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rédaction: Evelyne Huyghe
geneivre m.
[Étymologie(f. dans CiNDitB, genre indéterminé dans plusieurs ex. [gloses; AldL 61,1; GraceBuigneB; AntidNicD; Méon]) Lt. JŪNĪPӖRUS “genévrier” a survécu dans toute la Romania: roum. jneapăn (le doublet ienuper viendrait d’un croisement avec le turc, Cioranescu); it. ginepro Prati; beng. günaiver Peer, heng. ginaiver; sursilv. geneiver VieliDec; sard. ĝiníperu et var. WagnerDiz; esp. enebro, ĵinebro; port. zimbro Mach2, junípero; aocc. genebre, genibre Rn. Les formes romanes reposent sur des formes intermédiaires *JĬNĬPӖRU, *JĒNĬPӖRU (cf. fr. génisse < *JĒNĪCĬA, v. genice). Sont attestées les formes giniperus ca. 800, giniperu, giniperi, geniperi (cf. Brüch ZfSL 54,341s.) dans des gloses du 9e siècle. Pour l’évolution jū- > je-, par des stades , ji-, v. Brüch ZfSL 54,341s. (palatalisation, sous l’influence de j- initial, de la voyelle en position atone, puis dissimilation par rapport à i accentué. BourciezPhon 103,1oII indique ce passage de u à e comme affaiblissement, remontant au lt.vulg., entre un j et une nasale libre). Fr. genièvre (ca. 1370 GaceBuigneB 8673 < : lievre >; BerinB 389var.; 15es. jenievre GrantHerbier éd. Camus, puis dep. 1584 [1e date indiquée par FEW (la remarque de FEW 5,76n8 est sans fondement puisque judéofr. genievre n’existe pas: v. MachsorS p. 64) et BW5]) s’expliquerait par analogie (mise en parralèle lévrier, lièvre, genévrier, genièvre [ce qui reste plausible si on considère que genévrier, attesté seulement dep. 1372 comme nom commun (v. ci-dessous), a probablement existé beaucoup plus tôt étant donnée l’apparition dès 1147 du dér. Genevreres comme nom propre (v. ci-dessous genévrière)]), cf. notamment Brüch ZfSL 54,341 et FEW. Ce n’est que dans la 1em. du 18es. que genièvre, sous l’infl. de l’Académie, a pris le pas sur genèvre. FEW 5,74b; REW 4624; Gam2; BW5.- En ce qui concerne le judéofr., FEW 5,74b ne connaît qu’une attestation du mot, dans MachsorS; LevyTrés en indique plusieurs autres; par ailleurs, dans RaschiD2 603a, les formes données par quatre manuscrits nous ont semblé devoir être également rattachées à geneivre (cp. les autres formes judéofr. ci-dessous plutôt qu’à → gingembre, bien que le mot hébreu glosé soit nettement interprété “gingembre” par ailleurs (cf. autres mss. et 603b).- Cp. → *genoicure.]
(geneivre BenTroieC; RoisL; GlPlantHarlW, genoivre LancR 1095; AlexParA; Méon I 8,221; CalendreS 74 < : ramantoivre >; AldL, jenoivre FergM, geneuvre FergMich; CiNDitB, genuevre AldL var., genevre LettrHippoT p. 363 [ms. Oxf.Digby 86 fo17ro], ⁠judéofr. jenevre (forme sous laquelle LevyTrés regroupe les données des mss.)⁠ RaschiD1 [ms. A iinbra (ou iinbr’), VWAT iinibra (ou iinibr’), M iinbiria, U iiniibira, V inipiiru]; RaschiD2 [mss. e et l (les plus fidèles à Raschi) iiniibra (ou iiniibr’), mss. 11 et 50 iniibr]; MachsorS [iinbr’i, que Schlessinger propse de corr. en iinibr’ (yynybr’) d’après RaschiD1 : v. mss. VWAT, cp. la leçon iinbr’ du ms. A]; GlLeipzig1099; GlBNhébr302L (jenébre, jenévres, yenébres); GlBNhébr301; Gl. 2em. 13es. LevyTrés; GlParmePal2924; GlParmePal2780)
  • 1o“genévrier (Juniperus communis)” (dep. fin 11es., RaschiD1 REJ 54 p. 25 [se rapportant au 1er Livre des Rois, XIX 4; le mot hébreu glosé (sg. rtm ou rōtem), bien qu’il soit fréquemment traduit “genêt” (v. ce qu’en disent MachsorS p. 64n et RaschiL 57, ainsi que les notes sur I Rois XIX 4, Psaumes CXX 4 de Bible éd. Pirot et éd. Fillon II p. 545b; IV p. 365b; Bible de Jérusalem) reçoit la même interprétation “genièvre” dans les sept autres glossaires judéofr. mentionnés ici]; MachsorS p. 64; BenTroieC 3870; RoisL 320; LancR 1095; AlexParA III 1173; Méon I 8,221; FergM 138,35; CalendreS 74; GlBNhébr302L gloss.; AldL 61,1 [sens douteux: p.ê. à classer sous 2o]; GlLeipzig1099 [sur I Rois XIX 4]; GlPlantHarlW; AntidNicD p. 8 [fruit de genevre]; GlBNhébr301 [sur Psaumes CXX 4]; Gl. 2em. 13es. LevyTrés; GlParmePal2924 [sur Psaumes CXX 4]; GlParmePal2780 [sur I Rois XIX 4]; GlGuill 10;155 [Debodar : genevre gros et rouge, et si a un autre man(er)e q(ui) est noire]; 395 [arbre de genevre]; CiNDitB 443,1 [desouz l’ombre d’unne geneuvre], GdfC 9,693b; TL 4,257; FEW 5,74b; LevyTrés sub jenevre; Löw, Flora der Juden IV)
  • 2o“baies de genièvre” (fin 11es., RaschiD2 603a [se rapportant au Talmud, traité Sabbat 65a; gloses de mss. e, 1,11 et 50; v. notre rem. ci-dessus dans la parenthèse étymologique et → gingembre; l’éd., suivi par FEW 14,663b, regroupe les donnés de tous les mss. sous «jenjevre [?] “gingembre”»], puis dep. ca. 1256,AldL 157,14 et 15; AntidNicD p. 15; p. 19; LettrHippoT p. 363 [A femme qui ad le mal del esplen: beivez en blaunc vin le vert cardun pelus e la genevere e l’averodne], GdfC 9,693b; TL 4,257 [qui ne donne que le sens 1o]; FEW 5,74b [qui ne donne que le sens 1o]; LevyTrés sub jenevre)
genavree f.
[ÉtymologieDér. avec -ATA; la graphie genauree du texte est à interpréter genavree, cp. les formes dialectales du type genavre: Côte d’Or, Yonne, meuse, Châtenois, Poisoux, FEW 5,75a]
  • “terrain couvert de genévriers” (doc. frcomt. 1326 [localités frcomt. mentionnées: Accey (= Achey?), Besançon, Rye, Montmirex (= Montmirey?); cf. DictNatComm] [ensemble les genaurees toutes ensinc comme elles s’estendent de lonc et de large …et de lour terre des dites genaurees … et la terre … des genaurees devant dites … Et est a savoir que nous devons esserter et aplenir, ou nostre hoirs, les ayges et les boissons que sont par dessus le dit champ dou pomier et les genaurees ausy …, ms. BN Moreau CCXXV fo73], Gdf 4,255b)
[genevrier m. dont la première attestation connue date de 1372 (FEW), a dû cependant exister dès l’afr. (v. ci-dessus, parenthèse étym.; cp. aussi genestier sub → genest). Frm. genévrière Li (dep. 1839, Robert) est déjà attesté en 1147 comme nom de lieu: HMarne Genevreres (auj. Genevrières), de même que *genevroi (cp. genestoi sub → genest) en 1237: bourg. Genevroy, Gdf 4,259a; DauzatRostaign sub gembrié; TL 4,249]