DEAFplus
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foire1 f.
[ÉtymologieDu lt. FERIAE f.pl. “un ou plusieurs jours consacrés au repos, aux fêtes sacrales ou profanes” (ThesLL 61,502), mot (et famille) transmis par voie héréditaire et resté en contact avec le latin et les latinismes par la civilisation chrét. surtout (v. les dict. du mlt., DC 3,436c; MltWb 4,147; LathamDict 1,923a, et cf. foirier, fere, ferial etc., infra). Wartburg a sans doute eu raison de grouper sous ‘I.’ les descendants des étymons lt. FERIAE, FERIARI “ne pas travailler” (ThesLL 61,517) et FERIATUS “où l’on ne travaille pas (dit d’un jour)”, aussi “qui est au repos (homme, chose)” (ThesLL 61,507 ‘de feriae ou de feriari’; 517), sous ‘II.’ les emprunts, puis, sous ‘III.’, les emprunts et les formes mi-savantes ou ‘contaminées’ des points de vue sémantique et formel (FEW 3,462b-464b). Mais les att., maintenant multipliées, rendent caduc cet ordre strict, surtout comme il s’y ajoute le problème des régionalismes phonétiques pouvant ressembler aux formes d’emprunts (p.ex. foire / fere, foirier / ferier, v. infra).
Vit également, avec des sens similaires, excepté “foule”, en frpr. foire, faire (GlSuisse 7,605a), occ. feira, fiera (dès 3et. 13es., Lv 3,299a; FEW 3,462b), cat. fira (dep. 1163; 1295, AlcM 5,891b; CoromCat 3,1043b «semi-popular»), esp. feria (1100; Berceo, Corom2 2,881a «semiculto»), port. feira “jour de la semaine” (dep. doc. lt. 1117, Mach3 3,31b, “foire” du fr.), it. fiera (TLIO; Battaglia 5,819b), eng. faira, sursilv. fiera (DiczRGr 6,38a), emprunt à l’it.: sard. fiera (WagnerDiz 1,521a). Emprunt au fr.: bret. foar (FEW 3,464a), mangl. feire, angl. fair (dep. 2em. 13es., MED 3,451a; OED3 fair).
Le sens de “multitude (de personnes)” de l’afr. foire (FEW 3,462b) se retrouve à l’époque mod. en béarn. Gers hère “plusieurs” (Bourciez MélThomas 45: du mlt. feria “multitude”, mais les dict. du mlt. ne documentent pas ce sens).
La foire se distingue du marché par son envergure, par son caractère suprarégional et par ses échéances. Une foire se tient régulièrement à un lieu donné, une, deux ou trois fois par année, à des dates précises du calendrier chrétien. Elles peuvent durer un jour seulement, comme à Senlis (v. AssSenlis1C) ou jusqu’à deux mois (p.ex. la foire chaude à Troyes). Les marchés, au contraire, ont leur clientèle plutôt locale et se tiennent durant un jour ou plusieurs de chaque semaine. Dans nombre de textes, littéraires surtout, apparaissent les deux termes joints en binôme (pseudo-synonymique): RouH II 3709; MortAymR 1228; RecLondB p. 500-502; Bueve2S 4358; GilChinP 1043; SermMaurpB p. 93; BraiCordO 34; etc., voir les citations. Binôme doublant le sens de “rassemblement…”: en feire et en fole, BenTroieC 13659. Binôme verbal: feirier et sejorner, CoincyChristC 3780.
Rem. no 1: La littérature se réfère bien souvent aux foires importantes des 12e au 14e s. (v. les cit.). La foire du Lendit, de Saint Denis, située en fait près du Montjoie sur la voie entre Saint Denis et Paris, est documentée dep. les Mérovingiens; elle ouvrait du 11 juin, jour de la Saint-Barnabé, jusqu'au 24 juin, jour de la Saint-Jean (v. les cit. et → lendi). Les foires de Champagne, très prospères du 12e au 13es., importantes pour le commerce européen(1), étaient protégées par une politique fiscale transparente et stable, établie par les comtes (qui garantissaient aussi la sécurité des transports et la sécurité financière par la menace d’une excommunication de la foire). Leur prospérité cesse rapidement à partir de 1284, date à laquelle la Champagne devint domaine royal. – Provins en Champagne comptait deux foires, la foire ‘de may’ (CensHôtProvinsM 168), durant 46 jours, du mardi av. l’Ascension jusqu’à la fin juin ou déb. juillet, située dans la haute ville, vouée à saint Quiriace, puis la foire saint Ayoul, de septembre à la Toussaint, dans la basse ville, quartier créé par et pour cette foire, v. infra. – Troyes héberge de même deux foires, la foire chaude, de la Saint Jean Bapt. (24 juin) à la fin d’août et la foire froide, de la Saint Remi (2 octobre) à av. Noël. – Lagny ouvre après le jour de l’an pour quinze jours (2-15 janvier). – Bar ouvre du mardi avant la mi-carême au dimanche de la Passion. Bref, ces foires se relayaient de près. V. le chap. des mestres des foires des baillages de Troyes et de Meaux, doc. 1319-20 LongnonDoc 3,171C-Q; noter aussi sergent des foires doc. 1319-20 LongnonDoc 3,171Q, chancelier des foires de Champagne, doc. 1323 LongnonDoc 3,201P, depart de la foire, doc. 1319-20 LongnonDoc 3,172A; longue citation dans doc. roy. 1327, DC 5,624b.Rem. no 2: Dans ca. 1300 BibleMacéS3 26554 nous lisons l’étym. du nom de Booz, l’ancêtre de Jésus: Booz est ‘foire de vertue’, rendant ‘Robur virtutis’ Booz insinuat; l’éd. essaie foire “tumulte” et ajoute «Erreur pour force?», ce qui est plausible (plus qu’une identification avec fuerre “balle” – Booz remplaçant Jessé, souche de l’Arbre de Jessé(2)).Rem. no 3: Mfr. feriage (feriage royal), sens obscur selon Trév 1740 3,749, vient sans doute de Laur 1704 1,455 (= éd. 1882, 227b), où le terme est cité d’après une ord. du 27 avril 1374 (‘= feage?’), date devenue par err. 1364 dans FEW 3,463b (source?).Rem. no 4: Frpr. feriz f. “foire, marché”, doc. mlt. Lausanne 1386 et doc. Gruyère 1522, Gdf 3,757a, a été accueilli comme renvoi dans TL 3,1989,29 et a passé par err. comme dérivé dans FEW 3,463a [Suisse 14e-16es.], puis dans DMF [*]feiriz. C’est une var. de foire assez répandue dans ce domaine, v. GlSuisse 7,605a foire [frpr. feyri 1366, etc.].]
Rem. no 1: La littérature se réfère bien souvent aux foires importantes des 12e au 14e s. (v. les cit.). La foire du Lendit, de Saint Denis, située en fait près du Montjoie sur la voie entre Saint Denis et Paris, est documentée dep. les Mérovingiens; elle ouvrait du 11 juin, jour de la Saint-Barnabé, jusqu'au 24 juin, jour de la Saint-Jean (v. les cit. et → lendi). Les foires de Champagne, très prospères du 12e au 13es., importantes pour le commerce européen(1), étaient protégées par une politique fiscale transparente et stable, établie par les comtes (qui garantissaient aussi la sécurité des transports et la sécurité financière par la menace d’une excommunication de la foire). Leur prospérité cesse rapidement à partir de 1284, date à laquelle la Champagne devint domaine royal. – Provins en Champagne comptait deux foires, la foire ‘de may’ (CensHôtProvinsM 168), durant 46 jours, du mardi av. l’Ascension jusqu’à la fin juin ou déb. juillet, située dans la haute ville, vouée à saint Quiriace, puis la foire saint Ayoul, de septembre à la Toussaint, dans la basse ville, quartier créé par et pour cette foire, v. infra. – Troyes héberge de même deux foires, la foire chaude, de la Saint Jean Bapt. (24 juin) à la fin d’août et la foire froide, de la Saint Remi (2 octobre) à av. Noël. – Lagny ouvre après le jour de l’an pour quinze jours (2-15 janvier). – Bar ouvre du mardi avant la mi-carême au dimanche de la Passion. Bref, ces foires se relayaient de près. V. le chap. des mestres des foires des baillages de Troyes et de Meaux, doc. 1319-20 LongnonDoc 3,171C-Q; noter aussi sergent des foires doc. 1319-20 LongnonDoc 3,171Q, chancelier des foires de Champagne, doc. 1323 LongnonDoc 3,201P, depart de la foire, doc. 1319-20 LongnonDoc 3,172A; longue citation dans doc. roy. 1327, DC 5,624b.Rem. no 2: Dans ca. 1300 BibleMacéS3 26554 nous lisons l’étym. du nom de Booz, l’ancêtre de Jésus: Booz est ‘foire de vertue’, rendant ‘Robur virtutis’ Booz insinuat; l’éd. essaie foire “tumulte” et ajoute «Erreur pour force?», ce qui est plausible (plus qu’une identification avec fuerre “balle” – Booz remplaçant Jessé, souche de l’Arbre de Jessé(2)).Rem. no 3: Mfr. feriage (feriage royal), sens obscur selon Trév 1740 3,749, vient sans doute de Laur 1704 1,455 (= éd. 1882, 227b), où le terme est cité d’après une ord. du 27 avril 1374 (‘= feage?’), date devenue par err. 1364 dans FEW 3,463b (source?).Rem. no 4: Frpr. feriz f. “foire, marché”, doc. mlt. Lausanne 1386 et doc. Gruyère 1522, Gdf 3,757a, a été accueilli comme renvoi dans TL 3,1989,29 et a passé par err. comme dérivé dans FEW 3,463a [Suisse 14e-16es.], puis dans DMF [*]feiriz. C’est une var. de foire assez répandue dans ce domaine, v. GlSuisse 7,605a foire [frpr. feyri 1366, etc.].]
(foire CharroiPo 1202; FloreaK 1797; BenTroieC 2281; 14510 var. ms. 3et. 13es. (= Gdf 4,45b); RouH II 3709; LancU 1494; YvainF 421; PercB 5778; FierL 6394; GuillAnglFe 590; 1982; 1991; etc.; RenM IX 71; XII 564; etc.etc.VMortHélW XLVI 3; ContPerc1aR 6940; BibleGuiotO 1221; 1248; HerbCandS 9246; CoutSensL 289,18; 291,9; HervisH 36; etc.; 580; 302; 584; etc.; 1403; etc.; 2358; etc.; MortAymR 1228; 2814; Bueve2S 4358; 4370; OvArtElieK 1067; BarbMéon 2,301 (Dit du Lendit); RenM XIII 266; TrubertR 864; CoincyII16K 36; doc. 1230 DocAubeC 1,23-24; doc. orig. 1231 Layettes no 2153, 2,218b,33; no 2153, 2,219b,14; doc. 1232 DocHMarneG 1,22; ContPerc4tW 6236; GilChinP 1043; doc. 1239 DocAubeC 2,4; BraiCordO 34; NoomenFabl 8,261, no 95,81; ProvM 1694 ms.C; SegrMoine2N D57; SermMaccM p. 170, 33voa; CensHôtProvinsM no 195; 481; 488; RutebMarieF 242; LMestL X 2; L 36; LXXVI 24; etc.; EtSLouisV 2,394; ChronSDenisV 3,196; BoursePleineN 6; 74; Chante-pleure dans RutebJ1 1,400; CharroidLu 103; 1186; 1275; BibleMalkS 1501; BretTournD 1934; CensToulM fo 2vo; fo 17; CensToulO fo 31vo; fo 32vo; fo 33; fo 34; JeuPelV 131; GlAruchP1 100; JobB 373; YsChB XVII 38; cpt. Paris s.d. (fin 13es.?) DC 3,438a; TerrSVigorM no 143; AdHaleRobV interpol. p. 125,32; doc. Paris 1299 DC 3,438a; MaugisV 2167 ms.P; PéageChalonbA 59; 72; 73; etc.; 121; AssSenlis1C 1; 46; 138; etc.; CptRoyF 18147; Taille1313M fo 46b, p. 248; CptRoyM 59; GeoffrParChronD 44; 6325; LongnonDoc 3,159A; 3,159E; CptRoyM 220; LongnonDoc 3,169E; doc. LongnonDoc 3,173G; 3,173J; 3,173M; CptRoyM 277; etc.; 7577-83; InvClemD 88; doc. 1336 GigotPér 24,3; doc. LongnonDoc 3,294M; RenContrR 32722; GalienD 4105; [ProstInv 1,11, no 135 n.1; 1,17, no 193; 1,304, no 1620; AalmaR 8198; ProvM 887 ms.Q; 1525 ms.Q; ProstInv 1,536, no 2802; DouëtNArg 265; 266; doc. 1419 DMF; doc. 1420 DMF; ProstInv 1,17, n.4; OlimB 2,804; doc. 1566 DesMarezYpres p. 82], foyre MorPhilP 6098; doc. Nogent sous Coucy 1299 GdfC; Taille1313M fo 4a, p. 19, foirie LMestL lxxxiv p. 185, lorr. foiere GuerreMetzB p. 338 (Proph. D 57); p. 355 (Resc. F 144), bourb. foeire ChCharrouxN, champ. foere CensHôtProvinsM no 168, s.l. forre FetRomF1 30,35, flandr. agn. fore chir. 1250 DesMarezYpres p. 108, no 7; chir. 1251 DesMarezYpres p. 110, no 10; chir. 1269 DesMarezYpres p. 85; doc. 1314 reg. roy./flandr. ca. 1320 GdfC; RotParl4R 134; [RotParl1M 3,108b], liég. fourre JPreisMyrG 2866var. (cp. Malm. fōr, liég. nam. fôre, FEW), four JPreisMyrG 2866 (cp. Malm. fōr, liég. nam. fôre, FEW, ou, le scribe a-t-il pu comprendre “four”?; considérer la var. fourre), s.l. feire BrutA 10358; EneasS2 2439; ThebesC 6284; BenTroieC 13659; 14510; RenM XII 252; ChGuillSd 3532; RecLondB p. 500,35; p. 502,5; p. 502,8; AlNeckCorrH 239; SAudreeS 3410; 4227; etc.etc.GuillMarH 3020; SermMaurpB p. 93; CompRalfH 533; 536; SeneschO 42; 63; AlNeckCorrH 242; GrossetReulesL 144; SeneschL p. 92; RegJPontD 722; 723; BoursePleineN 6var.; OakBookS 1,36,20; NominaleS 321; doc. 1311 YearbEdwii éd. Turner, 6, 26 SS 93-96, 1914, 96; RotParl4R 87; 134; doc. [Tournus] 1328 DC, agn. feyre AdParvH 86 (HuntTeach 2,46); GrossetReulesO 12; AlNeckCorrH 245; SeneschO 25; AlexDoct HuntTeach 2,20 (2093); AlNeckCorrH 239; SeneschL 114; BrittN 1,75,10; FoukeH 58,12; NicBozMorS no 122, p. 145; doc. 1314 YearbEdwii éd. Bolland SS 39, 1922, 187; etc.etc.GlGalbaF 35, p. 210, norm. agn. fere RouH I 436; SeneschL 100; doc. S.Sauv. Manche 1323 GdfC, norm. agn. pic. orl. faire ca. 1139 GaimarB 6054; GuillMarH 11000; doc. [Ponthieu] 3eq. 13es. DC; Rentes d'Orliens GdfC; RotParl4R 87; TombChartr10W 165; doc. 1345 JonesCharlBret no 65, p. 90; doc. 1347 JonesCharlBret no 93, p. 104; [ProvM 877 (Långfors R 69,246)], agn. fayre doc. [1284] RegJPontD 668)
- ◆1o“(grand) marché public attirant des marchands et la clientèle à une échelle suprarégionale, où l’on vend toutes sortes de marchandises, en principe en gros, et qui a lieu (à un endroit) à des dates fixes (liées au calendrier chrétien), une ou plusieurs fois dans l’année, pendant un ou plusieurs jours, semaines ou mois, foire” (dep. ca. 1139, [GaimarB 6054 en la faire, v. infra]; CharroiPo 1202; BrutA 10358 [(par la diversité des richesses, la cour) Feire semblast]; FloreaK 1797 [A totes est la foire plaine En tous les jors de la semaine]; RouH I 436 [(les Danois pilleurs) vont et remeinnent comment afere, corr. plausible par l’éd. A: comme a fere]; II 3709 [La court Richart sembloit toutjours foire ou marchié (comparaison)]; LancU 1494 [la foire iert plainne au Lendi]; YvainF 421; PercB 5778; FierL 6394 [foire du Lendi]; GuillAnglFe 590 [Batus… Serés ancui… Au paiement de ceste foire (‘à la fin de cet épisode’: une image dans la bouche d’un marchand)(3)]; 1982; 1991; etc.; RenM IX 71 [feire de mai (= RenR 9323 foire)(4)]; XII 252 (= RenR 17726 foire); XII 564 (= RenR 12028); etc.etc.; BibleGuiotO 1221; 1248; ChGuillSd 3532; CoutSensL 289,18 [la foire de Leigni (Lagny)]; etc.; 291,9; etc.etc.; FetRomF1 30,35; HervisH 36; etc.; 580 [a la foire droit a Ligni aler]; 302 [foire a Provins]; 584 [Ligni… A la grant foire qui est aprés Noiel]; etc.; 1403 [Ligni… la foire agnel (‘annuelle’)]; etc.; 2358 [a Provins acheta a la grant foire annel]; etc.; MortAymR 1228 [Marchiés et foires i keurent chascun jor]; 2814 [une foire anvel (éd. anuel) Qui en Espaigne avoit .i. an duré]; etc.etc.; RecLondB p. 500,35 [aler en marchandise hors de la cité a marchié ne a feire]; p. 502,5 [pur marchié faire, ne a nule feire]; p. 502,8 [a feire e a marchié]; Bueve2S 4358 [vont les foires et les marchiés querant]; 4370 [la grant foire de Londres]; etc.etc.; OvArtElieK 1067 [en marchié ne en foire]; AlNeckCorrH 239 [nundinas : feires]; BarbMéon 2,301 (Dit du Lendit) [Dit… du Lendit, La plus roial foire du monde…, ms. av. 1349]; etc.etc.; MorPhilP 6098 [Ne as foyres ne as marchiez]; RenM XIII 266 [foire de Senliz]; etc.etc.; SAudreeS 3410; 4227; TrubertR 864 [Foires et marchiez]; GuillMarH 3020 [(au tournoi) Tel presse i avoit… greignor qu’en une feire]; 11000 [(à la bataille) onques en marchié ne en faire Ne vi tel fole ne tel presse]; CoincyII16K 36 [Une foire d’un jor assamble Ausi com est la foire au Pont (à Soissons?, v. éd. P)]; doc. 1230 DocAubeC 1,23-24 [(règlement touchant l’arrière-ban en temps de foire de Troyes) se ge semoig ost ou chevauchiee en tans que foire sera, li changeeur et li marcheant qui seront en la foire enbesoignié i porront envoier homes soffisanz por ax sanz amende; 87,16 sim.]; doc. orig. 1231 Layettes no 2153, 2,218b,33 [(paiements lors de la) foire de mai (à Châtillon et Dormans)]; no 2153, 2,219b,14 [ost ou chevauchiee an tans que foire sera]; doc. 1232 DocHMarneG 1,22 [(exemption du service milit. à Laferté) chevauchie en tens que foire sera]; ContPerc4tW 6236 [trovent gent tant amassee Parmi la rue… Que il samble adez plaine foire]; GilChinP 1043 [vont a foire ou au marcié]; doc. 1239 DocAubeC 2,4; etc. [(à Troyes) la foire Saint Jean]; GrossetReulesO 12 [achaz… a la feyre de seint Botulf]; etc.etc.; ChCharrouxN [vient ou marchié ou en la foeire (bis), cité d’après l’éd. La Mure p. 98]; AlNeckCorrH 245 [nundinas : feyres(5)]; BraiCordO 34 [marchié et foire]; SegrMoine2N D57; SermMaccM p. 170, 33voa [in reditu de la foire, in morte scilicet, comparée à la vie]; SermMaurpB p. 93 [par les feires, par les marchez (éd. R no 14,98 foires)]; chir. 1250 DesMarezYpres p. 108, no 7 [la fore de Thoroud(6)]; chir. 1251 DesMarezYpres p. 110, no 10 [la fore de Bruges]; etc.etc.; CompRalfH 533 [jor des Nones… Cil de Rome lur marchez E lur feire tel jor firent]; 536 [en latin ‘none’ Autant cum ‘feire’ sune (l’auteur pense à nonae / nundinae)]; CensHôtProvinsM no 168 [la foere de mai (foire de mai-juin à Provins; cf. la Rem.1), cit. en marge; cp. no 195 foire]; etc.; 481 [foire de mai]; 488 [foire saint Ayoul]; etc.etc.; doc. [Ponthieu] 3eq. 13es. DC; LMestL X 2 [foire s. Denis… foire saint Ladre]; L 36 [foires de Champaigne]; LXXVI 24 [achate… en foire voisine seant, c’est a savoir a Saint Germain des Prez, a la Saint Ladre, au Lendit et a la Saint Denis]; lxxxiv p. 185 [a la foire Saint Ladre et a la foirie Seint Germain, fo 185vob]; etc.; etc.etc.; chir. 1269 DesMarezYpres p. 85 [le fore d’Ypre]; SeneschO 25 [a feyres e a marchés]; 42 [lez gardeins dez chivaus… ne augent a feire, ne a marché, ne a lute, ne a la taverne]; 63 [Nul bercher ne deit departir de cez berbiz pur aler a feires, ne a marchez, ne a lutes, ne a veiles, ne a la taverne]; EtSLouisV 2,394 [la foire de Pasques (d’Orléans)]; ChronSDenisV 3,196 [la foire du Lendit… siet entre Saint Denys et Paris]; etc.etc.; AlexDoct HuntTeach 2,20 (2093) [nundina : feyre]; BoursePleineN 6; 74 [foire d’aoust (dit d’une des foires de Troyes, c’est la foire chaude; texte champ.)]; Chante-pleure dans RutebJ1 1,400 [(comparaison avec le Monde) Toz cis siecles est foire, mais l'autre ert paiement, cp. foire de ce monde ca. 1393 MenagB 21,32]; etc.etc.; CharroidLu 103 [Rois,… Je vos conquis, je vos doné Saint Gile, Toute Valterre, Toscane et Romenie, L’annee (l. tante?, v. note) foire desique en Rosie]; 1186; 1275 [A une foire… La copai borses]; BretTournD 1934 [C’est touz paié, aléz en foire (gloss.: “?”; G. Roques commente: énoncé narquois, ‘allez donc acheter [vos chevaliers]’)]; etc.etc.; CensToulM fo 2vo [(rentes sur) Les loges, les rans et le forneil de pateiliers de la foire]; fo 17 [foire a Toul (bis)]; CensToulO fo 31vo; fo 32vo; fo 33; fo 34; JeuPelV 131 [Alons vers Aiieste (Ayette, 8 milles au sud d’Arras) a le foire]; AlNeckCorrH 239 [nundinas : feyres]; 242 [nundinas : feires]; GlAruchP1 100; GrossetReulesL 144; JobB 373 [foire ne marchiés, correspond improprement à forum judiciale aut venale!]; SeneschL p. 92; 100; 114; doc. [1284] RegJPontD 668; BrittN 1,75,10 [(de franchises concernant) feires ou marchez]; RegJPontD 722 [Ceo soens les custumes de la feire seint Gyle de Wyncestre]; 723 [feire de seint Gile dehors Wyncestre]; TerrSVigorM no 143 [foire dou Pré (se tenant le jour de saint Nicolas, 6 déc.)]; etc.etc.; AdHaleRobV interpol. p. 125,32; Rentes d'Orliens GdfC; doc. Nogent sous Coucy 1299 GdfC; BoursePleineN 6var.; MaugisV 2167 ms.P; OakBookS 1,36,20 [vendre dras a detail, for au jour de marchee ou de feire]; PéageChalonbA 59 [Li pointure des chauderes, .i. foiz en la foire, portout la ou l’on cuit]; 72 [molin… en foire et fors foire]; 73 [foire de Chalon]; etc.; 121 [Cilz doivent faire le gayt en la foire es pertuis des antrees… a pyé… a chevaul]; AssSenlis1C 1; 46 [dedens le dimenche de la foire]; 138 [a samedi aprés la foire]; etc.; FoukeH 58,12 [fist feyre yleque e ville marchande (F. établit une foire à Wantage, Berkshire)]; NicBozMorS no 122, p. 145; NominaleS 321 [al feire mene ray (“tissu rayé”)]; CptRoyF 18147 [des foires et de marchies (de Vesoul et Chariez, Franche Comté)]; Taille1313M fo 4a, p. 19 [sergent des foyres]; doc. 1314 reg. roy./flandr. ca. 1320 GdfC; GlGalbaF 35, p. 210 [infeng : quite de prise (de voleurs) en feyre]; etc.etc.CptRoyM 59 [De Henri de Vitri, qui tint la foire de May .CCCXVI. (= foire s. Quiriace de Provins?)]; GeoffrParChronD 44 [Chevaliers, barons, clers, prouvoires Y aloient (à Rome, comme pénitents) com folz a foires (et y perdent leur avoir pour rien)]; 6325; CptRoyM 220 [sa rente en foire dou terme de la Saint Remi .CCCXIX. (= foire froide de Troyes)]; doc. LongnonDoc 3,173G [Recepte… De la foire de saint Martin, a la Saint Martin, .c. sous(7)]; 3,173J [es foires de mai (= foire de saint Quiriace à Provins)]; CptRoyM 277; etc.; 7577-83 [a la foire (de Montmartin, Cotentin)… en temps des foires (bis)]; doc. S.Sauv. Manche 1323 GdfC; GuerreMetzB p. 338 (Proph. D 57) [n’avrai ribaus es foierez de Champaigne]; p. 355 (Resc. F 144) [il convendrait rendre raison Ains que la foiere se desparce (‘être jugé sous peu’)]; RotParl4R 134 [foires de seint Botulf… feires (5x)]; InvClemD 88 [serjant des foires de Champaigne, ms. p. 61,-4]; doc. [Tournus] 1328 DC; TombChartr10W 165 [Unques en marchié ne en faire Ne perdi vaillant une paire (val. minim.: “poire”)]; doc. 1336 GigotPér 24,3 (demande de réduction de 8 à 4 jours de la foire annuelle pour sa non-rentabilité); doc. 1345 JonesCharlBret no 65, p. 90 [nous avons doné… a heritage un marchié general et commun par checune semaine au jour de jeudi en la ville de Coiron et une faire par chacun an en celle ville le jour de la Saint Nicholas en May]; doc. 1347 JonesCharlBret no 93, p. 104 [… ont levé a Rennes en ses faires de la Magdalayne]; GalienD 4105 [Le tribu en prenés, quant sera foire ou marchié, = éd. S clxxii,32; ‘au moment de la foire’ ou ‘le moment venu’?, cp. DiStefLoc2 718c]; [AalmaR 8198 [nundine…, -narum : foires]; ProstInv 1,536, no 2802 [en la foire des museaulx de Semur, avec note]; DouëtNArg 265 [revenue de la foire dudit lieu de Compiengne]; 266 [voyage… de Paris a Compiegne a la foire de la Mi-Quaresme]; JPreisMyrG 2866 [Charlez (Magne) confermat a Viseit un[e] (sic, éd.) four ou marchiet, lequeil four estoit a Trievez en Alemaingne, ms. fin 15es., var. ms. 1596 une foire ou unc m., laquele fourre]; OlimB 2,804 [paiement de la foire de Bar sur Aube (comme gage dans un procès; date? localis.?, concerne Saint Dizier en Champ., écrit à Ypres?)]; JPreisMyrG 2866var.], TL 3,1986; GdfC 9,633a; AND 298b [ANDEl confond les deux sens]; DC 3,437c [doc. roy. 1117 nundinas quas ferias vulgariter appellamus, etc.]; Foerster 126a; AdHaleLexM 87a; Bev 85; DiStefLoc 362a; Aspland 9,58 (= BrutA 10358); LevyTrés 115a; FEW 3,462b)
- ◆par méton. “lieu (ou quartier de ville) où se tient la foire” (3eq. 13es. – 1381, CensHôtProvinsM no 195 [La meson de Boulansais qui siet en la foire seint Aoul(8)]; doc. LongnonDoc 3,173M [Recepte… D’une place en la foire as chevaus (à Provins; c’est aux bords de la Voulzie; place dans ce quartier ou emplacement à bail?)]; 3,294M [sim.]; [RotParl1M 3,108b [chartres… forsablement arderont en la fore du dite ville]], AND 298b [à tort abandonné par ANDEl]; FEW 3,463a [liég. fôre “champ de foire”, avec note: ‘et sans doute ailleurs’]; MltWb 4,149,27 [mlt.: 1235 (Hanse)])
- ◆foire chaude “foire d’été (d’abord celle de Troyes, se tenant en juillet (dite de Saint Jean, ouverture le 24 juin) et août, puis d’autres ailleurs)” (fin 13es. – 1466, cpt. Paris s.d. (fin 13es.?) DC 3,438a [foire chaude de Troyes]; LongnonDoc 3,159A [sus sa rente de la foire chaude (à Troyes)]; 3,159E [pour son fié de la foire chaude (à Troyes)]; [ProstInv 1,11, no 135 n.1 [foire chaude de Chalon]; 1,17, no 193 [A la foire chaude de Chalon, tenue du 8 septembre au 3 octobre 1363, il fut acheté une ceinture d’argent doré]; 1,304, no 1620 [aschaté en la foire chaude de Chalon de l’an 367]; doc. 1420 DMF [foire chaude dudit Chalon]; ProstInv 1,17, n.4 [anciennement… ordonnees… en nostre ville de Chalon sur Saone deux foires un (l. en) chascun an, l’une, appellee la foire froide, qui commence le jour des Brandons, premier dimanche de karesme, et l’autre, nommee la foire chaude, qui commence le lendemain de Saint Barthelemy, 25e jour d’aoust, et dure chascune un mois entier]], Bev 85; DMF ; ad FEW 3,463b, subsiste comme terme hist.(9))
- ◆foire froide “foire d’automne (d’abord celle de Troyes, se tenant de la Saint Remy à av. Noël, puis d’autres ailleurs)” (1299 – 1466, doc. Paris 1299 DC 3,438a; LongnonDoc 3,169E [don a vie sus la foire froide de saint Remi de Troies]; [doc. 1419 DMF [foire froide dudit Chalon]; ProstInv 1,17, n.4 [v. f. chaude]], Bev 85; DMF ; ad FEW 3,463b [feiro freido Gresse Vercors], subsiste comme terme hist.(10))
- ◆franche foire “foire exempte de tonlieu” (1311 – 1566; dep. Land 1834, doc. 1311 YearbEdwii éd. Turner, 6, 26 SS 93-96, 1914, 96 [avoyent levee un feire nussaunte a sa fraunch feire]; doc. 1314 YearbEdwii éd. Bolland SS 39, 1922, 187 [avoint levé feire… a nusaunce a son fraunk feyre en mesme la ville…]; RotParl4R 87 [fraunche faire a seint Ive… [88] faire… feire]; [doc. 1566 DesMarezYpres p. 82 [nostre franche foire de la dite ville de Messines, appellé la foire de Champaingne]], FEW 3,463b [frm., comme t.hist.])
- ◆loc. adv. en la foire “devant tout le monde, en public” (1139 – ca. 1190, GaimarB 6054 [ki vilment eire (dans sa vie), Al dei demustrent en la faire (les gens le dénoncent en montrant du doigt en public), var. d. le mustre l’em en la f.; cp. prov., infra]; VMortHélW XLVI 3 [descoverte En plain marchié, en plaine foire (‘en public’; var. ms. pic. 2em. 13es. feste)])
- ◆metre/rejeter en foire loc.verb. “mettre en vente sur une foire” (dans les ex. avec allusion à la prostitution) (ca. 1177 – ca. 1342, LancR 4842 [je ne regiet(11) mie an foire Mon cors, ne n’an faz livreison (dit la reine)]; RutebMarieF 242 [ai mis le cors en foire (déplore Marie l’Égyptienne, débauchée)(12)]; RenContrR 32722 [Comment ozeray Mercy crier au Roy de glore Qui tant ay mis mon corpz en fore?, lég. de Marie Ég., passage absent de RenContr1], Foerster 126a (cp. DÉCT ); TL 3,1987,41 [rejeter en foire, fig., “feilbieten, preisgeben”: essai d’interprétation de Lanc, en guise de déf.]; DEAF J 287,41; DMF; FEW 3,463a [“se prostituer”, suivant Millet])
- ◆prov. Por neant va a foire qui neant n’i enploie “sans rien faire on est inutile” (13es., ProvM 1694 ms.C)
- ◆prov. Il i a maint asne en la foire qui s’entreresemble “des gens d’un même esprit se retrouvent (?, péj.)”, ou encore “il ne faut pas conclure trop vite sur une personne”?(13)) (2em. 14es., ProvM 887 ms.Q)
- ◆prov. L’en ne s’en va pas de foire come de marchié “on profite différemment de chaque situation ou entreprise” (2em. 14es., ProvM 1525 ms.Q)
- ◆prov. Il fait mal croistre (inire feminam) en faire (‘foire’ ou ‘foule’) (2em. 14es., ProvM 877 (Långfors R 69,246) [cp. en la foire, supra])
- ◆prov. (?) Cil qui sires est de la faire Doit prendre par tout son toulin “celui qui a le pouvoir doit satisfaire ses besoins où il peut (?)” (ca. 1270, RosemLec 13116 [= éd. Langl 13146 feire; toulin “tonlieu”, TL 10,362; ad FEW 131,165b])
- ◆foire, dans un surnom (1313, Taille1313M fo 46b, p. 248 [Alis la Brise-foire, bouchiere, ms. net; cp. Brise-fouace, mieux attesté])
- ◆2o“rassemblement d’un grand nombre de personnes dans un espace réduit (donnant l’impression de désordre)(14)” (ca. 1160 – 2et. 13es., EneasS2 2439 [Iluec estoit la presse grant, La s’asenblent li avenant De cels qui vienent an la foire (au bord de l’Achéron)(15)]; ThebesC 6284 [La mort Aton depart la feire (ici: disperse les combattants, arrête la bataille; ThebesR 5980 desfist l’afaire, mieux: la faire)]; BenTroieC 2281 [vendra a la feire (les mêlées entre les combattants commenceront)]; 13659 [Or serai en feire e en fole]; 14510 [la nuit … a fait departir la feire (disperser, ici dit de combattants)]; ContPerc1aR 6940 [De totes parz iluec s’aüne, Antr’ax est la foire comune (dans la bataille)]; HerbCandS 9246 [Qui en la foire ne pot ne bruns ne blans (‘qui, dans la bataille tumultueuse, ne put pas l’emporter sur qui que ce soit’)]; NoomenFabl 8,261, no 95,81 [Or est li prestres fors de foire (sauvé de la situation dangereuse)(16)], TL 3,1987,45;51; Gdf 4,45b; Necirović 79-80 [‘Ouest’, passé dans Roques BienDire 10,160: Ouest, mais HerbCand: Valois; NoomenFabl no 95: pic./frc.]; Mts 1574a [«sens de l’ouest» d’après Nezirović]; TLF 8,1019a, B. [1944]; FEW 3,462b [BenTroieC et occ.occid.], ce sens n’est pas relevé dans les dict. du mlt.)
- ◆a grant foire loc.adv. “en réunissant beaucoup de gens” (3et. 13es., BibleMalkS 1501 [A grant feste, a grant baudoire Conduire te deusse, et [a] grant foire(17)])
- ◆male foire au fig. “mêlée furieuse” (fin 13es., YsChB XVII 38 [Bien devons avoir en memoire Noz biensfetours, s’en (ms. sans) male foire Les verrons maumestre et perir (Fable du lion et du pasteur; Ruelle R 101,90)], Gdf 4,45b [“retour, réciprocité”]; FEW 3,463a [“achat…”])
●foirier v.
[ÉtymologieLa forme ferier (PeanGatS2) est qualifiée de régionale (‘forme de l’Ouest’) dans TLF 8,761a, puis commentée: «Il est difficile de distinguer, parmi les attest. antérieures de fer(i)er, fer(i)é, les formes propres aux dial. de l’Ouest…, des formes refaites sur le latin». Il sera également difficile de distinguer les formes issues de la dérivation de lt. FERIATUS adj. “oisif; férié” d’une dér. fr. de foire ou de fere etc. Cf. mfr. foiriee f., infra.
TLF 8,761a, sub férié, ne documente pas le verbe conjugué après 1582(18), bien que le mot semble vivant jusqu’au 19es.: doc. Minist. Police 19 août 1800 [ouvriers voulaient férier le dimanche], dans A. Aulard, Paris, 1903, 1,611; J.I. Depéry, Biographie, 1, 1835, 337 [Les quinze jours que cette illustre compagnie avait à férier, jusqu’à celui où elle devait reprendre ses travaux]; Ch. Barthélemy, Rational, trad. 1854, 5,7 (VII,I,xi, cp. JGoulRat) férier, prob. repris par P.J.B. de Herdt, Pratique, 1858, 38 [nous devons tous férier ou vaquer non des œuvres…].]
(foirier CoincyII20H 366; Pères26L 17750; BibleEntS 5291; doc. 1330 DC; [doc. Paris 1381 Fagniez 117,12; 120,26], foirer LulleEnfL 60; [doc. 1483 Ord 19,206 (12)], flandr. forier GlDouaiR 1112 [TL corr. à tort en -oi-], s.l. feirier CoincyChristC 3780; [AalmaR 1572], feirer ca. 1170 EdConfVatS 6126; BibleDécb/eN 2317; SJeanAumU 6454; MirourEdmbW 31,26; SAudreeS 3788; [AalmaR 4025], ferier ThebessM 5842; PeanGatS2 8198; LMestL I,XII 2; I,XII 2; I,XXI 2; etc.; [AalmaR 10686], norm. tour. ferer TombChartr6W 21; [doc. 1396 DC])
- ◆1ov.tr. “accomplir solennellement (une fête, un dimanche, et surtout sans travailler durant ce(s) jour(s))” (déb. 13es. – 1926, BibleDécb/eN 2317 [le sabat feirer]; CoincyChristC 3780 [ce saint jor feirier et sejorner, ms. berrich. 1465]; PeanGatS2 8198 [bien ferier la firent (la fête)]; MirourEdmbW 31,26 [garder le sabat… granz festes garder ke sunt establies en seynte eglise a feirer]; BibleEntS 5291 [le salbet foirent, ms. Est]; Pères26L 17750 [feste… encore la foire l’an]; SAudreeS 3788 [vostre feste garderay; A tuz ceus le fray feirer]; LMestL I,XII 2 [(potier) ne puet ouvrer de nuiz ne a jour de feste que commun de vile foire]; I,XII 2; I,XXI 2 [(bouclier) ne puet ouvrer de nuiz ne au jour de feste que li quemun de la vile foire]; etc.; etc.etc.; GlDouaiR 1112; LulleEnfL 60 [Dieu… fist comandement que tout le peuple d’Israhel foirast le samedi; … fu feite transmigration de la feste du samedi au diemenche]; TombChartr6W 21 [Je ne scey qui a droit les fere: Le diemenche huy pou differe… des jours ovrables]; etc.etc.[AalmaR 1572 [celebro, as… : celebrer, solempnizer, feirier]; 4025; 10686 [sabbatizo, -zas… : reposer, ferier le samedi]; doc. 1396 DC [ferer les festes]], DC 3,437b; DCCarp 198c; 204b; Gdf 3,755a; ANDEl; LarI 4,486b férier [impr. 1926; tradit. lexicogr. seulement?]; FEW 3,464a)
- ◆2ov.intr. “célébrer une fête, chômer” (dep. ca. 1160, ThebessM 5842 [Devers la porte ou Drianz fere (ms. fin 14es.; ThebesC 5369 feire, graphie reconstruite)]; EdConfVatS 6126 [L’uvrere en grant poür esteit Qu’ele de la feste (imminente) fereit; Si duta que, s’ele feirast, Que la cuntesse en cureçast, E d’altre part, s’ele ruvrout, La venjance del ciel dutout]; SJeanAumU 6454 [se guardat d’uvrer Les jurz que l’um deveit feirer]; CoincyII20H 366 [Ne vuelent mais garder les festes… li saint dont les festes sunt, Deus ans ou .iii. foirier (var. langir) les font]; doc. 1330 DC, ANDEl; DMF ; FEW 3,464a, II.3; III. [mal documenté, aj. 19es., v. supra])
- ◆t. de droit “ne pas travailler” (comme punition, ici d’un boucher en défaut de qualité) (1381 – 1483, doc. Paris 1381 Fagniez 117,12 [le bouchier qui vendra mauvaise char sera puniz de .lx. solz d’amende et de foirier huit jours ou .xv. (= Ord 6,594)]; 120,26; doc. 1483 Ord 19,206 (12) [(statuts des bouchers, confirmation du doc. 1381 cité) foirer huit jours… foirera], DMF ; ad FEW 3,464a)
●foirié p.p. pris comme adj.
[ÉtymologieDu lt. FERIATUS, -A, -UM adj. “qui est en fête, qui chôme”, dér. de lt. FERIOR (ThesLL 61,517) ou, du moins partiellement, dérivé de foirier et influencé par fere et les autres mots groupés ici. La distinction de foirié et foirie, ou des formes (au pl.) feriés et feries, n’est possible que par la rime ou le sens; on a toutefois l’impression qu’une forme comme foiriez a pu se prononcer foiriéz, même en ayant le sens de “jour de semaine (ouvrable)”. Il faut compter avec des confusions; cf. PartonG, infra, avec note.]
(foirié PartonG 6618; TristBérG 2164; BibleEntS 4790; PFontM 328; MireN 43; LMestL I xxvi 4 p. 56; I,xxiv,5 p. 53; I,xlvi,1; doc. 1314 DC; JacBruyP 4b, foiré ProprChosZ VII 191, agn. feirié ca. 1174 SThomGuernW 5573; 5575, feiré ManuelPéchF 1387; 1388, feyré HosebHenO 30; ManuelPéchF 1378+; NovNarrS 64,12, feyree NicBozCharV 167, feyretz pl. HosebHenL p. 8 [-é probable], fairé ManuelPéchF 1378+ var. ms. B; 1388 var. ms.B; NicBozCharV 167 var. [rime], ferree RecCulBlancH no 5, s.l. ferié ProvM 42; [AalmaR 4021])
- ◆1o“qui est relatif aux fêtes (surtout ecclés.) et aux jours de cessation du travail” (dep. 2et. 13es., MireN 43 [A qui toz les jours sunt feriez]; ManuelPéchF 1387 [Cels qe eovere de sur symeine Funt le jur de dymeyne Ou par autre jur feiré]; doc. 1314 DC [jour foirié ou non foirié]; RecCulBlancH no 5 [caudel ferree (nom d’une bouillie faite de vin, amidon et raisins sans pépins(19))]; ProprChosZ VII 191 [le jour qui n’est pas foiré (oppos. à dimanche)]; [AalmaR 4021 [feriatus, -ta, -tum : ferié, festinés]], GdfC 9,610a; TL 3,1989,22; AND 298b; ANDEl [id.; par err. sous le subst.]; Mts 1574b; TLF 8,761a; FEW 3,464a, II.3.)
- ◆t. de droit “id., dit de vacances judiciaires” (ca. 1255, PFontM 328 [.ii. mois feiriez, c’est en aoust et en vendenges… cil jor soient foirié qui sont establi au repos de travail; droit romain], GdfC 9,610a; ad FEW 3,464a)
- ◆prov. A jul (?, = jur) ferié malvais marchié (4eq. 12es., ProvM 42 [= ProvRawlc2S 238])
- ◆2osubst. m. “jour de fête, jour chômé” (ca. 1174 – 1342, SThomGuernW 5573 [Esguardez u vus estes e quel sunt li feirié (rime: pechié; les jours actuels particuliers de l’année liturgique, précisément la célébration des vêpres du 29 déc., comprise dans l’Octave liturgique de Noël; gloss. “lieu sacré?” err.; SThomGuernW2 gloss. rectifie: “jour compris dans la paix de Dieux (?)”; SThomGuernT, note: octave liturgique)]; 5575 [Mais pur feirié ne l’unt, ne pur mustier, laissié (l’assassinat de Thomas en 1170)]; PartonG 6618 [soit li tornois commenciés Le lundi aprés les foiriés (de Pâques(20)), ms. fo 222vob,24; rime!]; TristBérG 2164 [Ne a foirié n’en sorsemaine]; BibleEntS 4790 [L’uns sera por le semedi: A icel jor sera foiriez (= ms. Ars. fo 27voa,7), Ex 16,23 requies sabbati]; LMestL I,xxiv,5 p. 53 [trefilier d’archal… fondre… de nuiz et aus foiriez, quar… il leur convient metre une semeine ançois qu’il puissent lessier le fondre]; I xxvi 4 p. 56 [haubergier… puet ouvrer aus foiriés]; I,xlvi,1 [barilliers… pueent ovrer de nuiz et au[s] foiriés]; HosebHenO 30 [il i a en l’an cinkante deus symeynes. Ore ostez les uyt pur feyrés(21) e pur autre desturbances, dunqe demurrunt qarante qatre simeynes overables]; ManuelPéchF 1378+ [vus gardez les feyrés qe sunt establiz, var. B fairez]; 1388 [feirés debruser, var. B fairez]; NovNarrS 64,12; NicBozCharV 167 [sojorner ne poet dymeyne ne feyree (rime avec -é et -ee)]; JacBruyP 4b [Aprés que je fus mariés, Que passés furent les foiriéz De mes nopces et de ma feste, Et qu’il fut temps d’avoir moleste…], Gdf 3,755a [“lieu consacré” err.]; BartschHorning 262,4 et 7 [SThomGuern]; DMF [JacBruyP par err. sub ferie]; ANDEl [CompRalfH mal accentué, v. sub foire]; FEW 3,464a, III.)
●foirie f.
[ÉtymologieEmprunt de lt. FERIAE f.pl.tantum “festivités, jour(s) de fête où l’on ne travaille pas” (ThesLL 61,502), désignant chez les chrétiens, suivant l’usage juif, les jours de la semaine, en commençant par le dimanche et finissant par le samedi qui, eux, ne sont pourtant pas nommés ainsi normalement, de sorte qu’il reste cinq jours dénommés de cette façon, de FERIA SECUNDA à FERIA SEXTA, pour lundi à vendredi (dès 243, ThesLL 61,505; Blaise 348, explicité dans DC 3,436c-437b). Cet emploi survit surtout en port. segunda feira etc. (Corom2 2,881b, galic. id.), mais aussi en esp. (León) sestaferia etc. (Corom2 2,881b), en it. sexta feria etc. (dès 1275, TLIO 3.; Battaglia 5,819b) et en fr., v. catrime ferie, infra, et surtout sub fere (de premiere fere à siste fere). De cette double évolution résulte que mlt. feria et afr. ferie peuvent désigner une fête, un jour ou une période sans travail (t. de droit) et un jour ouvrable de la semaine (DC 3,436c 2.feriae(22); MltWb 4,147-149; LathamDict 1,923a-c).
La forme à oi est refaite sur foire.
Du fr. et du lat.: mangl. angl. feri (ferie), surtout “jour en semaine” (MED 3,504a; OED F 161c: –1616). Cf. le commentaire sous foirié.
Rem.: Frm. féries latines (TLF 8,761a: 1831 et 1864) paraît succéder à feres latines (v. infra sub fere), mais ne semble pas documenté anciennement; aj. Fur 1721 2,1737; Trév 1740 3,749; P. Barral, Dict. des antiqu., 1797, 1,589b ss.; A. Dureau de Lamalle et F. Noël, 1824, 14,57; LarI 4,486b; etc. Ad FEW 3,463b, II.1.]
Rem.: Frm. féries latines (TLF 8,761a: 1831 et 1864) paraît succéder à feres latines (v. infra sub fere), mais ne semble pas documenté anciennement; aj. Fur 1721 2,1737; Trév 1740 3,749; P. Barral, Dict. des antiqu., 1797, 1,589b ss.; A. Dureau de Lamalle et F. Noël, 1824, 14,57; LarI 4,486b; etc. Ad FEW 3,463b, II.1.]
(foirie VillehF 355,2; 357,2; JostPletR p. 96, XIII,4; p. 97, XIII,6; Digeste BN fr.20118 fo 24vob,22; LMestL p. 237,l; CptRoyF 24662; DouzeVendrediscS p. 582b; DouzeVendredisg fo 28vo; [doc. orig. 1354/55 Hôp. St-Jacques aux Pélerins dans Möring, Inv.-somm. Arch. hosp., 3, 1886, 75a, no 1372], ferie 1119 PhThCompM 487; GuillTyrP 2,74 (XV,xviii); BibleHolkP 53,2; DouzeVendrediscS p. 584,6; [JGoulRat ms. X fo 381rob; RegChâtD 2,265; CoutHectorR p. 252,5; p. 338,9;10;19])
- ◆1o“chacun des jours de la semaine, partic. du deuxième au sixième, c.-à-d. du lundi au vendredi (souvent en rapport avec le calendrier liturgique), aussi un des jours suivant une fête comme Pâques” (dep. 1119, PhThCompM 487 [Quare Silvester papa Romae dies vocat ‘ferias’: … sainz Silvestre… ‘Feries’ les apelat (les jours de la semaine, die dominica, die lunae, etc.)]; VillehF 355,2 [demorerent trosque al maicresdi des foiriez de Pasques (l’action est après Pâques)]; 357,2 [al joesdi matin des foiries de Pasques(23)]; GuillTyrP 2,74 (XV,xviii) [le tierz jor des feriez de Pasques (lat., éd. Huygens 1986: tercia post sanctum Pascha)]; LMestL p. 237,l [Le jour de la feste Sainte Genevieve qui est es foiries de Nouel (c’est le 3 janv.)]; CptRoyF 24662 [(compte pour) La semaine des foiries de Pasques (à Rouen)]; DouzeVendrediscS p. 582b [le .vi. (vendredi) est es feret de pentecoste, ms. Salins bourg. frcomt. fin 15es., transcription douteuse]; p. 584,6 [li quins est devant la penthecoste; li sexte est es feriez de pentecoste, ms.f, Mantova ca. 1390]; DouzeVendredisg fo 28vo [Li sistes (venredy) si est es foiries de pentecouste, ms. déb. 15es.]; [doc. orig. 1354/55 Hôp. St-Jacques aux Pélerins dans Möring, Inv.-somm. Arch. hosp., 3, 1886, 75a, no 1372 [le mardi des foiriez de Penthecouste]; JGoulRat ms. X fo 381rob [L’ordenance des jours sont aucune foiz nommez ‘profesti’, les autres ‘festivi’, les autres solennelz. Les premiers sont les feries, les secons les festes de .ix. leçons. Les tiers jours de double solennité et de tout double, l.VII,i]; RegChâtD 2,265 [es foiriez d’icelle feste de Noël]], GdfC 9,610a; BoisvertVilleh 373; DMF [A.1. JacBruyP à classer sous foirié]; TLF 8,761a [“jour de fête chômé” pour Villeh]; FEW 3,463b, II.1.; GlSuisse 7,296b [“période fériée” pour doc. 1473 et 1476 à vérif.])
- ◆catrime ferie “le quatrième jour de la semaine, mercredi” (ca. 1325, BibleHolkP 53,2 [(scène du jardin, le jour avant la trahison de Jésus au matin du jeudi avant Pâques:) s’entreasembleyent u jardyn Cayphe la catrime ferie], ANDEl [par err. sub feiré]; DMF [B.1., quarte ferie 3eq. 15es. ChastellK])
- ◆2o“jour de repos, de fête sacrale ou profane” (1409, CoutHectorR p. 252,5 [(les habitants peuvent prendre du bois ou sim.) a jour de ferie comme a jour de sepmaine]; p. 338,9;10;19, FEW 3,464a, III.)
- ◆t. de droit (romain) “jour de fête ou période des vendanges définis comme vacances judiciaires” (ca. 1260; 3eq. 13es.; 16es. – LarI, JostPletR p. 96, XIII,4 [jor de foiriez]; p. 97, XIII,6 [Li rois deffent que l’en ne juge a jor de foirie, se les parties ne s’i acordent]; Digeste BN fr.20118 fo 24vob,22 [La loi deffent que jugemenz ne soit fez en jor de foirie, se ce n’est par la volenté as parties], TLF 8,761a [aj. Suisse féries judiciaires, avec infl. além. et all.]; GlSuisse 7,296b [16es.]; ad FEW 3,463b, II.1.)
●mfr. foiriee f.
[ÉtymologieSubstantivation du p. p. de foirier, v. supra.]
- ◆“jour de fête non ouvrable” (1390, doc. (reg.) 1390 AN JJ.138,189 DC [les foiriees de Noel], TL 3,1988; DC 3,437b; ad FEW 3,464a,3(24))
●foirable adj.
[ÉtymologieDérivé de foirier, ferier, resp. de mlt. feriare “fêter; ne pas travailler” (cf. mlt. feriabilis (festum -e), 1222, LathamDict 1,923c). Le type fer- paraît latinisant, au moins dans les att. frc. et champ.]
(foirable ca. 1268 LMestL XXIX,i, p. 60; doc. frcomt. 1292 Gdf; [LMestL LXXXVI,v, p. 188n., ajout déb. 15es.], feirable ManuelPéchF 1511, ferable doc. Montiéramey 1289 Gdf; [GuillSAndréJehC 1205 var. [mss. 3eq. 15es. et 1491]; doc. (reg.) Paris? 1388 AN JJ.132,179 DC/Gdf], feriable GuillSAndréJehC 1205; La Fontaine Calendrier des vieillards 20 (éd. Regnier 4,330))
- ◆“qui se fête et n’est pas ouvrable (dit d’un jour)” (ca. 1268 – ca. 1665, LMestL XXIX,i, p. 60 [les mestres patrenostriés… ne ouverront… au jours de festes foirables]; ManuelPéchF 1511 [Les tavernes… Ne hantez pas par jur feirable (ms. -il), Mes bevez assez a vostre table]; doc. Montiéramey 1289 Gdf [a jours ferables et non ferables]; doc. frcomt. 1292 Gdf [a jor foirable ou non foirable]; [GuillSAndréJehC 1205 [nous devons bien aviser Comment le dimanche est feriable (var. ferable)]; doc. (reg.) Paris? 1388 AN JJ.132,179 DC/Gdf [sa feste (celle de s. Grég.) n’est par ferable (elle est ouvrable)]; LMestL LXXXVI,v, p. 188n. [jour de feste foirable se il n’est jour de foire ou jour de marché (paragr. ajouté, ms. déb. 15es.)]; La Fontaine Calendrier des vieillards 20 (éd. Regnier 4,330) [jour feriable(25)]], Gdf 3,752b; 3,754c; DCCarp 198c; TL 3,1986; AND 298b; Mts 1574a; DMF ; Trév 1740 3,749 [att.: GuillSAndréJeh]; FEW 3,463a; 3,463b [‘– fin 17es.’])
●foirance f.
- ◆“le fait de rester sans fonctionner (dit d’un moulin inactif)” (1310, doc. art. 1310 Gdf [pour la foirance du molin de Bercoillins], Gdf 4,45b; TL 3,1986 [renvoi]; ad FEW 3,463b, cp. pour la chose DEAF G 623,36 gesir; 644,3 giste et → chomer)
●fere f.
[ÉtymologieEmprunt du mlt. feria f. “jour de fête; chaque jour de la semaine, partic. ceux du deuxième au sixième, c.-à-d. du lundi au vendredi”, désignation très usuelle (DC 3,437a; LathamDict 1,923, 3. ‘chacun des sept jours’ [dès 725 Bède] et 5. ‘jour ordin., pas dim. ou fête’; MltWb 4,147, b., C. [Bède, puis 819 Raban Maur, etc.: très général]). Des interférences sont possibles avec foire, var. feire, fere, ce qui nous invite à classer le terme ici, bien qu’il ne fasse pas partie de la famille héréditaire (ad FEW 3,463b, II.). Les textes distinguent les deux mots, comme le montrent ceux qui emploient l’un et l’autre dans des contextes sémantiquement distincts (v. les cit. de ChronSDenis et de Bersuire).Feres latines et prob. aussi foires chez Bersuire rendent le pl.tantum latin FERIAE LATINAE; cf. it. ferie latine (2em. 14es., Tito Livio, TLIO 1.2.[2]), etc. Feres latines semble avoir cédé la place à féries latines, v. sub foirie, supra.
Pour fere “jour de la semaine sauf dimanche” cf. catrime ferie sub foirie, supra (avec commentaire étym.).]
(fere ca. 1200 CommPsii Ps 23,1; RègleSBenNicH 1567; CoincyII32L 87; RègleSBenDouceD 13,21; 13,41; ChronSDenisB 17,364B; ChronSDenisV 3,193; SLouisPathVieD 34; KalendRoyneH0 fo 11voa; CartFontenelleT 46; Breviaire à l'usage de Paris BN lat. 13233 fo 661ro; [JGoulRat ms. X fo 381voa; FroissPoésM p. 188,39; David Aubert Iter 19; doc. Paris Longchamp fin 15es. RecHist Obit. Sens 1,2,664], feres pl. Bersuire ms. G fo 189rob et s.; ms. G fo 405vob, fiere CoincyII32K 87var. ms. frc. 1266, foire JVignaiOisG fo 14vob DMF; [Bersuire ms. G fo 50voa (III.5)])
- ◆1o“solennité religieuse” (1358 – 3et. 14es., Bersuire ms. G fo 50voa (III.5) [pour les quelz espoentemenz trestorner furent a Romme ordenez foires de .iij. jours en quels touz les temples se raemploient d’ommes e de femmes, ms. Paris ca. 1370, var. ferez, ms. BN nfr. 27401 cit. DMF]; FroissPoésM p. 188,39 [li Sarrasin Le jour Jehan (Baptiste)…, Ne pour riens le jour de sa fere (: mystere) Ne briseroient], DMF fere et feres [jour de fere convient mal pour Froiss])
- ◆feres latines f.pl., t. d’hist. “festivités publiques (d’abord d’une journée) des communes du Latium, fêtées dans les monts Albains, dédiées à Jupiter Latiaris, constitutives pour l’identité et le génie de l’empire romain (rend feriae latinae)” (1358, Bersuire ms. G fo 189rob et s. [feres latines (v. cit. DMF XXI.63) … qu’il n’enjoinsist les feres latines. Et que il ne feïst en la montaingne sollempnel sacrefice a Jovis Latial]; ms. G fo 405vob [Et si furent lors faites les feres latines (DMF: XXXVIII.45)], DMF feres [2e att. de l’art. à classer avec la 3e]; ad FEW 3,463b, II.1.)
- ◆2o“chacun des jours de la semaine, partic. ceux du deuxième au sixième, c.-à-d. du lundi au vendredi, souvent en rapport avec le calendrier liturgique” (ca. 1200 – fin 15es.(26), CommPsii Ps 23,1 [Nos crestien apelons les jors de la semeine ‘feres’, et disons seconde fere, tierce fere, et ensi des autres, et suene autant ‘fere’ comme ‘feste’ et ‘feiriez’, por ce que toz les jors devons feirier… Mes le premier jor de la semeine n’apelon mie ‘fere’, mes ‘jor de nostre seignor’, por la hautece dou jor, BN fr. 22892, Paris déb. 13es., fo 50vo; corresp. à CommPsia1G2 23,11 Mais li crestien les apelent ‘ferias’: prima feria, secunda feria, et ensi les altres. ‘Feria’ ço est feste, et tuit li jur sunt feste]; RègleSBenDouceD 13,21 [ch.12 diemeine, ch.13 privez jorz (les jours de la semaine sauf dimanche, lt. diebus autem privatis) … En autres feres… (v. le texte)]; 13,41; SLouisPathVieD 34 [(s. Louis) fesoit chascun jour chanter messe du jour a haute voiz et a note couvenable a la fere ou de la feste]; KalendRoyneH0 fo 11voa [les festes des sains ne sont pas touzjours celebrees en une fere, lt.: sub eadem feria]; [JGoulRat ms. X fo 381voa [Saint Sevestre… appela les jours sur sepmaine ‘feres’, et le sabbat ‘samedi’ pour le repos que Dieu y fist aprés ce qu’il ot ouvré par toutes les feres… ainsi dit on premiere fere, seconde, tierce, etc., l.VII,i]], ad FEW 3,463b, II.)
- ◆premiere fere “le premier jour de la semaine, dimanche” (1371, JGoulRat ms. X fo 381voa [cité supra])
- ◆seconde fere “le deuxième jour de la semaine, lundi” ([1321] – fin 15es., CartFontenelleT 46 [l’an mil CCC et XXI, le seconde fere de Close Paske, conta… (commun. G.Roques)]; JVignaiOisG fo 14vob DMF [et a cele seconde journee (de la création) dient les Hebriex que les angres chaïrent du ciel, et pour ce establi l’Eglise a la seconde foire une messe des angres (missa peculiaris de angelis, tous les lundis [Psaume 102/103,20], Grotefend, dep. 1920 fixée sur le mardi)]; [JGoulRat ms. X fo 381voa [cité supra]; doc. Paris Longchamp fin 15es. RecHist Obit. Sens 1,2,664 [Decembre… La seconde fere de l’Advent on doibt chanter vegiles]], DMF feres)
- ◆tierce fere “le troisième jour de la semaine, mardi” (déb. 13es.; 1371, RègleSBenNicH 1567 [La tierce fere, c’est marsdy]; [JGoulRat ms. X fo 381voa [cité supra]], Mts 1574a [sub foire])
- ◆quarte fere “le quatrième jour de la semaine, mercredi” (1274; ca. 1460, ChronSDenisB 17,364B [conjunction de toutes les planetes… un jor de diemenche… commenceront li signe et dureront jusques a miedi de la quarte fere qui aprés vendra]; ChronSDenisV 3,193 [La establi li empereres (Charlemagne) le Lendit… en la .iiii. fere de la seconde semaine de juim… (p. 196) la foire du Lendit… siet entre Saint Denys et Paris]; [David Aubert Iter 19 [quarte fere de la sepmaine de juin (la date d’ouverture de la foire du Lendit; dans Guyen-Croquez, Tradition, thèse Nancy 2008, 106)]], Gdf 3,753c [“férie, jour férié” err.]; Mts 1574a [sub foire])
- ◆quinte fere “le cinquième jour de la semaine, jeudi” (14es., Breviaire à l'usage de Paris BN lat. 13233 fo 661ro [Ci commence l’office du corps Nostre Seigneur, laquele est celebree par chascun an en la quinte fere d’aprez les huitieves de la Penthecouste])
- ◆siste fere “le sixième jour de la semaine, vendredi” (ca. 1227, CoincyII32L 87 [Adés quant vient la sixte fere Et les vespres de la Dieu mere, var. éd. K fiere, ms. frc. 1266)])
●ferial adj.
[ÉtymologieLt.tard. FERIALIS adj. “qui a la qualité d’une journée de repos, de fête” est très mal ou pas du tout documenté, la substantivation en 387 seulement (ThesLL 61,506), puis en lt.chrét., v. DC 3,437b; MltWb 4,149; LathamDict 1,923c.]
(ferial 1164 CommPsia1G2 33,148; Cout. Chartreux Gdf; RègleHospPr ch.74 fo 149vo-152ro; PFont Gdf; PAbernLumH1 10303; KalendRoyneH0 fo 13voa; doc. 1320 ChRethelS 1,590,14; [JGoulRatB IV,lvii,28; doc. (chirogr.) Douai 1377 Gdf; doc. 1411 RotParl1M 3,658a; etc.etc.Belle Dame R 33 (1904) 185,164; GrebanP 3864; test. 1414 RegChichJ 2,8,34], fereal doc. 1294 Gdf 1,590,14, agn. feriall doc. 1392 RegScriv AND)
- ◆1o“qui se fête; où l’on ne travaille pas (dit d’un jour)” (dep. 13es., Cout. Chartreux Gdf, GdfC 9,609c; DMF ; Hu 4,73a; TLF 8,760b; ad FEW 3,463b, II.2.)
- ◆t. de droit “où l’on ne travaille pas (dit de vacances judiciaires: jour ou période sans action judicaire)” (ca. 1255, PFont Gdf [deux mois feriaux (concerne les vacances judiciaires selon le droit rom.)], GdfC 9,609c)
- ◆“qui est organisé en fonction de l’ordre (bénédictin) du service divin” (1377 – 1476, doc. (chirogr.) Douai 1377 Gdf [Un petit psautier de David non ferial (c.-à-d. dans l’ordre de la Bible)], Gdf 3,754c [1377-1476(27)]; DMF ; FEW 3,463b, II.2.)
- ◆“qui est adapté aux coutumes d’un jour férié ou d’un dimanche” (1414; 1530, test. 1414 RegChichJ 2,8,34 [vestementz ferialez], ANDEl; Gdf 3,754c; DMF [‘de cérémonie’ prob err., v. infra]; Hu 4,73a; ad FEW 3,464a)
- ◆2ot. ecclés. “qui concerne un jour ordinaire de la semaine (sauf dimanche, parfois aussi sauf samedi)” (dep. 1164, CommPsia1G2 33,148 [seinte glise cante cest vers (Ps 33,2) a miedi cascun jor ferial]; RègleHospPr ch.74 fo 149vo-152ro [as dimenches et as festes de .ix. lecions… tous les jors feriaus (quater)… jours ferials]; PAbernLumH1 10303 [treis jurs feriaus de la simaine En penance deivent suffrir la peine De juner tuz jurs]; doc. 1320 ChRethelS 1,590,14 [le diemenche… renunciet au temps et jour ferial]; [JGoulRatB IV,lvii,28 [jours ferialz (opposés à feste de iii. leçons, dymanches de quaresme et jours jeunables)]; doc. 1392 RegScriv AND [(barbiers et scribes ne respectent pas les jours fériés, mais travaillent) auxibien sur les jours festivall et dymenges come sur les jours feriall, p. 5]; PhMézChevoH p. 86 (fo 23voa) [(description détaillée des vêtements d’apparat, puis) Tel sera l’abit principal de la Chevalerie du Crucifix. Verités est que il aront autres mantiaulz feriaulz et contre la pluie, = PhMézChevpB fo 85 manteaux feriaux et contre la pluye(28)]; doc. 1411 RotParl1M 3,658a [jour festivale… jour ferial]; GrebanP 3864 [C’est le silete ferial; Tous les jours est dit…, Mes se voulez le solempnel…]], Gdf 3,755a; GdfC 9,609c [sens à différencier]; Morlet 141; ANDEl ; DMF ; TLF 8,760b; FEW 3,463b, II.2.)
- ◆id., substantivé “tout jour ordinaire de la semaine” (1294, doc. 1294 Gdf 1,590,14 [as festes de .ix. leçons, .ii. cierges, et au fereal .i., Stat. S.Jean de Jér.], Gdf 3,755a)
- ◆lettre feriale t. de comput “lettre (a–g) désignant un des sept jours de la semaine” (ca. 1300, KalendRoyneH0 fo 13voa [lettres ferials (les lettres a,b, etc. désignant dans le comput chaque jour de la semaine)])
(1)
Témoin moderne: l’once troy de 31,1g (cf. agn./mangl., [marc/ounce] de troye, dès 1390-91, v. OED T2 412a). Cp. troye-gewicht “poids de marc”, Enc 17,719a (néerl.).
(2)
K. Kremer, Metaphysikbegriff, 1960, 36n4.
(3)
Mts 1574a “affaire”. Noter que le règlement de comptes se faisait généralement à la fin de la foire.
(4)
Le récit est placé en Brie (vers 1); en principe, ‘foire de mai’ renvoie le lecteur, par la date, à la foire de Provins, mais c’est p.-ê. fortuit.
(5)
Noter que foire glose fréquemment nundina “(chez les Romains) marché tenu tous les neuf jours”, puis, en mlt. “foire” ou “marché”.
(6)
Thourout, Ypres, Messines, Lille et Bruges étaient les cinq villes dotées d’une foire franche, v. p. 86.
(7)
Cette foire (av. le 11 nov.) est en dehors de la foire de sait Ayoul (sept.-1er nov.), nommée passim
(8)
C’est une des maisons appartenant à la Meson Dieu dans le quartier de la basse ville de Provins où se tient la foire s. Aloul, cf. la Rem.1.
(9)
Par ex. H.Dubois, Les foires de Chalon, 1976, 106.
(10)
Par ex. H.Dubois, Les foires de Chalon, 1976, 106.
(11)
DEAF J 287,41 à corriger; cf. DÉCT.
(12)
TL 3,1988,19, Mts 1574a et DiStefLoc2 718c par err. sous foire “diarrhée”.
(13)
Gilles Roques commente: «C’est une variante du proverbe bien connue des médiévistes ‘Il y a plus d’un âne qui s’appelle Martin’».
(14)
Pour la motivation de cette métaphore cp. GuillMarH 3020 et 11000 (scène de bataille) [onques en marchié ne en faire Ne vi tel fole ne tel presse], ContPerc4tW 6236, etc. – G. Roques propose de séparer Eneas des autres att., en leur assignant le sens de “mêlée guerrière”.
(15)
Mal classé dans GdfC 9,633a.
(16)
Il n’est pas exclu que l’att. se rattache au sens de “foire”; ainsi TL 3,1987,48 (fig. “Handel”). Texte pic., ms. frc.
(17)
DiStefLoc 362a “avec grant concours de gens en fête” se réfère au contexte.
(18)
Se réfère à Hu qui documente le v.intr. de plus par Le Loyer, Spectres VII,viii, p. 751, éd. 1605. V. infra: 19es.
(19)
Se rattache plus prob. à foirié qu’à ferré, v. S. Wolf ZrP 110,50. Pour caudel v. chaudel sub → chaut.
(20)
Comme le lundi de Pâques était de toute façon un jour férié, il devrait s’agir du lundi suivant. Les jours de fête (foiriés) se confondent ici avec les jours suivant la fête, les foiries, v. infra.
(21)
L’éd. n’emploie jamais d’accents. HosebHenL p. 8 feyrets est assez prob. accentué sur la finale.
(22)
À compléter par ib., 438b 4.feriae (Gallia christ. 6, Instr., 34).
(23)
Il est possible que Geoffroy ait considéré toute la semaine d’après Pâques comme une semaine fériée, de sorte qu’on pourrait accentuer -iéz/-iés et classer les att. sous foirié.
(24)
NicBozCharV 167 foiriee (agn. tardif) est classé ici sous foirié.
(25)
Le texte s’inspire de près de la sec. journée du Décam. de Boccace où la notion n’apparaît pas; emprunt au fr. ancien? [suggestion aimable par J.-P. Chauveau].
(26)
V. infra, seconde fere.
(27)
Son att. ‘Jugem.’ va plutôt sous son sens “plaisant”; ce texte mfr. de ca. 1430 se lit sous le titre ‘Belle dame sans merci’ dans R 33,185, v. 164 [la court avoit erré, car… Elle adjoustoit foy au narré Du tel quel livre ferial Fait par ung escrivain fiscal]. Seul l’att. ‘éd. 1530’ correspond à sa déf.