1599»])
epatit adj.
[ÉtymologieFormé par substitution du suffixe -ic par -it, cp. la substitution de -ique par -ite. Le suffixe -it est un suffixe formant des substantifs appartenant au vocabulaire de la médecine et d'autres sciences naturelles, cp. iterite sous → iterique et → emorrosite.]
(epatit ModusT 99,18 var. mss. 15es., epatis ModusT 99,18 var. mss. 15es., espatit 14es. LSecrNatD 320,21 [pl. -iz])
  • 1o⁠adj. substantivé “celui qui souffre d'une maladie de foie” (14es., LSecrNatD 320,21 [aux desenéz et espatiz et frenetis, pran la pierre dessus dicte])
  • 2o⁠t. de botanique loc. subst. aloé epatit “sorte d’aloès, genre de plantes succulentes (de la famille des Aloacées), qui rappelle le foie par la couleur des feuilles rompues” ([3eq. 14es.] mss. 15es., ModusT 99,18 [comment l’en peut garir un faucon qui a vers u corps… Prenés aloés epatic, var. mss. 15es. epatit])
(1) J.\,de Barrios, Verdadera medicina, cirugia, y astrologia, Mex. 1607, fo 126roa [morbo hepatico].
(2) Raphael Bluteau, Vocabulario Portuguez e Latino 1,277a [aloe hepatico lt.?].
(3) Vigier Thesouro apollineo, Lisboa 1714, p. 322,-2; 323 [Medicinas hepaticas (titre)]; 325 [Formulas hepaticas (titre)].
(4) L’artère hépatique est l’artère qui approvisionne le foie, les voies biliaires, une partie du duodénum, du pancréas et de l'estomac en sang oxygéné (par le poumon et dans le cœur).
(5) Le graphème ‹k› est le résultat de la translittération du caractère hébreux kaf.
(6) Selon Cotgr 1611, trois espèces d’aloès étaient distinguées: aloës hepatique “the middle (in goodnesse) of the three sorts of Aloes”; Enc 1,291b aloé confirme cette distinction.