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rédaction: Marcel Juneau
geler v.
[ÉtymologieDu lt. GĚLĀRE dont des représentants subsistent dans toute la Romania sauf en roumain: aocc. gelar, gilar (Rn 3,452a; Lv 4,99a), it. gelare (BattAl 3,1778; Battaglia 6,627a), sarde ĝelare, belare, ğelai (WagnerDiz 1,573), heng. dschler (Peer), beng. dschelar (Peer), frioul. dzelá, cat. gelar (AlcM 6,247), esp. helar (Corom 2,911 sub hielo), Salamanque gelar, port. gear, gelar (Mach2 2,1132;1133), aussi vegl. gelut “froid”. La Galloromania a connu à côté de GĚLĀRE un type *GALĀRE (assimilation ou infl. de glacies, glaciare, ou les deux à la fois; v. cependant ci-dessous) que FEW considère comme assuré dans l’est de l’Occitanie et comme hypothétique au nord-est de ce domaine où il estime qu’une analyse minutieuse de lieu en lieu s’imposerait. En fait, l’ALF (631 la gelée et 632 il gèle) fait voir une grande aire avec a comprenant toute l’Occitanie - à l’exception de la Gascogne et des régions limitrophes - et une bande le long de la frontière qui se prolonge jusqu’en Wallonie; il y a bien une cassure dans la région frpr. mais des ilôts attestent qu’il s’agit d’une aire jadis ininterrompue; aussi quelques points avec a initial dans les parlers frpr. italiens et en piémontais, v. AIS 382 gelare, gela, 383 il gelo. Le caracrère continu et bien délimité de cette aire, confirmé de façon systématique par les données du FEW et de façon générale par les textes médiévaux, doit s’expliquer par un seul et même étymon *GALĀRE [Seul jale “engelure” largement attesté dans les parlers du Nord-Ouest, de l’Ouest et du Centre pourrait faire difficulté, mais il est à rattacher plutôt à gale “excroissance, croûte, ampoule, etc.” (FEW 4,32-33) avec contamination de geler]. - Il y a p.-ê. eu en afr. des conatcts sémantiques entre les mots de la famille de geler et ceux de la famille de jaloux (lt. ZĒLŌSU), v. geler 3o et gelus. Des contacts ont aussi pu se produire au niveau de la forme de l’expression (cp. aussi → gelace), la répartition des formes avec e à l’initiale et celles avec a étant grosso modo la même dans les parlers modernes pour les représentants des deux familles, v. FEW 14,658-659, surtout 658b (v. aussi gelus): à moins que ce parallélisme ne provienne d’une tendance générale à ouvrir e initial devant l en a à l’époque ancienne dans l’Est et dans une bonne partie de l’Occitaine, le reste de la Galloromania conservant le e, ce que semble dessiner le paysage linguistique de la Galloromania actuelle, v. p.ex., outre jaler “geler” et jaloux, palourde < PӖLORIDA dans FEW 8,172a (ainsi s’expliqueraient par cet apport régional les formes françaises jaloux, palourde, etc.). - Voir aussi → galantine où le a initial provient sans aucun doute de *GALĀRE. - FEW 4,89a; REW 3714; → congeler, → giel.]
(geler ca. 1140 GaimarB; RouH prol.; RenM; PercR; DonneiP 567; BibbW; [BlondNesleW; ]MeraugisF; RomPast; ComtePoitM; HéronM, jaler FatrArrJ II 208, galer RenR, gieler [infl. analogique de giel < GĚLU]⁠ CesTuimPrS; ProvM, giuler Juïse Gdf, joiller RenM)
  • 1o⁠v. impers. “transformer en glace, solidifier sous l’action du froid” (dep. ca. 1140, GaimarB 1957 [Al secund an qu’il regnot, Fud fort iver; pluveit, negot E si gelot e feseit freit]; Juïse Gdf; BibbW 160; RenM XI 2016; RomPast II 111,6; ComtePoitM 63; CesTuimPrS 76,8; etc., TL 4,227; GdfC 9,691b; FEW 4,85b)
  • ⁠inf. subst.⁠ (fin 12es., DonneiP 567 [pour le contexte, v. ci.dessous geler 3o]; [BlondNesleW 2,2 [A l’entree de la saison Qu’ivers faut et lait le geler, Que la flours naist lez le buisson]], TL 4,1554)
  • ⁠p.p. pris comme adj.⁠ (dep. ca. 1170, RouH prol. 10; RenM III 380 [Li ciex fu clers et estelez Et li viviers fu si gelez Ou Ysengrin devoit peschier, Qu’en poïst par desus treschier]; PercR 5547, TL 4,227; GdfC 9,691a; FEW 4,85)
  • ⁠prov. Quant plus giele, plus estraint “plus il arrive de maux, plus il est difficile de les supporter (?)” (ms. fin 13es., ProvM 1756 [signalé en ce sens par Wartburg dans FEW 4,86a, mais seulement de Fur 1690 à Ac 1878], TL 4,227)
  • 2o⁠v.n. “souffrir du froid (en parlant d’une personne)” (ca. 1170, RouH prol. 126 [neif fut grant, mez geler souz la neif li (= Maheut) valut])
  • geler du froid (déb. 13es., MeraugisF 1466 [Mes de si grant aïr estoit (la vieille) Que toz li monz gele de froit Et el chevauche desfublee], TL 4,227; [cette expression tautologique est enregistrée par Wartburg (FEW 4,89b,n1) uniquement en français populaire du début du 19es. (Desgr 1821)])
  • 3o“crisper (un jaloux) par un exemple de jalousie qui a mal tourné pour le jaloux” (fin 13es., HéronM XXVI 88,5 [Vos conterai … Por faire ces jeluz (jaloux) geler], TL 4,227 [jeu de mot autour de geler et jaloux; le contact entre les deux familles est révélé de façon plus explicite par le passage qui suit: La dreite reisun si orrez Pur quei gelus est apellez: Gelus est nomé de gelee…; Gelee est freide e si est dure, E mult estreite a desmesure; Ewe corante si ferm lie Ke ne se put remüer mie, Coure de li ne departir, Plus ke dame de chambre issir Ke gelus tent en sa baillie E garde en prent par gelusie. Gelee terre mole endure… E tant l’estreint par sun geler Ke buef ne la puet reverser; Dure e freide est asprement. E li geluz est ensement: Par sa feme est refreidiz, Durs est a granz e a petiz, A sa feme nomeement, Kar il la guaite estreitement…; Par tel reisun tut a estrus De gellee est nomé gelus DonneiP 549, TL 4,1554; v. encore la partie étymologique et ci-dessous gelus.])
gelus adj.
  • “glacé, froid” (1ert. 13es., PetPhilT 1897 [La setime planete est Saturne, Ke en Pheton sun nun returne; Il est rund, gelus e froid, En trente anz sun curs tut feit; cp. 2456 De nus garnir est Deus gelus [= jaloux], ce qui révèle des contacts entre les deux familles; v. partie étymologique et geler 3o])
gelas adj.
[ÉtymologieEmprunté à l’aocc. gelatz, p.p. de gelar [le passage de GuillDole est d’ailleurs un emprunt à Jaufré Rudel]: Chans ni flors d’alvespis No m valon plus qu’yverns gelatz, Rn 3, 452a]
  • “glacé, froid (de l’hiver)” (ca. 1209, GuillDoleL 1307 [Vois de ça embruns et enclins Si que chans ne flors d’aubespin Ne mi val ne qu’ivers gelas; gloss. “mot provençal: pendant lequel il gèle”])
gelee f.
[Étymologiegelata déjà dans les Gloses de Reichenau]
(gelee RolB; PhThCompM; BenTroieC 3654; BenDucF; PercP; DonneiP 551; 557; 565; BuevelS; FlorenceW II 3654; 4349; 4541; RomPast; BarbMéon; ConseilB; Méon; SeneschaucieL; LMestD; GlParR; [BonBergL ; etc.], gele BibbO, gellee DonneiP 586; 588; PrunR 8; RencontrR, jelee RomPast, jeleie JuïseF, gelede PsOxfM 77,52var., geleda PsOxfM 77,52, jelede RaschiD1, galee TrouvBelg1, jalee RomPast; GaydonG; AnticlC; JPrioratR; ParDuchK; SPaulEnfPeinesK, jallee MonArrD, jaleie DialGregF, gielee [infl. analogique de giel]⁠ HVal; MousketR; doc. 1322 Gdf, gellie PassChristAprèsB 210 [graphie forgée pour des raisons d’assonance])
  • 1o“état de la température où l’eau se solidifie” (dep. déb. 12es., PsOxfM 77,52; PhThCompM 1396; JuïseF 98; PercR 4903; DonneiP 551; 557; 565; 586; 588 [pour le contexte v. ci-dessus geler 3o]; DialGregF 284,7; GraydonG 296; RomPast II 6,2; II 57,24 [La grans jelee ne li frois, Ke j’ai enduré mointes fois, Ne la nois ne la glaice N’ont pas tainte me faice, Mais cele (la jeune fille) ki me laice]; II 111,12; BarbMéon III 57,67; ConseilB 447; MonArrD 148,1; MousketR 18332; SeneschaucieL 114; LMestD 16 [pl.]; BibbO 106; JPrioratR 2800 [pl.]; doc. 1322 Gdf; RencontrR 657; I p. 264a,86; I p. 296a; etc., TL 4,226; ; 1554 sub jalos; GdfC 9,691a; FEW 4,86b [v. encore LevyTrés 134])
  • 2o“givre, glace [terre glacée (?)]” (Rol13es., RaschiD1; BenDucF 348; 3893 [Dum vint l’iver od ses glaçons, Od ses neis e od ses gelees; le sens de 1o n’est pas exclu]; HVal Li sub neige; TrouvBelg1 176,48 [De galee et de noif se trueve Tant blanc, car ilh n’a autre tente Contre soleil, contre tormente, Ke son escut dont ilh se cuevre]; Méon II 239,100 [Si cheï cele matinee Une noif et une gelee Qui les greva si qu’il ne porent Laborer por le froit qu’il orent]; SPaulEnfPeinesK 108, TL 4,226; GdfC 9,691a; FEW 4,86b)
  • blanche gelee “congélation de la rosée” (2em. 13es. [v. ci-dessous AnticlC]1379 [aussi Mon 1636], ca. 1350, GlParR 6962; [1379 BonBergL 84], FEW 4,87a [ca. 1350 comme première attestation]; TL 4,226 [1379 comme première attestation; survit dans divers patois: normand, mosellan, francoprovençal; gelée blanche attesté depuis Est 1552, cp. FEW; v. aussi aubegelee ci-dessous])
  • estre blanche gelee “ne servir à rien” (2em. 13es., AnticlC 1059 [Lasse, fet ele, bien savoie, Avant que trouvasse l’entree, Que ce seroit blanche jalee Et que tout iroit a noiant])
  • blanc comme neif sur gelee “très blanc” (Rolfin 13es., RolB 3319 [Mult fierement chevalchet li emperere. Il est darere od cele gent barbee: Desur lur bronies lur barbes unt getees Altresi blanches cume neif sur gelee]; BenTroieC 3654 [… une barbe flocelee Plus blanche que neis sor gelee]; 23430 [Un hauberc vest Phanthesilee Plus blanc que neis desor gelee]; BenDucF 348; BuevelS 8364 [Sor une kieute d’or et de soie ovree S’asist li dus, blans que noif sor gelee… - Le gloss. p. 475 renvoie par erreur à 8304]; FlorenceW II 3654; 4349; 4541; ParDuchK 3081 [Si ot plus blanc le front que n’est nois sor jalee], VogelIntens 90 [encore de nombreux autres exemples, aussi nois sor giel; v. ci-dessous *sorgelli]; TL 4,225; FEW 4,86b)
desgeler v.
(desgeler FetRomF2; Pères Gdf; VMontAnW; JMeunTestM; JBelethOff Gdf, desgeller RencontrR)
  • 1o⁠v.n. “cesser d’être gelé” (dep. 1213, FetRomF2 65,488 [De noif et de pluie et de glaces qui dessgelerent furent li champ et les valees totes plenes]; RencontrR I 296a, TL 2,1599; FEW 4,87a)
  • ⁠p.p. pris comme adj.⁠ (Pères Gdf; JBelethOff Gdf, GdfC 9,337c)
  • 2o⁠v.a. “faire perdre la froideur” (dep. mil. 13es., VMontAnW 308,12 [Bien doit du crucefiement Ten dur cuer desgeler li sans], TL 2,1599)
  • ⁠p.p. pris comme adj.⁠ (ca. 1295, JMeunTestM 636 [Lors reprennent estat, quant il sunt desgelé (des intellectuels qui se séparent du clergé)], TL 2,1599)
desgiel m.
(desgiel ca. 1295 JMeunTest Gdf; RenContrR, desgel BonBergL, desgiaus doc. 1335 Gdf)
  • “état de la température, qui amène la fonte de la glace, de la neige, etc.” (dep. ca. 1295, JMeunTest Gdf; RenContrR I 29a [Et puis le premier desgiel, les gelleez revindrent, et furent Saine et les autres eaues engellees, mais non pas si fort comme devant]; doc. 1335 Gdf; [BonBergL 86], GdfC 9,338a; TL 2,1599; FEW 4,87b)
esgeler p.p. pris comme adj. v.a. v.n.
(esgeler FetRomF1; HermValBible Gdf; Hist. de la Ste-Croix Gdf, esjaler AmAmH)
  • ⁠v.a. “faire geler” (1213, FetRomF1 356,32 [un vent qui seut esgeler les vignes et les fruiz], FEW 4,87b)
  • ⁠v.n.⁠ (ca. 1190 [HermValBible]13es., AmAmH 2490 [Mantel ou cote ou chape li donnez, ne le laissiez cest yver esjaler]; Hist. de la Ste-Croix Gdf [Cil Michel tenoyt une verge en sa main, eles (les eaux) esgelerent aussitost], Gdf 3,467c; FEW 4,87b)
  • ⁠p.p. pris comme adj.⁠ (4eq. 12es., HermValBible Gdf [Quant je fui esgeles al fu me rescaufastes], Gdf 3,467c; FEW 4,87b [attesté de nos jours en FrancheComté en Suisse romande])
resgelé adj.
  • “gelé, glacé” [d’après le FEW et Gdf]⁠ (ca. 11901230, HermValBible Gdf [Quant tu fus resgeles, et nos te rescauffames]; AntBerW, Gdf 7,97a; FEW 4,87b; TL 8,1014)
mfr. purgeler v.
  • “?” (ca. 1290, BibbO ms.B 4 après 490 [De bule ne le purgeler Mais pur diversement parler Le serf embule le seignuur Quaunt il retrahit son honour; le mot est cité avec ? dans le gloss.], FEW 4,88a [rattaché par Wartburg à GӖLĀRE (avec ? pour la déf.), mais le passage reste obscur; faudrait-il rattacher le mot plutôt à purger? ou le corriger en purgeterjeter?].)
mfr. sorgelli adj.
  • “gelé” (1em. 14es., PassChristAprèsB 210 [Une çamise come nois sorgellie Tout aussi blançe li oit au dos vestie], Gdf 7,482b [mauvaise référence et passage mal cité]; FEW 4,88a; [Mauvaise lecture de Boucherie qui avait compris sorgellie “sur gelée”, reprise par Gdf, puis FEW qui traduisent par “gelé”. Il faut le lire sor gellie “sur gelée”, v. ci-dessus loc. blanc comme neif sur gelee (pour la graphie v. ci-dessus).])
ageler v.n.
  • “geler” (De Charl. et des Pairs Gdf [Pluet et grillise, a pou n’est agelé]; Gdf 1,159b)
engeler v.
(engeler 12es. GregEzH; PercH; RenclCarH; ColMusB2; AldL; BrunLatChab; VMortAnW; BerteH; ClefD; MontRayn; JakD; WatrS ; etc., engeller DolopB; RencontrR I 264,86; I 296a; v. 30848; EchecsFreron Gdf; [BaudSebB; ]ImMonde Gdf, enjeler Coincy Gdf, angeler Coincy Gdf; BrunLatChab 119var.; Consol Gdf, enjaler CoincyII21K; CoincyI44K; CoincyII30K; CoincyII27K; BrunLatChab 119var.; RutebF, engaler CoincyI44K 276var., envaler CoincyI44K 276var., engieler AlexParHM 297,18; HVal Gdf; CoincyII10P 727,893; AldL, engieller Anticl Gdf, angieler AlexParHM; BrunLatChab 119var.)
  • 1o⁠v.n. “transformer en glace, solidifier par le froid [souvent avec valeur intensive]” (12es.Wid 1675, GregEzH 58,36; BrunLatChab 119 [la moistour … vient en celui air froit, et engele et chiet toute engelée], TL 3,376; Gdf 3,165c; FEW 4,88a; [dans les patois, engeler survit dans une aire qui s’étend de la Wallonie à la Normandied’une part, et d’autre part, jusqu’à la Suisse romande, cp. aussi BW5 sub geler])
  • ⁠p.p. pris comme adj.⁠ (ca. 1180Wid 1675, PercH 4169; 27737; HVal Gdf; AldL 15,5; 95,24; etc., TL 3,377; Gdf 3,165c; FEW 4,88a;)
  • soi engeler v. pron.⁠ (mil. 13es., ImMonde Gdf [De luy vient tres grande froidure par quoy la moiste nue s’engelle et se amasse en l’air], Gdf 3,165c)
  • lune engelee “lune froide, glacée” (Consol Gdf [Au cours de la lune angelee; cp. le texte original de Boèce: visebat gelidae sidera lunae, éd. du Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum latinorum, 1934, p. 4, et la traductiondu De Consolatione de Jean de Meun: et veoit les estoilles de la froide lune, MSt XIV, 1952, p. 174; ces deux derniers renvois nous ont été communiqués par Albert Henry.], Gdf 3,166a [fausse réf.])
  • 2o⁠v.n. “désorganiser par un froid excessif (des tissus vivants animaux ou végétaux)” (ca. 1227ca. 1325, CoincyII10K 893 [Virginitez … C’est une erbe qui mout tost cesse, Qui tost engele et qui tost faut]; WatrS 94,355, TL 3,376)
  • ⁠v.a.⁠ (RenclCarH 219,2 [Detante petite gelee Je voi tante flour engelee]; Anticl Gdf, TL 3,165c)
  • “détériorer par le froid (en parlant d’un objet)” (RutebF I 350,268 [D’autre chose que de faïne (?) Fu celemeson empalee, Quar l’endure fu engelee], Gdf 3,165c [“détruite par le froid” seulement dep. Goub 1552 d’après FEW 4,88a])
  • 3o⁠v.a. “faire souffrir de froid” (VoeuxHérB 420 [Et le frodure grande no’ va tous engelans], Gdf 3,165b)
  • ⁠v.n. “souffrir du froid” (AlexParHM 532,4; RenclCarH 127,8; BibleSeptEtats Gdf, Gdf 3,165c)
  • ⁠p.p. pris comme adj.⁠ (CoincyII21K 144, Gdf 3,165c)
  • soi engeler v. pron. “se geler (en parlant d’une personne)” (RutebF I 501,116 [Tournoirut, vos qui aleiz En yver, et vos enjaleiz, Querre places a tournoier, Vos ne poeiz mieux foloier], TL 3,377)
  • ⁠p.p. pris comme adj.⁠ (BerteH 1186; MontRayn III 194; EschecsFreron Gdf; ClefD 1457; JakD 6327 [A sa dame est errant venus, Si l’a par le corps embracee Et hors de l’esgue l’a sachee; … Si l’ont ens el moulin menee Toute tremblant et engelee], TL 3,377; Gdf 3,165c; FEW 4,88a)
  • 4o⁠v.n. “mourir de froid” (DolopB 378 [La dame priait (l’epoux) doucemant Que li venist l’uis deffermer. Elle le prist a mesamer…; S’or devoit toz vis engeller, N’iroit elle pas l’uis ovrir]; Coincy Gdf, TL 3,377; Gdf 3,165c; FEW 4,88a;)
  • ⁠p.p. pris comme adj.⁠ (DolopB 378, TL 3,377; Gdf 3,165c)
  • 5o⁠p.p. pris comme adj. “glacé (par vieillessee en parlant du corps)” (AlexParA II 178,1579 [De viellece est ses cors tous frois et engelés], Gdf 3,165c)
  • 6o⁠p.p. pris comme adj. “endurci (en parlant du cœur, de l’âme)” (CoincyII30K 329 [Et trop le cuer a enjalé Quant contre Dieu a tant alé]; CoincyI44K 276; CoincyII27K 645; VMortAnW 67,9, TL 3,377; Gdf 3,165c)
  • pechiés engeles (PriereTheophS 248,12, Gdf 3,165c)
  • 7o⁠p.p. pris comme adj. “peu dégourdi” (ColMusB2 5,19 [Ainz me dit: Sire Engelé, En quel terre avez esté, Qui n’Avez riens conquesté?], TL 3,377; Gdf 3,166a; FEW 4,88a [cp. une attestation comme s.m. au sens de “jeune homme peu dégourdi” en fr. du 19es.])
  • 8o⁠v.n. “se fendre (du coeur à cause d’un chagrin)” (BaudSebB I 25,831 [A! orfenins, dist elle, pour toi li cuers m’engelle; J’ai ton pere perdut dont li cuerz me sautelle], Gdf 3,165c [mal cité])
engelance f.
  • “action de se geler” (hap. ca. 13501350, GlConchR 1740 [congelatio : engelance], Gdf 3,165b; FEW 4,88a)
engeleüre f.
(engeleüre ManVilF)
  • “enflure causée par le froid, surtout aux pieds et aux mains” (dep. 2em. 13es., ManVilF; 263,127 [Engeleüre en piez et en mains], TL 3,377; GdfC 9,465c; FEW 4,88a; TL, d’après RutebJ1 I 471, et Gdf, d’après RutebJ2 III 182, donnent anglure, mais Faral a lu à juste titre anflure, v. HerberiePrF 269 (nous avons vérifié sur le ms.BN fr.19152))
engelemens m.
  • “dureté du cœur” [cp. ci-dessus engeler 6o]⁠ (hap. 14es., JArkAmP I 169 [Dont li engielemens u li durtés dou cuer, est dispositions contraire à amour], Gdf 3,165b; FEW 4,88a [Gdf définit “état de ce qui est gelé, glacé”, repris par FEW. En outre, engelement “indisposition de quelque membre atteint de gelure” chez Mon 1636, FEW 4,88b])
aubegelee f.
(aubegele 1ert. 13es. PetPhilM; BibbO)
  • “congélation de la rosée” (1ert. 13es.ca. 1290, PetPhilM p. 258,97 [Dunt le vent veint e dunt toneire,… Dunt pluie e aubegele, = PetPhilT 229n p. 103]; BibbO p. 73 [aubegellée (gl. angl. with frost)]; RoquesComplHaust 352 [par erreur augebelle pour BibbO. Voir aussi blanche gelee ci-desus])