DEAFplus
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rédaction: Sabine Tittel
feupe f.
[ÉtymologieLe FEW 3,395a-402b réunit un grand nombre de mots sous l’étymon lt.vulg. *FALUPPA “fibre de paille; chose sans valeur”; la 1e att. de faluppa se trouve dans une glose du 10es., CGlL 5,525b,19; ThesLL 61,203,23. L’étymologie des mots ici réunis est très discutée, v. une vue d’ensemble dans Bursch p. 201-207. Nous suivons l’étymologie donnée par le FEW pour les formes (et leurs dérivés) qui peuvent remonter à lt.vulg. *FELEPPA qui semble avoir existé à côté de *faluppa:feupe, pelfre et ferpe.
1. La forme feupe résulte de la syncope de lt.vulg. *féleppa avec vocalisation du l, devenu préconsonantique (8e – 11es.), cf. FEW 3,401a.
2. Le développement de la forme pelfre est problématique (FEW 3,401a « repräsentiert gegenüber 1 [feupe] die metathesierte form » n’explique qu’un aspect): lt.vulg. *feleppa donne *felpa et, par métathèse, *pelfe; ensuite il faudrait supposer une insertion d’un r adventice. Envisageable aussi est une formation qui se base sur une sorte de dissimilation (quoique insolite, les deux sons en contact étant les mêmes) de *feleppa à *felpra; la métathèse qui donne pelfre serait sans problèmes. REW 6371, suivi par TL 7,595, donne comme étymon mangl. pelfyr “butin”; pourtant, les mots mangl. et angl. suivants remontent plutôt à l’agn. pelfre (v. aussi Brüll 189): mangl. angl. pelf(e) “produit du vol, butin”, dep. 1243, “propriété, bien”, dep. 1203 (MED 7,759b; OED 7,623a), pilfre n. “pillage”, “produit du vol, butin” (dep. ca. 1400, MED 7,927a, angl. pilfer, OED 7,857c), mangl. pelfry “id.” (1480-1565, OED 7,857c), pelfen v. “piller” (ca. 1400; av. 1475, MED 7,760a) et angl. pilfer v. “piller” (dep. 1532, OED 7,857c). Cp. aussi anglolt. pelfa “propriété, bien”, att. de 1243, qui correspond à mangl. pelf (et anglolt. pelfare “piller”, att. de 1211 et 1218, à mangl. pelfen) et pelfra, pelfrum “produit du vol, butin”, att. de 1203 à 1368, qui correspond à l’agn. pelfre (et anglolt. pelfrare “piller”, att. de 1218, à agn. pelfrer), LathamDict 1,2168c.
3. La troisième forme ferpe est le résultat d’un changement de liquide; la forme frepe montrant une métathèse.
Les mots qui ne remontent pas à *feleppa mais à *faluppa sont traités à part: v. → foupier,filope, frap et voloper DEAFpré.
Les liens avec les autres langues romanes sont incertains: il semble probable que l’it. faloppa f. (et m.) “cocon du ver à soie taché, incomplet et d’une qualité inférieure” (dep. 14es., Battaglia 5,607a) soit un congénère. Pour un nombre de mots du domaine ibéro-roman, l’étymologie reste à éclaircir: esp. (des-) harapar “déchirer”, port. farrapar “id.”, esp. harapo “haillons”, port. farrapo “id.”, etc., v. Bursch p. 201-207; aussi Corom2 3,317ss. Bursch propose comme étymon de ce groupe de mots un lt.vulg. *infrapedare “diviser, couper” > “morceau” > “guenille”, cf. ib. 208-216, auquel il veut faire remonter aussi it. frappare “tailler”, frappa “feuillage”, “lambeau”, afr. frap (et ses dérivés, v. → frap) et la famille de → frapper.
Quant à la distribution géographique des att. anciennes et modernes de la famille des mots remontant à lt.vulg. *feleppa, RoquesRég 206 soutient que « rien ne paraît s’opposer à considérer toute cette familles (à l’exception peut-être de pelfrir) comme étant caractéristique depuis son origine de l’Ouest du domaine » (Roques se réfère à feupe et pelfre et les dérivés respectifs et n’inclut pas ferpe / frepe et ses dérivés).
Ad feupe: La seule att. afr. de feupe vient d’un texte qui est caractérisé par des traits agn. et ang.; feupier est attesté dans un texte originaire de la Normandie, dans un texte de Tours et aussi dans un texte de Chartres. Feuperie est attesté dans deux textes de Tours et dans des textes sans localisation; la graphie felparie est agn. A l’époque moderne, les mots vivent dans la Normandie (feupe aussi en Bret.) et dans le (Bas-) Maine, feupe en outre dans le Sud-Est (aost. et prov.). L’att. de Chartres nous amène à localiser feupe et ses dérivés de l’Ouest jusqu’à Chartres. (Cf. les notes rattachées aux datations des sens des dérivés respectifs.)
Ad pelfre: Les att. anciennes de pelfre sont agn., la localisation de celle de peufre est Paris (GrChronV). Pelfrer est un dérivé agn.; pelfrir est aussi agn., la graphie pelfir est att. en agn. et aussi dans un texte sans localisation (ms. pic. Est [Acre]). Pelfrier et pelfrerie restent à localiser. La diffusion dialectale mod. de ces mots est uniquement normande, à l’exception de pelfrer et pelfrir qui ne vivent plus.
Ad ferpe: La diffusion de ferpe et de ses dérivés est plus large. Les att. anciennes de ferpe sont difficiles à localiser; la diffusion moderne correspond à peu près à celle de feupe: les formes dial. sont répandues dans le Nord-Ouest (norm., pic., manc.) et dans le Sud-Est (auv., sav., frpr., prov.). Afr. ferpaille se trouve dans un texte sans localisation (ArtusS; langue neutre); le mot survit en Bourgogne avec un sens proche. Les att. anciennes de frepier qu’on peut localiser sont frc. (Paris) et bourg., celles de frepiere sont frc., celles de freperie frc., Senlis, champ. et bourg. Ces mots vivent (avec des modifications du sens) en frm. Afr. frepillier est attesté dans un texte pic. et dans un texte sans loc. et ne vit plus. Les att. anciennes de friper se trouvent dans un texte agn., un texte pic. et dans des textes non localisés; le mot vit en frm. avec un sens modifié. Afr. mfr. defriper est répandu dans le Nord et l’Ouest.
Il s’agit donc d’une famille gallorom. dont les différents types phonétiques connaissent une distribution variable. Nous séparons ici les types sachant qu’on pourrait réunir feupe, pelfre et ferpe, de même que leurs dérivés respectifs.
Rem. no 1: Comme synonyme de frepiere a été utilisé fames lingeres, ord. 1302 LMestD p. 411.Rem. no 2: Dans RCambrM 7708 on lit Par devers Cordes vausissiés resgarder, Ja verriés tot le païs puepet que les éditeurs proposent de corriger en peufré “pillé”, v. le gloss.; le mot serait alors à ranger sous pelfrer. Cependant, la correction en pueplet (v. popliier sous → pueple DEAFpré) nous semble plus convaincante, v. déjà RCambrK 7525 où, toutefois, peup[l]et est à corr. en puep[l]et: la lecture -ue- est vérifée sur ms.
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  • “morceau d'étoffe ou pièce de vêtement, délabré, de peu de valeur, guenille” (1214; 14es., AngVieGregM 2323 [Ainceis erent trestoz… Riches, mananz e poestis. Pailles, samiz e porpres bis En orent asez plus… Qe toz li Romain de viez dras. E por ço pas… Li papes gaber nes deüst Car seüst il de verité, Si ço ne lor fust amendé Onc feupe n’ert plus cher vendue]; PelVieS 9076 [(en parlant d’Avarice personnifiée) Boisteuse ert, torte et boçue, D’un gros [et] viez burel vestue, Ratatelee de clustriaus De viez panufles, de churriaus, var. ms. 14es. De vielles feupes et chainseaux], TL 3,1795; Gdf 4,137b [sous frepe]; ANDEl; FEW 3,395b)
pelfre f.
(⁠agn. pelfre ca. 1139 GaimarB 5182; RoisC I 30,16 (p. 58,-2); II 23,10 (p. 105,13); AngDialGregO 19776 (148roa), ⁠frc. (Paris) peufre GrChronV 7,189)
  • 1o“habits ou linge usagés (de peu de valeur?), friperie” (4eq. 13es.1370(1), GrChronV 7,189 [povres fames lingieres qui vendent viez peufres et viez chemises]; [Rançon du roi Jean [De la toille et peuffe Gdf]], TL 7,595; Gdf 6,69a; DMF; FEW 3,395b)
  • “objet (de ménage?) de peu de valeur (éventuellement fripe)” (1212, AngDialGregO 19776 (148roa) [Coutelez, forces, aumosnieres Ovec autres pelfres meins chieres], ANDEl)
  • 2o“bien matériel appartenant en propre à une personne ou à un groupe de personnes et pris à cette personne ou à ce groupe de personnes (après une bataille, pendant un pillage et sim.), butin” [ce sens est attesté uniquement dans des att. agn.]⁠ (ca. 1139; 2em. 12es.1em. 12es., GaimarB 5182 [li Flameng… Chargiez s’en vont en lur païs De la pelfre [d’]Engleis chaitifs]; RoisC I 30,16 (p. 58,-2) [ensement cume feste celebranz pur tute la preie e la pelfre ke pris aveient de terre de Philistiim e de terre de Juda]; II 23,10 (p. 105,13), TL 7,595; Gdf 6,69a [réunit les att. de GrChron, Rançon du roi Jean (v. sens 1o), Gaimar et Rois sous “dépouille, friperie, habits de friperie”]; ANDEl; FEW 3,395b [suit Gdf])
ferpe f.
(ferpe JBelethOff1 fo37ro; RenM I 1515 var. ms. 13es.; GGuiB 2,11067, frepe prob. 1186 RenγF2 7173)
  • “morceau d'étoffe ou pièce de vêtement, délabré, de peu de valeur, guenille” (dep. prob. 1186 [ms. ca. 1300](2), RenγF2 7173 [Renart a pris as mains la croiz, Si lor a dit a haute voiz: « Danz rois, tenez vostre drapel; Que Diex confonde le musel Qui m’encombra de ceste frepe Et du bordon et de l’escherpe! », = RenR I 1575 chape, var. ms. fin 14es. / 15es. frepe]; JBelethOff1 fo37ro [il travaillierent moult a lor erre apareillier et a collir lor ferpes et lor sarpoz, vérifié sur ms.]; GGuiB 2,11067 [Fu tout l’ost le roi atournez Sus biaus garnemenz et sus ferpes, Ça et la de blanches escherpes]; [Pas de la Bergiere Gdf], TL 3,1795 [sous feupe]; Gdf 4,137b; DMF; TLF 8,1266b [fripe]; FEW 3,396a)
feupier m.
(feupier 1295 charte Falaise DC; [doc. 1359 E. de Lépinois, Histoire de Chartres, 2,559], feulpier ms. déb. 14es. G. Croy, Les corporations, l'industrie et le commerce à Chartres, Paris 1917, p. 333; [doc. 1357 E. de Lépinois, Histoire de Chartres, 2,581], fouppier 1358 J. M. A. Delaville le Roulx, Registres des comptes municipaux de la ville de Tours, 1878, p. 21)
  • “celui qui fait le commerce d’habits ou de linge, de tissu, de peausserie et sim. (usagés)” (12951464(3), charte Falaise 1295 [estaus de feupiers pour .x. solz DC]; ms. déb. 14es. G. Croy, Les corporations, l'industrie et le commerce à Chartres, Paris 1917, p. 333 [Et est ordené que le drap ou les dras qui sunt entechié et ne pevent venir a la droite moison de la ville, que n'en ne les puet vendre en la ville, ne hors de la ville, pour dras de Chartres, ainz convient que il soient venduz a feulpiers por faire garnemenz]; [1358 J. M. A. Delaville le Roulx, Registres des comptes municipaux de la ville de Tours, 1878, p. 21; doc. 1357 E. de Lépinois, Histoire de Chartres, 2,581 [A Henriet Alixandre, receveur de Chartres pour le temps, pour le boais de la halle aux feulpiers achaté de li par les esleuz, 30 l.]; doc. 1359 ib. 2,559; GlLag1499 p. 196], TL 3,1795; DC 3,441c [ferperius]; GdfC 9,662b [frepier]; DMF; FEW 3,395b)
feuperie f.
(feuperie doc. 1317-1328 [copie de 1567] Th. Cauvin, Cauvin, de l'administration municipale dans la province du Maine, 1842, 13; [doc. Chartres 1358 GdfC; doc. 1370/71 JoubertMacé p. 7], ⁠agn. felparie doc. 1379 RotParl1M iii 67; iii 370; doc. 1397 StatRealm 2,108 (xvii); doc. 1399 RotParl1M iii 429; iii 501, felperie FoederaR3 3,691, ⁠s.l. feleprie doc. 1202 Taillar no6 (p. 20), foperie doc. Tours 1365 GdfC, foupperie doc. Tours 1358 GdfC)
  • “ensemble d’habits ou de linge, de tissus, de peausserie et sim.” ([1202]; 13581402(4), doc. 1202 Taillar no6 (p. 20) [se c’estoit vies feleprie, si doit li pelichons .j. d.(5)]; doc. 1317-1328 [copie de 1567] Th. Cauvin, Cauvin, de l'administration municipale dans la province du Maine, 1842, 13; [doc. Chartres 1358 GdfC; doc. Tours 1358 GdfC; FoederaR3 3,691 [volons et grantons que nulles leyns, peaux… dras… felperie, gaul, plumes… ne passent par denzeins]; doc. Tours 1365 GdfC; doc. 1370/71 JoubertMacé p. 7; doc. 1379 RotParl1M iii 67; iii 370; doc. 1397 StatRealm 2,108 (xvii); doc. 1399 RotParl1M iii 429; iii 501], TL 3,1795; GdfC 9,662b [freperie]; ANDEl; FEW 3,395b)
ferpaille f.
[ÉtymologieDériv. en -ALIA qui exprime une dépréciation, un mépris, cf. Nyrop III § 119; Bald 127 (qui ignorait l’att. d’Artus). Cp. frapaille sous → frap.]
  • “vêtements de peu de valeur ou considérés comme tels” (2eq. 13es., ArtusS 198,19 [li chevalier qui furent deschaané getierent jus lor mauvaise ferpaille et s’alerent pignier et laver a un conduit d’une fontaine])
frepier m.
(frepier ca. 1268 LMestL I 76,1; I 76,2; I 76,3 (3 att.); etc.; I 76,4; I 76,5; I 76 rubrique; I 76,6; passim; OlimB 2,794; Taille1297M 7; 11; 13; etc.; 81; passim; Censier des Cordelieres de Provins GdfC; PéageChaloncA 92; [RegChâtD p. 121; p. 148; p. 178; etc.p. 325], ferpier LMestD I 76 rubrique var.; LMestL II 30,7; JubNRec 2,97 (Dit des paintres); Taille1292G 6a; 22a; 22b; etc.; 23a; Taille1296M 3; 8; 55; etc.; 61; 73; passim; Le Roux de Lincy, Hist. de l’Hôtel de Ville de Paris, 2e partie, p. 151; PéageChalonbA 92; charte 1309 DC; Taille1313M 7; 14; 20; etc.; 21; 25; 45; 49; passim; RegDijon1L 78, freppier OlimB 2,765; InvJPreslD 100, frappier doc. ca. 1300 ORdlmestd 440, freper SongeEnfwM 333)
  • “celui qui fait le commerce d’habits ou de linge, de tissu, de cuir et sim. (usagés ou non)”(6) (dep. ca. 1268, LMestL I 76,1 [Nus ne puet estre Frepier dedenz la banlieue de Paris, c’est a savoir vendeur ou achateur de robes viez, linges ou langes]; I 76,2; I 76,3 (3 att.); etc.; I 76,4; I 76,5; I 76 rubrique; I 76,6; II 30,7; passim; SongeEnfwM 333 [(dans une allégorie) Badel, provost, magnin en paste, Freper, czavater en fointise, Veil prevoire alla covoitise, E preiaor a la vert sause]; OlimB 2,765; 2,794; JubNRec 2,97 (Dit des paintres) [Se li rois en Flandres menoit Tous les paintres, pas ne durroit Flandres une jornee. Tous ferpiers aler i faudroit Et les peletiers convenroit estre a cele assemblee]; Taille1292G 6a; 22a; 22b; etc.; 23a; Taille1296M 3; 8; 55; etc.; 61; 73; passim; Taille1297M 7; 11; 13; etc.; 81; passim; doc. ca. 1300 ORdlmestd 440; Le Roux de Lincy, Hist. de l’Hôtel de Ville de Paris, 2e partie, p. 151 [ferpiers de peleterie… ferpiers de lange]; PéageChalonbA 92; charte 1309 DC; Taille1313M 7; 14; 20; etc.; 21; 25; 45; 49; passim; etc.etc.Censier des Cordelieres de Provins GdfC; RegDijon1L 78; InvJPreslD 100; [RegChâtD p. 121; p. 148; p. 178; p. 325], TL 3,1795 [feupier]; GdfC 9,662b; DMF; TLF 8,1267b; FEW 3,396a)
frepiere f.
(frepiere 1292 Taille1292G 94b; 95a; 136b; JubNRec 381, ferpiere Taille1292G 6a; 11a; 17a; etc.; 22a; Taille1313M 59; 219; 226)
  • “celle qui fait le commerce d’habits ou de linge, de tissu, de cuir et sim. (usagés ou non)”(7) (1292ca. 1480; dep. 1886, Taille1292G 6a; 11a; 17a; etc.; 22a; 94b; 95a; 136b; Taille1313M 59; 219; 226; JubNRec 381 [il prist la robe, c’or plus chiere Li couste que d’une frepiere], TL 3,1795 [feupiere]; DMF; TLF 8,1267b)
freperie f.
(freperie 13es. cart. Senlis GdfC; LMestL I 76,14; I 76,19; I 76,22; etc.; I 76,25; I 76,26; I 76,27; I 76,30; rutebHerbF1 60; Boursepleinen 86 [mss. A, E, O]; PéageChalonbA 48a, ferperie CensHôtProvinsM 574; Boursepleinen 86 ms. ca. 1300 (C); LMestD p. 411; Rentes d’Orliens GdfC, frepperie PéageChalondA 48; doc. 1346 AN JJ 77 Phil. VI GdfC, forperie Cart. de Dijon GdfC; Foire de Dijon GdfC, fruperie Compt. mun. de Tours GdfC)
  • “ensemble d’habits ou de linges, de tissus, de peausserie et sim. (usagés ou non)”(8) (dep. 13es., cart. 13es. cart. Senlis GdfC; LMestL I 76,26 [quiconques veut estre haubanier de la peleterie nueve et viez et de la freperie linge ou lenge, nueve et viez]; I 76,27 [il peut estre Frepier et vendre et achater toutes les choses desus dites: c’est a savoir peleterie viez et nueve, et freperie viez et nueve, linge ou lange viez ou nueve]; RutebF 1,381,114 [draperie vaut miex que ne fet freperie]; Cart. de Dijon GdfC; Foire de Dijon GdfC(9); PéageChalonbA 48a [Poiz, freperie, robe taillie a cort ne doivent rien]; Rentes d’Orliens GdfC(10); [Compt. mun. de Tours GdfC; doc.1382 AN JJ 122 Gdf; cart. 16es. Esdras de Corbie DC [Stein 1056]], TL 3,1795 [sous feuperie]; Gdf 6,69b [sous pelfrerie]; GdfC 9,662b; DC 3,441b [ferperia; ferperie DC 3,605afrepatae à identifier]; DMF; Lac 6,315a; Li 1,1791a; TLF 8,1267b; FEW 3,396a)
  • menue freperie “ensemble d’habits ou de linges, de tissus, de peausserie et sim. de moindre valeur” (1302, LMestD p. 411 [povres piteables persones vendeurs de menues ferperies])
  • ⁠par méton. “commerce d’habits ou de linge, de tissu, de cuir et sim. (usagés ou non)” (ca. 12681346; dep. 1770, LMestL I 76,14 [le mestre du mestier de freperie]; I 76,19; I 76,22; etc.; I 76,25; I 76,28; I 76,30; Boursepleinen 86(11) [Mes ce ne fu mie d’estoupes, Hanas d’or, d’argent et de coupes I ot assez et draperie; Ne n’ot cure de freperie]; doc. 1346 AN JJ 77 Phil. VI [le mestier de frepperie GdfC], Frantext(12); Li 1,1791a; TLF 8,1267b)
  • ⁠par méton. “lieu de vente d’habits ou de linge, de tissu, de cuir et sim. (usagés ou non)” (dep. 3eq. 13es., CensHôtProvinsM 574 [xx s. pro la ferperie de Provins qui fu mon seigneur Baudon… a peier a la seint Jehan]; [RegChâtD 1,222; 1,223; 1,250; 2,500], DMF; Li 1,1791a; TLF 8,1267b; FEW 3,396a)
  • ⁠par méton. “qch. qui a peu de valeur” (ca. 1270, rutebHerbF1 60 [Carbonculus et garcelars… Herbes aport des dezers d’Ynde Et de la terre Lincorinde… Elz quatre parties dou monde… Or m’en creeiz: Vos ne saveiz cui vos veeiz;… Veiz m’erberie: Je vos di, par sainte Marie, Que ce n’est mie freperie, Mais granz noblesce])
friper v.tr.
[ÉtymologieCp. frm. friper “défraîchir en chiffonnant”, attesté dep. Rab 1534 (FEW 3,396b(13); TLF 8,1266b), qui semble conserver ce qui nous paraît être le noyau sémantique de notre verbe, soit “frotter (par rapport aux habits, à l’étoffe)”; tant TLF 8,1266b (« friper « s'agiter » paraît être un autre verbe ») que DMF friper de l'espaule (« Sans doute mot différent de TLF » 8,1266b) sont err. Bien que le DMF définisse le verbe “s'agiter, se contorsionner (dans un mouvement qui marque la gêne de celui qui se sent dans ses petits souliers)”, il renvoie à Gdf 4,150b (mfr. fripper “frotter”). –- Dans les patois de la Suisse romande vivent les dérivés èfripā v.tr. “user, gâter, en parlant d’habits ou de chaussures”; p.p. pris comme adj. “vêtu de haillons, qui a ses habits déchirés” (GlSuisse 6,149a); èfripa f. “personne qui use beaucoup ses vêtements” (id.); èfrèpalyi v.tr. “déchirer ses vêtements en s’amusant” (id. 6,148a); afripā v.pron. “se passionner pour qch.” (id. 1,165b).]
  • ⁠empl.abs. “se frotter (dans ses vêtements, en signe de malaise?)”, dans la seule att. comme inf. substantivé⁠ (mil. 12es., ProvSalSanI 6192 [Se suelt pereços delitier A celx kil volent enveier. Dunc li sorvenent tanz travailz: Fripers, estendeilliers, baailz, De pleindre sei, des(14) defroter, Des oilz ovrir, del chef grater. Tel delit en ad pereços Come malade de grant tos], FEW 3,396b [Bellême])
  • ⁠loc. verb. friper de l’espaule “se frotter (dans ses vêtements) par un mouvement de l’épaule (en exprimant un sentiment de malaise ou non)” (mil. 12es.; 1ert. 14es.; 15941624, ProvSalSanI 4112 [Soffler, baaller e grater, Friper d’espalles, mains froter]; PrunB 221 [le pere le mieux qu’il seult Ly monstra admiablement De sa dame le mandement Tant que tout le fist esbahy Et que tous ly sans (= sang) ly fremy, Que il en frippa de l’espaulle]; [AncThéât 7,461], Hu 4,214a [“manger, avaler gloutonnement” et sens fig. sim.?: à revoir]; DMF [déf. à corr., v. supra]; FEW 3,396b)
defriper v.
[ÉtymologieDérivation de friper à préfixe de- qui a une valeur d’intensification, cp. → grocier, G 1428,41, et degrocier, G 1435,2; hachier, H 12,9, et dehachier, H 13,3, sous → hache1, H 8,43. Notre mot est à distinguer de frm. défriper “faire disparaître les faux plis sur la surface de (quelque chose) pour (en) rafraîchir l’aspect”, TLF 6,957b.]
frepillier v.intr.
  • “être dans un état d’agitation physique ou morale, traduisant une excitation, une émotion et sim.” (13es.[2em. 13es.] ms. ca. 1353, JeuxPartL LXXXIV 39 [Cil qui en amours est asseürez, Soit droit ou tort, il n’a de quoi soignier: C’est une amour endormie. Mes quant cil qu’amors tarie Est de jalousie esmus, Adont sent il les vertus De bone amour qui le font frepillier Et querre ce qui ne li a mestier]; GarMonglMü 2232 var. ms. ca. 1353 [(une pucele) De sa tres grant beauté… C’est cele qui Garin fait issi fremillier (var. souvent frepillier) Et le sanc amüer et le color cangier Et le jor jeüner et tote nuit veillier], TL 3,2240; Gdf 4,137c [“fureter, chercher”]; FEW 3,396a [id.])
mfr. friponner v.tr.
[ÉtymologieLa seule att. est répertoriée dans DG 1,1122a qui la date du 14es., d’où FEW 3,397a. Il s’agit d’une att. des Lamentations de Matheolus par Jean le Fevre; l’att. manque dans ca. 1380 JFevLamentH (après vers 1602) mais elle se trouve dans une reproduction, par Tricotel (en 1846), d’un imprimé de la fin du 15es., v. JFevLamentH vi; déjà TLF 8,1268b.]
  • ⁠au fig. “faire l’acte charnel” (fin 15es., JFevLament éd. Tricotel 1846, 1658 [(histoire de Pasiphaé) une vache… fust proposée, par Dedalus fut composée, bien faicte, couverte de peau ou d’une vache ou bien d’ung veau, Et se fist dedans taponner, Affin que mieulx peust friponner. Le thorel entra par la porte Et a la royne se transporte… Et engendra Minotorus], DG 1,1122a; ad FEW 3,396b)
mfr. pelfrerie f.
  • “ensemble d’habits ou de linges, de tissus, de peausserie et sim.” (136715es.(21), [1367 Eure ds Th. Bonnin, Cartulaire de Louviers: documents historiques originaux du Xe au XVIIIe siècle, t. 2,1, p. 101; ]p. 179; 1367 Eure ds Th. Bonnin, Cartulaire de Louviers: documents historiques originaux du Xe au XVIIIe siècle, t. 2,1, p. 188 [14es.?]; [doc. 1382 AN JJ 122 Charles VI, ch.98 [Il pris en un fardel de peufferie ou freuperie ou ailleurs… neuf chaperons et une cotte a femme DC]; 1422 Rouen ds Th. Bonnin, Cartulaire de Louviers: documents historiques originaux du Xe au XVIIIe siècle, t. 2,2, p. 49; Cout. de Lisieux ds Moisy, Dict. du patois norm., 1887, p. 485b], TL 7,596 [renvoi]; Gdf 6,69b; DC 6,234c [pecia]; DMF; FEW 3,395a)
pelfrier m.
(peufier ca. 1350 GlParR 3484 [Ouest(22)], peufrier doc.1388 AN MM 31 Gdf [à localiser])
  • “celui qui fait le commerce d’habits ou de linge, de tissu, de cuir et sim.” (ca. 13501388(23), GlParR 3484 [fratillarius(24) : peufier]; [doc.1388 AN MM 31 [Jehan le peufrier Gdf]], TL 7,596; Gdf 6,69b; DC 3,600b [fratillarius(25)]; DMF; FEW 3,395b(26))
agn. pelfrer v.tr.
(pelfrer 2em. 12es. RoisC IV 3,24; SthomBenS 1778; SMarg2S 160; AmbroiseP 816 [ms. agn.]; 10865; AngDialGregO 1748 (fo21a); MirAgn2K 55,47, pelfer SthomBenS 1778 var. mss. 2em. 13es. / fin 13es.; EdmK 3737; Brendanw 1227 var. ms. 1267)
  • “s’emparer des biens que renferme un lieu (une ville, un pays, etc.) ou que possède une personne ou un groupe de personnes, d'une façon violente, désordonnée et destructrice, piller” (2em. 12es.ca. 1240, RoisC IV 3,24 [distrent entre sei: ‘Les reis ki sur nus veneient se sunt cumbatud entre sei e entreocis se sunt. Baldement en alum a la preie.’ Si esmurent ki einz einz vers l’ost pur pelfrer e prendre ço que il i truvereient]; SthomBenS 1778; EdmK 3737; AmbroiseP 816; 10865; AngDialGregO 1748 (fo21a); MirAgn2K 55,47 [Li Sarasins unt grant glorie Ke il aveint tele victorie. Quant tuz les mors unt pelfrez, En un eglise sunt entrez], TL 7,596; Gdf 6,69a; ANDEl; FEW 3,395a)
  • ⁠par méton. “faire subir de mauvais traitements (à qn) d’une façon plus ou moins violente, maltraiter” (ca. 1200[1erq. 12es.] ms. 1267, SMarg2S 160 [(Margarete:) si ma char est pelfree M’alme ert en ciel hautement corunee]; Brendanw 1227 var. ms. 1267 [un homme nud. Mult ert pelfiz, var. pelfés, e detirez, Delacherez e descirez; D’un drap lïed sun vis aveit], ANDEl [“to destroy” et “to pluck bare, strip”: à corr.])
pelfrir v.tr.
(⁠agn. pelfrir Brendanw 1266 var. ms. 1em. 13es., ⁠s.l. pelfir 1eq. 12es. Brendanw 1227 [agn.]; HistAncJ 233(27); HistAncV 106,15)
  • “s’emparer des biens que renferme un lieu (une ville, un pays, etc.) ou que possède une personne ou un groupe de personnes, d'une façon violente, désordonnée et destructrice, piller” (ca. 1213, HistAncJ 233 [sera dit en comun Coment li Wandele, Got et Hun France pelfirent e guasterent, E les iglises desrouberent]; HistAncV 106,15, TL 7,596; Gdf 6,69a; FEW 3,395b)
  • ⁠par méton. “faire subir de mauvais traitements (à qn) d’une façon plus ou moins violente, maltraiter” (1erq. 12es.ms. 1em. 13es., Brendanw 1227 [un homme nud. Mult ert pelfiz e detirez, Delacherez e descirez; D’un drap lïed sun vis aveit]; 1266 var. ms. 1em. 13es., ANDEl [“to pluck bare, strip”: à corr.])
defelipprer v.tr.
[ÉtymologieFormation appartenant vraisemblablement à notre famille et montrant peut-être une contamination avec la famille de lt. filum “fil”, FEW 3,526b, specialement defiler “défaire (un tissu) fil à fil”, ib. 3,528a, cp. aussi frm. défaufiler “défaire un objet faufilé” et var., ib. 3,530a (v. → fil1 DEAFpré); ou à rattacher à l’emprunt au *faluppafilope (cp. fr.dial. defilope “effilocher” et défiloppaïe “usé, éraillé”, FEW 3,395a, et plus encore Lille ferloupe “lambeau” et Tourc. déferlouper “mettre en loques”, ib.)?]
  • “effilocher ou déchirer (un vêtement et sim.)” (3et. 13es., RichH 1907 [Sez avoirs fu tous despendus Et sez robes defelippreez; Tant ot coitïez ses journeez Et chevauchiez boz et espines, Depechïez sont ses ermines], TL 2,1276; Gdf 2,456b)
agn. refeleper v.tr.
(refeleper AdParvH 2,49 (90) ms. 13es. / 14es.; ManuelPéchF 5006, refeliper AdParvH 2,49 (90) ms. fin 13es.)
  • “réparer les défauts (d’un tissu), rentraire” (13es.14es., AdParvH 2,49 (90) ms. 13es. / 14es. [interpole : refelepis / refelipes, texte lt.: textura: trilices, rallas, acupictas… – interpolle autem et panucie deerant, AdParvH 1,175]; ManuelPéchF 5006 [les esqueles et les poz lava, E les viels dras refelepa], ANDEl)
(1) Vit dans des dial. mod. du Nord-Ouest (Norm., Maine), v. Gdf 6,69a et FEW 3,395b.
(2) Les formes dial. sont répandues dans le Nord-Ouest (Norm., Manche) et dans le Sud-Est (Auv., Prov.) de la France, cf. FEW 3,396a; Gdf 4,137b; TLF 8,1266b répertorie fripe comme ‘vieilli’.
(3) Vit dans les dial. de la Normandie et du Bas- et Haut-Maine, cf. FEW 3,395b.
(4) Vit dans les dial. de la Normandie et du Bas-Maine, cf. FEW 3,395b.
(5) Sur la valeur douteuse de ce document, cf. Drüppel 122s.
(6) Le frepier ne correspond alors pas exactement au fripier moderne qui ne vend que des vêtements etc. usagés.
(7) La frepière ne correspond alors pas exactement à la fripière moderne qui ne vend que des vêtements etc. usagés.
(8) La freperie ne correspond alors pas exactement à la friperie moderne qui ne comprend que des vêtements etc. usagés.
(9) Ms. BN lat. 9873 fo26ro n’est pas dans PéageDijonbM.
(10) A dater.
(11) TL 3,1795,26 cite friperie venant de BoursePleineM 86: err.
(12) 1770, F. Galiani, Dialogues sur le commerce des bleds, p. 89.
(13) Les différents sens du verbe mfr. fripper / frm. friper, “défraîchir en chiffonnant”, “user (ses habits)”, “frotter”, “regratter, repeigner (une étoffe)”, FEW 3,396b,1-3; 13; 18, sont à réunir.
(14) Ms. del, à lire de + pron. se (?), cf. la note au vers 6193, 3,114.
(15) G. Roques ZrP 92,439 définit “aller ça et là”.
(16) Le noyau sémantique du verbe (cp. friper ci-dessus) est conservé dans le sens concret “se frotter et fripper les espaules”, 1564 Thierry, Dictionaire françois-latin 162b, Nic 1606 p. 181, Cotgr 1611 et 1650 Stœr, Dictionaire françois-allemand-latin 264b. V. aussi FEW 3,396b.
(17) KellerWace 232b: “se tourner tantôt d’un côté tantôt d’un autre en signe de repentir”; en 1954, Holden avait défini les att. de defriper “se frotter le dos dans ses vêtements par embarras ou colère”, syn. de defrire (R 75,52) et dans son gloss. “se tortiller (de colère ou de chagrin)”.
(18) Att. relevée par G. Roques.
(19) La Bergerie, vers 1488.
(20) Le gloss. définit “s’agiter, se démener”; G. Roques ZrP 95,437 corr. en “être contrarié”.
(21) Vit dans le dial. norm., cf. Gdf 6,69a.
(23) Vit dans le dial. de la Basse- et de la Haute-Normandie, cf. Gdf 6,69b; FEW 3,395b.
(24) Le mot mlt. est prob. un dérivé de mlt. fractillus “sorte de frange d’une étoffe, d’un vêtement”, LexNed 4,2147; DC 3,584b.
(25) DC se demande s’il faut lire peusier: sans appui.
(26) Le FEW date pelfrier du 14e au 16es.: la date du 16es. se réfère vraisemblablement à l’att. de pelfriere f. de 1563, donné par Gdf 6,69b sous pelfrier.
(27) Texte continental difficile à localiser, cf. RoquesReg 206.