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rédaction: Kurt Baldinger
gaaignepain m.
[ÉtymologieWartburg a rangé ce mot sans discussion dans l’article *WAIĐANJAN, et Guillaume de Digulleville, dans son Pèlerinage de la vie humaine 4214 semble lui donner raison: Continence ainsi doublee Gäaignepains est nommee, Quar par li est gaignié le pain Par qui rempli est cuer humain (TL 4,9; Gdf; DC), mais le passage donne bien l’impression d’une explication du genre étymologie populaire, d’ailleurs très en vogue au moyen âge. En effet, on voit mal la raison de cette métaphore pour désigner un gantelet muni de crispin (v. la miniature du ms. BN fr.1645 chez Gay). Il nous paraît donc plus vraisemblable, en suivant Gay, d’y voir une déformation par étymologie populaire de canepin “pellicule prise sur les peaux de mouton ou de chevreau chamoisées” (dep. 1310, Gay), dont l’étymologie, d’ailleurs, est incertaine, v. canepin. Gay 1,752a: «Ce terme n’est peut-être qu’une altération de canepin dont il se rapproche beaucoup par la prononciation et qui désignait une peau de mouton chamoisée servant à faire des bourses et surtout des gants. Le gagnepain est, en effet, un gant d’armes ou gantelet muni de crispin, confondu, à l’époque de Saint Louis, avec le gant ou garniture intérieure de l’extrémité des manches du haubert et qui, devenu une pièce détachée de l’armement, reçoit une armature telle qu’elle est représentée deux fois dans le Pèlerinage de la vie humaine avec une coloration rouge et tannée indiquant un fond d’étoffe». Le mot a passé en mangl., v. MED gain-pain.]
(⁠lorr. wagnepan 1285 BretTourn, ⁠fr. gaignepain ca. 1315 VoeuxEp; ca. 1331 PelVieS; doc. 1411/1446/1449/1450/1588 Gay, gäaignepains PelVieS, gëaignepains PelVieS (Gay), gayne payns 1e moitié 14es. R 13,530, gagne pain 1449, gaingnepain Dex)
  • “gantelet du chevalier muni de crispin” (12851588, BretTourn 3642; VoeuxEp; R 13,530; PelVieS, Gdf 4,193b [La déf. “sorte d’épée propre aux tournois” est fausse, v. TL 4,10; FEW 17,468n23]; Lac; Gay; DC 4,9c; FEW 17,467a)