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rédaction: Marcel Juneau
genitailles f.pl.
[Étymologiepl. Remonte au lt. GENITALIA “organes sexuels (de l’un ou de l’autre sexe)”, pl. n., pris subst., de l’adj. GENITALIS “relatif à la génération” et largement attesté en lt. postcl. (cp. ThesLL 6,1815), ainsi qu’en mlt. (cp. CGIL 6,488a; DC 4,55b). Est représenté presque uniquement en français (aussi cat. genitalia “organs genitals”, AlcM 6,261a) où le mot est appliqué seulement aux organes sexuels masculins (cependant en mangl. peut désigner aussi les organes sexuels féminins, v. MED sub genital subst. [genitals of a womman]) et où il n’est certainement pas d’origine populaire (v. FEW 4,102;103, qui n’atteste aucun représentant de cette famille dans les patois où couilles “testicules” est très répandu, v. FEW 2,88a). Dans certains contextes, le mot désigne clairement les testicules (p.ex. dans MarqueA [→ genitaires] et Coincy125K [→ genitieres]; mais dans plusieurs passages, on ne peut savoir s’il est appliqué à l’ensemble des organes de la génération chez le mâle ou de façon plus précises aux testicules (cp. afr. membre, TL 5,1367-88). A connu de nombreuses substitutions de suffixe en afr., ainsi qu’en mfr. où l’on relève genitilles, genitelles, genitier, etc.. L’hapax genitals peut s’expliquer soit par une substitution de suffixe, soit par un emprunt direct au lt. GENITALIS. Genitures qui n’appparaît que vers la fin du 15es. est prob. un emprunt au lt. GENITURA. Zumthor, dans le FEW, répartit de façon plutôt arbitraire les nombreuses variantes suffixales tantôt sous GENITALIS, tantôt sous GENITURA.- FEW 4,102;103; BW5 291b]
(genitailles ca. 1195 MarieEspW; Bueve2S; doc. ca. 1328; [JFevVieilleC; JFevRespH], genestailles Coincy125K)
  • “organes masculins de la génération” (ca. 1190ca. 1370, MarieEspW 1089; Coincy125K 61; Bueve2S 12483; doc. ca. 1328 RecHist 21,151 [pour lequel crime les deux dictz chevaliers furent escorchiés tous vifs et leurs genitailles coupees]; [JFevVieilleC 105; JFevRespH 1313], TL 4,250; Gdf 4,259b; FEW 4,102a)
genitals m. (?)
  • ⁠pl. “organes masculins de la génération” (hap. doc. s.d. Gdf [Monstra ses genitals a ceus de hors]; Gdf 4,259b; FEW 4,102a [l’adj. genital “qui sert à la génération” est attesté dep. ca. 1377 (JFevRespH 1328; JFevVieilleC 34 dans TL 4,251; FEW 4,102n2, se rapportant au DG, lequel se réfère à des matériaux prob. inédits de Delboulle, signale une forme geniteulx dans JFEvVieille; il s’agit prob. d’une erreur de lecture pour genitailx, v. le passage cité par TL)])
genitaires m. (?)
[Étymologiem. (?) pl. (un cas de f.sg.)]
(genitaires ca. 1125 PhThBestWa [sg.] LapisALS; BenDucF; FloreaW; AmbroiseP; AngVieGregM; OvMorB; adj. BrunLatChab, genetaires BenDucF; GerbMetz Gdf; CoincyI25K 61 var.; AloulM; Bueve3S; HelcanusN 60n12; JoinvW1, geniteres MarqueA, geneteres HelcanusN 59 p. 91)
  • 1o“organes masculins de la génération” (dep. ca. 1125, PhThBestWa 1139; 1145 [Bon sunt si genitaire (du castor), Si cum dit Bestiaire, A metre en medicine; Oëz cum castor fine. Quant om le vait chaçant E de prendre aprochant, Trenche sa genitaire (attestation unique de genitaire au sg., cp. membre en afr. qui peut s’employer au pl., TL 5,1367-68. Remarquer aussi son emploi au f. et au m. dans le même passage), Quant el ne set que faire, Gete la li devant, Puis si s’en vait fuiant; Li veneres les (var. la) prent Ki de ço at talent, Puis laisse ester la beste]; Lapidals 1412; BenDucF 29110; 43935; FloreaW 1904; AmbroiseP 3698; GerbMetz Gdf; AngVieGregM 758; CoincyI25K 61 var.; AloulM I 282; Bueve3S 11198; MarqueA p. 119 [li membres et li geniteres]; HelcanusN 59 p. 91; 60n 12; JoinvW1 336f [la ribaude le menroit par l’ost en chemise, une corde lïee aus genetaires]; OvMorB I 651, TL 4,250; GdfC 9,693c; FEW 4,103a)
  • 2o⁠adj. “qui sert à la génération” (BrunLatChab 630 [les membres genitaires], TL 4,251)
genitieres f.pl.
  • “testicules” (ca. 1224, Coincy125K 61var. [Se tu vielz coper orendroit Tes genitieres et ton menbre])
genitoires m. (?)
  • ⁠pl. “organes masculins de la génération” (13es., HelcanusN 61 p. 93 [Dont a la gaite la teste destoursee et les genetoires]; BestAmFournS p.CLXXIV [Cest li castors qui errache ses genitoires; ms. G 14es.]; [genitoire signalé par GdfC 9,693c, dans PhThBestWr 94 est une graphie corrigé pour genetaire, cp. PhThBestWa 1139 . D’autre part, FEW 4,103b ainsi que BW5, se basant sur Li 4,38, enregistrent une graphie genetoires dans JoinvD 267 qui n’a jamais existé non plus; il s’agit, en fait, d’une erreur de Littré qui, au lieu de noter la graphie genetaires donnée par l’éditeur d’après le manuscrit, lui a préféré la graphie rajeunie des anciennes éditions. Une deuxième attestation de la graphie genitoires est dans le BonBergL 154, fin 14es., cp. TL 4,251. A partir de Ac 1835 le mot est considéré comme archaïsant et s’emploie surtout par plaisanterie, le fr. actuel lui préférant testicules ou le trivial couilles (v. FEW et BW5). Selon Zumthor, dans le FEW 4,103an2, genitoires serait dû à un «chang. de suff. d’après les nombreux mots en -oires désignant des instruments». L’hésitation entre les graphèmes ai et oi, courante au moyen âge (v. GossenSkripta p.ex. p. 75-87; GoeblNorm p. 154-175), a certainement contribué aussi au passage de -aire à -oire.])