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falise f.
[ÉtymologieÉtymologie discutée.Gam2 412b part d’un préroman et prégerm. *FALISIA («ist vorromanisch und vordeutsch wie dt. Fels») qui aurait pénétré dans le domaine du germanique. Après, le mot serait revenu sous la forme *falīsia dans le français septentrional («nach seiner Verbreitung im Nordfranzösischen ist die Grundform *falisia zunächst in das Germanische gedrungen und von dort in das Nordfrz. zurückgewandert») d’où afr. falise (cp. lt.vulg. camīsia > chemise), proposition qui correspond grosso modo à Pokorny 807.
En même temps, Gamillscheg critique Wartburg(1), BW4 253 et ZrP 61,253, qui part – en suivant Frings (Germania Romana 215) – d’un germ. *FALISA “rocher” qui est à l’origine d’aha. felis, felisa, Graff 3,497, mha. vels, Lexer 3,56, all. Fels et de l’abfrq. felis, PsWachtK 235 (cf. mlt. falisa, 1275 LathamDict 1,898c). Le germ. *falisa ne peut cependant pas servir d’étymon de l’afr. falise, cf. Rheinfelderl § 40; 44, v. note 3 infra(2). – Tout comme le TL, nous rangeons infra les formes à -eise et à oise (= frm. -aise). Ces formes sont les continuateurs phonétiques de lt. -ĭsia (cf. FouchéPhon 282 rem. VII et Nyrop 3 § 218)(3). Cf. aussi les formes mlt. faleisia, faleisa, LathamDict 1,898c. – Les formes à -ise sont surtout attestées dans la Picardie, celles de à -eise/-oise dans les autres scriptae fr. comme l’a déja remarqué W. von Wartburg, FEW 152,10b.
Rem. no 1: Gdf 3,713b donne la définition “lieu sablonneux, sable” qu’il atteste par trois attestations dont deux afr.; ce sens n’existe pourtant pas en afr., nous rangeons la première att. (AntiocheD 6451) sous “terrain (plus ou moins rocheux) à forte pente”, la deuxième (RenM XIII 440) sous notre sens de base “escarpement situé sur les côtes et qui est dû à l’érosion marine” (repris par le FEW où ‘Rose’ est à lire ‘Ren’).Rem. no 2: GdfC 9,596a cite le contexte suivant tiré de 2em. 13es. AlexParhM 377,3: Je ne tien d’Alixandre vallant une falise. AlexParA III 4639 donne d’après un autre ms. vaillant une saucice. MöhrenVal 218n5 rejette la leçon faliseà cause du sens («très improbable, puisque aucun mot de ce domaine onomasiologique n’est employé comme valeur minimale») et propose de lire ‘p.-ê.’ salise et de corriger en salcise ou en salsise.Rem. no 3: Wartburg, FEW 152,104a, range l’att. de Marie[GuigW3 148] sous deux définitions: sous “escarpements situés à l’intérieur des continents et dus à l’érosion par les eaux fluviales” (reprise de GdfC 9,596a) et sous “lieu sablonneux…” (tirée de R 77,494, ce qui reprend probablement “Felsstrand” du glossaire de l’éd.). Nous rangeons cette att. sous notre sens de base (le contexte plus large démontre que la faleise est située au bord de la mer).Rem. no 5: P. Nobel, Mél. Subrenat 423, donne deux att. dans BibleAgn. Il s’agit de traductions de passages de la Genèse (41,2 et 18): Pharaon vist un sounge. Il quidoit soi esteer sur un flum dount issirent .vij. boefs tres beaux et trop gras et il estoient pascenz es lieux phaleises (glose mangl.: mersshes; lt.: et pascebantur in locis palustribus) et les queux pristrent choses nyent dreites el pasture de la phaleise (glose mangl.: mersshe; lt.: quae in pastu paludis directa carpebant). Apparemment, il s’agit d’une erreur du traducteur qui est deux fois corrigée par le glossateur angl., ce que démontre Nobel dans son article. Nous rangeons ces deux att. sous notre sens “terrain (plus ou moins rocheux) à forte pente”, v. infra (lieux phaleises [phaleises interprété comme adj.?] nous semble une invention du traducteur qui a essayé de traduire mot à mot le lt. locis palustribus).Rem. no 6: Dans ca. 1315 JVignayVégL I 10,12 figure le mot falise dans le contexte suivant: Et non pas seulement est profitable chose a auser le noër et a genz de pié et a cels a cheval, mes neis les chevax et falises por ce que au meins senez ne puist avenir meschiés ou perilz quant besoinz sorvient. Le mot traduit le lt. lixa “valet d’armée, vivandier” (ThesLL 72,1549) du contexte latin: lixas quos galiarios vocant. Le premier traducteur français du texte de Végèce, Jean de Meun, traduit ce passage par et a leur bestes (1284, JMeunVégL I 10,13; repris par JPrioratR 975: et es bestes). Le sens de falise utilisé par Jean de Vignay nous est inconnu.]
Rem. no 1: Gdf 3,713b donne la définition “lieu sablonneux, sable” qu’il atteste par trois attestations dont deux afr.; ce sens n’existe pourtant pas en afr., nous rangeons la première att. (AntiocheD 6451) sous “terrain (plus ou moins rocheux) à forte pente”, la deuxième (RenM XIII 440) sous notre sens de base “escarpement situé sur les côtes et qui est dû à l’érosion marine” (repris par le FEW où ‘Rose’ est à lire ‘Ren’).Rem. no 2: GdfC 9,596a cite le contexte suivant tiré de 2em. 13es. AlexParhM 377,3: Je ne tien d’Alixandre vallant une falise. AlexParA III 4639 donne d’après un autre ms. vaillant une saucice. MöhrenVal 218n5 rejette la leçon faliseà cause du sens («très improbable, puisque aucun mot de ce domaine onomasiologique n’est employé comme valeur minimale») et propose de lire ‘p.-ê.’ salise et de corriger en salcise ou en salsise.Rem. no 3: Wartburg, FEW 152,104a, range l’att. de Marie[GuigW3 148] sous deux définitions: sous “escarpements situés à l’intérieur des continents et dus à l’érosion par les eaux fluviales” (reprise de GdfC 9,596a) et sous “lieu sablonneux…” (tirée de R 77,494, ce qui reprend probablement “Felsstrand” du glossaire de l’éd.). Nous rangeons cette att. sous notre sens de base (le contexte plus large démontre que la faleise est située au bord de la mer).Rem. no 5: P. Nobel, Mél. Subrenat 423, donne deux att. dans BibleAgn. Il s’agit de traductions de passages de la Genèse (41,2 et 18): Pharaon vist un sounge. Il quidoit soi esteer sur un flum dount issirent .vij. boefs tres beaux et trop gras et il estoient pascenz es lieux phaleises (glose mangl.: mersshes; lt.: et pascebantur in locis palustribus) et les queux pristrent choses nyent dreites el pasture de la phaleise (glose mangl.: mersshe; lt.: quae in pastu paludis directa carpebant). Apparemment, il s’agit d’une erreur du traducteur qui est deux fois corrigée par le glossateur angl., ce que démontre Nobel dans son article. Nous rangeons ces deux att. sous notre sens “terrain (plus ou moins rocheux) à forte pente”, v. infra (lieux phaleises [phaleises interprété comme adj.?] nous semble une invention du traducteur qui a essayé de traduire mot à mot le lt. locis palustribus).Rem. no 6: Dans ca. 1315 JVignayVégL I 10,12 figure le mot falise dans le contexte suivant: Et non pas seulement est profitable chose a auser le noër et a genz de pié et a cels a cheval, mes neis les chevax et falises por ce que au meins senez ne puist avenir meschiés ou perilz quant besoinz sorvient. Le mot traduit le lt. lixa “valet d’armée, vivandier” (ThesLL 72,1549) du contexte latin: lixas quos galiarios vocant. Le premier traducteur français du texte de Végèce, Jean de Meun, traduit ce passage par et a leur bestes (1284, JMeunVégL I 10,13; repris par JPrioratR 975: et es bestes). Le sens de falise utilisé par Jean de Vignay nous est inconnu.]
(falise ThibMarlyS 458; 469; AlexParA I 2299; DialGregF 58,10; SaisnaB 1866 [ = l 1646 (118)]; 1278; MeraugisF 4270; AnsCartA 11009; ContGuillTyrM 104; RigomerF 9847; UnicorneaJ 114,16; doc. 1274 Gdf; etc.etc.AdenBuevH 989; ClarisA 3352; EneasS1 301 var. ms. 2em. 13es.; RutebJ1 2,471; BaudCondS 121,63; JerusCont2G 353 (corr. par l’éd., le ms. donne fal); doc. 1308 RobertPorc 118; [DeschQ 9,103], falice Unicornel Gdf, falisse AnsMetznG 4238, falize DeschQ 6,87, fallise SaisnlB 1214, faleise mil. 12es. ProvSalSanI 7028; BrutA 481 (le ms. de base donne falcise); 8625; MarieGuigW3 148; BenTroieC 27913; 29227; BenDucF 37727; EdmK 1418; 3994; BrutMunH 1914; AmbroiseP 6525; BrutIntB 1014; 1016; 1017; 1020; GuillMarM 7969; [ModusT 90,52], faleisse BenTroieC 27913 var. ms. fin 12es., faileise BenTroieC 27913 var. ms. Italie 1em. 14es., falays ChronPLangW2 p. 22, s.l. faloise EneasS2 301; 3146; BenTroieC 27913var.; CligesM 238; PercB 7236; 7505; TristBérG 921; AntiocheD 6451; SaisnaB 1602 [= lB 1525]; ContPerc1tR 13525; RenM XIII 440; BenTroieC 29227 var. ms. 2eq. 13es.; BeaumS 2,264,218; BrutA 8625 var. ms. prob. 1252; Merlin GdfC; [MeraugisF 4270 var. ms. ca. 1400], faloixe SGraalIVH 311; 315; 316 [2 att.], falaise FlorebK 3312; SGillesP 1279; GuillTroisMotsR 248; ArtusS 136,27; ContPerc2R 22436; BenTroieC 29227 var. ms. 14es.; [Cleirac 1671 p. 516], falese PercB 7236 var. ms. déb. 14es., falouse ContGuillTyrM 104var., faloxe SGraalIVH 312, faluse DocHainR 33,11, filleise BenTroieC 27913 var. ms. 1289, agn. phaleise BiblAgn Mél. Subrenat 423 (Gn 41,2); ib. (Gn 41,18))
- ◆“escarpement situé sur les côtes et qui est dû à l’érosion marine” (dep. 1155, BrutA 481; 8625 [Tintajuel ert bien defensables, N’esteit par nul engin pernables, De faleise est clos e de mer]; EneasS2 301 [Sor les faloises(4) vont garder Ses verroient loing an la mer]; 3146; MarieGuigW3 148 [En la plaigne Vit la faleise e la muntaigne D’une ewe ki desuz cureit]; BenTroieC 27913; 29227; CligesM 238; PercB 7236; 7505; FlorebK 3312; ThibMarlyS 458 [D’une part est la mer et d’autre part falise]; 469; AlexParA I 2299; TristBérG 921; etc.etc.; SaisnaB 1278; 1602; 1866; EdmK 1418; 3994; BrutMunH 1914; ContPerc1tR 13525; AmbroiseP 6525; MeraugisF 4270; AnsMetznG 4238; BrutIntB 1014; 1016; 1017; 1020; SGraalIVH 316; 315; 312; 311; RenM XIII 440; GuillMarM 7969; AnsCartA 11009; ArtusS 136,27; BeaumS 2,264,218; ContGuillTyrM 104; ContPerc2R 22436; RigomerF 9847 [Sour le comble d’une montaigne, Que bien püent vëir le mer Et le castiel de Rigomer… Et les falises et les roches]; etc.etc.; DocHainR 33,11; AdenBuevH 989; ClarisA 3352; RutebJ1 2,471 (De la mort Larguece); Merlin GdfC; JerusCont2G 353; ChronPLangW2 p. 22 [Entre ses espaules si l’ad ja portez Al falays de la mer, outre l’ad gettez], TL 3,1615; Gdf 3,713b [sous “lieu sablonneux”, sens qui n’existe pas en afr., v. la rem. 1]; GdfC 9,596a; ANDEl; DMF; TLF 8,622b; FEW 152,104a)
- ◆“terrain (plus ou moins rocheux) à forte pente” (dep. mil. 12es., ProvSalSanI 7028; SGillesP 1279; AntiocheD 6451; DialGregF 58,10 [par les falises des monz (traduit lt. per abrupta montium)]; GuillTroisMotsR 248 [Pres de l’arbre mains d’une teise Aveit une mult grant falaise Come une quarrere profonde]; UnicorneaJ 114,16 (= Unicornel GdfC); doc. 1274 Gdf; BaudCondS 121,63; doc. 1308 RobertPorc 118; BenTroieC 27913; BiblAgn Mél. Subrenat 423 (Gn 41,2) [.vii. boefs… estoient pascenz es lieux phaleises : glose mangl. mersshes; lt. in locis palustribus(5)]; ib. (Gn 41,18) [le pasture de la phaleise : glose mangl. mersshe; lt. in pastu paludis], Gdf 3,713b [sous “lieu sablonneux”, sens qui n’existe pas en agn., v. la rem. 1]; GdfC 9,596a [sous “escarpement de terre ou de roche qui borde la mer” une att. tirée de Bourgueville, Rech. de la Neustrie, texte de 1588, qui traite de la ville de Falaise qui n’est pas au bord de la mer(6)]; DMF; Frantext; TLF 8,622b [commente: «les spécialistes n’admettent plus le terme falaise pour les escarpements rocheux continentaux»]; FEW 152,104a)
●agn. faliser v.tr.
(faleiser ca. 1292 BrittN 2,278)
- ◆t. de droit “mettre qn à mort en le jetant d’une falaise” [comme peine de mort] (ca. 1292, BrittN 2,278 [Ou il porra dire, qe ele ne deit point dowarie aver, par la resoun qe soen baroun fut feloun et porta jugement de la felonie, de quei il fust pendu, ou decolé, ou faleisé ou demembré, cf. pour le sens mlt. infaleisiare ca. 1285 LathamDict 1,1348a; DC 7,672a])
●agn. afaliser v.tr.
(aphaleiser ca. 1230 ConqlrlMu 1481)
●agn. enfaliser v.intr.
(enfalesser ca. 1270 SeneschO 26, enfaleser LHorn fo170vo)
(1)
«…beruht auf falschen Voraussetzungen» sans expliquer de quelles conditions il s’agit.
(2)
L’idée de Guinet138 d’expliquer falise comme emprunt direct à l’abfrq. ne convainc pas.
(3)
Cf. cependant Rheinfelderl § 44 [abfrq. *fálĭsa > *falísa > afr. faleise].
(4)
GdfC 9,596a donne la graphie faleise, tirée de EneasS1 301, qui offre un texte très normalisé et sans documentation.
(5)
Le ms. BN fr. 1 [av. 1361] donne la forme corrompue lieus de phaleiseiez, v. Mél. Subrenat 424.
(6)
Le passage en question figure dans l’éd. 1833, 82.
(7)
Cf. anglolt. affaleisire “jeter (qn ou qch.) d’une falaise” doc. 1234 LathamDict 1,47b et Guern. défalaîsier “lever une brebis qui est tombée dans une falaise”, att. de 1849 dans G. Métivier, Dictionnaire franco-normand, 1879, p. 168.
(8)
Cf. Hag. s’efalaisiei “tomber du haut des falaises”, FEW 152,104b et pour la forme mlt. infaleisiare ca. 1285 LathamDict 1,1348; DC 7,672a.