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esberucier v.
[ÉtymologieMot d’origine inconnue, pour lequel on a proposé deux étymologies dont aucune ne saurait convaincre. Gröber GlOxfG p. 41 entrevoit la possibilité d’une base afr. brus “buste” (BenDucF 29730), mais «brus est une forme de bu avec un r épenthétique» (Salmon R 31,428), et Gröber reconnaît lui-même les difficultés de fr. u < all. u. – Gamillscheg MélCoelho 1,198 considère esberucier comme dérivé d’un *berucier qu’il rapproche de l’aha. RUKHEN “mouvoir” (< frq. *rukjan, cp. aha. rucchen “se déplacer, s’éloigner”, “avancer, monter” Schützeichel3 155b; Köbler 902a). La forme originelle immédiate [«unmittelbare Grundform» ib. 199] serait frq. *birukjan “mouvoir”, au fig. “lever”, très proche de *rukjan, le préfixe bi- ayant perdu sa fonction originelle. Cette explication se heurte au fait que *birukjan n’a pas laissé de trace en fr. et que des continuateurs préfixés du simple n’apparaissent que tardivement en fr. (cf. FEW 16,742a *rukkian), tandis que esberucier et resberucier ne sont pas attestés après le 13e siècle. La question étymologique subsiste.
Rem. no 1: Gdf 3,562a a une entrée esresberucier avec la seule att. suivante: L’ame toute s’esresberuce Quant ele sent tel letuaire (G. de Coincy, Mir., ms. Soiss., fo 101a), ce qui correspond à CoincyII34K 2512 où l’éd. confirme cette leçon pour S2 [= deuxième version de la pièce dans le ms. S]. TL 3,801,1 propose à juste titre la corr. se resberuce et l’entrée de Gdf est à notre avis à supprimer.Rem. no 2: EdmRu 4357-58 Tost se bruça, en pez se mist E tel respuns pur tuz enprist est traduit dans une note ib. p. 234 ‘he immediately jumped to his feet, objecting, and replied on behalf of all in this fashion’ avec commentaire: «The figurative sense of se bruisier, brucer “object, burst into speech” absent from AND, Gdf, and T-L, is a neologism». Avec ANDEl nous lisons s’ebruça et rangeons l’att. dans cet article, v. ci-dessous.]
Rem. no 1: Gdf 3,562a a une entrée esresberucier avec la seule att. suivante: L’ame toute s’esresberuce Quant ele sent tel letuaire (G. de Coincy, Mir., ms. Soiss., fo 101a), ce qui correspond à CoincyII34K 2512 où l’éd. confirme cette leçon pour S2 [= deuxième version de la pièce dans le ms. S]. TL 3,801,1 propose à juste titre la corr. se resberuce et l’entrée de Gdf est à notre avis à supprimer.Rem. no 2: EdmRu 4357-58 Tost se bruça, en pez se mist E tel respuns pur tuz enprist est traduit dans une note ib. p. 234 ‘he immediately jumped to his feet, objecting, and replied on behalf of all in this fashion’ avec commentaire: «The figurative sense of se bruisier, brucer “object, burst into speech” absent from AND, Gdf, and T-L, is a neologism». Avec ANDEl nous lisons s’ebruça et rangeons l’att. dans cet article, v. ci-dessous.]
(esberucier CommPsia1G2 XXI 1214; GautArrErR 5390; RenR 1653; CoincyII28K 416; CoincyI34K 78 var. ms. 1266, esberuchier CoincyII28K 416 var. ms. o (2em. 13es.) f°108v°a, esberuscier RoselLangl 3732var., esbrucier 1em. 12es. PsCambrM 43,23; 56,10 (trois att.); RoisC I 13,5; III 15,6; PsCambrM 34,24 var. ms. fin 12es.; AudigierJ 9; SermJos1H 28,38; SermJos2H 5,35; CoincyII34K 2512 var. ms. déb. 14es.; RobGrethEvD 2429; RoselLangl 3732var., esbruscier AngDialGregO2 6928; AngVieGregM 418; sermon en prose Gdf, esbrucer GlOxfH 21; SClemW 6520, esburucier 1em. 12es. PsCambrM 34,24, esburuchier CoincyII34K 2512var., esburicier EvratGenaBo 920, esberoucier RoselLangl 3732var., eberucier RoselLangl 3732var., ebrucier EdmRu 4357, aberucier RoselLangl 3732var., aberrucier RoselLec 3714(1), esbelucier RoselLangl 3732var., emberucier RoselLangl 3732var.)
- ◆v.pron. “se mettre en mouvement” (1em. 12es. – déb. 14es., PsCambrM 43,23 [Esbruce tei, purquei dorz tu, Sire? Esveille tei; purquei degete tu nus en parmanabletet? texte lt.: Expergiscere; quare dormitas, Domine? Evigila; quare projicis nos in sempiternum?]; 56,10 [Esbruce tei, la meie glorie, esbruce tei, o tu, saltier, e o tu, harpe; je me esbrucerai par matin]; CommPsia1G2 XXI 1214 [Cum durement il chïent cil ki lor cuers unt pesanz et carchiez de terriens deliz, de la pesantume des griés pechiez li aval les traient vers terre, qu’il ne se puent esberucier ne esforcier de venir a la mein Deu qu’il lor puiret por els aidier, por els relever]; GautArrErR 5390; RoisC I 13,5 [Pur ço s’esbrucierent e haiterent e lu rei jesque en Galgala sewirent, ANDEl: [emotion] “to be glad, cheered”]; GlOxfH 21; EdmRu 4357 [v. la rem. 3 ci-dessus]; EvratGenaBo 920; AudigierJ 9; AngDialGregO2 6928 [A peine ot s’oreison finee, Quant l’alme el cors ert repeiree, Mais a ço q’ele al cors entra, Tant par s’esbrusçot e trembla Q’estrangement s’esmerveillerent Trestuit cil qui lui esgarderent]; AngVieGregM 418; SermJos1H 28,38; SermJos2H 5,35; RoselLec 3714; RobGrethEvD 2429; CoincyII34K 2512var., TL 3,801 [“sich ermannen, sich ermuntern, sich erheben”]; 3,2383 [renvoi à Gamilleschg MélCoelho, v. ci-dessus]; Gdf 3,341b [“se soulever, s’agiter”]; ANDEl; Mts 1285a; DC 3,241b [sous electuarium1]; FEW 21,358a [sous ‘se mouvoir’]; 21,406b [sous ‘réveiller’])
- ◆v.pron. “s’armer de courage, de vigueur” (2em. 12es. – 13es., RoisC III 15,6 [Jeroboam, un serf Salomun, se esbruçad e felenessement revelad encuntre sun seignur]; CoincyII28K 416 [Se tu tant seulement sous l’eur De son mantel te puez mucier Et tant te puez esberucier Que de bon cuer ta bouche die: ‘Doys de douceur, aïe, aïe!’]; sermon en prose Gdf, TL 3,801 [sous “sich ermannen, sich ermuntern, sich erheben”]; Gdf 3,341b [“s’animer, se ranimer, prendre vigueur”]; ANDEl [“to rise up, revolt”]; Mts 1285a; FEW 21,406b [sous ‘réveiller’])
- ◆p.p. pris comme adj. “qui est habile et actif” (4eq. 12es., RenR 1653 [(Renart s’enfuit de ses persécuteurs) Por qant si est esberuciez Qu’a Maupertuis en est muciez, Son bon chastel et son donjon])
- ◆v.tr. “donner du courage, de la vigueur” (1em. 12es. – 1266, PsCambrM 34,24 [Seies esburucied, e veille el mien jugement, texte lt.: Expergiscere, et vigila in judicium meum]; SClemW 6520 [Quant mun avis mustré avrai, Puis a lui vus offerai, Kar si sur saut fust esveillee E ne fust einz esbrucee, Esbaie tost serreit]; CoincyI34K 78 [Un archier ot pres de l’ymage (de Nostre Dame) Qui grant desroy et grant damage Faisoit sovent a cialz defors. Sovent por garantir son cors Derrier l’ymage se muçoit Et toz les siens resbureçoit, var. ms. 1266 esberuçoit], TL 3,801; Gdf 3,341b; ANDEl; Mts 1285a; FEW 21,406b [sous ‘réveiller’])
●resberucier v.
(resberucier CoincyII34K 2512 var. mss. 13e-14es., resburecier ca. 1224 CoincyI34K 78, resburucier CoincyII34K 2512 var. ms. fin 13es., reburucier CoincyII34K 2512)
- ◆v.tr. “donner de nouveau du courage, de la vigueur” (ca. 1224, CoincyI34K 78 [Un archier ot pres de l’ymage (de Nostre Dame) Qui grant desroy et grant damage Faisoit sovent a cialz defors. Sovent por garantir son cors Derrier l’ymage se muçoit Et toz les siens resbureçoit], Mts 2937b)
- ◆v.pron. “s’armer de nouveau de courage, de vigueur” (ca. 1227, CoincyII34K 2512 [L’ame toute se reburuce Quant ele sent tel laituaire], Mts 2937b; FEW 21,406b [“se soulever”])
●esberuciement m.
(esbrucement 2eq. 13es. RobGrethEvA 11086)
- ◆“état d’être agité, d’être résolu” (2eq. 13es., RobGrethEvA 11086 [Li altre dui raison mustrerent, Quele que fust, sei excuserent; Mais cist tut en esbrucement Dist al sergant…, cp. *esberucieement adv. ci-dessous])
●esberucieement adv.
(esbruceement 2eq. 13es. RobGrethEv ms. Nottingham f°124r°b37)
(1)
Correspond à RoselLangl 3732 esberucier, forme qui n’est pas attestée dans le ms. de base. La plupart des var. de RoselLangl citées ici sont tirées de Langlois, Les manuscrits du Roman de la rose, p. 336, où se trouvent aussi des formes telles que ind. prés. 3 esberure, abellure, etc. qui ne sont pas à considérer comme var. de notre mot.
(2)
Leçon vérifiée aimablement par Margaret Connolly. Cp. *esberuciement m. ci-dessus.