DEAFplus
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fiens m.
[ÉtymologieDu lt.tard. FEMUS, -ORIS subst. neutre “fumier”, qui, prob. sous l’influence de lt. stercus, -oris “id.”, subst. neutre, a remplacé les deux formes courantes en lt.class. fimus, -i m. et fimum, -i n. (ThesLL 61,765). Femus est attesté à partir du déb. 4e siècle (ThesLL). Pour quelques-uns des dérivés il faut partir d’un pluriel femora + suffixe collectif, cf. femora + -etum → fembroi, avec le verbe → fembroier, femora + -arium → fembrier, ainsi que fembrer et var., formé directement sur femora, v. FEW. – Cp. encore → fime.
Parmi les dérivés commençant en principe par fem-, il y a un nombre considérable de formes avec la voyelle radicale u. GilliéronAbeille 250 avait attribué ce changement à une influence de → fumer (DEAFpré), parce qu’une méthode de fertiliser la terre des champs consiste dans le brûlage automnal des herbes et à en répandre les cendres sur le sol. En fait, les familles de femus et de lt. fumare ne sont pas toujours séparées clairement, v. le commentaire sous femee ci-dessous. Cependant, il paraît plus plausible d’expliquer le changement par «l’action des consonnes labiales environnantes» (FouchéPhon p. 451 5o) plutôt que par l’influence qu’avait proposée Gilliéron(1).
Hormis l’afr., femus continue à vivre en occ. fems (dep. 1erq. 13es., Rn 3,301a; Lv 3,430b), en cat. fems (dep. 13es., CoromCat 3,942b) et en aragonais fiemo (dep. 1379, Pottier VRo 10,153; Corom2 2,891b). Emprunté au lt. fimus: it. fimo (dep. déb. 14es., CortZol 436a; Battaglia 5,1018a).
Rem. no 1: Dans un long passage ajouté dans un ms. du 3eq. 14es. du Conte de gentilleche de Baudouin de Condé, on lit: En tel usasge voi maint prince, Qui retalle au povre home et pince Sa terre pour croistre la sieue. Cis fais est plus amers que fieue A l’arme, mais le corps n’en chaut Que l’arme en ait ou froit ou chaut (BaudCondS p. 471,92). L’éd. se demande s’il faut lire fiene, forme féminine de fien. TL 9,1067,27 corrige à juste titre en sieue “suie”, en rime avec sieue (< lt. sua). Notons qu’une forme féminine fiene n’a jamais existé en français.
Rem. no 2: Dans PlacTimT 383 on lit: Aucunnes fontaines sont qui sourdent, qui faignent au solail et devient l’iaue bon sel et bel. Le glossaire donne comme infinitif fagner et commente “couvrir de boue, non attesté dans le sens de s’évaporer en passant par l’état intermédiaire de boue”. A notre avis, il s’agit d’une att. de → feindre (DEAFpré) au sens de “diminuer en volume”, sens bien attesté dans le patois bourguignon, cf. FEW 3,554b.
Rem. no 3: Dans BibleDécbN 5075 on lit: Samson tressaut e rumpe les liens Tut ensement cum cil fussent de fens. L’éd. se demande s’il faut «voir dans fens le mot fiens “fiente, excréments” et peut-être, à partir de là, “chose de peu de valeur”». Il nous semble plus pausible d’y voir une var. de → fein “foin” (DEAFpré), matériau plus apte pour la fabrication d’une corde.]
Parmi les dérivés commençant en principe par fem-, il y a un nombre considérable de formes avec la voyelle radicale u. GilliéronAbeille 250 avait attribué ce changement à une influence de → fumer (DEAFpré), parce qu’une méthode de fertiliser la terre des champs consiste dans le brûlage automnal des herbes et à en répandre les cendres sur le sol. En fait, les familles de femus et de lt. fumare ne sont pas toujours séparées clairement, v. le commentaire sous femee ci-dessous. Cependant, il paraît plus plausible d’expliquer le changement par «l’action des consonnes labiales environnantes» (FouchéPhon p. 451 5o) plutôt que par l’influence qu’avait proposée Gilliéron(1).
Hormis l’afr., femus continue à vivre en occ. fems (dep. 1erq. 13es., Rn 3,301a; Lv 3,430b), en cat. fems (dep. 13es., CoromCat 3,942b) et en aragonais fiemo (dep. 1379, Pottier VRo 10,153; Corom2 2,891b). Emprunté au lt. fimus: it. fimo (dep. déb. 14es., CortZol 436a; Battaglia 5,1018a).
Rem. no 1: Dans un long passage ajouté dans un ms. du 3eq. 14es. du Conte de gentilleche de Baudouin de Condé, on lit: En tel usasge voi maint prince, Qui retalle au povre home et pince Sa terre pour croistre la sieue. Cis fais est plus amers que fieue A l’arme, mais le corps n’en chaut Que l’arme en ait ou froit ou chaut (BaudCondS p. 471,92). L’éd. se demande s’il faut lire fiene, forme féminine de fien. TL 9,1067,27 corrige à juste titre en sieue “suie”, en rime avec sieue (< lt. sua). Notons qu’une forme féminine fiene n’a jamais existé en français.
Rem. no 2: Dans PlacTimT 383 on lit: Aucunnes fontaines sont qui sourdent, qui faignent au solail et devient l’iaue bon sel et bel. Le glossaire donne comme infinitif fagner et commente “couvrir de boue, non attesté dans le sens de s’évaporer en passant par l’état intermédiaire de boue”. A notre avis, il s’agit d’une att. de → feindre (DEAFpré) au sens de “diminuer en volume”, sens bien attesté dans le patois bourguignon, cf. FEW 3,554b.
Rem. no 3: Dans BibleDécbN 5075 on lit: Samson tressaut e rumpe les liens Tut ensement cum cil fussent de fens. L’éd. se demande s’il faut «voir dans fens le mot fiens “fiente, excréments” et peut-être, à partir de là, “chose de peu de valeur”». Il nous semble plus pausible d’y voir une var. de → fein “foin” (DEAFpré), matériau plus apte pour la fabrication d’une corde.]
(fiens 1em. 12es. PsCambrM 112,7; PsOxfM 112,6; CommPsia1G2 29,190 [c.r. sg. fienz]; BenDucF 8151; SThomGuernT 3745; RecMédJute HuntMed 67,17; RoisC III 14,10; IV 9,37; MarieFabW 84,3; 84,12; AliscRé2 3891; 3980; RenR 690; SBernCantG IV 164; IV 167; SimFreinePhilM 358; VMortHélW 17,12; CantLandP 340; etc.etc.AudigierJ 126; Perl1N 6485; BalJosAnS 3824; BalJosPr1M 77,43; GuillTyrP 1,126; CoincyI11V 452; CoincyI42K 627; RenclCarH 82,10; 206,6; RenclMisH 19,3; BesantR 540 [c.r. sg. fien]; CoincyII10K 164; CoincyII9K 1660 [c.r. sg. fienz]; HAndBatC 42; LancPrS 4,347,36; HArciPèresO 2466; HistFécL 3986; JacVitryB LXV 46; LXIX 8; NoomenFabl no 92,3; no 92,39 [fien]; no 92,41; Pères10L 4810; RecMédNovCirHi 884; 923; 926; RobBloisEnsU 929; SegrMoine2N 541; SegrMoine3N 454; AldL 88,11; SDomM 2164; 2183; DocFlandrM 15A,21 [= 15B,26]; JostPletR p. 135; MenReimsW 405; MirNDChartrK I 78; AnticlC 1364; 2775; 3228; 3237; RutebF XIV 297; XXIII 98; VMortAnW 47,1; 72,8; BrunLatC I 54,6; I 164,2; I 165,14; AndréCoutP 1405; CharroicL 1454; DeuxBordeors3F 48; ExhortationRelH p. 271; p. 272; MédLiégH 88; RecMédBoensH 34; 74; FossierCh 185,5; OutHôtelN 83; BibleMalkS 9609; DancusT I 17,3; BougWyffCal 1534; MaccabeS 1447; JobG 742; 2804; 3308; LulleEnfL p. 160; PlacTimT 318; RenNouvR 5829; SThibAlH 178; JurésSOuenA p. 73; p. 109; PiérardMons 364,22 (doc. 1331); BibleMaceV 7298; ChirPoutrS 15vo 22; 15vo 24; 16ro 2; NovNarrS C 112 (p. 205); OakBookS 1,52 [c.r. sg. fienz]; RecMéd 321,64; 324,103; ChaceOisi2H 35,72; NicBozMorS p. 106; PassPalF 1352; DébCorpsArrL 334; TombChartr2S 203; TombChartr11W 191; ChirChevP 55; ProprChosSq B IV 20; B IV 166; B V 120; JDupinMelL 3006; RenContrR 19585; 19594; GilMuisK 1,11,11; GuillMachC 497,7; LionBourgAlK 2764; [HLancA1 75,11; DeschQ 2,262,226; FroissBallB 3,14], fyen BrunLatC I 177,5, fians AiquinJa 2087, fins SBernCantG III 99; PlainteAmV 203var. [c.r. sg. finz], agn. feens AncrRiwletT 2,12, s.l. fens AlNeckUtensH 245; 253 [deux att.]; 254; BibleDécbN 5075; BestGuillR 3258; RecMédNovCirHi 303; 304; 1207; 1653; HosebHenO c.64; c.65; c.66; c.67; passim; BibbR 807; 1073; RecMéd HuntMed 291,218; 294,245; 318,35; PlainteAmV 203; RecMédCyrV 25, feins ChevVivM 1191; BibbR 233, feyn AlNeckUtensH 262, agn. fym HosebCompL 19 (cinq att.), fimys RecCulViaundeH 23,5 [pl.; vérifié sur ms.])
- ◆1o“mélange d’excréments et de litières pouvant être utilisé comme engrais” (1em. 12es. [PsCambrM, v. ci-dessous] – 1580, CommPsia1G2 29,190 [Um l’apelera jument et si dirat um qu’il est porriz en sun fienz]; BenDucF 8151; RoisC III 14,10; IV 9,37; MarieFabW 84,3; 84,12(2); AliscRé2 3891; 3980; RenR 690; SimFreinePhilM 358; VMortHélW 17,12; AlNeckUtensH 245; 253 [deux att.]; 254; CantLandP 340(3); ChevVivM 1191; AiquinJa 2087; AudigierJ 126 [La dame est acouchiee les un seü Ou triues et porceaus orent geü, Por la chaleur du fiens qu’ele ot sentu]; GuillTyrP 1,126; CoincyI11V 452; RenclCarH 206,6; BesantR 540; etc.etc.CoincyII9K 1660; CoincyII10K 164; HAndBatC 42; LancPrS 4,347,36; AlNeckUtensH 262; HArciPèresO 2466; JacVitryB LXV 46; LXIX 8; NoomenFabl no 92,3; no 92,39; no 92,41; RecMédNovCirHi 303; 304; 884; 923; 926; 1207; 1653; RobBloisEnsU 929; SegrMoine2N 541; AldL 88,11 (en parlant d’excréments d’hirondelle, certainement sans litières); SDomM 2164; 2183; DocFlandrM 15A,21 [= 15B,26]; JostPletR p. 135; MenReimsW 405 [= BartschChrest 73,5]; MirNDChartrK I 78; AnticlC 2775; RutebF XIV 297 (La voie de Paradis); XXIII 98 (La complainte d’outremer); BrunLatC I 54,6; I 164,2; I 165,14; I 177,5; CharroicL 1454; DeuxBordeors3F 48; ExhortationRelH p. 271; p. 272; RecMédBoensH 34; 74; FossierCh 185,5; OutHôtelN 83; BibleMalkS 9609; BougWyffCal 1534; BibbR 233; 1073; JobG 2804; LulleEnfL p. 160; RenNouvR 5829; SThibAlH 178; JurésSOuenA p. 73; p. 109; PiérardMons 364,22 (doc. 1331); BibleMaceV 7298; NovNarrS C 112 (p. 205); OakBookS 1,52; NicBozMorS p. 106; PassPalF 1352 [= Aspland 23,118]; PlainteAmV 203; DébCorpsArrL 334; JDupinMelL 3006; RenContrR 19585; 19594; LionBourgAlK 2764, TL 3,1820; Gdf 3,786c; ANDEl [sépare fien et fime]; DMF; Hu 4,98a; FEW 3,544b [encore dial. mod.])
- ◆“mélange d’excréments et de litières pouvant être utilisé comme engrais”“id.” (par métaphore, dans des situations de détresse, aussi en parlant de l’âme pécheresse) (1em. 12es. – 1404, PsCambrM 112,7; PsOxfM 112,6; SThomGuernT 3745 [Deus me conseillera, qui tuzdis m’est prochiens, Qui l’orguillus abat, le povre oste del fiens]; SBernCantG III 99 [La bealtez de continence et li fruiz dignes de penance ce sunt oevres de pieteit. Cez choses toi elleveront fors des fins en la sperance de oser meilhors choses]; IV 164; IV 167; BestGuillR 3258; BalJosAnS 3824; BalJosPr1M 77,43; CoincyI42K 627; RenclCarH 82,10; RenclMisH 19,3; Pères10L 4810 [… fere biens Tant k’il traie s’arme del fiens Ou il l’a par pechié boutee]; Pères42L 18665 [= Méon 2,249,408]; etc.etc.; AnticlC 1364; 3228; 3237; VMortAnW 47,1; 72,8; AndréCoutP 1405; JobG 3308 [fiens de no vielleche]; etc.etc.AncrRiwletT 2,12; [HLancA1 75,11], TL 3,1821; ANDEl [sépare fien et fime]; DMF; FEW 3,544b)
- ◆“mélange d’excréments et de litières pouvant être utilisé comme engrais”“id.” (dans une image, comme terme de comparaison) (1285 – ca. 1480, MaccabeS 1447 [ces chaitis puans paiiens… lor gloire iert come fiens]; GilMuisK 1,11,11 [se cescuns s’apercevoit Que c’est tous fiens de ces rikaices Et aussi de ces grans noblaices, Et de le mort li souvenroit, Trestout pour vanitet tenroit]; GuillMachC 497,7; [FroissBallB 3,14 [Avoirs est fiens, Ne je ne prise che noient]], DMF)
- ◆“mélange d’excréments et de litières pouvant être utilisé comme engrais”“id.” (par métaphore, en parlant de liquides excrétés du corps humain) (mil. 13es. – 1314, HistFécL 3986 [L’areste, quil tient comme serre Ma gorge, tantost hors getai; De fienz et d’ordure et de tai Se departi ou iert enclose]; PlacTimT 318; HMondB 2099 [l’un (des apostumes melencolieus est) de melancolie naturel, qui fu fiens ou residence des autres humeurs, puis aprés est faite desnaturel et aduste, et outre putrefie. L’autre est fait de melancolie naturel qui n’est pas vraiement fiens des autres humeurs, mais adustion ou cendre d’iceux]; 2100; 2104, TL 3,1821 [“Unrat, Hefe, Bodensatz”])
- ◆fiens “excréments humains ou animaux” [v. femee ci-dessous] (2em. 12es. – av. 1614(4), RecMédJute HuntMed 67,17 [Pernez la racine de la raiz e la racine de eaune .j. horselen e les fiens de l’owe e trublez tut ensemblez od vieuz oint de porc]; MédLiégH 88 [li fiens del pawon]; DancusT I 17,3; BibbR 807; ChirPoutrS 15vo 22; 15vo 24; 16ro 2; RecMéd HuntMed 291,218 [fens de columb]; 294,245; 318,35; 321,64; 324,103; ChaceOisi2H 35,72 [Et de ces (oiseaux de proie) qui isnellemant et copiousemant sont norri, il giettent isnellemant et copiousemant lor fiens]; RecCulViaundeH 23,5 [festes escauder des anguilles, e festes oster les fimys, e pus festes goboner]; RecMédCyrV 25; 75; TombChartr2S 203 [fiens de privee]; ChirChevP 55; ProprChosSq B IV 20 [Il n’a rien en toute la beste Qui ne face aucun pourfist, Neïs le fiens qui en ist(5)]; B IV 166; B V 120; etc.etc.[DeschQ 2,262,226], ANDEl [sépare fien et fime]; DMF; Hu 4,97b)
- ◆prov. Plus muet on le fiens et plus pust (13es., SegrMoine3N 454(6))
- ◆fiens de charbon “poussière de charbon” (?) (13es., La devision de la terre de oultremer et des choses qui y sont fo 404vo dans RobClariH p. 33 [abrissiaux qui portent le baume… adont fent on l’escorce de ces abrissiaux; s’en degoute jus grosses larmes de baume, que on rechoit en vaissaux de voirre, et puis le repont on en fiens de carbon demi an, et aprez demi an sont ces larmes espurgies de lor lies et sont belles et cleres], TL 3,1821)
- ◆2o“matière en état de putréfaction qui, après sa décomposition, ressemble à du fumier” (déb. 13es. – ca. 1530-1540(7), Perl1N 6485 [Et quant il chïent a terre e il ne poent plus durer, si devienent fiens e cemdre e lor cors e lor cevaus]; JobG 742; TombChartr11W 191 [La vit le filz le corps son pere En plusours lieux tout defframé de pourreture… Des les piez si qu’ou hasterel Ne paroit fors fiens et ordure, Et parmi celle pourreture Vers et serpens se traÿnoient], Hu 4,98a)
- ◆fiens de mortelaque ou de viés fons “boue tirée de fossés, de dépressions boueuses (parfois jonchées de paille) et sim., servant d’engrais” (1325, doc. Artois 1325 RichardThierry p. 404 [… et si doit le dite terre amender toute une fie dedans le cens de fiens de mortelaque u de viés fons, a amendement de sis ans, par rewart de prudommes, ensi que on en use ou lieu], DelbObsc 33,579; FEW 222,27b ‘engrais’)
●fienseor m.
(fienseor RegTournB 399 [c.s. sg. -iere], fienseur reg. 1280/81 Ann. de la Soc. hist. et arch. de Tournai 9,1905,399; Taille1292G p. 145b (deux att.), fienseeur Taille1296M p. 209; Taille1297M p. 193)
- ◆“celui qui s’occupe de l’enlèvement et du transport du fumier” (1280 – 1297, RegTournB 399 [Monnes le fiensiere]; reg. 1280/81 Ann. de la Soc. hist. et arch. de Tournai 9,1905,399 [Et tout li fienseur ki fiens carient, l’aient cescuns cariiet devens le jour qu’il aront l’estaule vuidié et si l’enmainent si nettement de le rue que puint n’en i demeure]; Taille1292G p. 145b [Mile, le fienseur(8)]; ib. [Gautier, le fienseur]; Taille1296M p. 209 [Michiel l’englais, fienseeur]; Taille1297M p. 193 [Michel le fienseeur, c’est le même], Gdf 3,787a; TL 3,1821 [renvoi]; FEW 3,544b)
●fiensier m.
- ◆“celui qui s’occupe de l’enlèvement et du transport du fumier” (1297, Taille1297M p. 390 [Mile le fiensier])
●fiensure f.
(feynsure 1240 GlBNhébr302L 144,35, faynsure GlLeipzigBa 13239)
- ◆“mélange d’excréments et de litières pouvant être utilisé comme engrais” (1240; fin 13es., GlBNhébr302L 144,35 [glose ad So 3,1; texte de BibleRab: Hélas! elle est salie et souillée, la ville]; GlLeipzigBa 13239 [id.], LevyTrés 112a)
●fembree f.
- ◆“mélange d’excréments et de litières pouvant être utilisé comme engrais” (1314, HMondB 1231 [poudre poi desiccative, si comme encens, vernis, fembree(9), litarge, mastic, mirrez, alöés, farine de feives et leur semblablez], Gdf 3,746b)
●fembrer v.tr.
(fembrer SermMaccM A 106, fenbrer doc. Aisne 1332 Gdf, wall. fenbreir 4eq. 12es. SBernCantG XXX 72, s.l. fambrer doc. s.d. DC, fiambrer doc. s.d. DC, lorr. fomerer doc. Metz 1245 Gdf; doc. Metz 1279 Gdf, fomereir doc. Metz 1263 Gdf; doc. Moselle 1274 Gdf, fomoreir doc. Metz 1279, fumerer PhNovAgesF 105var.)
- ◆“engraisser (une terre) avec du fumier” (aussi dans des images) (4eq. 12es. – 1549, SBernCantG XXX 72 [(la vigne du Seigneur est) aracineie en cariteit, fooite del fossoir de discipline, fenbreie des larmes des repentanz, aroseie des paroles des prechanz]; SermMaccM A 106; PhNovAgesF 105var.; doc. Metz 1245 Gdf; doc. Metz 1263 Gdf; doc. Moselle 1274 Gdf; doc. Metz 1279 [Et si an doit chesc’an fomereir demei jornal, tant k’il l’ait toute fomoreie (la terre) Gdf]; doc. Aisne 1332 Gdf; doc. s.d. DC [deux att.], TL 3,1700; Gdf 3,746b fembrer; 4,54a fomerer; DC 3,360c exfelcorare; 3,493a fiens1 [doc. 1454]; DMF; Hu 4,92b; FEW 3,546b)
●fembrier m.
- ◆“tas de fumier” (fin 12es., JobGregF 307,41; 307,42 [Cil siet el fembrier, ki viz choses et despites sent de soi mimes]; 308,1; 308,4 [El fembrier siet ki sonjousement regardet sa floibeté, et ne soi ellievet mie des biens cui il at pris parmi la grasce]; etc.; 308,6; 308,11; 308,15; passim [toutes les att. se réfèrent à Job assis sur un tas de fumier (Iob 2,8), cp. la loc. frm. comme Job sur son fumier “réduit à la misère et à la souffrance la plus extrême”, dep. Fur 1690, TLF 8,1328a; FEW 3,542b], Trénel 506; TL 3,1700; Gdf 3,746c; FEW 3,546a)
●fembroi m.
(Ouest fambrai doc. 1326 Gdf, fenbrei doc. 1287 Gdf, lorr. fomeroi SBernAn2S XX 92 [c.s. sg. -oit]; XXVII 5 [c.s. sg. -oit]; XXVIII 16 [c.s. sg. -oit]; doc. Metz 1218 Gdf [c.r. sg. -oit]; doc. Moselle 1232 Gdf [c.r. sg. -oit]; doc. Metz 1241 Gdf; doc. Metz 1243 Gdf [c.r. sg. -oit]; doc. 1263 Gdf [c.r. sg. -oit]; doc. 1300 Gdf [c.r. sg. -oit], foumeroi doc. Metz 1220 Gdf [c.r. sg. -oit]; doc. Moselle 1239 Gdf [c.r. sg. -oit]; doc. Metz 1246 Gdf [c.r. sg. -oit], fumeroi RobBloisFlorB 89 [c.s. sg. -ois; = RobBloisFlorU 91 fomerois]; PhNovAgesF 105 var. ms. fin 13es.)
- ◆“mélange d’excréments et de litières pouvant être utilisé comme engrais; tas de fumier” (fin 12es. – 1510, SBernAn2S XX 92; XXVII 5; XXVIII 16; doc. Metz 1218 Gdf; doc. Metz 1220 Gdf; doc. Moselle 1232 Gdf; doc. Moselle 1239 Gdf; doc. Metz 1241 Gdf; doc. Metz 1243 Gdf; doc. Metz 1246 Gdf; RobBloisFlorB 89 [Esgardez, con li fumerois Apert beaux qu’est cuvers de nois (“neige”)]; doc. 1263 Gdf; doc. 1287 Gdf; PhNovAgesF 105 [l’an dit que li oil dou seigneur vaut fumier (var. ms. fin 13es. fumeroi) a la terre, et bien est voirs]; etc.etc.doc. 1300 Gdf; doc. 1326 Gdf; [doc. 1390 DC; doc. 1480 DC], TL 3,1700; Gdf 3,746c; 4,54a; DC 3,360c exfelcorare; DMF; FEW 3,546a [encore dans des dial. mod.])
●fembroier v.tr.
(frambraier doc. Orléans 1340/41 Gdf, fembreer CoutBretP p. 255,9, fambreer GlBNlat7684M 222a,3; 222a,4 [p.p. fambreé(10))
- ◆1o“engraisser (une terre) avec du fumier” (1340/41 – 1510, doc. Orléans 1340/41 [Pro frambraier (les vignes) Gdf], Gdf 3,746b; TL 3,1700 [renvoi]; DMF)
- ◆emploi absolu “engraisser (une terre) avec du fumier”“id.” (ca. 1320, CoutBretP p. 255,9 [le homme li devoit corvees villaines de sa personne, comme aucuns fiez qui sont de telle condicion comme de aler au fain, seyer les blez, fembreer, ou aler charreyer vins, curer douves…], Gdf 3,746b)
- ◆2o“débarrasser du fumier” (15es., GlBNlat7684M 222a,3 [fambreer : erudero, -ras, -ratum]; 222a,4, DC 3,292a eruderatus; Gdf 3,746b; DMF; FEW 3,546a [encore dial. mod.])
●femer v.tr.
[ÉtymologieCp. mlt. fimare “engraisser (une terre)” MltWb 4,251; DC 3,500c; LathamDict 1,945a.]
(femer ca. 1180 MarieFabW 84,13; CantLandP 335; EscoufleS 6811; FetRomF1 584,33; 584,34; JeuxPartL XXIX 19; BeaumCoutS 449; HosebHenO 68; titre p. 345 var. ms. ca. 1300; GlDouaiR 1136; DeVinorM 574, femeir RutebF 1,458,92 [ms. femreir, le premier r étant suscrit], fumer GarLorrP 2,225; AudigierJ 493; ChevBarBloisB 924; MarieFabW 84,13var.; NoomenFabl no 92,4; HosebHenO 68var.; [MenagM 40c; BonBergL 35], agn. fymer HosebHenO 68var., fener HosebHenO 68var., feiner AlNeckUtensH 162 (p. 254), feynner HosebHenO 68var.)
- ◆1o“engraisser (une terre) avec du fumier” (dep. ca. 1200, CantLandP 335; EscoufleS 6811 [.j. camp femé par monciaus, à savoir ‘pourvu de fumier (d’abord en petits tas avant de les épandre)’]; AudigierJ 493; FetRomF1 584,33; 584,34; ChevBarBloisB 924; NoomenFabl no 92,4 [un vilein estoit costumier… A .ij. asnes terre fumer]; RutebF 1,458,92; BeaumCoutS 449; HosebHenO 68 [Vos terres femez ne les arrez mye trop parfunt]; titre p. 345 var. ms. ca. 1300; DeVinorM 574; [BonBergL 35], TL 3,1706; ANDEl [sépare fener et fimer]; DMF; TLF 8,1325b; FEW 3,545a)
- ◆emploi abs. “engraisser avec du fumier”“id.” (13es. – ca. 1393, AlNeckUtensH 162 (p. 254) [stercorare : feiner]; GlDouaiR 1136; [MenagM 40c [Puis rongez le cep, et fumez de bonne fumeure et liez tout au long de fil noir]])
- ◆2ofemer le fiens “se décharger des excréments” (ca. 1180, MarieFabW 84,13 [Dist li vileins (à ses bœufs): Vus le (le fiens) femastes E la maisun en encumbrastes], TL 3,1705)
- ◆3ov.intr. “se décharger des excréments” (4eq. 12es., GarLorrP 2,225 [Li chien avant se prinrent a noisier, Quant il commencent ces raimes a brisier, Truevent les routes dou pors qui a fumé], TL 3,1705)
- ◆4ov.intr. “être engraissé” (dans une image) (3eq. 13es., JeuxPartL XXIX 19 [Sire, biens dont cuers ne feme Si qu’il ament est trop vieus (“vil”)], TL 3,1706; FEW 3,545b)
●femee f.
[ÉtymologieLe TLF 8,1324a range ce mot au sens de “excréments caractéristiques des cerfs et autres animaux sauvages” sous fumée, sans signaler que fumée en ce sens est très probablement à l’origine un autre mot. Il suit ici la tradition lexicographique française, cp. Li 12,1799a 9o, DG 1,1131a, GdfC 9,673c, Hu 4,236a ou encore RobP2 qui avait ajouté «à cause de la vapeur qui s’en dégage». Nous ne voyons aucune raison pour séparer le mot de la famille de FEMUS.]
(fumee déb. 13es. AudigierJ 482; 494; ChaceT 85; 146; 154; 179; etc.; 191; 221; 456; TwitiT 25; 27; 29; [ModusT 4,28/31; 5,6; 5,53; etc.; 6,1; 6,2; 6,5; passim; GastPhébChasseT prologue; 1,54; 1,55; etc.; 2,15; 3,11; 3,13; passim; TresVenM 895; 900])
- ◆“ensemble d’excréments humains ou animaux” (déb. 13es.(11) – 1610, AudigierJ 482 [Hersoir (t’espousee) menja navez et civotee, Si huma plain vaissel d’une brouee. Se vos avez beü de sa fumee, Ja mais n’auriez garde de coup d’espee]; 494 [La fumee m’en monte jusqu’au cervel Et la flairor m’en vient jusqu’au musel]; [GaceBuigneB 7919; 7923], TL 3,1702; DMF; Hu 4,236a)
- ◆terme de cynégétique “fiente du cerf et d’autres bêtes fauves” (dep. fin 13es., ChaceT 85; 146; 154; 179 [Et quant a lui (au seigneur) venus serez, Si li monterrez les fumeez Que vous av[e]rez aporteez, Et c’il avient qu’il vous demant Que vous li faites jugement Et dites li quex valent miex, Bien devez estre si soutiex Que par vous li soient loueez Grosses et fermes et serreez]; etc.; 191; 221; 456; TwitiT 25; 27; 29; [ModusT 4,28/31 [La fiente des bestes sauvages sont nommees en quatre manieres: les unes sont appelees fumees… Celles des cerfs et des bestes rouges… sont apelees fumees]; 5,53; 5,6; etc.; 6,1; 6,2; 6,5; passim; GastPhébChasseT prologue; 1,54; 1,55; etc.; 2,15; 3,11; 3,13; passim; TresVenM 895; 900], TL 3,1703; GdfC 9,673c; ANDEl; DMF; TLF 8,1324a; FEW 3,545b)
●femage m.
(femage doc. 1356 Gdf, fumage doc. Vienne 1254 Gdf)
- ◆“action de mettre du fumier dans une terre” (1254 – Cotgr 1611, doc. Vienne 1254 [Et si aucuns ou aucune demandeent a aver fumage ou devant dit… nos et les noz chouses sommes tenu de garir le dit arbergement d’icelui fumage Gdf], Gdf 4,197c; TL 3,1700 [renvoi]; DMF; FEW 3,545b)
●femure f.
(femure doc. Tournai 1326 ZfSL 22,102, fumure doc. Artois 1327 RichardThierry p. 404, fumeure doc. 1357 Gdf; MenagM 40c, agn. fenure AlNeckUtensH2 p. 95,160)
- ◆“mélange d’excréments et de litières pouvant être utilisé comme engrais” (dep. 13es., AlNeckUtensH2 p. 95,160; doc. Tournai 1326 ZfSL 22,102 [Et si doit Jehans Thumas le ditte tiere femer bien et loiaument, a loial femure]; doc. Artois 1327 RichardThierry p. 404 [Pour .vj. mesures et demie de fiens de demie fumure acaté a Robert (fumier mélangé avec de la terre ou de la marne?)]; [doc. 1357 Gdf; MenagM 40c [fumez de bonne fumeure]], TL 3,1706; Gdf 4,181a [doc. 1357 - 1516]; DMF; TLF 8,1329b; MöhrenLand 310; FEW 3,545b)
●femeïz m.
- ◆“étendue de terre garnie de fumier” (ca. 1201, EscoufleS 6822 [Li faucons tent bas esterés Vers .j. camp femé par monciaus… Li faucons le (l’escoufle) vient ataignant, Sel fiert si del cors et del pis K’il l’abat sour le femeïs, Puis s’en revait la sus en haut], TL 3,1703; Gdf 3,746c)
●femeraz m.
(femeraz 13es. ContGuillTyrA p. 22, fumeras ContGuillTyrA p. 22var.)
- ◆“tas de fumier” (13es., ContGuillTyrA p. 22 [si avoit ileques .j. femeraz (var. fumeras), et por metre le (Androine) en vil luec, saperent ilec por li enfoïr], Gdf 4,180c fumeras; TL 3,1706 [renvoi])
●fiemos adj.
[ÉtymologieCp. lt.tard. femosus “sale” (6es., Souter 146a); mlt. fimosus “plein de fiente, sale” (fin 7es. - mil. 15es., MltWb 4,251a; LathamDict 1,945c).]
(fiemeus 4eq. 13es. GlDouaiR 1135)
- ◆“qui est plein de fiente” (4eq. 13es., GlDouaiR 1135 [fimosus : fiemeus], TL 3,1707; Gdf 3,786c; FEW 3,545a)
(1)
Notons toutefois que les deux familles sont jugées remonter à une origine commune, cf. Pokorny 1,261 sous dheu-4.
(2)
Fable reprise dans NicBozMorS p. 154.
(3)
Le glossaire donne encore un renvoi au vers 2081 où l’on lit cependant liens.
(4)
Brantôme, Recueil des Dames…, éd. Vaucheret 1991, p. 221.
(5)
Dans une note p. 187, l’éd. explique pourquoi il considère le mot, tout comme TL 3,1820,50, comme dissyllabique (autrement vers hypométrique). Mais comme il souligne lui-même, le mètre est assez irrégulier dans ce texte, et surtout fien rime avec bien dans B IV 166/67.
(6)
Cp. Con plus esmuet on la merde, e ele plus put (ProvM 410) et Quant plus muet l’en la boe, et ele plus put (ib. 1757).
(7)
Marguerite de Navarre, Comedie des Innocents 916, éd. Marczuk 2000, p. 246.
(8)
Avec note: «Le copiste avait mis fiancier, et le même mot se trouve encore deux lignes plus bas. Celui qui a collationné le manuscrit a effacé le mot fiancier et écrit fienseur à la place.» V. pourtant fiensier ci-dessous, où il est question du même personnage.
(9)
L’éd. corrige d’après foenugraeci du texte lt. en fenugrec.
(10)
DC 3,292a donne sub eruderatus pour cette att. la forme frambeé, à vérifier.
(11)
Cf. comme att. antérieure indirecte celle de GarLorrP citée sous femer 3o où il est question d’un porc qui a fumé.