DEAFplus
article imprimé
rédaction: Kurt Baldinger
gesir v.n.
[ÉtymologieLt. JACĒRE “être étendu, couché”, cf. ThesLL 71,4, continue à vivre dans toutes les langues romanes: roum. zăceɐ “être couché, être malade, être enterré, etc.” Cioranescu 9393, asard. yakere “être couché”, logoud. ğakkíre “être alité” WagnerDiz 1,706a, it. giacere “être étendu, couché, etc.” (dep. 13es.) BattAl 3,1801b; Battaglia 6,752b, sursilv. scher “id.” VieliDec 615a (Gartner 126; AGl 1,51), eng. giaschair “id.; dormir” Peer 197a, Val di Gardena dyažáy “avoir sommeil, être paresseux” GartnerGred 119b, cat. jeure ou jaure “être étendu, couché, etc.” (dep. Llull) AlcM 6,748b, esp. yacer (dep. Cid) Corom 4,771a, port. jazer (dep. 907) Mach3 3,344b; Lorenzo 215, aocc. jazer (et var.) Rn 3,582b; Lv 4,253b. En afr. le verbe attesté déjà vers l’an 1000, est un des verbes les plus courants; ses emplois sont très nuancés, et comme il a été traité très sommairement dans les glossaires, nous nous sommes décidés à donner un plus grand nombre de contextes que d’habitude, d’autant plus qu’il a perdu presque toute sa vitalité vers la fin de la prériode du mfr.: «gesir, verbe si utile… a disparu dans la plupart de ses formes, du reste difficiles, parce qu’il communiquait une teinte macabre aux actions qu’il désignait: nous employons encore l’indic. prés. et imparf. et le p. prés., mais toujours pour indiquer la mort, certains mourants, et le sang répandu» écrit Lucien Foulet dans le glossaire de ContPerc1R (1955). En effet, gésir, dans ses emplois figurés, présente des sens plutôt négatifs. Wartburg, FEW 5,4a, insiste sur les aspects phonétique et morphologique. Mais Else Lippold, Die Gründe des Wortuntergangs (thèse Erlangen 1946), a constaté que le remplacement de gésir par être couché s’intèger dans un changement de structure lexicale plus général: esterêtre debout, seoirêtre assis, loisirêtre permis, soloirêtre accoutumé, doloiravoir douleur, etc. (p. 85s.). Lerch (RF 60,561, dans son compte rendu du travail de E. Lippold) parle d’une tendance à se servir de formes “analytiques”. Le déclin de gésir a été examiné en détail par Edeltraud Spalinger, Absterben von jacere im Galloromanischen (Romanica Helvetica, 51), Berne 1955. Helmut Stimm, dans son compte rendu de ce travail, a montré de façon convaincante que le changement de structure dans le domaine de “être debout – être couché – être assis” a été déclenché par le verbe ester qui, dans de nombreuses formes verbales importantes, s’est trouvé en conflit homonymique avec estre (ZrP 75,1959,561-567). W.-D. Stempel, dans son compte rendu du même travail, insiste de sa part sur la tendance de la structure “synthétique” de l’afr. vers la structure “analytique” du frm. (RF 71,1959,200-202).
Le sens principal du latin, “être étendu, couché”, continue à vivre en fr. comme ailleurs (1°), aussi bien en parlant d’êtres humains que d’animaux et de choses (la plupart des sens qui vont suivre se trouvent, d’ailleurs, déjà en lt., v. ThesLL 71,4-32). Sur le champ de bataille, gesir prend facilement la nuance spécifique “être couché (mort ou blessé)” (2°), emploi très fréquent dans les chansons de geste, tandis que le fait d’“être couché au lit, etc. (pour se reposer, pour dormir)” (3°) prépare le sens “passer la nuit” (4°) et “demeurer, habiter, vivre (quelque part)” (5°). D’autres emplois spéciaux s’en dégagent: “être dans le sein de sa mère” (6°, emploi sporadique), “se trouver installé (en parlant d’une troupe)” (7°), “être malade, alité” (8°), “accoucher; être en gésine” (9°) – les deux derniers sens étant très courants –, “être en prison, en otage, en enfer” (10°), “être prosterné” (11°). Se rattache à 3°, dans une autre direction, “coucher avec une personne d’un autre sexe, avoir un commerce charnel” (12°), sens très fréquent, tandis que “reposer (d’un mort), être enterré” (13°) est plus proche du sens 2° (il est très fréquent aussi bien dans les chansons de geste que dans la littérature religieuse; c’est à ce sens que se rattache la formule ci-gît du frm.; hic jacet déjà en lt.). On retrouve la nuance de se trouver caché, dans un état d’immobilité dans “être entreposé, emmagasiné” (14°), “demeurer sans activité, rester immobile” (15°; rare en afr., mais correspondant exactement au mha. verliegen, t. de la vie chevaleresque); en afr. cette immobilité peut concerner aussi une terre (qui se trouve dans un certain état sans se modifier), un gage ou nant gisant ou une fenêtre de voirre gisant qui ne s’ouvre pas (cp. verre dormant et verre mort). Cette géneŕalisation progressive aboutit à “se trouver placé quelque part”, “se trouver localisé” (16°), avec des nuances très variées. Dans la hiérarchie administrative et sociale gésir indique le fait d’“être du ressort de (t. jur. et adm.)” (17°) ou d’“être au service de, être soumis à” (18°). S’ajoutent des emplois métaphoriques tels que “persévérer dans un état (de péché, etc.)” (19°) qui rappelle à la fois 8° et la nuance de l’immobilité des sens 14° à 16°, le sens fig. de gesir en “être contenu dans, se trouver dans (le cœur)” etc. (20°), d’où “être inhérent, impliqué (en parlant des conséquences de qch.)” etc. (21°), “dépendre de” (22°; cp. all. liegen an et gesir en, sur le cuer etc. “être important” (23°; cp. all. es liegt mir am Herzen). Arrier gesir de “se retirer, renoncer à” (24°) reste isolé. Enfin gissis “assigné (en parlant d’une rente)” est à rattacher définitivement à la famille de gesir.
Les nombreux dérivés et composés de gesir semblent avoir eu – à quelques exceptions près – une vie plutôt éphémère et ont suivi le sort du verbe de base: gisant, gisement, regesir (attestations plutôt isolées en rapport direct avec le verbe); *engesir (la seule attestation connue s’est révélée inexistante, mais nous en avons trouvé une auter), *esgesir (dérivé peu assuré; cp. agesir); porgesir (avec les dérivés pourjute et pourgisement) “violer une femme” (cp. gesir 12°), par contre, est bien établi; pargesir (même sens) est moins courant. «Pour la formation de *PERJACERE voyez MLRGrII § 611: ‘per drückt die Durchführung einer Handlung, die Vollendung aus’; cf. lat. PERFICERE “cum aliqua coitum facere” Arch.lat.Lex. 11,533. Por- dans porgesir a évidemment le même sens» TilLex 118 (cp. porfaire/parfaire, porfournir/parfournir, porforcier/parforcier, porpaier/parpaier, parfond/profond ib.). L’auteur du Roman de Renart profite de ces deux verbes pour créer pelgesir, par jeu de mots avec peler “foutre” et pelous “pudendum muliebre”. S’ajoute, avec des attestations isolées, forgesir “tromper par adultère” (cp. gesir 12°), “être situé, placé au dehors” (cp. gesir 16°) et un sens jurid. (agn.) peu clair. Le p.prés. entregisant imite le lt. INTERJACENS (une seule attestation en afr.; remis en vigueur en 1360 par le traité de Brétigny, avec la var. entregisé). *Sosgesir “être soumis à, dépendre de” (cp. gesir 17° et 18°) est rare et à séparer de → sogire < SUBICERE, malgré les interférences enter les deux familles (v. aussi Stimm ZrP 75,1959,564). Surgeseur “incube” n’est attesté, pour le moment, que dans un glossaire du 14es. Maugesir, écrit mal gesir, n’est attesté, en afr. que dans le prov. tant grate chievre que mau gist (→ gesir 4°). – Une place à part revient à giste, remontant à un type *JACITU, -A formé prob. dans le lat. de basse époque (cp. aport. jázeda 1258 Mach3 3,344b; jazida 16es. Mach3 3,345a), mais la syncope doit avoir eu lieu plus tard que dans le cas de plait < PLACITU (Stimm ZrP 75,1959,563; E. Spalinger 1955, p. 67 croit à une influence constante de gist 3epers. du prés.). Le masc. et le fém. continuent à vivre sous une seule et même forme (phonétiquement régulière). Le mot acquiert, grâce au droit de gîte (4°), une importance particulière dans le monde féodal (cf. Carlrichard Brühl, Fodrum, gistum, servitium regis, Studien zu den wirtschaftlichen Grundlagen des Königtums im Frankenreich und in den fränkischen Nachfolgestaaten Deutschland, Frankreich und Italien vom 6. bis zur Mitte des 14. Jahrhunderts, t. I-II, Köln-Graz (Böhlau) 1968, 932p., spéc. I, 271ss.). Le droit – dont jouissent de même les grands seigneurs féodaux – est attesté sous des noms divers (gistum, procuratio, conredium, consuetudo jacendi, convivia, herbergagium, hospitalicium, hospitium, hospitationes, jacere nostrum; alberga et albergada dans le Midi) au moins depuis le 9es. (v. ZrP 10,262; C.  Brühl 271; FEW 5,5a n.13; le mot gistum dep. 12es., DC 4,72a). On estime à 300 à 400 hommes la suite du roi (Brühl 1,264; v. aussi p. 269); depuis 1130 ou 1140 – mais c’est rare avant 1180 – le droit pouvait être converti en argent; c’était la règle dès le 13es. (au Roussillon, p.ex., on payait une alberga annuelle pour 1 chevalier et demi [!], en 1294, v. Brühl p. 265; 272; 292). L’importance de cet impôt annuel ressort p.ex. des attestations latines de CptRoyF pour les années 1299 (nos 1838: 200 l.; 1849: 160 l.; 2115: 100 s.; 2123: 20 L.; 2124: 13 l.; 23922: 60 l.), 1305 (4557: 100 l.), 1297 (7171: 16 l. 2 s. 6 d.; 7173: 6 l. 14 s.; 7175: 68 s. 6 d.), 1299 (7235: 7 l. 12 s.), 1293-1294 (7586: 100 s.; 7805: 100 s.), 1287 (15253: 115 l. 11 s. 3 d. par.; 15277; 208 l.). 1305-1306 (16147: 10 l.); d’autres attestations en mlt.: 1203 VarinAdm 1,2, p. 450; 1234 CartSLambert p. 329; 1263 VarinAdm 1,2, p. 826; 832; 841; 867; 1289 ib. p. 1034; 1294 ib. p. 1081. Autour de giste “lieu où coucher, abri, demeure” etc. se constitue une nouvelle famille qui rappelle certains sens de gesir, sans atteindre pourtant la même vitalité: gister, gistee, *gistif, gistage, gistaille, *gisteau, *gistelette, giston, registe (avec register), degiter, agister (avec agistement, agistour), engistement. La plupart de ces dérivés sont mal attestés et souvent mal datés de sorte que nous avons préféré présenter toutes les attestations, aussi bien de l’afr. que du mfr. Il est souvent difficile de les séparer de la famille de JACTARE. Une autre place spécifique revient de même à gesine, représentant un type *JĂCĪNA “gîte”, traité par le REW 4565 et Wartburg dans un article à part (FEW 5,5-6); Wartburg rappelle les dér. lat. labīna, fodīna, rapīna, *agīna (FEW 5,6a n.2, et MLFrGr II2 § 105; morine ib. p. 196). En effet, le suff. -ine semble être devenu productif, grâce surtout à un suffixe germanique, cp. gastine DEAF G 359; gaudine DEAF G 411; gehine DEAF G 425; haïne; saisine; aatine (cp. FEW 152,90a et 16,179b); etc. (v. aussi MLFrGr II2 § 105); il nous semble dangereux, pour le moins, de faire remonter la formation jusqu’au lat. tardif (Wartburg le suggère en faisant un article *jăcīna “lager” à part et en parlant de «alte ablt.»). Gam2, à son tour, explique gesine comme dér. abstrait de gesir. On retrouve le même dérivé en Italie méridionale: calabr. jacina “giaciglio di animali; ovile; piccolo gruppo di alberi dove gli animali possono proteggersi dal sole; letto misero” RohlfsCal. Les sens de gesine rappellent, dans une certaine mesure, ceux de gîte avec les deux idées fondamentales de “lieu où l’on se couche” et “poutre”, mais le second sens n’apparaît qu’en aocc. (v. FEW 5,5b). Dans le Nord de la France gesine signifie “couches d’une femme” (1°), seul sens qui continue à vivre en mfr. et frm. (cp. gesir 9°), “état d’être alité” (2°; cp. gesir 8°) et, rarement, “le fait de coucher ensemble, coït” (3°; cp. gesir 12°). LabordeGl 328 nous apprend que «les dépenses des couches royales étaient très-considérables, parce que la royne profitait de cette occasion d’augmenter sa garde-robe en se faisant faire une quantité de vêtements d’étiquette qui, étant très-larges, lui servaient plus tard à d’autres usages, et ne lui coûtaient rien, se trouvant portés dans les comptes de la gésine». Il cite à l’appui un doc. de 1388 des Comptes royaux: «Pour le sallaire d’avoir amené, en leurs brouettes, de l’ostel Michiel du Sablon en l’ostel du dit argentier, la somme de iiijm liv.t. pour convertir et emploier au fait de la gesine de la dicte madame la Royne, pour ce - viij s.p.» (v. aussi Gay 1,772b). – FEW 5,4a; 5b; REW 4562; 4565; Gam2; Corom 4,771; BattAl.
]
(gesir RolB 973; RolS 1230; RolB etc.; BrendanW 1729; MonGuill1C 870; FloreaW 388; 2191; SSagOctM 2232; BrutA 5536; etc.; EneasS2 1237; RouH III 635; SThomGuernW1 3399; etc.; BenDucF 27367; etc.; CligesF 3332; MarieFabW 52,23; PercH 3339; AiquinJ 685; MonGuill2C 3668; etc.; FierG 3079; TristBérM4 594; ElieF 144; SimFreineGeorgM 952; RCambrM 333; RobDiableL 59; 1183; GarLorrP 1,18; FloovA 540; 1647; GregEzH 109,14; AmbroiseP 9000; SGenB 2940; PoèmeMorB 1187; etc.; AubereeC 492; ElucidaireiiiD III 118M; OrsonP 584; EscoufleM 3111; etc.; PercDideR 255; etc.; YderG 1835; Aiol2F 6082; HuonR 1371; etc.; Bueve2S 2569; DurmG 2036; GuillTobR 942; SermMaurB p. 76; MonArrD XIII 38; etc.; SAudreeS 610; ComtePoitM 1615; RoselLec 2479; FolLancB p. 52,233; HAndVinbA 150var.; ChastVergiS 565; etc.; Ordin. Tancrei Gdf; AuberiT p. 55,3; MontRayn II 63; V 28; 136; AldL 21,13; MenReimsW 241; etc.; JoufrF 4045; ClarisA 3711; HaginL 40b; EtSLouisV I 57; AdHaleFeuillG 252; MédLiégH 108; etc.; RosemLec 17028; ClefD 3090; BeaumCoutS 456; BibleGuiotW 1219; etc.; CoutFland 1,1 p. 497; PanthT 581; RecMédBNlat8654bM p. 363; GeoffrParChronD 947; etc.; doc. 1318 VarinAdm II,1,220; doc. 1320 Morlet 353; OvMorB IV 5824; ChPapH 84,36; CharnyChev Gdf, gezir SEust10P 191, jesir SSagOctM 1133; 1450; 1472; 1619; RouH I 625; II 4306; AimonFlH 2345; RobDiableL 1254; FloovA 1315; AmbroiseP 1574; PriseCordD 1871; MortAymC 2188; JourdBlD 2357; ContPerc1tR 6798; 9832; AmYdR 6759; HuonR 1249; 1279; FillePonth1B2 79; ViolB 778; etc.; FillePonth2B2 159; 566; HAndVinbA 150; Loh. Gdf; HemH 70; → 3°; AubS 1901; HArciPèresO 1661; CiNDitB 171,6; 257,1; 491,1; OvMorB VIII 3461, ⁠francoit. jaisir ca. 1330 HuonAuvbS3 9561, ⁠agn. gisir BrendanW 1729var.; BrutA 12974 (ms. agn.); GaimarB 166; 303; MarieLaustRi 109; MarieBisclRi 102; TristThomB 1207; EdmK 763; 2850; ChGuillM 194; 1453; etc. (ms. agn.); ModvB2 3164; 8305; MirAgn2K XIV 167; BesantR 462; ApocGiffR 1982; 2021; MirAgn2ThéophK 323; HArciPèresO 5546; doc. 1305 YearbEdwiH 453; FoukeB 23,11, ⁠wall. id. PoèmeMorB 2744; HosebHenO 95; s.l. CantCantP 3172 (ms. Le Mans 173 ca. 1250); LSimplMedD 135; 493; 811, ⁠agn. gysir MirAgn2K LVII 63; LVIII 140, gysyr HosebHenL 28, ⁠lorr. gizir doc. 1322 Gdf; agn. MarieBisclW2 gloss. [?]; francoit. id. EntreeT 8217, ⁠s.l. ghesir RobDiableL (ms. B ca. 1400), gessir SSagOctM 1561; Bueve1S 7366; Cout. de Beaurepaire Gdf; [doc. bourg. 1373 ProstInv 1,329 [cp. les formes verbales gissant Aiol1F 3203; Bueve3S 3950; GodBouillBruxR 16223; HugCapL 267; gissiant Cout. de Beaurepaire Gdf; gessent PriseCordD 2926 (lorr.); gissent BenDucF 18745; 21294; 21322; gissoit PercH 670 ms.B; SFanuel 262; AucR3 XXVIII 15; giessoit FillePonth2B2 159; gissoient AucR3 XII 26]], gissis p.p.⁠ doc. 1271 [Gdf sub gissir; cité comme gessir FEW 23,128b; se rattache prob. à gesir, cp. → gehir DEAF G 425,14], ⁠pic. hain. gire [FlutreMPic p. 516 § 231 l’explique comme forme refaite sur le radical tonique de gis, gi(s)t; de même FouchéVerbe p. 165 («refait sur dire d’après il gît»); il faut admettre aussi une influence des formes du futur et du conditionnel, fréquemment attestées dans les textes: gerrai BrutA 6908; RouH III 637; TristBérM4 1001; etc.⁠ , girrai PercH 4137, jerrai PriseCordD 2528; AimeriD 3058, girras GormB 265; RoisL XIII p. 163; ChGuillM 1036; MuleH 561, gerras GirVianeY 5191, girra MonGuill2C 6612, girrad ModvB2 8520, girrat BrutA 2450, girat MédLiégH 890, gerra BenTroieC 17383, girrez ChGuillM 2863; SimFreineGeorgM 196, gerrez Pères31M 484, giront Aiol1F 3057, gi(i)ront AntAnW 745; 749 [lire prob. girront], girrois SSagOctM 2232; 2284, girois ib. 1533, girroit MonGuill2C 5712; SermMaurB p. 189; RutebF 1,p. 58,1275, gerroies PriseCordD 1556, etc.etc. Gire n’apparaissant qu’au 14es., cette explication est plus vraisemblable que d’y voir (avec FlutreMPic p. 414 § 53 8° qui se contredit) une forme régulière remontant à JÁCERE (iei > i); mais – à côté des formes du futur/conditionnel – il y a eu probablement influence de sougire < SUBICERE (FEW 12,333a, article auquel il faut rattacher l’article SUBJICERE, FEW 12,341a, qui est à supprimer, v. FEW 12,513a), composé formé déjà en latin et qui présente une évolution phonétique régulière. Edeltraud Spalinger, Absterben von jacere im Galloromanischen, Thèse Zurich 1955, p. 30, mélange, sous l’infinitif gire, sans le dire, sougire et sogire qui apparaissent dès le 13es., agire 2em. 13es. (cp. ADJACERE FEW 24,158 et ADICERE ThesLL 1,666) et gire qui n’apparaît que plus tard], ⁠pic. hain. gire doc. Valenciennes s.d. [14es. ?] CoutBelg VII,3, p. 315; [mil. 14es. BaudSebB XXI 733 [Gdf 4,279c; TL 4,1624]; FroissS II 269 Gdf; FroissMelL 11705 (ca. 1383); [gires pl. “douleurs de l’enfantement” RenMont ca. 1195 (ms. 14es.) dans FerabrasB est rattaché à tort par Gdf 4,279c à gire “gésir”, v. TL 4,324, → girer]; avec changement de conjugaison: agn. geser BueveAgnS 1680], gyser AspinChansPol VII 66, giser doc. 1304 YearbEdwiH 65; NominaleS 263; [ca. 1400 LettrOxfL IV 17; poit. id. SermMaurB p. 189 [ici prob. influence occ.; SermMaurR p. 169,31 donne gesir]], ⁠s.l. gisé p.p.⁠ GodBouillBruxR 8381 [l. gise p.p. fém., v. Gaschet dans le gloss. et Gdf 4,282a; la forme régulière du p.p. est geü], ⁠pic. gisier SoneG 4792 [Scheler propose de corriger en gesir et de remplacer aidier, repris du vers précédent, par vestir, viestir; giser étant attesté aussi ailleurs, cette corr. ne s’impose pas nécessairement; Gdf 4,282a], ⁠norm. gesier ModusT 96,67 ms. Q 15es., ⁠poit. gezer SermMaurB p. 170 [2 ex.; prob. influence occitane], ⁠francoit. çaçer MPolRustR CXCIII [influence italienne; Gdf 4,282a donne zazer d’après MPolRustR CXCII], *girer (?)⁠ AntAnW gloss. est un infinitif mal reconstruit basé sur gi(i)ront fut., v. ci-dessus; mal défini “tourner, errer” et à supprimer FEW 4,358a sub GYRARE, → girer)
  • 1o⁠v.n. “être couché, allongé (en parlant d’êtres humains)” (dep. ca. 1000 [vieilli depuis Oud 1660], SLégerK 163 [A terra joth (à cause de la torture), mult fo afflicz]; BrutA 4217 [illuec fist ses tresors guarder E ses chiers aveirs aporter; Il meïsmes dedenz giseit (cp. 4° et 5°) Quant de traïsun se cremeit]; BenTroieC 22285 [A genoillons e en gisant]; ErecF 5063 [La ou il gisoit a la terre]; BenDucF 29142 [En une espeisse esteit gesant Toz esgarez, toz angoissos, Mesaaisiez e fameillos, Coverz de fuille e d’erbe drue, Jusque la nuiz resteit venue]; YvainF 2263 [Ahi, ahi! come or gisiez Vos qui les autres despisiez]; MonGuill2C 6612 [Ainc li diables puis ne s’en remua, Tous tans i gist et tous tans i girra (dans l’eau du fossé)]; ChGuillM 1249 [En gisant l’ad sur sun arçun turné (un homme mort)]; BatLoqR 1196 [Tout en gisant le prist a araisnier]; ElieF 446 [Venus est as prissons qui gisoient sous l’arbre; ses peust desloier, gent cose eust faite]; FloovA 1857; ElucidaireiiiD III 118M [vereit un malade gesir par le chemin (cp. 8°)]; MortAymC 1233 [Paien lo fierent contre terre en jesant]; ContPerc1tR 11551; HuonR 7029; 7049 [Si gist li las en une ille de mer, Les poins loiiés et les deus iex bendés]; SermMaurR 24,6 (= SermMaurB p. 132); OvArtElieK 1162 [Soventes foiz par nuit serree Siet et gist en mi cele rue. S’atent a la porte sa drue]; ArtusS 307,38 [tant [qu]’il iut souz son cheval]; ChastVergiS 864; AldL 76,3 [Et quant il (l’enfant nouveau-né) sera lavés, si le doit essuer… et faire gesir premierement sor sen ventre et puis seur le dos]; ClefD 1458 [Mainte foiz froit et engelé Te gerras de lonc et de lé De la nuit a la nue terre Pour le gré de t’amie aquerre (cp. 4°)]; NominaleS 215; FoukeB 42,22 [La dame qe just lye (“liée”) deleez son seignour en la sale], TL 4,1623; Gdf 4,267a; FEW 5,1a)
  • ⁠v.pron. “s’étendre (à terre), se coucher; être couché” (Rolca. 1280, RolS 2375 [Li quens Rollant se jut desuz un pin]; WaceConcA 85 [E vunt galcrant par mi la mer, Chascuns se gist e crie e plore KellerWace 368a]; WaceNicR 778 [Einz el chemin dormir l’estut, En travers la rue se jut; cp. 3° et 4°; KellerWace 320b]; SSagOctM 1450 [Li rois ne se pooit ester, Seoir, jesir ne reposer]; RouH III 306/308 [Gis tei (au cors qui s’était levé) dist il, ne te moveir! Se tu es bone u male chose, Gis ter en peis si te repose; KellerWace 368a]; ChGuillM 1930; 2178; FolTristOxfB 424 [Paumez me jeu lez le chemin (“être couché”)]; MeraugisF 3251 [La me gerrai (“se coucher”)]; DurmG 13458; ChastVergiS 722 [Dedens une gardereube entre Ou une pucele estoit Ki as piés dou lit se gisoit, Mais ele ne le puet veoir]; RigomerF 1253 [qui la se gist?]; MirNDChartrK XIV 92 [Avoit de malades grant presse Qui en l’iglise demoraient, A Chartres, et qui se gesaient Parmi l’iglise les a les Et en litieres (ms. -z) et en les]; ClefD 3294 [Fame qui porte biau viere Se giese enverse pour miex plere], TL 4,1631; Gdf 4,268a)
  • ⁠loc. verb. se gesir ariere “se pencher en arrière” (ca. 1170, BenTroieC 16529 [En un chaelit l’ont asis, Fors tant qu’auques se jut ariere Toz apoiez a la litiere])
  • ⁠loc. verb. gesir sor “s’appuyer sur (en se penchant en avant)” (ca. 1177, LancF 554 [tant sor la fenestre jurent Qu’aval les prez les la riviere An virent porter une biere], TL 4,1625 [“aufgesstützt liegen”])
  • ⁠loc. verb. gesir a table “être installé à table” (ca. 1358, HugCapL 1108 p. 59 [aprez laver s’asirrent sans estry Le roïine et se fille, et ly baron hardy Girent aus aultrez tablez])
  • ⁠gesir v.n. “être couché (en parlant d’animaux)” (Rolca. 1300, RolS 2523 [N’i ad cheval ki puisset est[re] en estant (par fatigue): Ki herbe voelt, il la prent en gisant]; BrendanW 1729 [Fait les gesir (les draguns) cuntre terre Mult humlement e sanz guerre]; PhThBestWa 1783 [Vulpis… Quant preie volt conquere Met sei en ruge tere… Cume mort se girat (cp. 2°); La gist gule baee, Sa langue hors getee]; YvainF 5446 [il fu an son lit couchiez. Et ses lions jut a ses piez]; SimFreineGeorgM 1205 [Li leon e li leopart… Vers lui jurent tut aclin]; ModvB2 8520 [Kar l’em seit bien ke le mastin, Ki est felun… Le jur girrad le chef enclin]; Bueve3S 3950 [La le gardoient li doi lyon gissant, Buevon choisirent, lors sallent en estant]; MelionG 419 [As piés le roi jut Melions (le loup)]; MenReimsW 417 [il le (Isengrins) virent venir gisant sour la charrete (cp. 2°)]; CristalB 2084 [A la terre gist (le lupart) estendus]; BrendanPrW 71,21; 71,24 [Il virent diverses manieres de bestes gisans desous l’arainne (“sable”)… eles estoient comme fous de biestes gisans es pastures]; doc. ca. 1289 DehDoc 79 [Encore I hanap doret, ouvret a I lion gisant emmi]; ChaceOisI2H 53,10 [li faucons… de la [perche] basse il puet descendre et gesir a terre, c’il en a mestier, pour soi reposeir]; HosebHenO 95 [Une norreture est a porcs de aver long matin e gisir sec]; ib. p. 380 (ms. déb. 14es.) [ces berbiz… pur ço ke il unt jeü en la faude (“parc”); cp. 5°], TL 4,1624; Gdf 4,267a)
  • ⁠v.pron. “se coucher (par terre), être couché (en parlant d’animaux)” (ca. 113013es., PhThBestWa 1782 [v. le contexte ci-dessus]; ThebesC ms. C (déb. 15es.) 9199 [enmi le pré, La ou gerroit la vache vere]; EdmK 2761 [Cil lou a la tere se jut Tut en pes]; YvainF 4011 [au lion Qui aussi doucemant se gist Lez lui com uns aigniaus feïst]; 4073 [lion… que toz cois se gise]; CristalB 8869 [Quant le felon dragon ochis, Qui en l’aumaire se gisoit]; GuillTyrP 2 p. 87 [firent saillir un lievre qui se gisoit en un garet]; GilChinP 3795 [Li lÿons vait aprés Gillon, Mout par i ot bon compeignon, Et nuit et jot gist a ses piés], TL 4,1631)
  • ⁠v.pron. “être couché (en parlant d’un animal en tant que constellation du ciel)” (1119, PhThCompM 1237 [li multuns En iceles saisuns Se gist en veritet Sur le destre costet (chap. De Ariete)]; 1527, TL 4,1632)
  • gesir a “être tapi devant (en parlant d’un animal qui guette un ennemi)” (1354, HLancA1 114,6 [Et si ensi ne poons encore le renard traire fors, il covenera le veneour affaire trenches et fossees en travers de pertuz, a plus pres q’omme poet de chien qui gist au renard, tantqe homme puisse ensi avenir])
  • ⁠v.n. “être étendu, être placé, se trouver (en parlant de choses)” (dep. 2et. 12es., CourLouisabLe 960 [Le bon espié li gist sor le pormon, Le sanc en raie desi a l’esperon; ms. c: pomon]; PelCharlK 740 [prenget la pelote ke en la cambre gist]; BrutA 7263 [Tint un grant pel en sun puin destre, A ses piez l’out gisant trové]; FloreaP 552 [→ 16°]; GraelentG 212 [une biche tote blanche, Plus que n’est noif qui gist sor branche; cp. VogelIntens 79-81]; MarieFabW 13,6 [furmages ki… sur une cleie giseient]; 52,23 [l’eschale vit gesir a terre]; FloovA 1315 [Il gardait devant lui, vit .I. carel (“carreau, pavé”) jesir]; ElieF 144 [Quant il voit le quintaine enmi le pré gesir]; ModvB2 8305 [Bien veit [l’em] gisir en cel pré Tant [bon] escu a or listé, Maint cler haume desenarmé, Maint brant d’acer sanz avoé]; FloovA 798 [Il a pris une lance qui gisoit a son chief]; 1056 [Richiers sesi Joieuse (l’épée de Charlemagne) qui gisoit joste soi]; RobDiableL 4250 [la coiffe blance Plus que n’est noif qui gist sor brance]; PriseCordD 1871 [Devent lui garde, vit jesir .ij. levier]; MortAymC 2188 [tant bele arme vit jesir par lo pré]; BodelNicH 779 [gist uns mahommés (“fétiche”) deseure, Ne sai ou de fust ou de pierre]; 1201 [Ves le la ou il gist a terre (le fétiche, Saint Nicolas)]; YderG 5339 [Desuz lor deis gist un cotials (“couteau”)]; ContPerc1tR 13396 [Si le (l’espee) remist par grant douçor Desus le pis au mort tot droit, Ausi com devant i gesoit]; AucR3 XII 26 [les flors… qui li gissoient sor le menuisse du pié par deseure]; HuonR 1279 [Sor une table voit un cotel jesir]; FillePonth1B2 147 [La dame vit une espee gesir]; Bueve2S 1037 [Un baston prent qui dedevant lui jut; id. Bueve3S 969]; DurmG 13441 [li grans faiz del cheval Gist sor sa quisse]; FergM 60,12 [Une roque que illuec gist A Fergus levee a son col]; MirAgn2K XIV 167 [E ces clefs gisir i vit En meme liu u ele les mist]; Apol2L 21,10 [vit le dit coffre gisant sur la rive]; JPrioratR 1541 [Une costume avoir soloient, Que tuit li chevalier avoient Sus lor hiaumes granz chapiax, Qui tuit estoient fait de piax, Enqui sus estoient gisanz, Et por ice que moins pesanz Lor an sambloit lor hiaumes estre; cp. li chevalier avoient sor lor hyaumes chapiaus de piaus JMeunVegR 28 (= ne gravis galea videretur in proelio homini, Texte lat. de Végèce)]; BibleHolkP 49,20 [e trovoyent une piere que out jeu grande pece enprés eus]; ChevPapH 84,36 [une piece crossee de bois… si la laissay la gesir]; [GodBouillBruxR 8381 [La sainte lanche… Gise fu sur l’autel, ou cascuns le baisa (éd. gisé “déposé”; corr. avec raison dans le gloss. par Gachet; Gdf 4,282a sub gis p.p. “déposé”)]], TL 4,1624 [cp. encore en mfr. frm. gésir par terre (en parlant d’un bâtiment détruit, d’un arbre, etc.) Cout. Courtrai [1719; trad. fr. de l’original flam. de 1550] 7,33, CoutGén 1,1035; Cout. Gand [1719; trad. fr. de l’original flam. de 1563] 25,33, CoutGén 1,1017; Cout. Bergh-StWinox 4,1, CoutGén 1,563])
  • “se trouver (dans un feu), être exposé (à un soufflet, au feu)” (1erq. 12es., BrendanW 1383 [Li post de fer… Tant est ruges cum si dis anz En fu goüst as fols sufflanz])
  • “se trouver (en parlant d’un objet qui se trouve dans la terre, dans la fange)” (fin 12es.; pic. déb. 14es., RobDiableL 4658 [Je sai mout bien u li fers gist… Desous l’erbe pres de l’araine Treve le fer repus en tere]; PassBonnesF 1085 [Lez faus Juïs ne sourent mie De ce mesrien (materiamen) la segnourie Que tant avoit jeu en vilté (en parlant d’une planche dans le fangier)])
  • “se trouver, être immobilisé sur terre (en parlant d’un bateau)” (ca. 1240; 13es., MirAgn2K XLVIII 140 [A ceo si veit devant li gysir Enz el sablun le vesselet]; DoonMayP p. 54 [Et trouva le batel a la terre gesant Et l’autre de ses fis, qui gesoit mort devant], FEW 5,1b [cp. mfr. gesir “se dit d’un bateau qui est à l’ancre en un lieu de sûreté” Froiss; tous basteaux gisants [1615] Cout. Bourbourg 1,7, CoutGén 1,482; frm. gesir en rades Termes 1693])
  • “se trouver posé (sur)” (av. 1310, ChaceOisI2H 83,6 [li fauconniers soutaingne le chapel a .II. des dois… en teil meniere que la partie dou chapel qui doit estre sus le haterel gise sus ces dois; cp. AnsCartA 11011 sub 16°])
  • “se trouver par terre (en parlant d’un membre séparé du corps humain)” (ca. 1174mil. 13es., BenDucF 26911 [Les membres qui en champ geseient Qui a lor cors ne se teneient, Blans esteient]; BatLoqR 1803 [S’orelle prist ki gisoit en l’erbier]; BueveAgnS 1860 [Il se regarda et vist illuc geser La brace Bonefey, son esquier]; HArciPèresO 3533 [E trova le chief d’un mort sur la terre gisant])
  • “être étendu (après être sorti du corps, en parlant des entrailles)” (Rol1ert. 13es., RolB 2247 [Defors sun cors veit gesir la buele]; CourLouisabLe 2155 [Sor noz arçons en gisent noz boeles]; AnsCartA 4317 [Par les cans gisent boeles et poumon]; Bueve1S 278 [Ains en seront trestout mi drap sanglant Et li boiel me giront de devant])
  • “s’étaler, se répandre (en parlant du sang)” (ca. 1100, RolS 1342 [Ki lui veïst l’un geter mort su[r] l’altre, Li sanc tuz clers gesir par cele place! (Cp. la remarque sceptique de Segre, mais les nouvelles attestations donnéees ci-dessus semblent justifier la lecture de O)])
  • “s’étendre (en parlant de la terre versée par une charrue)” (ca. 1285, HosebHenO 47 [e la terre qe gist cum ceo fust une creste en ceo reon desuz le pee senestre aprés la carue seit reverse; dunqe sera le reon assez estreit])
  • “s’étendre (en parlant de cheveux)” (ca. 1200, AthisH 2615 [Les chevols… Sor les espaules li gisoient])
  • “s’étendre (en parlant de la barbe [aussi en sens vertical])” (ca. 1100; 3et. 12es., RolS 1843 [Desur sa brunie li gist sa barbe blanche]; FierG 4686 [Pardessus la ventaille gist sa barbe mellee Dusques sur le braier, blance comme gelee])
  • “être placé autour du cou de qn (en parlant des bras)” (1354, HLancA1 140,12 [les queux douz braz vous soloient si doucement giser entour le cool])
  • ⁠p.prés. gisant “lisse, uni” (av. 1310, ChaceOisI2H 21,2 [La millors fourme des membres et la mieudre proporcions qui puisse estre es gerfaus est ceste, c’est a savoir que la souverainne partie dou chief soit ugaumant gisans, non pas emflee par en haut])
  • “couché, lisse (en parlant des sourcils)” [?]⁠ (ca. 1165, NarcisusT 93 [Cler et gissant fait (= Nature) le sorcil; v. la note, mais cp. l’attestation suivante!; gisant pourrait, en effet, avoir deux sens différents dans les deux passages: le premier en relation avec l’idéal de beauté, le second avec la laideur])
  • “recouvrant (les yeux, en parlant des sourcils)” (av. 1200, ContPerc1eR 2542 [Les oroilles lees et granz, Et les sorciz rous et gisanz Si que trestot l’oil li covroie[nt]; gloss. “pendant, tombant sur les yeux”])
  • gesir “s’étendre en direction verticale, tomber (en parlant des pans d’un haubert)” (ca. 1200, PriseCordD 2926 [Soz l’aubert jazerant l’an gessent li pen for])
  • “être étendu par terre (en parlant du bois)” (1332, PelVieS 9679 [Les bosqueillons, dis je, les bos Pou vendent mes sur les estos, Avant gisent grant piece jus Que il puissent estre vendus])
  • ⁠loc. subst. bois gisant “bois étendu par terre” (12591291, doc. 1259 DocFrHMarneG 109,4 [quatre charretes de buche de bois abatu et gisant]; doc. 1270 ib. 273,16 [ou il ne penrront mes que le boç gesant]; doc. Blois 1288 (vidimus de 1398) LabordeBourg 5300 (III,2) [il auront le bois sec, c’est assavoir le sec gesent a prendre et a enlever]; doc. 1291 JurésSOuen [Ceuls qui deivent la taille deu bois ont le vert en gesant et le sec en estant a ardre et a herbergier Gdf 4,268b], FEW 5,1b [la déf. “bois mort tombé à terre” (d’après Gdf) n’est pas correcte puisqu’on parle du bois vert, cp. bois vergisant “bois vert abattu par l’orage” Berry 1430-1447, Gdf 8,191b; FEW 5,1b, boys vergissant 1547 Gdf 8,191b; frm. bois gisant “bois coupé ou abattu, laissé sur le sol” dep. Mon 1636; ajoutez bois debout ou gisant 1594, Cout. Lorraine 15,19, CoutGén 2,1115; 1601 Metz, CoutGén 2,422; 1624 Gorze, CoutGén 2,1096])
  • ⁠loc. verb. a terre gesir fig.“être peu apprécié à cause de son caractère terrestre (en parlant d’une qualité morale)” (1em. 13es., DelIsrE 651 [Covoitise a molt de aguillons… A terre gist, a terre entent, Quar as deliz terriens tent]; cp. mfr. faire gire a ses piés “soumettre” FroissS II 269, Gdf 4,279c)
  • 2o⁠v.n. “être couché (mort ou blessé, en parlant d’êtres humains)” (fin 11es.ca. 1400, AlexisS 71d (= AlexislS 354) [suz mun degret gist uns morz pelerins]; RolS 1230 [Guardet a tere, veit gesir le glutun]; 1251; 1657 [L’un gist sur l’altre e envers e adenz]; 1694 [Tanz bons vassals veez gesir par tere]; 1852; 2025 [Gesir adenz, a la tere sun vis]; 2275; [2435 corr.]; 2876; 2885 [veit sun nevold gesir]; 2894; GormB 507 (= GormS 507) [La u jut mort le Satanas]; 554; WaceNicR 1343 [En sa chambre U le cors de l’enfant giseit]; BrutA 836 [L’arc ke Humberz teneit saisi, Parmi le chief tant l’enbati Que la cervele en espandi. Si compainun s’en sunt fuï; Si unt Humberz gisant (var. gesant) guerppi]; 2250 [ses enemis Qui giseient el champ ocis]; 4958 [li reis mort a terre jut]; 5006; 5536 [Dunc veïssez… nafrez gesir]; 5563; 8925 [Mielz vuill jo en biere gesir E en lunge enferté languir Que estre sain e en vertu E estre a desonur vencu]; 11860; 12247 [Le cunte troverent gisant Ensanglanté, l’alme espirant]; 12974 [E ocis gisir a muncels]; 13094 [Par la mer (!) mult de morz en gist]; ThebesC ms. S (app. I) 2928 [Ou tant giesent homme et cheval Qe j’ai occis]; BenTroieC 2597 [Mil en gisent sor la marine]; 3569 [gisent a denz]; 8147 [qui gist navrez]; 12814 [En gisent mil envers]; 17209; 20030; 20069; 20460; 22684; 23540; 29407 [Les chiés trenchiez, morz e sanglenz Gisent en la forest oscure]; Aiol1F 931 [l’abat mort… Que gisiés vous illeuc? Car levés sus!]; 3203 [chevaliers mors et sanglans, Qui remessent gissant parmi les cans]; BenDucF 27367; 18745 [Sus la terre gissent adenz, Mil en i unt les cors sanglenz]; 21294 [Cil qui gissent par les fossez]; 21322; 28614; PercH 3463; AiquinJ 1610; 1646; 1661; 1681; MonGuill2C 3907; AliscW p. 47,723; p. 51,792 (= BartschChrest 19,187); ChGuillM 194 [tost i purrad mort gisir]; 256; 415; 476; 1453 [en cendres… gisir]; 1889; 2340 [Bouches sanglantes gisent en l’Archamps]; 2689; 3287; BatLoqR 567 [En ma galie gist mors escervelés]; 2641 [li signor gisent geule baee]; 3501 [Tant ot sanié qu’il jut en pamison]; TristBérM4 4044 [Cil jut sanz lever sus l’eschine]; 4061; 4403; FloovA 540 [Illucques veïs[e]z tant cop doner de branc, Et Sarazins morir et mener mont vimant, .III. et .III., .VII. et .VII. gesir morz por les chans]; 1695; GregEzH 10,41 [li cors de lor amins gesivent per les desers]; MortAymC 2776 [Et de nos Frans jurent .M. par les prez Qui puis ne redrecierent]; 3662; AthisH 6449 [en feront seles voidier… Et maint vasal envers gesir]; BlancandS 6306 [Chevaus… Qui s’en fuient… Dont li signor gisent versé]; BodelNicH 466; EscoufleM 1225; Aiol2F 6082; 8426; PurgSPatrHarlV 260 [A terre jurent tous adentz, Tenduz lur bras en gise de crois, E gitterent orrible vois; combiné avec le sens → 11°]; 485; 289 [jut… envers]; ContPerc1tR 10923; 12249; 13363; 13365; 14192; 14231; 15251; 15254; AnsCartA 2472 [Des paiiens gisent par les cans li monchel]; 6478 [Tant cevalier gisent a ventreillon Outre lor gré, n’est pas pour orison (cp. 11° “être prosterné”)]; HuonR 1144; 1249; 1371; 2544; Bueve2S 11114 [l’enfant, Dedens l’estable le truevent mort gisant]; 15075 [Dis mile en gisent contre val en la pree]; DurmG 2588; 2606; Bueve3S 5531; 5600; ComtePoitM 1615 [Maint chevalier i font caïr Et a la terre mort gesir]; ArtusS 287,25 [des navrez plus de .c. qui jurent aval les chans]; GilChinP 2485 [Les Turs truevent qui mort estoient, Qui par la campaigne gisoient]; ChastVergiS 892; AntAnW 745 [E gi(i)ront sor la terre mort; gloss. girer (?) infinitif mal reconstruit; la déf. “tourner, errer” ne convient pas; à supprimer FEW 4,358a]; 749; Pères10C 825; Pères31M 529 [Le seneschal qui jut adenz (mort)]; AliscmH 406 [Vivians lascent jaschant sor le sablon]; Loherains ms. Berne Gdf 4,267a; ApocGiffR 1982 [les genz sur la tere lur cors gisir verrunt… e ne sufferunt ke il seient mis en la terre]; 2021 [gisir mort sur terre signefie Ke les genz del munde averunt grant hydur]; RosemLec 15098; 15429; 21264 (cp. → 13°); PurgSPatrBNfr25545M 512 [A ce champ vint li chevaliers… Tous plains fu d’uns et d’autres gens Tous nus contre terre gisens]; NicBozCharV 149 [Kant ly chetif est mort e gist sur la bere]; FoukeB 23,11 [vyrent lur pieres e lur freres gisir, detrenchez, par les rywes]; BibleHolkP 10,8 [mort yl gyit]; GeoffrParChronD 1292; 1322 [A tas, a monciaus assemblez, Aussi com l’en assemble blez Et gerbes en aoust, Gesoient il de bout en bout, Ci vint, deuz cens, ci quatre vins, Uns en uns et autres souvins]; 1561; 7589 [La nuit gisoient toutes nues Les bones genz par mi les rues (par mortalité et famine)]; francoit. ca. 1330 HuonAuvbS3 9561 [le çaitif voy a dos (et) a troy em biere Jaisir (en enfer) cum mors, vespes et verminere Le manjuent son cors]; TombChartr11W p. 68 v. 164 [Hor du moustier convint lors traire Les corps qui trop apertement Jesoient sur le pavement, Quar ceulx demourer n’y povoient]; TombChartr18S 827 [Quant devant moi te voi gesant En la biere, mu et tesant]; ChevPapH 23,35; HugCapL 267 (p. 11) [le secont et le tierch va a terre gissant]; [ca. 1400 LettrOxfL IV 17 [lui lesserent giser pur mort]], TL 4,1623)
  • ⁠v.pron. "id."⁠ (1em. 12es.mil. 13es., GormB 265 (= GormS 265) [Mort t’en girras sur le sablun]; BrutA 12911 [Cil ne dit mot, ki mort se jut]; 11805; BenTroieC 27629 [Adenz se gist sor le rochier]; 16361; RouH III 1126 [Fors un sul ki grant mal aveit, Ki sur un tertre se giseit; KellerWace 320b]; ChGuillM 1930 [Li Sarazin se jut en mi le pré]; 2178; BatLoqR 3366 [Tous cois se gist et tot soffrir volra]; MeraugisF 4630 [L’Outredoté qui se gisoit (mort) Tot envers]; TroisBoçusJ 200 [Du tiers boçu qui la se jut (mort)]; RigomerF 1239 [Uns chevaliers se gisoit sus (sur un brancard), Qui d’une lance estoit ferus]; 1253, TL 4,1631)
  • i gist, gist (emploi impersonnel)⁠ (ca. 11701erq. 13es., BenTroieC 7150 [Set cenz en gist par le sablon]; 20004 [Mil en i gist des abatuz]; BenDucF 18661 [Sachiez tant en i oct ocis Que poi en retindrent des vis. Alas! tant en i gist d’envers!]; AnsCartA 6440 [Plus de .II. mil en i gist enverses])
  • ⁠loc. verb. gesir souvin “être mort” (1277, AdHaleCongéR 156 [Et serai fors et vertueus Et drois quant il gerront souvin; cf. souvin “couché sur le dos” FEW 12,443b; cp. souvin dans l’ex. GeoffrParChronD 1322, et gesir adenz, ex. ci-dessus 2° RolS 1657; 2025; BenTroieC 3569; 27629; BenDucF 18745; PurgSPatrHarlV 260; Pères31M 529; cp. sub 3° GaimarB 178; gesir a ventreillon AnsCartA 2472; gesir envers BenTroieC 12814; PurgSPatrV 289; MeraugisF 4630; AnsCartA 6440; envers gesir AthisH 6449; gesir d’envers BenDucF 18661; gesir versé BlancandS 6306])
  • ⁠loc. verb. gesir en biere “être mort” (ca. 1170déb. 13es., BenTroieC 22594 [E bataille grant e pleniere Tel dont set cent jurent en biere “rester mort sur le champ de bataille”]; EstFougL 1036 [Por plus crual et por plus fiere Tien ge fame qui est sorciere: Enplastre fet de tel meniere Dom meint prodome gist en biere]; AimeriD 1761 [Qui n’ont mestier fors que gesir en biere])
  • “être couché (mort ou blessé, en parlant d’animaux)” (1em. 13es.ca. 1316, ComtePoitM 639 [qui a mort le malfé (= le lion) Qui gist mors les le sicamor]; DialSJulB 1779 [Ly leon tost aprés morust; La charoine del leoun jut E porri tote, e devint terre]; GeoffrParChronD 947 [Maint destrier a terre gesir])
  • 3o⁠v.n. “être couché au lit (ou sur une peau, etc.) pour se reposer, pour dormir” (fin 11es.16es., AlexisP 55d [Fors sol li liz ou il ad geut (v. p. 127) tant; → 5°; 8°]; AlexisS1 50a [Soz le degrét ou il gist sur sa nate; = AlexisP 50a; AlexisS2 246]; WaceConcA 975 [Enz en sun lit la u il jut; KellerWace 320b]; PelCharlK 620; FloreaW 2637 [Floires o s’amie gisoit]; RouH III 754; BenDucF 13665; PercH 670 [El lit tote sole gisoit; PercH 670 ms. B: El lit une dame gissoit]; ChGuillM 2863 [Amis, frere, en cest lit girrez]; TristBérM4 765; RCambrM 5132 [si prés giure[n]t ambedui li guerrier, Qe l’uns vit l’autre remuer et couchier]; DesiréG 25 [Une nuit jurent en lor lit]; FloovA 796; AubereeC 188; AucR3 XI 19; XII 5; YderG 1755; CantLandP 1177; 1349; AnsCartA 6245; HuonR 5871 [En son lit jut et ne pot reposer; Amors le point]; FillePonth1B2 36 [Une nuit, jut mesire Tiebaus en son lit et pensa]; Bueve2S 124; DurmG 4105; Bueve3S 83 [Guis… Jut les sa femme, que il tient pour amie, Mais il n’avoit si mortel anemie]; BueveAgnS 2113; BarbMéon 4,420 (De Guillaume au faucon); HArciPèresO 1661 [E prent cheun jur sa pel sur quei soleit jesir]; JoufrF 4091; 4172; BaudSebB XXI 733 [aucum qui n’ont discretion Fors gire en leur biaus lis; Gdf 4,279c; TL 4,1624]; [Chastell 27 [un povre homme gisant en son literon]], TL 4,1625; Gdf 4,267b)
  • ⁠v.pron. "id."⁠ (ca. 11003et. 14es., RolS 2513 [Clere est la noit e la lune luisant. Carles se gist, mais doel ad de Rollant]; BenTroieC 14937 [Li liz en que se jut Hector]; BenDucF 18219 [Uns qui se jut eu paveillon]; RouH III 635-640 [Sire…, Je soil en vostre lit gesir E soil faire vostre plaisir. Or(e) gis el mien, si me gerrai Sur quel costé ke jeo voldrai; Dame sui, si giés en mun lit, Si me gerrai a mun delit; KellerWace 368a]; YvainF 5363 (= YvainR 5357) [Un riche home qui se gisoit Sor un drap de soie, et lisoit Une pucele devant lui An un romanz]; PercH 670 ms. U; 3195 ms. S; 3348; AimonFlH 7790 [Un poc se gist, et puels se vire]; EscoufleM 7188 [Li cuens qui se gisoit s’asist]; GaceBruléD *12,13 [Quant je me gix dedens mon lit Et je regairde en coste mi; cp. BartschChrest 54b,13]; YderG 1122 [Au lit son seignor est venuz Qui se gisoit encor tut nuz]; FolTristOxfB 740 [En vostre chambre u nus jeümes]; ContPerc1tR 9835 [Et tant c’un matin me gisoie en mon paveillon, si veilloie]; CheviiEspF 962 [La ou li rois Ris se gysoit]; Bueve3S 265 [Li quens se gist… Les sa moillier… Cuide que l’aint; prob. “se coucher”]; Gontier de Soignies [Quant je me gis, si m’en porchas TrouvBelg2 12,29]; Pères64B 643; 645; De Guillaume au faucon [Mais s’il seüst bien l’aqoison Por qoi Guillaume se geüst Ja du lit ne se remeüst BarbMéon 4,421,472]; JoufrF 4132 [Et tu, qui es, li cuens a dit (au comte Robert qui se trouve déjà dans le lit), Qui ci te gis? Cil respondit: Et je sui ge! Volez vos rien? – Vos? fait li cuens, or estes bien! N’est ce mis liz o vos gisez?]; 4078; MenReimsW 86 (MenReimsS p. 598) [Or avint que li rois Richarz se gisoit une nuit en son lit]; ClefD 2493 [Se tu te giez nue ou vestue, A fin que pas ne soit seüe Ta petiteche et ta mesure, Faire doiz langue couverture], TL 4,1632; Gdf 4,268a)
  • ⁠loc. verb. gesir durement “avoir un lit dur” (ca. 1320, CiNDitB 206,6 [vivent povrement et sont vestu froidement et giesent durement et ordement])
  • ⁠loc. verb. gesir (sur un oeiler) “se coucher (en mettant la tête sur un oreiller)” (agn. déb. 14es., NominaleS 249 [gisent sur un oreiler])
  • ⁠v.n. “être couché pour se reposer” (ca. 11702eq. 13es., BenTroieC 3388 [Sor un feutre d’un paille bis Jut en l’ombre d’un ciparis]; CantLandP 2304 [Dolce, tu ies jardins enclos Ou ge sovent gis en repos]; RoselLec 3654 [le peïsant desoz un aubespin gisant]; EustMoineF 1031 [Orendroit mout a aise gist Dejouste .j. bon fu de carbon, S’a assés car et venison])
  • ⁠v.pron. “se coucher, être couché pour se reposer” (ca. 1160ca. 1238, Aiol1F 1535 [En l’onbre d’un lorrier grant et foilli Sor l’erbe se gisoit uns pelerins Qui vient de Iursalem de dieu servir]; MortAymC 636 [L’amiral trovent desoz un pin foillu Lez un piler de marbre ou il se jut]; PéanGatS1 820 [Ainz se jut et se reposa]; FolLancB p. 41,212 [entre en une chambre ou Lancelot se gisoit tous vestus])
  • ⁠v.n. “être couché pour se reposer (en parlant d’animaux)” (ca. 1180; déb. 13es., MarieFabW 26,9 [Jeo (le chien) manju bien, si ai asez, E süef gis, quant pluet le jur]; AmbroiseP 1574 [D’un mois qu’orent en mer esté (les chevaux) E sanz jesir toz jorz esté])
  • “être couché pour dormir” [attestations en combinaison avec dormir]⁠ (1erq. 12es.ca. 1256, BrendanW 812 [De beivre trop sanz mesure… Tant em pristrent… Dum il dormant giseient jus; Qui trop beveit giseit enclins, Tel jurn, tel dous, tel tres entrins (lt.: dormivit)]; GaimarB 178 [Des qu’il unkes el lit veneit, Adenz giseit, si se dormit]; BrutA 8274 [gesir en pais e dormir]; 8511 [Paiens troverent tuz gisanz, Tuz desarmés e tuz dormanz]; SThomGuernW1 325 [Les le lit a la tere jut Thomas li senez… E dormi fermement]; BenDucF 37601 [Ou cil geseient endormiz]; MarieFabW 48,1 [D’un larrun cunte ki giseit Suz un buissun, si se dormeit]; PhilomB 654 [Cil qui gisoient an la couche A mout grant eise se dormoient]; DesiréG 669 [En mi la chambre estoit .j. liz… .II. damoiseles i gesoient, Mien escïent qu’eles dormoient]; ModvB2 8583 [cest felun… En sa maisun jut endormi]; DurmG 5043 [Cant virent le jor esclairier, Dont ne jurent plus ne dormirent, Ains leverent et messe oïrent]; AldL 21,29 [quant il commence a dormir, qu’il gise sor le destre costé], TL 4,1624; 4,1625)
  • ⁠v.pron. “se coucher, être couché pour dormir” [attestations en combinaison avec dormir]⁠ (ca. 115013es., WaceNicR 1463 [Quant la noit en dormant se jut, Seint Nicholas lui aparut; KellerWace 320b]; BrutA 678 [Puis ad pris le quir de la bisse Dunt il out fait le sacrefice; Jus a la terre l’estendi, Desur se jut si s’endormi]; 2169 [Une nuit que cil se giseit E tut aseür se dormeit]; TristBérM4 1729 [Tristran se jut a[n] la fullie; Chau tens faisoit, si fu jonchie. Endormiz est]; HunbautB 1886 [Mesire Gauvains se gisoit Et dormi dusqu’a l’endemain], TL 4,1631)
  • ⁠v.n. “dormir (en étant couché)” (ca. 113914es., GaimarB 317 [La nuit jurent desqu’al cler jor]; CourLouisLe 1619 [J’ai mout de gent que ge doi herbergier… Et par les loges gisent li chevalier]; SSagOctM 4229 [Et [l. En] son lit jut et si sonna C’une biele dame aenma]; BrutA 6908 [tu me lai… Un recet clore e enforcier. En tant de terre, plus ne quir, Cum jo purrai un quir estendre E od le quir entur purprendre. Si gerrai plus seürement; TL 4,1629 sub “(übertr.) sich befinden, in einer Lage sein”; KellerWace 208b définit “demeurer”, ce qui est également possible, → 5°]; FloreaW 2652 [si les esvillerons. Cil les descoevre: s’aparut Que cil est hom qui illuec jut]; MarieLaustRi 109 [Des or poez gisir en pais; Il ne vus esveillera mais!]; BenTroieC 23734 [La nuit jurent seürement En la cité, → 4°]; PercH 3339 [Je m’an irai, ne vos enuit, Leanz an ma chambre gesir]; TristBérM4 655 [Tristran gist devant ton lit]; AimonFlH 5475 [Et por jesir et por maingier Je vos ferai bien aaissier]; ElieF 1042 [Cele nuit gut Elies dedens le gaut ramé; cp. → 4°]; RobDiableL 1183 [Par desous un degré gesir (→ 5°)]; 1254; SGenB 2940 [L’euë… Le lit entor avironoit O la virge gesir soloit]; AubereeC 529; AmAmH 2964 [Dedens la chambre s’en est moult tost alez Ou li anfant gisoient lez a lez]; MuleJ 561 [enz en cest lit Sanz chalonge et sanz contredit Girras tu toz seus anuit mes]; DoonRocheM 320 [Cele nuit jut Gregoires de ci que au matin]; AucR3 XXIV 57 [si gist a pur l’estrain]; PercDideR 255 [Si le covint le nuit gesir en la forest; gloss. “to lie, recline, go to bed”]; RègleSBenNicH 878 [Iluec ou il en somne just]; FolTristBernH2 195 [Qant vos nos trovastes gisant Dedanz la foillie, estandu Entre nos deus mon branc tot nu!]; AnsCartA 11188 [Chele nuit gut en la sale pavee]; FillePonth1B2 406 [La nuit a aise jurent]; TristPrC 372,14 [dit il qu’il ne gerra plus; gloss. “rester couché”]; BibleGuiotW 1338 [Chascuns fet par lui sa cuisine. Tuit menjuent sol, et sol gisent]; HAndVinbA 150 [Mes (les vins de) Vermentun, S.Brice, Auçuerre Si font les genz gesir au fuerre]; FolLancB p. 46,442 [Et gisoit Lancelot mainte nuyt devant son hostel; gloss. “sleep, spend the night”, cp. 4°]; FillePonth2B2 159 [La dame va cele part u mesire Tiebaus giessoit et voit une espee jesir (→ 1°) a tiere]; DialSJulB 1160 [A une nuit, cum il gisoit, En la dolour ou il estoit, Vint son pere visablement; cp. → 19°]; 1290 [Gernaud songa la ou gut, Ke un homme devant ly estut, O bel semblant]; JoufrF 1917-21 [En icest lit faisoit acroire A la gent que la nuit gisoit Et ses conpainz qu’a lui estoit. Mais i mentoit, n’i gisoit pas. En plus bel lit, en plus blans dras Gisoit et en plus mole coutre]; AliscmH 2234 [Ne non gerai de sor coste plumee]; Du prestre et du chevalier [J’amaisse mieus gesir em pais MontRayn 2,63]; MenReimsW 81 (= MenReimsS p. 597) [vint en sa chambre ou il gisoit, et prist sa viele]; RutebF 2,p. 216,82 [un bergier Fesoit ele si tres biau lit C’uns rois i geüst a delit]; SeneschO 57 [e la faude seit bien estramé de litere ou de feugere…; e il memes (le vacher) i gise lez nuyz [ové ses vaches]]; ClefD 3090 [Aussi faint bien fame par bole Estre enferme pour gesir sole: Lors puet bien toute la nuytie De son ami estre atouchie; → 12°]; JPrioratR 5452 [Prouz homes qui de nuit negisent Qui ne crient ne mot ne sonent; Le gait tote nuit environent]; CiNDitB 376,4 [Li bons Uries se coucha touz armez a la porte du palaiz royal. Lors li demanda li royz pourquoi il n’avoit geu en sa maison]; doc. 1347 [Item, un grand Lit fourni, sans couvertoir, ouquel elle gisoit BEC 39,1878,99]; [GesteMonglD 2459 [‘Or me laisser ester’, dist Robastre le gris, ‘Car se Dieu y venoit, le roy de paradis, Si gerroit il a terre et j’aroye les lis’]])
  • ⁠prov. Tiel gist sur cuilte qui ne dort si suef (3et. 12es., ChGuillM 2895)
  • ⁠prov. Tot ne geisent il pas sus plume (1262, MirNDChartrK XVII 10)
  • ⁠loc. verb. gesir en flairor et en thai [“boue, fange”] “se trouver dans un état pauvre et misérable” (ca. 1200, PoèmeMorB 1187 [Laidement ai vescut, laide maison avrai. Digne sui de gesir en flairor et en thai])
  • ⁠loc. verb. gesir sor le fautre "id."⁠ (déb. 13es.déb. 13es., BibleGuiotW 1219 [Li uns d’aus n’a pitié de l’autre, Quant le voit gesir sor le fautre])
  • ⁠prov. On doit bien savoir en quaresme ou len mangera, et en yver ou len gist (fin 13es., ProvM 1451)
  • Len deyt garder ou len gist en yver et ou len dine en quarreme (14es., ProvM 1459); [Qui mal faict son lict, Mal couche et gist 16es., Meurier 395]; prov. concernant les animaux → 4°⁠
  • ⁠v.pron. “dormir (en étant couché)” (ca. 1139mil. 13es., GaimarB 2673 [La nuit se jut mes le matin Vers Everwic tint sun chemin]; Aiol1F 1878 [La nuit se iut Aiols dessi a l’esclairier, Que il reprist ses armes et monta el destrier]; DoonRocheM 168 [La duchesse se gist en sa chambre leenz]; AubereeC 551 [Ainsi lez sa fame se jut Li borgois, tant que jors parut]; AubereeE 555 [Quant li solaus amont se hauce, Li borgois se vest et se chauce Et lest sa fame qui se gist]; Bueve2S 4526 [Court a la chambre ou Achopars se gist]; HuonR 7100; 9110 [De l’unne part se gist Hues li ber])
  • ⁠loc. verb. aler gesir “aller se coucher” (ca. 11601em. 14es., FloreaW 2191 (= FloreaP 1960) [A tant boivent, si vont gesir; Por le penser laist le dormir Floires]; BenDucF 36277 [Tuit s’esteient alé gesir Por reposer e por dormir]; CligesF 3332 (= CligesM 3290) [Quant ore fu d’aler gesir]; HermValBible [Or vous gisés, biaus pere, bien: venrés dormant BartschChrest 23,75]; RobDiableL 1331 [desos la vaute coverte Aloit gesir avoec le chien]; PercDideR 1806 [tu as geü deus nuis a le maison le vavasseur, la u tu voloies ore aler encore gesir; plutôt “aller passer la nuit” → 4°]; EscoufleM 3845 [alés gesir huimais]; ContPerc1tR 6798 [Leur lit sont fait, si vont jesir]; FillePonth1B2 79 [Li lit furent aparellié, si vont jesir]; BlancandS 461 [Puis si se sont alez gesir, Por reposer et por dormir]; GilChinP 789 [Et quant fu tans d’aler gesir, Li lit sont prest, si vont dormir]; Pères32M 196 [Quant orent mengié par loisir, Si fu heure d’aler gesir]; ClarisA 3711 [Quant mengié orent par lesir, Si fubien tens d’aler gesir]; doc. 1318 [et aloit gesir VarinArchReims 2,1,p. 220; CXCVII]; EntreeT 8217 [si sunt allés geisir])
  • ⁠loc. verb. s’aler gesir "id."⁠ (ca. 116014es., FloreaW 388 [Quant Blancheflor s’ira gesir Jouste soi et le baisera, Le fruit de l’ente cuellera (FloreaP: verra gesir)]; AimonFlH 2345 [Florimons c’est alez jesir, El lit reposer et dormir]; 5640 [La maistresce jesir s’ala]; De la damoisele qui n’ot parler de fotre [Et Daviez s’ala gesir En la chanbre o la damoisele MontRayn 5,28]; [GesteMonglHernD 1406 [Et cil sault de son lit ou il s’alloit gesant]])
  • ⁠v.n. gesir "id."⁠ (4eq. 12es., TristBérM4 1614 [Dont lieve au main ne gist au soir (dans la forêt)])
  • ⁠v.pron. "id."⁠ (ca. 1177ca. 1280, LancF 5549 [fu desarmez et se gisoit An un lit qu’il mout po prisoit (“legte sich” TL 4,1632)]; RicheutL 1318 [En la maison se gist toz liez]; Bueve2S 338 [Li dus se gist… Les sa moullier, dont n’a nulle doutance Que mal li face]; 11474 [el palais… La se jut Bueves… Ne repousa cele nuit, ne dormi]; Pères17C 360; Pères19M 61 [La dame une nuit se gisoit Et a son fol talent pensoit]; ClefD 3258 [Trop est lede chose et huee Quant fame se giest enyvree (“se mettre au lit (en vue de débats amoureux)”)])
  • ⁠prov. Qui sera dangereux si se gi(e)se tout seul (2em. 14es., ProvM 2133)
  • gesir (en berz, en creche) “être couché (dans un berceau)” (ca. 11501262, WaceNicR 61 [Uncor petit en berz giseit, De sul la mamele viveit, KellerWace 320b; TL 4,1624]; SThomGuernW1 187 [em berz giseit li emfes descuvert; TL 4,1624]; CantLandP 3172 [Li Rois ki tot le mont adresce, Deigna gisir en une creche]; MirNDChartrK VI 22 [Petit enfant qui alestoit Et en berçuel gesant estoit])
  • ⁠s.m. gesir “fait d’être couché (pour se reposer, pour dormir)” (déb. 13es.ca. 1350, YderG 1835 [Yder, a qui le gesir grieve, Se vest et chauce]; RoselLec 2481 [Gesirs est aniieuse chose Quant l’en ne dort ne ne repose]; CharnyChev [Si leur souffist mielx cil repos et cilz gesirs Gdf 4,268b]; BeaumCoutS 456 [son lit tel comme ele l’avoit acoustumé plus communement pur son gesir])
  • 4o“passer la nuit quelque part, camper” (ca. 110015es., RolB 973 [Gesir porrum el burc de seint Denise]; WaceNicR 157 [L’ostesce u il aveit jeü, U il le seir herbergé fu]; FloreaW 1493 [Cele nuit a un castel jurent U il moult bien herbergié furent]; BenTroieC 4638 [jurent la nuit a Tenedon]; TristThomB 1207 [une cité U Marke deit la nuit gisir]; RouH II 4306 [La dehors de cele eve vint une nuit jesir, KellerWace 316a]; III 5146 [La vile fu par tot(e) garnie, Que li reis jut en l’abeïe; KellerWace 208b définit “demeurer”, mais v. aussi TL 4,1629]; Aiol2F 6512 [Chele nuit gut Aiols a Mongraille la vile]; YvainF 5863 [An un ostel bas et estroit Fors del chastel cele nuit jurent]; PercH 1884 [je jui chiés un prodome an un chastel, Ou j’oi ostel et bon et bel]; 3494; 5657; MonGuill2C 2777 [Ainc n’i trovai maison n’abitement, Au camp ait jut, a la pluie et au vent: Or me herberge, se toi vient a talent]; 5673 [quels osteus est ce chi? Jou n’i porroie ne entrer ne gesir]; 5711; TristBérM4 1421 [Cele nuit jurent chiés l’ermite]; 2820; RCambrM 1255 [La fors es prez firent lor tré drecier: La nuit i giurent de ci a l’esclairier]; AmbroiseP 420 [E furent bien esmé cent mile, Dont li plus gisoit par la vile, Li rei ne furent herbergié Ne en vile ne en vergié]; MortAymC 2018 [Cele nuit jurent entre l’eve et la broille]; 2916; ContPerc1eR 2125 [N’oi pas annuit molt grant delit De bon ostel ne de bon lit, Ainz jui armez an tel maniere An celle forest la ariere, S’a tote nuit pleü sor moi]; ContPerc2eR 24714 [Diex, aïde! fait il, je gui Annuit au Chastel au Pucelles]; BlancandS 6161 [La nuit jurent enmi la pree]; VengRagF 3923 [Si jui anuit a Roëlent]; VillehF 369,7; 440,1; 470,5; MeraugisF 3515; AnsCartA 7756; 8061; HuonR 4682 [Quant nous geümes en ce pré verdoiant]; FillePonth1B2 74 [Une nuit, jut en une boine ville]; CheviiEspF 3245; Bueve1S 7366 [gesir i voil anqui a l’anuitant]; Bueve2S 5386; 11408; 18615; DurmG 5014; 5128; 9354; MonArrD XXXVIII 20 [Je n’ai ne maison ne ostal. Si i porroit uns rois gesir]; PéanGatS1 1218; 1219; BesantR 1816 [Qui a la cité gesir vont]; ViolB 778; EustMoineF 879; GilChinP 2201; 4471 [A Joëgni jurent la nuit A grant joie et a grant deduit]; 5484; ArtusS 215,39; Du prestre qui ot mere a force [Jamés du mien ne mengerez, Ne ne girrez en ma meson BarbMéon 3,191]; TroisAvG 240; MenReimsW 128 (= MenReimsS p. 610); MirNDChartrK IV 255 [avec construction impersonnelle: Et en avoit tant en l’iglise Qu’il n’i poaient en nulle guise, Eins convenoit qu’il en geüst Et, au souper, se repeüst Ou cloistre la greigneur partie]; X 34; XXIII 258; RutebF 1,p. 369,861; 2,p. 32,398 [S’ele dormi, ce ne fu gaires: N’ot pas toz jors geü en aires; gloss. gesir en aires “passer la nuit couché par terre”; cp. je jerré en ceste aire, Et cist chevaliers en mon lit (ca. 1200 ChevEspJ 456; = Méon 1,141)]; EtSLouisV I 57 (t.II p. 81) [et i doit gesir toutes les nuiz (au château pour faire la garde); même texte dans CoutTourAnjV 47, ib. t.III p. 26 et dans l’Abrégé Champenois 106, ib. t.III p. 170]; HemH 983; doc. 1280 OrdLMestD 448; SMathelinR 773 (ZrP 39,42); doc. 1295 CensHerchiesM 198,1; doc. 1320 Morlet 353 [gesir a Bullon]; CiNDitB 346,7 [Et la nuit jurrent chiez un riche homme, ou il furent mal hebergié]; 491,1 [toutes les villes ou il areistoit pour mengier ou pour jesir]; 584,5 [Et j’ai ennuit esté si povre que j’ai jeue toute veistue chiez une povre fame, par diseite de plus grant maison]; 1322 Hist. de Metz Gdf [Ne ne puieent gizir an Mes, ne en bours de Mes], Gdf 4,267a [sens non différencié]; TL 4,1628 [“lagern, übernachten”]; FEW 5,1a [afr. mfr. “passer la nuit quelque part”]; attesté encore en mfr.: gire “id.” FroissMelL 11705; gesir AnglureB 272 [venismes gesir es desers]; doc. 1400 Morlet 353 [gesir en ville]; Bourgogne 1459 [pourveu qu’elle retourne gesir la premiere nuit de ses nopces en son meix et heritages CoutGén 2,1201a; Chastell [le duc… alla gesir a Heclo Heilemann 27])
  • ⁠prov. On doit bien savoir ou en gi[s]t “il faut être prudent pour éviter des risques” (13es., ProvM 1452)
  • ⁠s.m. “le fait de passer la nuit chez qn” (mil. 13es., Pères24M 82 [Moult i estoit bien receüs Et d’uns et d’autres chier tenuz, Sanz ce que mie n’i mengoit, Ne au gesir ne demeroit])
  • “passer la nuit (en parlant d’animaux)” (ca. 11801560, MonGuill2C 5712 [Vous ne porriés en mon hostel gesir; Et ou girroit vos destriers arrabis?]; GarLorrP 1,p. 18 [Lor chevaus font gesir ens aus moustiers]; MenReimsW 241 (cp. MenReimsS p. 639) [et faisoit les bestes gesir es moustiers et es eglises, et ne se menoit mie comme bons crestiens]; doc. 1270 DocFrVosL 139A 11 [Et lor ai donei et otroié que lor bestes puissent gesir et demorer une nuit en la senmenne… en banz de Donremei], cp. aocc. jasser “reposer (des bestiaux dans les pâturages)” 1478, etc., FEW 5,1a; attestations en mfr.: Boulogne 1495,133 [à celuy ou ceux en qui dismage les bestes à layne gisent et pernoctent CoutGén 1,38; même texte 1550, Cout. Boulenois 145, CoutGén 1,60])
  • ⁠prov. la ne gist pas li lievres “le problème est ailleurs” (ca. 1275, CassidP 74 [cp. au sens concret ca. 1230: firent saillir un lievre qui se gisoit en un garet GuillTyrP 2,p. 87, → 1°]), ailleurs gist li lievres (3et. 13es. LaurinT p. 112), le lievre gist en autre buisson (ca. 1320, Apol3L 75,7 [Et cuidoit Appollonius que ce fust ly maulx que les femmes me puevent eschieuwer, mais le lievre gisoit en autre buisson]; d’où par contrepèterie: en autre lievre gist li bus (fin 12es. BodelNicH 822)
  • ⁠prov. tant grate chievre que mau gist “si l’on dépasse la mesure, il en résulte un mal au lieu d’un bien; provoquer une mauvaise situation (cp. éveiller le chat qui dort)” (ProvVilT 61 var. avec note; ProvM 2297 [= ms. fin 13es.]); tant grat(t)e chievre ke/que mal gist (ErecR 2584; OvArtPrR 41; RomPast II 12,72; Pères20D 1 (p. 356); ProvRurU 144; MenReimsW 119; HuonDescrL 12; RutebSYsabF 1610); tant grate kievre que mal gist (EustMoineF 1239; MenReimsS p. 607; 668); tant grate chievre que maugist (hap. 13es., MesdPerrinL 83, Gdf 5,120b; TL 5,1293; FEW 5,2a [afr. maugesir “être mal couché” hap. 13es.]; cp. ci-dessous FroissPriseF 3010), [encore en mfr. tant grate chievre que mal git (1364, GuillMachVoirP 7968), tant grate chievre que maugist (1373, FroissPriseF 3010), tant grate chievre que mal gist (Villon, BurgerLex)]; tant grate kievre en graviele K’ele est mal gisans! Si est il d’aucuns amans (AdHaleChansM X 3,1; v. aussi le long commentaire de Berger dans AdHaleChansB p. 168s., avec renvoi à d’autres passages [Gdf 5,120b cite le même passage avec la graphie maugisant; cp. mfr. malgisant “mauvais sujet” s.m. et adj. Pasquier – Cotgr 1611, FEW 5,2a; Pasquier, Lettres familières, éd. Thickett 1974, p. 191; 218])⁠
  • gesir “passer la nuit sans être hébergé” (ca. 1275; ca. 1320, BerteH 1311 [Ennuit me sui ou bois toute seule geüe (en errant à travers la forêt)]; CiNDitB 376,5 [Ja ne m’aviengne que je soie venus prendre mes deliz en ma maison et mi compagnon gisent touz armez en la batalle])
  • ⁠v.a. “héberger (qn)” (doc. 1409 [faire une chambre pour gesir les demoiselles de madame de Coucy Morlet 353])
  • 5o⁠v.n. “demeurer, habiter, vivre” (fin 11es.1598, AlexisS1 50a [Soz le degrét ou il gist sur sa nate; = AlexisP 50a; AlexisS2 246]; 53a (= AlexisP 53a; AlexisS2 261 [Suz le degrét ou il gist e conuerset; ou plutôt → 3°?]; BrutA 13569 [A sun ués fist faire une tur U il esteit tut a sujur; Iloc esteit, iloc giseit, Iloc jueit, iloc dormeit]; ModvB2 3164 [(Eles volent) melz le liu guerpir K’i en travai[l] ici gisir (au couvent)]; RobDiableL 4586 [la desos u il gist Sos la vaute de la capele]; 4611 [Qui sos les degrés gist descaus]; OrsonP 1531 [Home samble sauvage qui ait jeü an bois]; PéanGatS1 7597 [A gent qui nest en Denemarche Covient que mainte terre marche, Car trop creist et trop monteplie. Por ce fut costume establie Que cil qui dou païs estoient Checun cinc anz sors giteroient, Et cil sus qui la sorz cherroit En la terre plus ne gerroit Einz s’iroit aillors porchacier]; ArtusS 318,6 [a chascun pont avoit bone bretesche fort et haute ou les gardes gisoient qui le pont gardoient]; DialSJulB 1269 [Un homme estoit de grant linage, E jiust en la cité de Cartage; Clerc fu, e bon fisiciens]; CristalB 5878 [Car en cele fontaine gist Uns diables, qui chi me mist]; 5939; 6012; 6068; AliscmH 875 [Bieus sire nes, tant vos avoie amé, Set anz tos plains yeüs a mon costé]; CoutNormT LXXXII 2 [Se il s’essonnie de voie de cort, il le puet fere par un home qu’il die ou il gist e qui di[e] que il venoit o lui]; RosemLangl 11316 (RosemLec 11286) [N’en fondaient palais ne sales, Ainz gisaient en maisons sales; gloss. “habiter”]; doc. Liège 1287 [summes nos accordeis que li englieze S. Lambert puet avoir II ou III marliers lays, sens fraude et sens malengien, qui giront continuelment dedenz l’englieze, et feront l’office delle marlerie en leurs propres personnes par tous temps, ensi comme de soneir les clokes et des aultres chouses qui y afferont jour et nuyt CoutBelg V 1,399]; ca. 1335 TombChartr18S 793 [Vez ci un pelerin estrange Qui a… Ceens die [et] set anz geü… Ne savion qu’il fust malade (cp. 8°)], FEW 5,1b [“séjourner, demeurer” Cristal; ca. 1438 Dex]; ajoutez ca. 1388 GastPhébT 48,3 [es hautes montaignes es cabannes ou les pastours gisent qui gardent le bestiaill]; Cout. Sain-Mihiel 1598 [un homme d’autre seigneurie et retenue, gisant et demeurant neantmoins en la dicte haute justice CoutGén 2,1050a])
  • ⁠v.pron. "id."⁠ (11552et. 13es., BrutA 6889 [Que tu me dunasses cité U chastelet u fermeté U jo me peüsse gesir E asseür par nuit dormir; KellerWace 208b: “demeurer”; TL 4,1633: “sich aufhalten, verweilen”]; OvArtPrR 2647 [Phebus garda maintesfoiz les vaches… et se gisoit en une petite borde]; CristalB 6016 [l’anemi (sathan) vaintra Qui en cest arbre chi me mist, Deseure moi en l’air se gist])
  • ⁠v.n. "id. (en parlant d’animaux)"⁠ (ca. 118014es., MarieFabW 72,6 [si li (au vilain) mustra (le serpent) u ele fu E u lung tens aveit jeü: Dedenz une piere cavee U ele s’esteit arestee]; MuleJ 154 [en la forest gisent et vienent]; PoèmeMorB 2937 [Teis woit gesir le porc e mi [l. emi] la purreture]; CantLandP 2163 [Des greignors monz de ta contree Des lius ou gisent li lion Et li liupart avras le don]; PéanGatS1 1275 [en .I. pré orent bues peü, D’autre part orent porch geü]; doc. 1257 (copie 15es.) [et li quevaus aquite le meis ou quel il gist, et ne puelt gesir en pluiseurs meis, mais en I seul FossierCh p. 485]; HosebHenL 30 [ke vos berbyz seyent en mesun entre la seynt martyn e pasche. Jo ne dy pas si la tere seyt secke… ke vos motuns i gysent… si eus guesent en faude]; BibleGuiotW 1236 [Et la font gesir les asnesses Ou l’en deüst chanter les messes]; encore en mfr.: 3eq. 14es. ModusT 96,67 [Donques les faites mengier ensemble tous jours et gesir l’un enprés l’autre et loerrer ensembles (les faucons)]; ca. 1388 GastPhébT 4,41 [quant ilz (les boucs ysarus = chamois) vienent de leur viandeïz, touz jours vont demourer es roches, et gisent sus le plus dur des rochiers]])
  • ⁠v.pron. "id. (en parlant d’animaux)"⁠ (4eq. 12es., GarLorrP II 225,12 [ou bois la ou li pors se gist ZellerLeben p. 65 n.219])
  • ⁠s.m. “habitation” (1ert. 14es., LicorneG 1068 [Le jour y vinrent au gesir, U maint la Dame a la Lycorne ZfSL 352,186], FEW 5,1b)
  • 6o⁠v.n. “être dans le sein de sa mère” (ca. 1225, RenclCarH 177,6 [A le virge emprunta son sain Et ju nuef mois entre ses lés]; cp. BesantR 222 → 10°)
  • 7o⁠[→ 4°] v.n. “se trouver installé (en parlant d’une troupe)” (ca. 1180déb. 14es., MonGuill2C 4786 [Ysorés gist en cel tertre lamont; cp. 4749]; JoinvM p. 174 [et just le roy et son ost devant le chastel d’Arsur Gdf 4,267b]; ChronPLangW2 2,352 [De William le Walays, ki gist en la forest])
  • ⁠loc. verb. gesir en agait “être en aguet” (agn. ca. 1400, LettrOxfL IV 14 [R. de B… y gisout en agait armé a feure de guerre ovec trois hommes ove lui])
  • 8ogesir de (d’une maladie) “être malade, alité (à cause d’une maladie)” (fin 11es.ca. 1268, AlexisS2 487 [soz lu degret, Ou as geüd de lung amfermetet]; BenTroieC 6968 [Dist qu’il aveit grant mal eü, Dont il aveit longes geü]; 14534; 14960; 21550 [ses plaies, dont il giseit]; BenDucF 32665 [Guillaumes, li peres, geseit D’un grant mal dum moct se doleit]; CligesF 5662 (cp. CligesM 5590) [Ele gist de mout grant malage]; TristThomB 2813 [Tristran qui de sa plaie gist, En sun lit a dolur languist]; AmbroiseP 2010 [Li reis Richarz a Nicosie Aveit geü de maladie]; EscoufleS 6179 [Puis il prist .j. [si] grans malages Dont il gut pres d’un an a Rome]; VillehF 334,3 [avoit longuement geü d’une maladie de gote]; ContPerc1tR 9832 [De la plaie m’estut jesir Bien quatre mois a tot le mains]; AnsCartA 9989 [Set ans avoit geü de maladie]; EvNicPraF 196 [Jeo jui en un lit de dolour trente et uit anz. Et Jesu me sana]; HuonR 2462 [Tel duel demainne nus nel puet acesser. Deus ans en gut, ainc ne s’en pot lever]; FolLancB p. 59,546 [Et de celle maladie jut il leans .IIII. ans tous entiers]; doc. 1280 LMestD XVII 3 [Nus coutelier ne puet vendre son aprentiz, se il ne gist a lit de langueur], TL 4,1627; FEW 5,2b)
  • gesir en [cp. → 19°] "id."⁠ (1155ca. 1240, BrutA 14552 [En enferté gist]; TristThomM 2770 [E coment gist en sa langur]; EdmK 873 [tant cum il jut En le mal dunt aprés morut]; CligesM 5590 (cp. CligesF 5662) [Ele gist an molt grant malage]; MonArrD XIII 38 [Gelos qui gist en langor (“être malade par jalousie”; gloss. gesir en langor “n’avoir rien à faire” n’est pas correct]; MirAgn2K XXXIII 150 → 19°)
  • gezer par "id."⁠ (1ert. 13es., SermMaurB p. 170 [Quar [quant] hom veit en cest secle son ami gezer par l’enfermeté de son cors ou morir])
  • gesir a langur "id."⁠ (4eq. 12es., TristThomB 2770 [E coment gist a langur, TL 5,142,13])
  • ⁠loc. verb. gesir malade “être malade, alité” (11551613, BrutA 8948 [Malades jut, l’ost departi]; BenTroieC 16867 [Malade en ont geü assez]; TristThomB 693 [Malades jui]; YvainF 5827 [Malade ot geü longuemant]; MarieFabW 14,3 [malades jut mult lungement]; PoèmeMorB 331 [Com il gisoit malades]; 333; Aiol2F 8708 [Malades a geü]; PéanGatS1 539 [s’il n’eüst malades geü]; BlancandS 3999 [Malade a molt geü oan]; BueveAgnS 3809 [trovent la reyne malades gesant]; FolLancB p. 6,254 [il gisoit malades moult durement]; ArtusS 265,18 [ou Oriolz avoit geü malades de ses plaies]; Cout. Touraine-Anjou 82 [Se aucuns hom ou aucune fame voit geü malades VIII jorz EtSLouisV t.III p. 51]; doc. 1269 [des pouvres gisans laanz malaides DocFrHMarneG 237,4]; MédLiégH 890 [en son derain eiage girat longement malade]; BeaumCoutS 1600 [Et (confiscation pour dette) si est defendu que l’en ne prengne pas les lis ne les couvertoirs de ceus qui gisent malades ou en langueur]; BibleHolkP 41,14 [un de ses genz que gisoyt a l’outhel malade], TL 4,1627 [un seul ex.]; [cp. mfr. id. 1583 Cout. Normandie 447 [personnes gisans malades de la maladie dont ils decedent CoutGén 4,83a]; 1613 Cout. Metz 7,3 [personne gisant au lict malade CoutGén 2,402]; cf. aussi Hu 4,308])
  • ⁠loc. verb. gesir encuntre lit "id."⁠ (2em. 12es., RoisL XIII p. 163 (= RoisC 81,5) [Malade te feindras e encuntre lit girras (Cuba super lectum tuum)])
  • ⁠loc. verb. gesir contre lit "id."⁠ (ca. 1175; mil. 13es., GautArrErR 3967 [n’en voi nul gesir contre lit (à cause d’un amour malheureux)]; HArciPèresO 106 [anguissusement jut contre lit])
  • ⁠loc. verb. gysir en lit "id."⁠ (agn. ca. 1240, MirAgn2K LVII 63 [Cil ke conveneit en lit gysir Cum la processiun oient venir, En rues se feseint porter])
  • ⁠loc. verb. gesir en son lit "id."⁠ (ca. 1320; 2em. 14es., CiNDitB 560,7 [Et en gisant en son lit fasoit escrire… les biaus livres]; [GesteMonglHernD 1516 [Le roy geust en son lit, plain fut de malladie]])
  • ⁠loc. verb. gesir au lit "id."⁠ (1262, MirNDChartrK V 51 [Au lit ot geü longuement En langueur et en grant torment]; cp. gesir a lit de langueur LMestL XVII 3)
  • gesir v.n. ou abs. "id."⁠ (fin 11es.14es., AlexisS 60b [Car ales querre le damediu serghant ki gist a (en AlexisP 60b) Rome]; MonGuill1C 21 [Dame Guiborc… Uns maus li prist dont ne pot respasser; A Nimes jut, che fu la verités]; PelCharlK 193 [Iloc ju(i)t uns contraiz set anz]; BrutA 8828 [De grant enfermeté langui, Lungement jut, mult afebli]; 14643 [A Lundres engrota e jut; Iloc fina, iloc murut]; 8217 [Engrotez ert, lungement jut]; BenTroieC 217556 [Iluec jut assez longement; v. aussi 14567; 22497; 23055; etc.]; TristThomB 1974 [Qu’ele vait a Tristran parler, En sa loge u gist conforter; Trove le malade e mult feble]; BenDucF 28488 [As malades, as non poanz E as feibles des liz gesanz]; SThomGuernW1 1531 [ses mals l’ot la nuit mult durement grevé… E prie lur pur Deu k’il le leissent gesir]; ChGuillM 2803 [Malade gist a sa chapele]; DesiréG 395 [.I. an entier et plus langui… Au chief de l’an qu’il ot jeü]; PoèmeMorB 861 [Cant li useriers gist et il quidet morir]; AthisH 9630 [En une chanbre gist leissus, Pres a d’un an ne vint ça jus. Por acheison d’une dolor Est encheoiz en grant langor]; 9681; 9735; 9765; VillehF 245,13 [et gisoit en un uissier]; ContPerc1tR 2446 [Bien jut trois mois et quinse jors… Ainz qu’il fust bien garis ne sains]; MirNDChartrK XXX 252 [Tant ai langui, tant ai geü Que jambe et pié ai tot porri]; ViolB 2317/2318 [cis maus m’a dechut, Quant jou ai si longhement jut; Assés puis jesir et chi estre]; BueveAgnS 3321 [Mult est malades e gist en un soler]; RutebF 1,p. 58,1275 [Comment ele prophecia Qu’il girroit en la quarantaine]; MédLiégH 894 [Ki giest toust garist (par l’effet de la lune)]; SoneG 4792 [Prestre ne se peut aidier, Aidés le covenoit gisier Gdf 4,282a; cf. ci-dessus var. graph.]; Apol2L 33,5 [il gist laval en ceste nef et disire mourir en tenebres, car il a perdu sa femme en mer et sa fille en terre], TL 4,1627 [un seul ex.])
  • ⁠prov. Qui a mal en doit, gesir en doit “un petit mal peut avoir de grandes conséquences” (13es., ProvRurU 290), Qui mal a en doit gesir en doit (13es., ProvM 1978)
  • ⁠prov. Bien est malades qui ne peut gesir (13es., ProvRurU 203; ca. 1317, ProvM 253 [jeu de polysémie, cp. 3° “dormir” et 8° “être malade”])
  • ⁠v.pron. “être malade, alité” (1155mil. 13es., BrutA 8215 [Li reis Aureles se giseit, A Wincestre ert si languisseit; Engrotez ert, lungement jut Qu’il ne guari ne ne morut; KellerWace 49b range mal cet ex. sous ‘Le sommeil’; la déf. “se mettre au lit” ne convient pas non plus]; RoisL XIII p. 163 (= RoisC 81,8) [E ele vint a l’hostel Amon sun frere, u il se giseit]; ContPerc1tR 6647 [Toz seus fors de Dieu se gisoit]; AnsCartA 9368 [Le roi troverent, ki pale ot le fachon, Sor une kiute se gisoit d’auketon… Malades est]; CheviiEspF 3250 [Au lit u ses niés se gesoit… Si le vit descoloré…]; PéanGatS1 694 [La pucele, qui le mal a, Se jut ausi com s’el fust morte]; MousketR 24052 [‘Dieux, fait cil, jou me gis tous jus, Et fui ier soir cumeniiés, Confiesés et enoliiés, Et sui de la mort tous atains’]; CoutNormT XLII 2 [Langour doit estre veue par proudes hommes a savoir mon se cel homme, qui se gist en son lit, se faint ou il est malades], TL 4,1633)
  • gesirs s.m. (c.s.) “le fait de devoir rester au lit (en parlant d’un malade)” (ca. 1200; ca. 1228, AthisH 3467 [car li gesirs an fin t’ocit (Athis est malade par amour)]; ViolB 2145 [Au plus tost que il pot leva, Que li jesirs molt li greva])
  • ⁠loc. verb. gesir ou lit mortel “être à l’extrémité” (13es., GuillTyr Continuation [Il avint que Adanz jut ou lit mortel Gdf 4,267b; cp. 1em. 13es. EvNicPrbF 128 Trente et uit ans a, dist il, ke jou ai jeü en mon lit en peril de mort et en grant doleur; v. lit mortel FEW 63,148a])
  • ⁠v.pron. loc. verb. sei gesir au lit de la mort "id."⁠ (1332, PelVieS 546 [Pour ceulx qui au lit de la mort Se jerront sans avoir confort], Gdf 4,268a; [première date pour lit de la mort, cp. frm. être au lit de la mort “id.” Rich 1680 - Ac 1878, etc., FEW 63,141b)
  • ⁠loc. verb. gesir a (le) mort "id."⁠ (1ert. 13es.; 1276, YderG 6252 [de doel en gist Lugain a mort, Ne quide mes avoir confort]; AdHaleFeuillG 212 [Halois en gist ja a le mort])
  • gesir de “s’aliter” (1276, AdHaleFeuillG 236 [‘Maistres, m’en (du mal saint Lïenart) estuet il gesir?’ Li Fisicien: ‘Nenil, ja pour chou n’en gerrés. J’en ai trois ensi atirés Des malades en ceste vile’; prob. jeu de polysémie entre le sens 8° “être malade, s’aliter” et 9° “accoucher”, saint Lïenart étant le patron des femmes en gésine, cf. le commentaire de Gsell p. 279s. et de Dufournet dans AdHaleFeuillD p. 132; la suggestion de Dufournet qui, d’ailleurs, décrit très bien le jeu polysémique, d’y voir un jeu de mots avec → 13° “être enterré” est moins probable à cause du en qui précède le verbe et qui correspond exactement aux exemples de 8°, v. ci-dessus; “mourir” AdHaleLexM n’est pas correct])
  • ⁠loc. verb. gesir de tel maladie (fig.) “connaître telle passion” (ca. 1209, GuillDoleS 2828 (= GuillDoleL 2837) [Bien set comment est a tel gent Cil qui a de mal mal geü; il s’agit du goût pour les tournois, cf. LegendreJRen; la déf. “connaître une situation difficile” FEW 5,2b ne convient pas; le commentaire de TL 4,1627 «im Spital» n’est guère correct])
  • 9ogesir de “accoucher; être en gésine” (3et. 12es.Mon 1636, FierK 5038 (p. 152) [Amiete… Ki gist de .II. enfans sous une cheminee]; SFanuel 262 (dans ReinschEvang p. 43) [En Belleem, ou il estoit, Ou sa douce mere en gissoit]; AucR3 XXVIII 15 [il demande u li rois estoit, et on li dist qu’il gissoit d’enfant]; XXIX 8 [Dist li rois: ‘Je gis d’un fil’]; XXX 9 [je vos ocirai, se vos ne m’afiés que ja mais hom en vo tere d’enfant ne gerra]; Bueve1S 7422 [De deus enfans gist en cel gaut ramier]; Bueve3S 9108 [j’a trové sa cortoise moillier, De deus enfans gist en son bos plenier]; 9129; Du prestre et du chevalier [‘Ce soit a boine destinee, Sire, que vous foutus serés. Si Diu plaist, vous engroisserés’, Fait cele, ‘s’en gerrés en mai’ MontRayn 2,86]; MenReimsS p. 672 (= MenReimsW 423) [au res de Binch, ou la femme Jehan gisoit d’enfant]; RutebF 1,554,53 [Or a d’enfant geü ma fame]; doc. 1322 BrunLatC III 55,3 [ceste feme gist d’enfant, donc a ele connut home]; LMestL II 10 [Nus des Meuniers de Grant pont qui ait passé LX ans, ne cilz a qui sa fame gist d’enfant, ne doivent point guet]; VIII 7; X 15; XIV 6 [ne cil qui sa fame gist d’enfant Tant come ele gise]; XV 12; XVI 10; XVIII 7; XXI 13; LXVIII 21 [cil a qui leur femes gissent d’enfant]; doc. Beaurepaire 1275 [Femme gissians d’enfant puet gessir per l’espace d’un mois, et tant que ele gerrat li hostel i est quitte de guaitte BEC 5esér. t. 5,1864, p. 34; Gdf 4,268b]; BeaumCoutS 1600 [Defense est fete que pour dete l’en ne voist prendre en chambre de dame ne de damoisele ne de fame qui gise d’enfant]; SoneG 17589 [En no maison jut d’un enfant]; Apol3L 98,18 [vostre mere a jut de vous et fu telle la destinee que elle morut a l’enfanter]; JoinvW1 396F (p. 212; = JoinvD p. 279) [La royne, qui nouvelement estoit relevee de dame Blanche dont elle avoit geü a Jaffe]; doc. 1314/5 [le femme le prouvost quant elle gist d’enfant PiérardMons 102,3]; GlEvr1R 638 [puerpera : qui gist d’anfant]; GlVatR 4513; GlParR 6988; [MirNDPers15R 721 [Ma dame a noyé son enfant Dont elle gist]; 988; 1410; GodBouillBruxR 16204 [Che fu la povrement jut la virge Marie De Jhesus son enfant]; 18369 [Qu’elle gisoit d’enfant a ce vilage la]; doc. 1373 [gessir d’anfant ProstInv 1,329]; [quant elle gisoit dud. Charles ProstInv 1,343]; doc. 1377 [Marie de la Trimoille qui gisoit d’enfant ProstInv 1,607]; Chastell 12 [toute preste de gesir d’enfant]], Gdf 4,267c; TL 4,1627; Hu; FEW 5,2b [“accoucher de” 12.jh. - Mon 1636, Gdf; Runk; GlEvr 638])
  • ⁠loc. verb. gesir en gysine “être en gésine” (ca. 1290déb. 15es., BibbO 876 [Quant ele girra en gysine]; BibleHolkP 32,2 [gisoyt en gisine de son fuyz Jhoan le Baptyst]; [BibbfW 66,10 [girra en gesyne]])
  • ⁠loc. verb. gesir de jesine “faire ses couches” (1353, MirNDPers15R 749 [sa mere… Qui encore en gist de jesine])
  • gesir (sans régime) “accoucher; être en gésine” (ca. 1200Mon 1636, JourdBlD 2357 [Dis et nuef jours ou vint trestouz passéz Voldrai jesir et puis a messe aler, selonc l’uzaige de la crestienté]; AucR3 XXVIII 21 [vint en le canbre u li rois gissoit]; AubS 1901 [A Gorge dist: ‘Amis, alés en la. Bien sai que ci jesir me convenra Car je vois mel, mais ja, voir, n’averra C’o moi siés, ne le sousferrai pas’]; MenReimsW 460 [et si estoit la roïne grosse d’enfant pres de gesir (preste de gesir MenReimsS p. 682)]; LMestL XLVIII 24 [Cil qui ont LX ans passé ne cil a qui sa fame gist, tant come ele ge, ne doivent point de gueit]; BibleHolkP 20,20 [Entre un boef et un ane Gisoyt cele noble dame]; [doc. 1388 [ladite Marguerite… qui est grosse et preste de gesir dedens XV jours Morlet p. 41]], Gdf 4,267c; TL 4,1627; Hu; FEW 5,2b [«mfr. gesir (ohne objekt) “être en couches” CentNouv - Mon 1636»])
  • ⁠prov. En novembre foul engendre, en aoust gist sa femme (ms. 2em. 14es., ProvM 669)
  • gesir v.pron. “être couché (pour avoir un enfant)” (1em. 13es., AucR3 XXIX 4 [il est venus dusque au lit, Alec u li rois se gist], TL 4,1633)
  • 10ogesir (en prison, etc.) v.n. “être en prison” (1erq. 12es.ca. 1306, BrendanW 1423 [E puis sui mis en gaiole… Iloeces gis… En tenebres e en puur]; RouH II 2991 [Quant el sout qu’il ert pris e en prison jesoit Grant duel out, TL 4,1630]; EdmK 763 [E en sa prisun fist gisir]; AiquinJ 685 [.III.C Franczoys emmaynent par aïr, Dedans lours chartres les misdrent a gesir]; MonGuill2C 3668 [Car en sa cartre l’ot fait set ans gesir]; 3710 [en la prison le laissaisse gesir]; SimFreineGeorgM 196 [lié girrez en tur]; SimFreinePhilM 1459 [il gist liez en prisun]; FloovA 1281 [Montre li le François qui an la chartre git!]; 1307; 1541; 1544; 1643; 1652; OrsonP 1522 [Set ans ai ci geü et par chaut et par froit]; GirVianeY 5191 [Si t’en menra en sa prison o lui. Tant i gerras… Que l’en t’avra fors del resne banni]; MortAymC 3832 [Qui en sa chartre ot longuement jeü]; HuonR 3092 [Retenus fui et em prison menés; Deus ans i juc]; Bueve2S 2569 [Or te ferai en ma chartre gesir]; DurmG 2036 [U en laide prison gesir]; Bueve3S 2960 [en la chartre soutis… Jeü i a set ans tous acomplis]; BesantR 222 [quant il a noef meis geü En prison el ventre sa mere; cp. → 6°]; AntBerW 392/393 [Quant jeüs tu en fers… Quant jeüs tu en cartre]; Pères31M 484 [Li rois saura la mesprison Dont ja ne gerrez en prison]; AliscmH 690 [Nel fasoit mie en sa prison gesir]; MirNDChartrK XXIV 179 [en la prison avoit geü]; doc. Ypres 1291 [Ke la gerront en prison 15 jours Fland 4,1,2,p. 41; gisent en prison ib.]; AspinChansPol VII 66 [Pur ce valt plus ov moi a bois demorer, Qu’en prisone le evesque fyergé gyser], TL 4,1629 sub “sich befinden, in einer Lage sein”)
  • ⁠v.pron. "id."⁠ ([1erq. 12es.]1ert. 13es., BrendanW 1423 var. ms. B ca. 1200 [Iloeces gis (var. m’en gis) [en gaiole]… En tenebres e en puur]; OrsonP 287 [Ours ce [= se] gist an la chartre qu’est parfonde et antie]; BlancandS 3261 [En la chartre se gist li rois], TL 4,1633 sub “sich aufhalten, verweilen”)
  • ⁠loc. verb. gesir en ostage “être en ôtage” (doc. Ypres 1335/1470 (1345 ?) [il est jugié a gesir quinze jours en ostage Fland 4,1,2,p. 86,67]; [doit gesir en ostage 40 jours et aprés doibt venir deschaint, sens chaperon en jugement et priier merci Fland 4,1,2,p. 97,102])
  • ⁠loc. verb. gesir en enfer “être en enfer” (2em. 12es.mil. 13es., Aiol1F 3057 [En infer en giront el parfont bu]; PoèmeMorB 3602 [Gesir les convenrat en la flarour saintine (de l’enfer)]; DialSJulB 1214 [Ly riche homme qu’e[n] enfer jut])
  • ⁠loc. verb. gesir (el val d’enfarme veure) “persévérer dans l’état misérable de la condition humaine (d’horizon réduit)” (fin 12es., GregEzH 109,14 [montet a la haltesce de bone veure (“vue” < VIDERE, cp. Vavray veure “voir” FEW 14,420b et viaire ib. 428b) … steire en haltesce de vie. Cest ne mies gesir el val d’enfarme veure])
  • 11ogesir v.n. “être prosterné” (115513es., BrutA 11377 [Une vielle feme ad truvee, Ses dras deruz, eschevelee; Dejuste le tumblel giseit, Mult suspiroit, mult se plaineit]; SThomGuernW1 3852 [E par devant l’autel jut en afflictiun]; 5962 [E jut grant piece en lermes e en afflictiun]; DialGregF 11,18 [troverent Libertin gisant en orison (in oratione prostratum)]; AubereeC 492 [Tres devant l’autel Nostre Dame; Ilueques vi gesir ta fame Devant l’autel toute estendue… Iluec se gist ta fame adans Devant l’autel a oroison (v.pron., v. ci-dessous)]; ModvB2 1233 [La u ele juit enz el mustier En oreisuns devant l’auter]; 1363 [En oreisuns ad tant jeue]; 3050 [E cele gist en sa preiere]; SermPuileW 22 [Qui a vraie esperance en deu et en son non Et cui oevres tout tans gisent en orison]; MirAgn2K XXVI 23 [Pur l’auter nostre dame ke il aveit; La gyseit en afflicciun Le plus de la nuit en oreison]; MirAgn2ThéophK 323 [en la chapele seinte Marie Ala gesir tut eralment]; EschieleMahW 17vb21 [Et de ces anges les uns demorent en piés, et les autres en seant, et les autres en gisent ad denz. Et trestouz prient et loent Nostre Seignour, et tremblent et batent lour eles de la paor de lui, lat. aliqui iacent super ora prostrati])
  • ⁠v.pron. "id."⁠ (ca. 11741262, BenDucF 4265 [Sus le plancher se jut adenz Moct se claime chaitif, dolenz… Conmença en ceste maniere E s’oreison e sa preiere]; AubereeC 498 [Iluec se gist ta fame adans Devant l’autel a oroison]; MirNDChartrK V 113 [Droit devant l’autel Notre Dame. Illec se jut la povre fame Et fist sa supplication])
  • ⁠v.pron. “être couché (en parlant d’une étoile devant le soleil)” (ca. 1225, RenclCarH 182,8 [Le soleil en pitié esmut L’estoile oscure, et tant se jut As piés dou soleil lamentans Ke le rai de pardon rechut])
  • 12o⁠[→ 3°; à propos des conséquences juridiques d’être jacentes in lecto, en parlant d’époux qui viennent de se marier, cf. E. Chénon, Recherches historiques sur quelques rites nuptiaux, NRDroitFrEtr 36,1912, spéc. p. 658] gesir (entre les bras de) “coucher avec une personne d’un autre sexe, avoir un commerce charnel” (ca. 1100fin 13es., RolB 1721 [Ne jerreiez ja mais entre sa brace]; BrutA 2450 [si forment ne se purchace, Jamais ne girrat en sa brace]; CligesF 5248 (= CligesM 5188) [Aussi com antre ses braz gise]; ChGuillM 1036 [Si nel me renz, ne girras mes entre mes braz]; PriseCordD 2528 [‘Hei! Guiberz freire, frans chevaliers segur[s], Jerrai ge mais an voz bras trestos nus?’]; HuonR 7499 [Entre ses bras toute une nuit girés Et si fera de vous ses volentés]; BesantR 462 [Demandez vus autre solaz Que de gisir entre ses braz?]; MotetsBambS 22b13 [Jui en l’aunoi Es bras m’amie]; ComtePoitM 333 [Jou di que de li estes cous, Car jo juç nus entre ses bras]; JakD 6757 [il girra es bras Sa douce dame encore anuit], Gdf 4,267c; TL 4,1625; FEW 5,2a [Roland - ca. 1500, mais en réunissant toutes les var. que nous distinguons; encore au 16es., cf. Hu])
  • gesir (bras a bras) "id."⁠ (1188fin 13es., AimonFlH 9084 [Bras a bras gissent, bouche a bouche]; AubereeC 424 [Cele nuit ont assez soulaz: Ambedui jurent braz abraz; Onques de veillier ne finerent]; JakD 4038 [Ensamble jurent bras a bras Et demenerent leur solas])
  • gesir (pance a pance) "id."⁠ (3et. 13es., ThebesC t. 2,88 ms. C 9482 [Ne mes ne gerron pance a pance, Moi et vous, ensemble en .j. lit; Faites ailleurs vostre delit])
  • gesir od (o, ob) "id."⁠ (1ert. 12es.ca. 1350, LapidalS 1478; GaimarB 166 [Pur la terre Adelbriht tolir Faseit sa niece od lui gisir La fille al rei en povre lit]; 628 [La u il jut od sa muillier]; SSagOctM 2284; 3169; 4541; FloreaW 2606 [Li rois entra en jalousie, Crient que aucuns gise o s’amie]; EneasS2 2737 [volt gesir O Diane et li honir]; BenTroieC 15028 [Crient sei que ja soz covertor Ne gise o li ne nuit ne jor]; 27022 [De sa main destre li jura Qu’o li ne jut ne n’atocha Ne n’ot charnelment compaignie]; TristThomB 506 [Ne jo ne dei od li gesir]; RouH III 630 [Mainte feiz as od mei jeü]; III 4745 [E ço alout la gent disant, Que charnelment od lui ne jut; KellerWace 50b]; FloovA 1647; AmbroiseP 9000 [la marchise, Celi que li marchis toli Son dreit seignor, e jut o li Contre Deu e contre raison]; FlorebK 3022 [Toz nuz gisant o Blanchflor; Que molt l’avoie desirree]; ChevEspJ 459 (= Méon 1,141) [ma fille jerra o li]; Bueve2S 1236 [Ja mais od moi ne gerrés nu a nu]; GuillTobR 584 [Fornicacion eschiwez; Od nule femme me gisez]; SermMaurB p. 76 [Ne por gesir ob femme? Nenau; Quar c’est pechez naturaus]; p. 189 [il porreit giser ob totes iceles qui n’ont pas seignor? SermMaurR p. 169,31: gesir]; GuillSMadR 153 [E li pruddom, qui la requist, Jut od sa femme e la hanta]; Bueve3S 1172 [Ja mais od moi ne gerrés nu a nu]; PéanGatS1 135 [ele n’avoit O son seignor gueres jeü Quant .i. enfant a conceü]; ChastVergiS 565; LSimplMedD 135 [Balse… L’en en fait gingibre conduit por gisir o fame]; 136; 493 [Erue… done talant de gisir o fame]; 494; 811 [Noiz inde… conforte et done talant de gisir o fame]; EtSLouisV I 56 (t.II p. 80) [einsi seroit il se il gisoit o la fame son home ou o sa fille, se ele estoit pucele; même texte dans CoutTourAnjV § 46 [1246], ib. t. 3,p. 26; Chénon 1926, p. 157n3]; ClefD 2027 [Hector et Achillés… Quant o lor amies gesoient Et le gieu d’amors lor faisoient]; RecMédBNlat8654bM p. 363 § 20 [Por sorcerie, quant houme ne puet gesir o sa fame, boive sovent aluisne et en mete en son liet]; OvMorB VIII 3461 [Qui m’as tolu nom de pucele Et te deignas o moi jesir]; PestParS 750 [Gesir o feme en temps d’epydimie est deffendu fors a ceuls a cui il loist]; SEust10P 191 [Et vout o li gezir, asez li fist d’outrage])
  • gesir avec (avoec, avoc, etc.) "id."⁠ (ca. 117616es., CligesM 3292 (CligesF 3334) [L’empereres, si com il dut, La nuit avoec sa fame jut. Si com il dut? ai ge manti, Qu’il ne la beisa ne santi; Meis an un lit jurent [→ 3°] ansanble]; SSagOctM 1619 [Ki avoec vous osast jesir]; TristThomB 467 [si m’estuit cholcher Cum ove ma dreite moillier; Avoc li me covient gesir]; 1125 [Ysolt… Ovec son seignor jut pucele]; SGenB 1933; EscoufleS 3111/3112 [Il amast bien en .j. (lit) plus lait La nuit gesir avoec s’amie; C’est tot passé, n’i girra mie. Il seus s’est couchiés por penser]; OrsonP 584 [Je vous donrai teil herbe… Par art de nigromance la fis ci conjurer: Onques Dex ne fit fame an cest sicle mortel, S’en avoit son mari touchié ne adesé, Que ja mais la poüst de son cors violer Ne avec li gesir ne a li converser]; Aiol2F 6332 [Or girés avoec moi par desous ma cortine. Si vous tenrai .X. ans u .XII. u .XIII. u .XV.; Se je reprenc une autre, ne vous courecies mie, Car .c. autresi beles en a jou ja honies]; BlancandS 1307 [Il vorroit avuec moi gesir]; AnsCartA 730 [Gentis rois, sire, jou te tieng en mes las! Mout fui dolente, quant tu me refusas; Mais tant ai fait, avuec moi jeü as]; Bueve1S 1925 [Avoec vo fille l’avons gisant trové Qu’il en faisoit toute sa volenté]; ComtePoitM 42 [Mais je gis quant je vuel tous nus Avec la plus bele del mont]; ArtusS 172,43 [il menjue le soir avec ma damoisele et gist et fait de lui son bon et son plaisir come de sa bone amie]; Pères31M 369; doc. 1322 BrunLatChab p. 537 [donc a ele geü avec home; BrunLatC III 55,3: donc a ele connut home]; EschieleMahW 22ra5 [Et totes foiz que les maris gisent avec elles, si les truevent ausinc pulcelles com devant]; RosemLec 9002 (RosemLangl 9032) [volair avec eus gesir]; MédLiégH 236-239 [Gesir avec sa serur damaige senefie. Gesir avec sa femme damaige senefir. Gesir avec marle segureteit senefie. Gesir avec virgene anguos senefie (signification des rêves)]; 387 [Femme gesir avec femme enfermeteit senefie]; CiNDitB 160,3 [par yvreice jut ovec sa conmere]; 248,2; 257,1 [conment une folle fame s’engaga qu’elle feroit jesir ovecques lie un saint pere]; [GodBouillBruxR 16223 [uns vrays amans… gissans avoec s’amie]; doc. 1371/2 [il traihist le coutel seur Girart Rousier… pour ce que icilx maires avoit gehu avec la famme ProstInv 1,272(n° 1491)]; GaceBuigneB 5912 [avoit voulu le roy traïr Et avec la royne gesir]], Gdf 4,267c; TL 4,1625; Hu)
  • gesir aveuc (sans régime) "id."⁠ (mil. 13es., HuonR 9114 [Et Esclarmonde jut [→ 3°] en un lit paré, Car Hues ot trop legier cuer d’asés: S’aveuc geüst, il nel laisaast ester, S’en eüst faite toute sa volent])
  • gesir a "id."⁠ (1ert. 12es.1384, LapidalS 893; BenTroieC 13531 [Qu’il sol la baist ne qu’il n’i gise]; BenDucF 27903; SSagOctM 796 [Trois moys a que ne giu au roi]; 1133; 1472; 1513 [Or m’est avis que je garroie A une femme, se l’avoie]; 4433 [Icele nuit gut a s’oisor En sa chambre dedens sa tor]; 5026 [Molt (la reine) me sermonna longhement C’a li jeuisse carnelment]; TristThomB 1113 [Feme a a qui ne puet gesir]; PercH 3877 [il jut a li]; FierK 3079 [A li vaurra gesir, car forment li agree]; AimonFlH 986 [La dame une fille consut Quant a son signor primes jut]; 1711 [Mataquas a sa feme jut]; RobDiableL 59; DoonRocheM 878 [A la fille Tomile a cele nuit geü Et engendra .j. fil]; 2084 [La nuit, quant jut a li, a Monsteruel sor mer]; OrsonP 2847 [Ne gerrois mais a fame en iceste saison!]; ContPerc1tR 3129 [Si jut a lui toute la nuit Et ot sa joie et son deduit]; AmbroiseP 12239 [tels cent mile home i mururent Por ce qu’a femme ne gisoient Qui a l’amor Deu se tenoient]; AucR3 XIV 6 [Et puis que vos ariiés jut en lit a homme]; Bueve3S 2679; AnsCartA 840 ms. D [quant a li jui outre sa volenté]; ViolB 963; TristPrC 101,6 [a ce que tu geüsses a li charnelment, et li tolis la flor de son pucelaige]; 369,15; HuonR 91 [Que jou geüsse a ma france moillier]; 6736 [Jou te desfenc… Que tu n’i gises (avec Esclarmonde)]; RenclMisH 70,12; ArtusS 135,1 [si jut a luj et en fist sa volenté sanz contredit]; 277,13 [sil na ennuit geu a ma cosine]; ComtePoitM 311; 1137 [Onques a son corp ne geüstes]; FillePonth2B2 566 [et apriés il s’acorderent a çou k’il durent jesir a la dame et en fisent leur volentés maugré li]; De la dame qui fist entendant son mari qu’il sonjoit [S’an vait a son ami gesir MontRayn 5,136]; JoufrF 4009 [Qu’encor anuit entre vos braz Geirrai nue a vos, ami]; 4045 [ge vendrai a vos gesir]; Pères32M 229; Pères35M 239; 244; RoiFloreJ VI 26 (= MolandHéricault 99); AldL 77,27 [se doit travellier (li norrice) temprement et ne mie tous jors reposer, et soi garder qu’ele ne gise a homme car c’est li cose qui plus corrunt le lait]; 21,13 [maintes maladies qui vienent par courous, et par trop gesir a femme, et par trop penser]; 29,4; 64,26; 86,14; MenReimsW 19 [ala tant entour la damoisele que il jut charneument a li (MenReimsS p. 580: fut)]; 131 [ne prisa riens la plaie ne le conseil des mires; si but et manja quanqu’il plot, et jut a femme (MenReimsS: vit)]; EmpConstPrC 371; RosemLec 4376; MédLiégH 108 [Ki ne puet gesir a femme. Boive le jus delle vervoine a lait de chievre, fouterat]; 110 [Femme ki ne puet porteir. Pende es collencheaus (“petits testicules”) de la mostelhe a son coul et gise a home, ilh conciverat]; 527; 637; BeaumCoutS 932 [metre sus a aucun par mautalent que l’en a geü a sa fame charnelment]; 933 [il… le trueve en fet present gisant a sa fame]; CoutArtoisT p. 48; p. 49; p. 113 [il apert mieus que li honme a fait se volenté et geü a la fenme]; GeoffrParChronD 5904 [Et en apert fu conneü De Phelippe, que il geü Ot plusors foiz, a sa veillance (“volonté”), Et sanz force et sanz contrestance A la roÿne de Navarre]; doc. Ypres 1335/1470 (Fland 4,1,2, p. 141 à côté de avoir compaignie a); [doc. 1375/6 [contre sa velontey, se estoit entremis de gesir a elle charnelment ProstInv 1,468]; doc. Orléans 1384/5 [Pour avoir afaire et gesir a elle Gdf]], Gdf 4,267c; TL 4,1625)
  • “avoir des rapports homosexuels” (1333; 1336, doc. 1333 ConfParL p. 83 [Et ledit Bernardo li dist que son dit maistre avoit jeu a lui par III fois]; doc. 1336 [Item il a confessé avoir geu a III hommes et eulz a lui sodomitement ConfParL 117])
  • gesir lez (delez) “coucher avec une personne d’un autre sexe, avoir un commerce charnel” (mil. 12es.13es., PelCharlK 714 [Oliver gist el lit lez la fille le rei Devers sei l’at tornet, si la baisat treis feiz]; ChevCygneH 74 [La nuit jeüt li sire lés la dame vaillant… Conçut lués VII enfans]; PriseCordD 2937 [Mais gis lés ta moillier et si fai tes depors]; AnsCartA 6166 [Or le (la damoisele) vuet prendre li viellars Ysores, Mais mieus vaurroit, ke ses cors fust bruslés, Ke ja de li fust li viex acolés, Ne k’une nuit geüst les ses costés]; CoilleB 7 [ja ne geüst delez sa hanche]; 18 [Ja ne gerra mes delez moi Cil vilains qui tels coilles porte]; AdHaleChansM 31,12 [Et je ne puis jesir sovent les son cors gent])
  • gesir ensemble (prép. et adv.) "id."⁠ (ca. 11601283, EneasS2 1237 [Molt est la dame mal baillie, Et quant ce est qu’ele s’oblie, Ansamble lui quide gesir Antre ses braz tot nu tenir]; FloreaW 2603 [Moult lor siet a gesir ensanle]; CligesM 3292 [v. ci-dessus sub gesir avec]; YvainF 2167 [Cil qui l’ocist, est mariez An sa fame, ansanble gisent]; EscoufleS 2821 [K’il gisent toute nuit ensamble]; AnsCartA 6963 [Ensemble gisent desi a l’ajorné]; GuillTobR 942 [Si porrom ensemble gesir En dolçur e en bon espeir De fruit e de lignee aveir]; SermMaurB p. 210 [Dex lor manda qu’il geguissont ensenble, e si aureient .I. fil]; BesantR 1941 [fait ses filles et ses fiz Gesir ensemble tute la nuit E engendrer le malveis fruit]; ArtusS 135,9 [molt s’entramerent et estoit poi des soirs que il ne geussent ensemble]; ChastVergiS 432 [la dame et li cevaliers Dedens la chambre en .i. lit furent, Qui sans dormir ensanle jurent A tel joie et a tel deport]; HunbautB 825 [Si jurent tote nuit ensanble]; BeaumCoutS 934 [trouver gisans charnelment deus persones ensemble]; 1637)
  • gesir souvine "id."⁠ (1276, AdHaleFeuillG 252 [Li Fisisciens: ‘Chis maus vient de gesir souvine (“sur le dos” FEW 12,443b), Dame, ce dist chis orinaus’])
  • ⁠gesir v.n. (et emploi absolu) “coucher avec une personne d’un autre sexe, avoir un commerce charnel” (ca. 116013es., FloreaD p. 96 [il les vit tant doucement Gesir andeus]; TristBérM4 594 [Et plusors foiz les (Tristan et Iseut) ont veüz El lit roi Marc gesir toz nus]; AubereeC 431 [Et vint au lit ou cil gisoient, Qui volentiers se deduisirent]; Aiol2F 8535 [Ens el font de sa cartre les a fait envoier. Puis i jurent il tant a deul et a pichie, C’Aiols ot de sa feme .II. petis iretiers (cp. → 10°)]; DurmG 10374 [Mais en gisant sohaideroit, Si aroit tot son desirier]; HunbautB 2031 [Si la tinc ersor tote nue Et jeümes a grant delit]; SSagOctM 1561 [Dont m’i convenra a gessir, Honte vous em puisse avenir]; ChansSGermM f°83v° (v. Jeanroy R 33,616) [pou ai geü En la chambre de joie. Hu et hu! trop m’a neü L’aube, qui me guerroie BartschChrest 47,63]; Du prestre et du chevalier [Se il avoit ma nieche eüe, Despucelee et puis geüe MontRayn 2,63 (v.a. d’après Gdf 4,268a, mais cf. TL 4,1627,4)])
  • sei gesir (od, avoec, a, delés, etc.) "id."⁠ (1155ca. 1275, BrutA 8733 [Li reis od Ygerne se jut E Ygerne la nuit conçut Le bon rei, le fort, le seür, Que vus oez numer Artur KellerWace 50b]; BenTroieC 1643 [Tote la nuit se jurent puis, Ensi com jo el Livre truis, Tot nu a nu e braz a braz]; SSagOctM 1533 (v.pron.?); 2232 [Certes, dist il (le mari à sa femme)… Jamais od moi ne vous girrois]; 3180 [Quant vous gisiés avoec s’oisor; prob. v.pron.]; ContPerc1tR 3141 [Od le roi en liu de sa feme La recolcha, et il se jut Avec s’amie qui conchut La nuit; [d’]un fil remest ençainte]; HuonR 6739 [Et se t’i gis, si me puist Dix salver, Tu te verras en si grant povreté; var. ms. P Se tu i; il est en effet difficile de savoir, si t’ représente tu ou te, c’est-à-dire s’il s’agit ici du v.n. ou du v.pron., cf. FEW 132,383n1]; 7479 [Aveuc ma fille tote nuit vous girés, De li ferés toutes vos volentés; prob. v.pron.]; 8785 [Delés s’amie se jut Hues li ber; Ore en puet faire tote se volenté]; DurmG 15158 [mesire Durmars se gist Desoz un covertoir d’ermine Mout pres de la bele roïne. Si vos di bien qu’il l’a sentue Entre ses bras süef et nue, Et ele comme debonaire Li soffri tos ses bons a faire]; SermMaurB p. 189 (SermMaurR p. 169) [Quar par quei se girreit donques li hom ob une femme…]; MontRayn 1,175 (Des III dames et de l’anel) [Se vos jamés o moi gisez; v.n. ou v.pron.?]; RosemLec 14346 (RosemLangl 14376) [o son ami se gerra]; 18032 (RosemLangl 18062) [Mars et Venus, qui ja pris furent Ansamble ou lit ou il se jurent], TL 4,1633; Gdf 4,268a)
  • ⁠s.m. “fait de coucher avec une personne d’un autre sexe” (4eq. 12es.2em. 13es., TristThomB 560 [Del gesir n’i avrai ja gré… Quant de mei n’avra sun delit, Jo crei que m’amera petit]; HaginL 40b [la joie, et le trepe, et le gesir a fame]; Ordin. Tancrei [Li gesirs ensemble… et li baisiers recognoissent assez dou crime Gdf 4,268c])
  • faire gesir (viautre a gaingnon) “accoupler (un lévrier et un chien de garde)” (fin 12es., RCambrM 333 [Diex! dist la dame… [Ains me] lairoie ens en .j. feu bruïr [Que il] a viautre face gaingnon gesir!])
  • gesir (a, avec) “s’accoupler (en parlant d’animaux(” (1267; 1298, doc. 1322 BrunLatC I 177,32 [se tu vieus engendrer malles, tu dois liier le senestre coillon dou torel quant il gist avec sa femele, et se tu voudras engendrer vache, tu lieras le diestre]; doc. 1322 MPolRustB CXCIII 23 [Quant le leofant vuelt çaçer a la lefantese, il cave la tere tant que hi mete la lefantese reverse en maniere de feme, po[r] ce qu’ele a la nature mout ver le ventre], Gdf 4,282a; TL 4,1627)
  • gesir (au costé de qn, au lit de qn, lez qn) “partager la couche de qn, être marié” (fin 12es.fin 13es., AliscR 820 [.VII. ans tous plains geüs a ses costés; BartschChrest 19,177: a son costé]; AimeriD 2479 [Mieuz vodroie estre en .j. feu broie, Que ja jeusse lez sa pance flestrie]; doc. 1322 JobG 2656 [Pour chou l’Escripture nous dist: ‘Garde toi de chelle qui gist En ton lit; se tu y parolles, Garde tes secrees parolles’; texte lt.: ‘Ab ea quae dormit in sinu tuo’]; cp. BenTroieC 27952 li a juré Que ne gerra a son costé Dame fors li mais a nul jor et PriseCordD 1556 Mais ne gerroies lés mon destre costé, où le sens élargie “être marié” ne s’impose pas; v. encore Ronsard, Hu 4,308b])
  • gesir (a ou par force) “violer (une femme)” (3et. 12es.ca. 1388, SSagOctM 1133 [a forche volt a li jesir]; BibleMorwH 80C [Ici vienent li sodomite et prenent la fame a dyakene et jurent a li a force tant qi la tuerent et qe morte fu]; MenReimsW 292 (cp. MenReimsS p. 651) [Or vous dirons dou mauvais roi Jehan d’Engleterre, qui honnissoit ses barons, et gisoit avec leur fammes et avec leur filles a force]; doc. art. 1253 [Se aucuns est calengiés qu’il ait [jut] a feme par forche et il est de chou convencus par le Loy du pais, on li doit cauper le teste EspArt 3,p. 139; cp. aussi Gdf 4,267c]; encore en mfr. gesir avec une femme a force ca. 1389 GastPhébChasseT 15,18; d’autres contextes semblables: GaimarB 2655 [Ja ad li reis od mei geüd. Par force fist la felunie]; SGenB 1933 [Mes or me dites qui ce fu Qui avantier avec vos jut, Si vos viola et deçut Deslaiaument en avoutire]; Bueve3S 2678 [Mal douteroit hom de mere vivant K’a li geüst, tant l’alast esforchant])
  • 13o⁠(cp. → 2°) v.n. “reposer (d’un mort), être enterré” (dep. ca. 1000, PassionP 8d (R 2,300; PassionK 32) [en moniment jagud aveie toz pudenz]; 88d (R 2,309; PassionK 352) [o corps non jag an a cel temps]; 89d (R 2,309; PassionK 356) [anz lui no i jag unque nulz om]; 102d (R 2,311; PassionK 408) [o li sos corps jac des abanz]; RolS 1856 [Tutes voz anmes otreit il pareïs, En seintes flurs il les facet gesir!]; 3693 [En blancs sarcous fait metre les seignurs: A Seint Romain, la gisent li barun]; PhThBestWa 507 [Deus treis jurz jut en tere Pur noz anmes cunquere]; GaimarB 5104 [Aveit le cors geü iloc]; MonGuill1C 870 [Un castel ot desour un mont fremé, La vait gesir dans Guillaume au cort nés]; 876 [Un castelet ot fremé sor le mont, La gist Guillaume pour Sarrasins felons]; BrutA 2048 [Emprés les treiz anz se morut; En Leicestre, u li cors jut, Cordeille l’ensepeli]; 11605 [De ma dame seinte Marie Fist faire el munt une chapele Que l’un or Tumbe Eleine apele; Del tumblel ou Eleine jut Tumbe Eleine cest nun reçut]; Aiol1F 73 [Encor(e) gist a Provin, si con dist li escris]; RouH I 625 (t. 2, p. 328) [Quer me faites apareillier Mon sepulcre en cest moustier, Jesir y voil, le lieu ai chier]; III 9324; BenTroieC 16812 [iluec giseit Hector]; 16857 [jut en terre]; 17383/4 [Qu’en son païs l’enveieront, E si gerra a grant honor La ou gisent si ancessor]; 21829; 23044; 29574; 30261; EdmK 2858 [Out maint an enteré geü]; 2957 [pristrent le cors del martir Od la case, ou il giseit]; 2991 [longement geu out En tere]; BenDucF 28609 [Demande en queu lieu de l’iglise ell a choisie place e prise A estre mise a gesir]; 28614; 30052; SThomBenS 1979 [Dedens l’eglise u sun cors gist]; PhilomB 654 [On quel que leu que li cors gise]; BatLoqR 1204 [Morte est d’enfant…; L’enfes est vis, ele gist el mostier]; SimFreinePhilM 992 [E le cors en terre gist, E purissent char e os]; 1519 [les autres… Que Deu de mort fist lever, Qui maint an suz tere jurent]; RobDiableL 5059 [L’enfouïrent et clerc et prestre. La est, la gist et la remaint, Encore i est, encore i maint]; HermValBible [la gisent nostre anchestre BartschChrest 23,156]; SGenB 2647 [La sainte virge illueques gist]; PoèmeMorB 1719 [Ke devient, donc, la chars… Cant ele gist jus morte]; 1748 [As cors, qui en la terre gisent et purrit sunt]; 1750 [Al cor, qui gist en terre, flairant et pureture]; ElucidaireiiiD I 101M [jut enseveli el sepulchre de sun cors]; SermMagdP 333 [Tot li mort ki ci gisiez, levez sus]; YderG 3729 [il gira en cimetiere]; SAudreeS 610; 2170; PéanGatS1 69 [en une yglise Gisent a Mermoustier]; 544 [il quidoient Que aucuns martirs i geüst]; AntBerW 307 [Ja n’ert cors qui tant soit deffais nemuement, Ne tant gise porris ne tant esparsement]; BueveAgnS 3839 [Le rey ne voit mie… Ke il gisent en terre, com funt altre gent: Un sarcue lur firent de marbre lusant]; EvNicPraF 326 [sil mist en sun monument nuef; unques homme n’i aveit jeü]; BesantR 2448 [El sepulcre ou il volt gesir]; SCathAumT 2628 [del sepulcre o ella geist, Uns rivez d’oile tostemps neist]; AuberiT p. 55,3 [Querés la terre ou vos porrés gesir]; doc. 1270 1239 DocFrHMarneG 7,2 [Moiremont, ou je et Aliz, ma feme, gerrons]; Pères10C 844 [querras La place ou li chapelains gist… Quant desus la tombe seras]; 935; 948; doc. 1270 1260 DocFrVosL 65,11 [ou je ay devisé mon cors a gesir]; doc. 1270 1263 DocFrHMarneG 161,31 [et doignent as Freres Menuers d’Aubevile, ou je girai, mon lit et mon somier]; RosemLec 21264 (→ 2°); AdHaleCongéR 156 [quant il gerront souvin]; LReisEnglF p. 119,47 [E cestuy est seynt, si gist en fertre a Seynt Augustin a Cantorbire]; p. 125,23 [il fu enseveli en meme le lu la u sun pere gist]; p. 127,17; ChronPLangW2 2,352 [Mortz i est sauntz faylle, et a Seynt Pere gist]; PassPalF 1672 [Menez nous, s’il vous plait, trestouz La ou gist li faus ypocrites (= Jésus Christ dans le tombeau)]; 1728 [‘Lieve toy de ci, Biau fuiz, tu as assez jeu’ (J. Chr. dans le tombeau)]; Apol2L 25,18 [ou la nourrice gesoit]; CiNDitB 171,6 [jesir en cimentiere]; EntreeT vol.II 287 note (Appendice, Suite de l’Entree 40) [E veü le sepoucre ou Nostre Sire geisi]; BibleHolkP 17,6 [treys jours yl gyth mort et puis est resucité], TL 4,1629; Hu 4,308b)
  • ⁠v.pron. "id."⁠ (ca. 1160, EneasS2 5928 [Porté l’en ont al Toivre droit, La ou ses pere se gisoit])
  • ci gist “ici repose, est enterré” (1155av. 1200, BrutA 11400 [Ci gist li cors en cest tumblel]; FloreaW 605 [Ci gist la bele Blanceflor A cui Flores ot grant amor]; ContPerc1tR 14231 [Rois, cis cors fu rois qui ci gist]; cp. la gist ContPerc1tR 14298 [Diex! font il, qui est qui la gist? “qui est-ce qui est couché là?”; L. Foulet dans le gloss.: «Les gens qui s’exclament ainsi croient en effet qu’ils ont devant eux un simple dormeur, alors que c’est un mort. Ceci montre que ci gist n’avait pas encore nécessairement au XIIIes. le sens moderne de “ici repose” dans nos cimetières; pourtant ce sens était alors largement répandu et il a fini par chasser tous les autres»; Foulet a raison (la locution n’est pas figée bien que la comparaison avec un dormeur ne soit qu’une des interprétations possibles, → 1° et 2°), puis que ci gist peut avoir tous les sens de gesir, p. ex. en parlant d’un homme gravement malade qui sera sauvé par un miracle, v. le passage suivant des MirNDChartrK II 98: Dame, c’est cist Por qui ge vos pri, qui ci gist (→ 8°)])
  • gesir v.n. “être enseveli (au fig. en parlant de l’âme d’un pécheur, de son vivant, dans le tombeau de son corps)” (ca. 1200, ElucidaireiiiD I 101M [e pur ceo fud semprez morz en l’anme (l’homicide) e jut enseveli el sepulchre de sun cors])
  • 14o⁠v.n. “être conservé dans des coffres, bahuts, etc. (en parlant d’un trésor, d’un document)” (ca. 1174ca. 1280, BenDucF 41563 [Mais quant ce fu qu’il engreija, Si fist ses evesques venir E ses barons por departir Sa terre e ses tresors jesanz, Qu’il aveit merveillos e granz]; CantLandP 1499 [En fort escrin gist li tresors]; doc. Metz 1227/28 BanMetzW 11,4.26 [donc li ban geisent en l’arche]; Mir. de la Vierge 93 ms. Montecassino éd. Bartholomaeis [Del tresor qui en l’arce gist]; CristalB 5895 [cent robes, De samis, de palie ensement, A or batues ricement, Qui tot gisent en la capele… Trop a dedens riche tresor]; AdHaleChansM 18,38 (= AdHaleChansB 18,5,6) [C’est rikece en tresorie Ki ne sert fors de jesir, Car nel volés eslargir, Et tout adiés monteplie]; cp. mfr. gesir “se trouver dans un certain état (en argent, en blé, etc.)”: Auvergne 1510 [Et n’est tenu celuy qui l’a fait bailler rente partie en bled et partie en argent, mais ainsi qu’elle gist, soit tout en argent, ou tout bled, ou partie d’un et partie d’autre CoutGén 4,1191a])
  • “être déposé, caché (dans la paille)” (GeoffrParChronD 5424 [Et lors devindrent voirement Tornois parisis par le royaume, Dont mains en gesirent en chaume Et en widerent pays (la monnaie cachée dans la paille passe la frontière en contrebande)])
  • “laisser reposer (dans un récipient, en parlant d’un liquide)” (2em. 13es., MédLiégH 480 [cel jus metteis en un vaisel de coivre u d’erain gesir])
  • “être entreposé (en parlant d’une marchandise)” (1247, doc. 1247 [se li blés dou bourgois gist par une nuyt au molin Morlet 350 déf. “séjourner”; Runk 156: “rester, être mis en magasin”])
  • ⁠loc. subst. harenc gisant “harenc salé, mis dans la saumure” (ca. 1268; 1377, LMestL p. 222 [Et le harenc sor, et blanc et gisant, doit IIII d. de halage et II d. du millier, et VIxx harens au feur ou l’en le vent (gesant var. ms. E, LMestD p. 273)]; [doc. Reims 1377 [harens sors ou gisans Gdf 4,268b]])
  • 15ogesir v.n. “demeurer sans activité; rester immobile” [cp. all. verliegen dans la terminologie chevaleresque du moyen âge; en afr. le sens est peu affermi et souvent en rapport étroit avec d’autres sens]⁠ (ca. 1139mil. 13es., GaimarB 303 [Mielz nus vendreit estre issilliez Entre paiens e enperrez Que ci gisir en tel huntage; → 5°; → 19°]; PercH 4137 (PercL 4117) [Ja mes an chanbres ne an sales Deus nuiz pres a pres ne girrai Jusqu’atant que je le verrai, S’il est vis, an mer ou an terre, Einz movrai ja por l’aler querre (→ 3°, 4°); var. ms. B: C’une sole nuit ne gerrai; var. ms. H: Set jors (→ 5°)]; TristBérM4 1001 [Ne gerrai mais dedenz maison Tresque li troi felon larron… En avront la mort receüe (→ 3°, 4°)]; AimeriD 4593 [Si ne vost onques gesir, tant com fu vis, En tor entie ne en palés votiz, Ainz guerroia sor Sarrazins toz dis…]; ContPerc1tR 6499 [Qu’en vile jamais ne gerrai Plus d’une nuit des que verrai A Caradot mon chier neveu (→ 3°, 4°)]; 9042 [en faz un veu Que je ne girrai en un leu Que une nuit, tant que sarai Se il est mors ou jel rarai]; agn. mil. 13es. HArciPèresO 5546 [Quides de la tue char tei delivrer pur dormir, U par usdivesce u par presce u par gisir?])
  • ⁠loc. verb. estre fort geü “demeurer longtemps sans activité (en parlant d’un chien de chasse)” (ca. 1388, GastPhébChasseT 27,21 [gloss. “ont beaucoup couché”], Gdf 4,78a [écrit forgeü et mis à tort sous forgesir])
  • gesir s.m. “fait de rester inactif” (ca. 1230, RoselLec 2479/2481 (RoselLangl 2493/2495) [Trop ai en cest lit sejorné; Je ne pris guieres tel gesir, Quant je n’ai ce que je desir. Gesirs est aniieuse chose Quant l’en ne dort ne ne repose (→ 3°)])
  • ⁠prov. Ce n’est pas honte de chaoir, mais de trop gesir (13es.; fin 13es., ProvL; ProvM 1370)
  • ⁠loc. verb. jesir de grans matinees “faire les grasses matinées” (1278, HemH 70; → 3°)
  • ⁠loc. adv. en gisant “sans travailler” (1278, HemH 121 [li hiraut et li lormier, Li marissal et li selier; Neis cil qui oevrent en gisant Vont souvent le roi maudisant, Par qui tournoi sont desfendu; «Sarrasin semble viser par là ceux qui vendent ‘les bons vins, les commins, les perdrix’; l’expression signifierait donc, plaisamment peut-être, “ceux qui gagnent leur vie sans travailler, puisqu’il leur suffit d’attendre le client”» Albert Henry p. XXXIX])
  • ⁠loc. verb. estre gisant “ne pas être actif, en fonction (en parlant de la justice)” (ca. 1275, RosemLec 5497 [Si Joutice iert tourjorz gisanz, Si seroit Amor soffisanz A mener bele vie et bone, Sanz jouticier nule persone; Mes sanz Amor, Joutice non]; cp. mfr. “id. (en parlant d’un procès)” Metz 1564 [s’il est tant que leur querelle et different… gisent en telle cognoissance de cause, qu’il n’y ait moyen d’y mettre fin, et les terminer par accord CoutGén 2,373a; cp. → 17°, 18°])
  • “rester immobile, sans fonctionner (en parlant d’un moulin)” (1324, doc. 1324 [les 3 moulins a blé qui furent gesans sans riens fere CptRoyM 8026; 8028; les 2 moulins foulerés qui furent gesans par les jors dessusdis ib. 8027; 8029]; cp. doc. Beauvais 1454 [se les molins de B… cessent, festent ou gissent, tous benniers reviennent a mes molins dessus declairez LabandeBeauvais p. 331])
  • gesir v.n. “se trouver dans un certain état sans se modifier (en parlant de la terre)” (prob. ca. 1141déb. 14es., PhThSibS 1144; SimFreinePhilM 842 [Or gist ma terre gaste]; doc. 1304 YearbEdwiH 123 [la ou les tenementz gisunt friches… Les tenementz ne gissent pas frichez]; doc. 1305 YearbEdwiH 453 [vous le lerrez gisir friche]; NominaleS 263 [Et lesse sa terre giser friche], cp. mfr. gesir sans seigneur (en parlant d’une cité) ca. 1460, JasonP 21,4,17])
  • ⁠loc. verb. giser desclos “se trouver sans clôture (en parlant d’un jardin)” (agn. 1304, YearbEdwiH 65 [Sire, lor gardyns sunt joynans ensemble, e il deyt enclore sun gardyn, e le lessa giser desclos, issi qe no bestes y entrerent par sa defaute])
  • “rester immobile (sans bouger)” (agn. mil. 13es., DialSJulB 285/287 [Si la pere (“pierre”) en pes (en paix, c.-à-d. sans mouvement) gysout, Jammés de ly fu (“feu”) ne vendrout; E si li fers eust si jus, Ja fu de ly ne fust venus])
  • gage, nant gisant “nantissement consistant en objets (par opposition à nant manjant)” (1283, BeaumCoutS 1591 [Toutes les fois que bestes manjans sont prises pour aucun forfet… et cil qui les bestes sont offre a baillier pleges ou gages gisans souffisans pour le damage et pour l’amende que li preneres demande, li preneres doit rendre les bestes manjans pour les gages gisans ou par pleges; …en tous teus cas n’est pas li preneres tenus a rendre ne a recevoir ne a changier pour autres nans gisans, car il en puet fere comme de sa chose])
  • ⁠loc. subst. voirre gisant “fenêtre qui ne s’ouvre pas” (1374, doc. 1374 [fenestre ferree et voirree de voirre gisant et dormant, Gdf 4,268b, cp. mfr. frm. verre dormant dep. 1508, verre mort Fur 1701 - Trév 1771], FEW 14,567b)
  • 16ogesir v.n. “se trouver placé (en position horizontale)” (ca. 1160, FloreaW 565 (cp. FloreaP 552) [Cele piere qui sus gisoit De tres fin marbre faite estoit; cp. → 1°])
  • “se trouver placé” (agn. ca. 1170; déb. 14es., EdmK 3005 [Cume un filet vermeil (une marque rouge) i pert, Ke tut entur le col li gist]; NicBozCharV 304 [Quant eles (les femmes coquettes) unt montree ceo ke est devaunt, Trovent acheson d’escoper en baunk, Ke l’em puse veer le overayne graunt Que gist par derere, qe mucé fut devant; Vising p. 39: «“elles se renversent là où elles sont assisse” (afin de montrer les broderies du dos de leurs robe)»])
  • ⁠v.pron. “se trouver localisé” [cp. ThesLL 61,20s.; en mlt. p.ex. Antioche 1264, Chartes de terre sainte, p.p. H.-Fr. Delaborde, 1880, p. 1118]⁠ (ca. 1160, FloreaW 647 [Entre quatre arbres se gisoit (var. seoit ms. B.) Cele tombe qui faite estoit])
  • ⁠v.n. “être situé (quelque part, en parlant d’une terre, d’une forêt, d’un chemin, etc.)” (av. 120018es., ContPerc1tR 2058 [Par landes, par forés plenieres Et gisant sor beles rivi[e]res; gloss.: “qui s’étendaient le long de belles rivières”]; SJeanAumM 7492 [A tant survint un pelerin, Par la, ceo quid, jeut sun chemin, TL 4,1630 “gelegen sein”; cp. mfr. frm. gésir “être situé dans telle direction” 1529 - EncMMar 1783; Besch 1854 - DG, «surtout comme terme de marine: la côte gît nord, ces îles gisent sud» FEW 5,1b et note 3]; lorr. 1241 DocFrVosL 7,4 [des anqui ansi cum ille git jusqu’au champ de Awedex]; doc. 1241 [Un jornal de vigne ke gest a Saint Mamin Gdf 4,268a]; doc. lorr. 1243 [.II. jornalz de terre ke geixent au Pezeires Gdf]; doc. 1270 doc. Gand 1251 [les regiés (“terrains formés par des alluvions ou des atterrissements”) ki gisent dalés le court BTDial 50,1976,156]; doc. lorr. 1264 [.III. jornals de vigne ki geixent dezor lo moustier de Laicey Gdf 4,268a]; 1265 DocFrVosL 104,3; 1267 CensHerchiesM 40 note g; 43,11; 44,6; 45,11; doc. Gand 1270 [tous li regés Ki gist entre le pont Saint Bavon dusq’au haut lieu BTDial 50,1976,155]; doc. lorr. 1276 [Ou qu’il soit ne giece Gdf]; doc. 1281 [dis mesures de no tere ou la entour, lequele nos avons gisant en le parroche de Lampernesse Gdf 7,223b sub roie]; JPrioratR 10267 [Liburne c’est une partie De la terre de Dalmatie, Et giet droitemant… Sus la citey Dearderasme]; doc. Liège ca. 1300 [dedens cuy li hiretaigez giroit CoutBelg V 1,81,19]; ib. 105,99 [hiretaige qui gesoit a…]; ib. 147,238 [vingne gisant a…]; doc. Ypres ca. 1300 [hiritages qui sont gisant dehors l’eskevinaige Fland 4,1,2 p. 11,25]; doc. lorr. 1308 [.IIII. jornalz de terre ke geixent Gdf 4,268a]; doc. champ. 1334 [une pieche de pré gisant en nostredite contee de Rethest Morlet 350], Gdf 4,268a; TL 4,1630; FEW 5,1b [alothr. gesir “être situé (quelque part)” 13es., mfr. id. Chasstell]; [ajoutez: doc. Lille 1393 ThomasLille 2,p. 256; doc. 1422 Morlet p. 350; doc. 1433 CartHain 5,p. 176 [gissans]; doc. Ypres 1451 Fland 4,1,2, p. 352; doc. Lille 1533 CoutGén 2,936; doc. Mons 1533 CoutGén 2,171b; doc. hain. 1534 CoutGén 2,27a; doc. Arras 1535 CoutGén 1,444b; doc. Ypres 1536 Fland 4,1,2, p. 488; doc. Valenciennes 1540 CoutGén 2,228b; doc. Tournai 1552 CoutGén 2,953b; doc. Chisoin 1565 CoutGén 2,921; doc. Douai CoutGén 2,972b; doc. Estaires 1605 CoutGén 1,924b; doc. Valenciennes 1619 CoutGén 2,245; doc. Liège 1642 CoutGén 2,325a; doc. Courtrai [flam. 1557; trad. fr. de 1719] CoutGén 1,1031a; 1040a; Bruges [flam. 1619; trad. fr. 1719] 1,7 CoutGén 1,572b [Hughevliet et Ysendicke (à present gisant dans la mer)]; cp. aussi, en parlant de meubles catheux et heritages reputez pour meubles, et où qu’ils soient situez et gesans doc. Seclin 1565 CoutGén 2,916a; Chauny 1510 CoutGén 2,663; La Bassée 1565 CoutGén 2,919])
  • ⁠loc. verb. gesir en une piece “former un ensemble (en parlant de terres adjacentes)” (ca. 1280, doc. Liège ca. 1280 [Li povre tinent a Gyneffe .XIII. muis de spealte sor .VII. boniers de terre s’est aloes; s’en gisent en une piece BTDial 43,95])
  • ⁠loc. verb. gesir en sillon “former des sillons” (agn. déb. 14es., NominaleS 329 [Et en selioun gisont rais; angl.: And in londes lyn forewys])
  • ⁠v.n. gesir “se trouver localisé (en parlant d’un mal, d’une blessure)” (ca. 1200, PoèmeMorB 471 [Car li redois roncins soi lait bien estrilhir… mais, s’on lo vult torchir La u li maz (“mal”) li gist, donc lo verriez drecier, Fiert des piez… la ne se lait to(r)chir])
  • “id. (en parlant des veines, des nerfs, etc. dans le corps humain)” (agn. 1354, HLancA1 86,7 [veoir et conoistre coment les veynes, les nerfs et les autres choses gisent dedenz un homme])
  • ⁠prov. en la coue gist li enconbriers “le venin se trouve dans la queue (la difficulté vient à la fin)” (ca. 1180, ProvVilT 142; ProvM 660: ms. fin 13es.), en la coue gist le encumbrer (13es.; ProvFraunceM), en la queue gist l’encombrier (ca. 1316, GeoffrParChronD 2958 [Et sus un malvez fondement N’est fet bon edefiement. Ne sougiet ne vient a honnor Qui revelë a son seingnor, Ce puet on souvent esprouver: En la queue gist l’encombrier], en la queue gist le venin (14es., ms. 15es., ProvM 661), FEW 2,522a [mfr. en la queue gist le venin “c’est la fin (d’une affaire) qui recèle un danger dont il faut se défier” (15e-16es.), frm. à la queue gît le venin (dep. Nic 1606)]; cp. lt. in cauda venenum; cp. all. das dicke Ende kommt nach)
  • “(fig.) se trouver (caché, dans l’incapacité de se manifester)” (ca. 1224, CoincyI11K 226 [De la nois… Toz li biens gist desouz la crouste]; cp. mfr. en recoy gist la nasse (prov. 15es., ProvM 682) et frm. “se trouver quelque part (surtout d’un trésor caché, d’un filon de minérai)” La Fontaine; Buffon, FEW 5,1b; ajoutez Courtrai 1719 CoutGén 1,1041b [les mines ou les matierres gisantes dans la terre du fief]; Gand 1719 CoutGén 1,1009a […des argilles, des sables, des pierres qui gissent en terre]; Franc de Bruges 1719 (trad. du texte flam. de 1619) CoutGén 1,610; 1,627 [pierres et autres qui gissent en terre non visibles]])
  • “être fixé à (en parlant de pierres liées par du ciment)” (1erq. 13es., AnsCartA 11011 [Li mur sont haut desor la roce asise, N’i a quarel, ki a chiment ne gise])
  • 17ogesir (desous) v.n. “être du ressort (de), dépendre de la juridiction (de)” (12971612, doc. 1270 doc. Gand 1297 [tout li prisonnier, ke on prendera en le vile de Gand, doivent gesir desous le amman devant dit Fland 1,1,p. 497]; doc. Liège ca. 1300 [ilhe gise desous nue haulte justiche CoutBelg V 1,106,105]; cp. mfr. gesir (en) “être dans la compétence de, concerner” (Paris 1510 CoutGén III 7a [A un rapport de jurez deuement faict… de ce qui gist en leur art et industrie, foy doit estre adjoustee]; Bourbonnais 1521 CoutGén 3,1271b; Estampes 1556 CoutGén 3,99a; Melun 1560 CoutGén 3,447a; Bassigny 1580 CoutGén 2,1150b; Clermont-en-Beauvaisis 1539 [quant aux droits de haute justice, moyenne et basse, ils gisent plus en disposition de droit qu’en coustume CoutGén 2,774b]; doc. 1612 CoutBelg. I suppl. 2 [l’appel gist pardevant le conseil provincial à Luxembourg])
  • 18o⁠loc. verb. gesir en service (de qn) “être au service (de qn)” (Amiens 13es., ChansMätzner XXIX 6 [N’onkes amours droit amant n’oublia, Et puis que j’ai en son service jut, J’atendrai tant k’ele aura aperchut])
  • ⁠loc. verb. gesir soz (une sentence) “être sujet, soumis à (une sentence) (t.jurid.)” (ca. 1174, BenDucF 25979 [Si fist Dex homme non mortal E nez senz peché e senz mal Que s’obedience e amor Gardast a son cher criator: Ne jeüst pas soz la sentence De mort, qui des idunc conmence])
  • ⁠loc. verb. gesir en sentence "id."⁠ (ca. 1174, SThomGuernW1 5054 [Mais a ces altres dous (qui sont excommuniés) ne puet nuls huem parler, Qu’en sentence nel facent e gesir e ester, U Thomas les ad mis…]; cp. mfr. frm. gesir en (exécution, action, poursuite, arrest, retrait, restitution, fait) “id.” Bourges ca. 1435 [se la chose gist en execution CoutGén 3,901b]; [Orléans 1509 CoutGén 3,758b; Arras CoutGén 1,279; Berg-S. Winox [1617] CoutGén 1,516b; Hondschote [1617] CoutGén 1,552b; 1,553b; La Gorgue 1627 CoutGén 2,1009b; Peronne 1507 [une obligation de somme ou chose… gist seulement en action jusqu’a 30 ans complets CoutGén 2,623a]; Orléans 1509 CoutGén 3,738b; Dunois 1523 CoutGén 3,1069b; Auxerre 1561 CoutGén 3,595a; Rousselare [1624] CoutGén 1,906b; Reims 1566 [L’apport mobiliaire… gist en poursuite et action personnelle CoutGén 2,507a]; Orchies 1618 [Le corps d’un bourgeois de ladite ville ne gist en arrest CoutGén 2,1001a]; Auxerre 1507 [les rentes vollages ne gisent en retrait CoutGén 3,572a]; Paris 1510 CoutGén 3,14a; Dourdan 1556 CoutGén 3,131b; Reims 1556 CoutGén 2,504b; Paris 1580 CoutGén 3,42a; Clermont-en-Beauvaisis 1539 CoutGén 2,762a; La Marche 1521 [ce qui est ordonné par forme de gain nuptial… ne gist point en restitution CoutGén 4,1124b]; Assenede [1619] [Mais si tant est que la sentence ou ordonnance contienne condamnation d’une chose gisante en fait, comme de faire le desistement de bien… CoutGén 1,806a]; Bourbonnais 1521 CoutGén 3,1241a [bled, vin, huile et autres choses qui gisent en poids, mesure et mutation]])
  • 19o⁠[cp. 8° gesir en] loc. verb. gesir en pechié “persévérer dans un état de péché” (ca. 11741354, SThomGuernW1 101 [Fols est ki en pechié volt lungement gesir]; TristBérM4 1390 [Assez est mort qui longuement Gist en pechié, s’il ne repent]; PurgSPatrHarlV 835 [Qui gist en peché criminal E ne lui peise cest grant mal]; ConsBoèceBourg [li sages est corrociez quant la naturel coveitié gist en pechié DwyerCons p. 102]; SermMaurB p. 170 [Mas l’en ne plore pas quant hom lo veit gezer ons granz pechez mortaus qu’il font]; SermMaurR 27,72; 38,31 [molt i a de cels qui gisent mort en pecié]; BibleGuiotW 89 [Li mauvés Prince, li veincu, Qui gisoient es pechiez orz]; [HLancA1 54,26 [quant jeo… gise en pecché]; 232,5 [La resureccion pur moy drescer sus de la sarcu ou jeo gise com mort, c’est a dire en ceo mond gise en mortele pecché com mort et hors me dresce celle resurreccion]], Gdf 4,267c; TL 4,1630 sub “sich befinden, in der Lage sein”)
  • ⁠v.pron. "id."⁠ (ca. 1211, BestGuillR 1201 [Le chaitif peccheor dolent, Qui en pecché se gist et meint; se manque dans ms. A])
  • ⁠loc. verb. gesir en sa plaie "id."⁠ (fin 12es., GregEzH 96 [Mais ce k’est piechieres se plaiez non?… Donckes si li pechieres ke geist en sa plaie ne s’angoisset mies…])
  • gesir v.n. “se trouver dans la condition humaine de pécheur” (fin 12es., GregEzH 36,28 [Et il ki gesuiet en tant morz cum froiz arscet mismes p[or] vraie amor]; 39,27; 78,4 [Mais ce k’est k’a lui ke gesuiet fut dit: stai sor tes piez])
  • ⁠loc. verb. gesir en escumengement “persévérer dans un état d’excommunication” (ca. 1174, SThomGuernW1 5064 [Il fait de saint’ iglise voz francs hummes eissir, En escumengement vos evesques gesir])
  • gesir (en gloutenie, en crime, en avoutire, en putage, en male vie) “persévérer (dans un état de criminel, d’adultère, de débauche, de mauvaise vie)” (déb. 13es.déb. 14es., AmYdR 7659 [en avoutire jesir]; RenclMisH 75,10 [se tu en crime gis Tu ne fais bien ne bien tu dis Ke tes pekiés tout ne perverte]; Etats du monde [Li plus haut cler e li plus sage Pernent de ceus de bas parage Luier pur gesir en putage, Dunt seinte Iglise a tel damage Que… R 4,390 v. 105]; doc. 1322 JobG 2508 [En ort gloutenie gisans]; NicBozCharV 543 [Kar ju en male vie trop loung tens avom; gloss.: «in etwa “einen schlechten Lebenswandel führen”»])
  • ⁠loc. verb. gesir en tenebres “persévérer dans les ténèbres de la condition humaine” (fin 12es., GregEzH 43,4 [por ceu ke toz pechieres uisest en la lumiere en quels tenebres il gesist])
  • gesir (dans les ténèbres) v.n. “se trouver dans un état de désespérance (en parlant du cœur)” (ca. 1230, RoselLec 2731 [Les teniebres ou li cuers gist Qui nuit et jor d’amors languist; cp. mfr. le cueur ne me gist pas bien de ceste vision CentNouvS 72,127])
  • ⁠loc. verb. gesir en langor ( cp. → 8°) “persévérer dans un état de langueur” (ca. 1240, MirAgn2K XXXIII 150 [Ore la prium (la Vierge) en la langur U nus gisum et nuit et jur])
  • ⁠loc. verb. gesir en dolor “persévérer dans un état de douleur (en parlant du cœur)” (1ert. 13es., CheviiEspF 4992 [La dame des Illes, l’ocist Dont mes cuers en grant dolor gist], TL 4,1630)
  • ⁠loc. verb. gesir en la viellece “être vieux (en parlant du cœur)” (mil. 13es., HuonPalL 391 [Mes cuers qui gist en la viellece Ne pense pas a la jonece Ne au voloir de jone eage])
  • gesir v.n. “se trouver dans une situation (périlleuse)” (ca. 1174, SThomGuernW1 3399 [La nef (= l’Eglise) veiz tutes parz en tempeste gesir], TL 4,1630)
  • ⁠prov. n’est pas perilz quanque en peril gist “il n’y a pas désastre aussi longtemps qu’on est encore en danger” = “il ne faut jamais perdre l’espoir” (ca. 1275, CassidP 308; [cp. mfr. n’est pas perdu quanque en peril gist prov. 15es. ProvM 1372])
  • 20o⁠(cp. 21°) gesir (en, dedans le, ou cuer) “(fig.) être contenu dans, se trouver dans” (fin 12es.1em. 14es., GregEzH 10,2 [vai si fai tot ceu ken ton cuer te geist; lt.: omne quod est in corde tuo, vade et fac]; HValL 502 [→ regesir 7°]; SGenB 450 [Humilitez… Qui en son cuer toz tens gisoit]; SermPuileW 128 [Et par dedens le cuer ne gist la casteés]; MousketR 26725 [Mais el cuer me gist une cose Ki pour lui me distraint et cose], TL 4,1630; FEW 5,1b [fr. gésir “se trouver, être contenu dans” dep. BeaumCout, aussi AdHale; ‘usité, mais un peu recherché’ Zumthor; note 4: «avec un sujet abstrait: là gît la difficulté, le danger, la gloire, etc.; toute leur beauté ne gît qu’en l’ornement Régnier»; le FEW réunit les sens 20° et 21°])
  • gesir (dedenz le sein de) "id."⁠ (ca. 1227, CoincyII25K 172 [Dame, encore gist grant esperance Et respose dedenz mon sain; repris en 1262 dans MirNDChartrK XXX 168])
  • gesir (dedens l’oel) "id."⁠ (av. 1271, ViergeLoengeA 150 [Li hom cui li tais (“fange” = “péché”) Gist par dedens l’oel])
  • gesir en qn "id."⁠ (ca. 12251354, RenclMisH 28,2 [Gens franchoise, gens paresis, Drois est ke grans biens en vous gise, S’a vostre non soit droit rendiés, Si come le vois le devise. Car Franchois est dis de frankise, TL 4,1630]; BibbO 780 ms. O [E en les hommes gison le haane (haine)]; [HLancA1 55,14 [cele cheitive alme q’est mult malade et ad pris son mal de celle Parescce qe on lui gist et trop demeure]])
  • ⁠prov. en petit cors git bonne ame (ms. fin 13es., ProvM 674)
  • gesir (dans un livre, etc.) “se trouver, être contenu dans (un livre, etc.)” (ca. 1275; ca. 1320, RosemLangl 19080 (= RosemLec 19050) [Ce sevent cil qui Platon lisent, Car les paroles teus i gisent]; 19187 (= RosemLec 19157) [Cete sentence peut saveir Qui veaut Albumasar aveir, Qu’el gist ou livre toute preste]; OvMorB IV 5824 [Autre sentence i puet gesir (cp. IV 4828 = Autre sentence i puet avoir)], TL 4,1630)
  • 21o⁠v.n. “être inhérent, impliqué (en parlant des conséquences de qch.)” (ca. 116018es., EneasS2 7195 [Mainte chose covoite l’on Don l’an avra ja se mort non;… Ses maus et sa morz i gisoit]; ModvB2 3493 [Pur une pumme e dampnez. El fruit ne jut mie le peché Ainz fust pur veir al devié]; GregEzH 13,26 [li felenie geist el besant de plum (= in talentum plumbi)]; doc. 1322 CoucyChansL XIX 33 [Qu’en amer gist hardemens et paors (chanson d’attribution douteuse, attribuée aussi – mais probablement à tort – à Gace Brulé, v. GaceBruléD 10,33)]; FolLancB 52,233 [vous ne me requerrés de chose que je ne face, se ma mort y devoit gesir (“to be involved”)]; FillePonth2B2 239 [car el conter ne gist mie grans preus ne grans houneurs]; ViergeLoengeA 185 [umilités gist Es honestes liex]; DialSJulB 307 [Peché gist en la glutonie]; Amiens 13es. ChansMätzner XXIX 12 [Car chest uns biens qui jamais ne faurra, Et se ni puet gesir perte ne frais Fors grans valours]; GaydonG 70 [Au bien ferir gist nostre garisons]; Du prestre c’on porte [Levés vous por santé avoir! Sire, vous dites droit et voir, Car el lever gist la mechine BarbMéon 4,29,283]; BeaumCoutS 801 [si parlerons… du peril qui y gist], TL 4,1630; FEW 5,1b; (→ 20°))
  • “avoir lieu, s’appliquer (selon les lois, t. jurid.)” (ca. 12901580, JPrioratR 3309 [Car ici gist li ordonance De la legion sanz dotance Que li offices et li gaiges Et… Chascum jor en escrit mis soient]; 4048 [et le sant aurent De bataillier, et victoire fine Gist en l’ordre de la decepline]; doc. 1304 YearbEdwiH 115 [par quey il semble qe le bref (= jugement del bref) ne gist poynt vers moy]; 181 [donk git le bref]; 241; 249 [cesti (bref) gist en cas vers celuy qe]; 265 [un bref de possession ou tiel respuns gist, e est doné par estatut]; 319 [en le attachement ne gist nulle essone pur le defendant]; 321 [si cesti bref vers luy gise]; 319 [en le attachement ne gist nulle essone pur le defendant]; 357 [Naturelement git ceste execpcion aprés vewe demaunde]; doc. 1305 YearbEdwiH 371 [“Ren arere” git en bouche de estraunge… Sire Peres dit qe ren arere git en bouche de estraunge]; cp. en mfr.: Meaux 1509 [le retraict gist tant seulement es heritages propres CoutGén 3,390b]; Châlons-s-Marne 1556 [En donation simple… ne gist retraict CoutGén 2,489b]; Clermont Argonne 1571 id. CoutGén 2,883b; Bassigny 1580 [en eschange d’heritage, n’y gist aucun retraict CoutGén 2,1146a]; Estampes 1556 [tel heritage ainsi vendu ne gist a retraict CoutGén 3,105b]; La Rochelle 1514 [Es matieres odieuses ou privilegiees ou gist sequestration CoutGén 4,857a]; Bourbonnais 1521 [n’y gist remboursement CoutGén 3,1253b]; Nivernais 1534 id. CoutGén 3,1146b; Clermont Argonne 1571 [en noblesse ne git espavité CoutGén 2,872b]; Bouillon 1628 [Pour arrester aucune personne a raison de tesmoignage n’y gist amende CoutGén 2,866b]; Péronne 1507 [le droit de douaire gist en la faculté de… CoutGén 2,618b])
  • ⁠prov. en aventure gist biaus cous “le hasard apporte souvent d’agréables surprises” (13es., ProvRurU 465), en aventure gist ben coup (agn. 13es. ProvFraunceM), maint biau coup giest en aventure: Nen treuve mainte foiz sanz querre Cen (“ce”) que le courage deserre (“désire”) (ca. 1280, ClefD 2698), cp. lt. casus ubique valet; semper tibi pendeat hamus; quo minime credis gurgite, piscis erit (Ovide, Ars amatoria 3,425))
  • ⁠prov. en la barbe ne gist pas li savoirs “il ne suffit pas d’avoir une barbe pour être un savant” (13es., ProvRurU 458)
  • ⁠prov. en cuveiter gist grant pertes (13es., ProvM 643)
  • gesir v.n. “entrer en jeu, être impliqué” (déb. 13es.; ca. 1240, AmbroiseP 1807 [Seignors, vos estes ma main destre: Veez si ceste pais puet estre; Gardez que vostre henors i gise E que ja de rien n’i desfise; car s’el vos plaist el sera faite, U remise s’el vos deshaite TL 4,1631]; ChastVergiS 93 [Ma dame… je vauroie vostre amor Avoir par bien et par honor; Mais de cele amor Dius me gart Qu’a moi n’a vous tort cele par U la honte mon signeur gise]; [JPrioratR 3309 (cette att. se trouve déjà ci-dessus sub “avoir lieu, s’appliquer (selon les lois, t. jurid.)”)])
  • “consister (en parlant des effets heureux d’une action, etc.)” (2em. 13es.ca. 1320, AventuresM 47 [La vie me sauverent… Quant mi poing deslierent (les loups qui rongent les lien), la gisoit li profis, Et mi pié ensement, dont mout grant joie fis MélLecoy p. 404]; JCondJacR 154 [‘Car la ne gist mie vos preus’]; CiNDitB 254,4 [A la grant poinne ne gist pas li grans proufiz, prov.])
  • gesir “être de coutume (de payer une redevance)” (1256/57, doc. 1256/57 [copie 15e.] FossierCh p. 485 [li quevaus puelt ahaner… par quatre menchaus d’avane le queval; …et li quevaus aquite le meis ou quel il gist, et ne puelt gesir en pluiseurs meis, mais en I seul])
  • 22o⁠(cp. → 16°, 20°, 21°) gesir en “dépendre de” [cp. all. liegen an]⁠ (1erq. 13es.ca. 1320, AnsCartA 3637 [Votre mors gist en mon espiel trencant]; 6726 [Vostre mors gist ens en ma lanche agüe]; BeaumCoutS 926 [cil gage gisent en la reconnoissance de la fame et en sa renomee, car s’ele reconnoist qu’ele s’en ala aveques li de son bon gré sans force fere, il n’i a nus gages; mes s’ele disoit que force li feest fete…]; Apol3L 52,13 [ne me despittez mie pour men povre habit, car li sens ne gist mie en la robe riche mais ou cuer]; WatrS 119,63 [Car haute honneurs pas ne s’adresce En grant boban ne en richesce, Ainz gist en bras, ainz gist en mains, Du bon qui n’est faintis ne vains, En bon piz, en bonne poitrine, En bon dos et en bonne eschine Et en marteleïs d’espees])
  • ⁠loc. verb. poi i gist de “il dépend peu de” (2et. 13es., PoireS 2490 [S’el vos aime, qu’el soit amee, Et ge croi bien qu’ele si soit; Mes poi i gist de son esploit Quant ne l’aparçoit, ne li vaut], TL 4,1630)
  • a lui gist (la raison) “(la parole, l’exposé des faits) dépend de lui, c’est à lui de parler” (1erq. 13es., HuonR 10086 [E! Dieu, comme Hue ait regardei Naymmon, Car il sceit bien qu’a lui gist la raison; gloss. “réside en”], FEW 5,1b [ne cite que mfr. gesir à “dépendre de” Commynes (= cela gist a la nourriture qui correspond exactement à l’all. das liegt an der erziehung, FEW 5,4b, n.5), il gît en votre volonté que “il dépend de vous que” Montaigne]; Hu 4,309 [avec d’autres exemples pour gesir en, à “dépendre de”], v. encore Corneille, etc.)
  • ⁠prov. en la langue gist la mors et la vie (13es., ProvRurU 239; ProvM 662)
  • 23ogesir a(l) (sur le) cuer (à qn) “être important (pour qn)” [cp. all. es liegt mir am Herzen] (fin 12es.ca. 1460, SimFreineGeorgM 952 [Dacïen quidat de veir Que tut fist le soen voleir, Mes tut el li jut al quer]; PoèmeMorB 3522 [Se ce qu’a mon cuer gist a chief poioie traire]; PelVieS 9684 [Adonc me respondi (Avarice) et dist: ‘Je te dirai ce qu’il m’en gist sur le cuer, vaille que vaille…’, TL 4,1630]; [LettrOxfL 78,6 [vous moustrer et declarer certeines matires lesquelx moy gisont bien pres a cuer]; [mfr. au cuer me gist que ca. 1460 JasonP 3,4,144; qch. qui me gist sur le cuer ib. 8,9,19]], FEW 5,1b [mfr. il gist de beaucoup “il s’agit d’une chose importante” Chol]; v. aussi Hu 4,309b)
  • mon coer gist a (qn) “j’attache beaucoup d’importance à (qn), je l’aime beaucoup” (agn. fin 14es., LettrOxfL 68,21 [au quelle femme mon coer gist fermement et moult d’avoir lui a ma femme])
  • ⁠il gist (de qch. sur qn) “(qch.) a de l’importance (pour qn)” (déb. 13es., PercDideR 1776 [Viellars, qu’en gist il sor vous? (Roach traduit correctement “what does it matter to you?”)])
  • estre gisaunt “tenir beaucoup à” (agn. fin 14es., LettrOxfL 68,15 [liquel est gisaunt graundement d’avoir la dite voeve a sa femme])
  • 24oarrier gesir de “(fig.) se retirer de, renoncer à” (ca. 1300, PanthT 581 [car sans doubtance On va envis arrier gesir De ce de quoi on a desir])
  • 25o⁠v.a. “assigner (une rente)” [Déjà enregistré sub → gehir G 425,12, où un rattachement à JACERE était resté ouvert. Wartburg rangeait gessir sub abfrq. *JEHHJAN FEW 16,282a et parmi les mots d’origine inconnue FEW 23,128b. Nous sommes convaincus, aujourd’hui, qu’il faut le rattacher à JACERE et qu’il s’agit d’une “dérivation synonymique” d’après asseoir “assigner, engager, donner” Rethel 1248-1323 Runk; BeaumCout (FEW 11,379b), cp. BeaumCoutS 285: qu’il li asseïst .X. livrees de terre, et fr. assiette f. “fait d’assigner une rente sur un fonds de terre” (1260-Ac 1932, FEW 11,398a); dans le domaine juridique, les deux familles peuvent se rencontrer dans le même contexte, p.ex. Auvergne 1510, CoutGén 4,1191a: laditte assiette de rente se fait ainsi que la rente gist; cp. aussi coucher avec des sens adm. et jurid. semblables (la famille de JACERE se rencontre sur beaucoup de points avec celle de COLLOCARE). Du point de vue de la forme de l’expression, le p.p. gissis est prob. influencé par assis.]⁠ (doc.1271 [Por laquel rente dessus dite… avons gissis et assegné maistre Jehan, maistre Gui Hodinet… lour et lour hoirs perpetuelment, les set setieres desus dites en nos terrages de Ville nueve a Chasne, a panre chascun an lou jour de la feste saint Renier Gdf 4,282b])
gisant s.m.
(gisant FloreaP 2360; etc., gesant GregEzH 78,7)
  • 1o⁠[→ gesir 3°] “personne dormante” (ca. 1160, FloreaP 2360 [Vit par la fenestre verrine le lit ou gisanz aperçoit; “Schlafende” gloss.])
  • 2o⁠[→ gesir 9°] gisant f. “femme en couche” (2et. 13es., AubS 1986 [La Vierge et Diu et Jozef lés a lés De le gisant a trouvés acoutés (“acostés”)], TL 4,1628)
  • 3o⁠[→ gesir 19°] m. “pécheur” (fin 12es., GregEzH 78,7 [A gesant est dit k’il se liest])
  • 4o“molaire de cheval” (mil. 13es., ContGuillTyrA p. 196 [le rei comanda au ferrot (maréchal ferrant) que il li (au cheval) traisist les gisans et les eschaillons; cp. FEW 17,79a], GdfC 9,700a; TL 3,831 sub eschaillon; FEW 5,2a)
  • 5omal gisant adj. [cp. gesir 20°-23°] “qu’il n’est pas convenable de faire, qui sied mal” (déb. 13es., ElesS2 424 [Ja de vilains gas mal gisans Ne sera cortois costumiers], TL 4,1631; [cp. malséant “id.” FEW 11,395a])
gisement s.m.
(⁠judéofr. gisement HaginL 25a, jizemont GlBNhébr302L, jizement LevyContr 661, ⁠pic. gissement RenMontM p. 403)
  • 1o⁠[→ gesir 3°] faire son gissement “préparer son gîte” (pic. ca. 1195, RenMontM p. 403 [entrés çaiens en la chambre voltie; Vostre gissement faites, ge lo coment et prie], Gdf 4,282a; TL 4,339; FEW 5,2a)
  • 2o⁠[→ gesir 3°] “couche, lit” (judéofr. 1240, GlBNhébr302L 74,75 [II Samuel XVII 28]; 200,19 [Daniel II 28]; LevyContr 661)
  • 3o⁠[→ gesir 12°] “commerce charnel” (judéofr. 1273, HaginL 25a [amant le gisement et houlier, et acroissant enfans], Gdf 4,282a; FEW 5,2b; LevyContr 661)
regesir v.n.
(regesir 1165 NarcisusT 234; etc., rejesir FolTristOxfB 883; PéanGatS2 8272)
  • 1o⁠[→ gesir 3°] “se recoucher pour dormir” (ca. 1165; 2et. 13es., NarcisusT 234 [Quant voil dormir, si me fremis. Or me relief, or me regis, Or reveul a celui penser Que je vi ier par ci passer]; CristalB 1934 […Quant voeil dormir, trestot fremis, Or me relief, or me regis. Por coi me remenbre de lui Que onques de mes eus ne vi?], TL 4,1632; FEW 5,2a [“êter couché, être étendu” 12e-14es., sans différenciation de nos sens 1°-7°]; ajoutez mfr. regesir “vivre, habiter (en parlant d’animaux)” doc. 1453 [corvees des bestes regesans sur le fief; Gdf 6,740a a mal traduit “incomber” en rattachant regesans à corvees; cp. gesir 5°])
  • 2o⁠[→ 3°, 4°] “être couché (chacun) à son tour” (ca. 1190[ca. 1300], VengAlE 693 var. ms. L daté 1280 [Philotes et le mestre font lor estaulison Envers le mestre porte regisent li grifon (= les Grecs); texte: Deviers le mestre porte u gisent li prison (= les prisonniers)]; fin 12es. FolTristOxfB 883 [Mais Deus aveit uvré pur vus, Quant trovat l’espee entre nus; E nus rejeümes de loins; v. aussi BartschChrest 24,217]; JakD 773var. [La dame se gist (var. ms. 14es. d. regist) en son lit, Lés son mari], Gdf 6,740a; TL 8,660)
  • 3o⁠[cp. gesir 1°, 4°, 5°] “être couché tout du long (en parlant d’animaux)” (fin 12es., GarLorrP II p. 234 [Desoz un tremble li Loherain se siet, Desor le porc tenoit l’un de ses piés Et d’autre part regisoient li chien; note: «gisaient tout du long, et comme dit encore le peuple: Étaient rétendus»], Gdf 6,740a)
  • 4o“être couché en s’appuyant” (?)⁠ (ms. 15es., Gloss. gall.-lt., BN lat. 7684 [regesir, reseoir : recumbo; la glose s’explique par l’inversement de la glose Aalma 10305 recubo vel recumbo : gesir ou seoir a mangier ou gesir au lit malade; cp. se gesir ariere BenTroieC 16529, → gesir ], Gdf 6,740a)
  • 5o⁠[→ gesir 8°] “être malade, alité à cause d’une maladie (à son tour)” (1em. 13es., PéanGatS2 8272 [Une qui ot non Roceline Rejut bien cinc anz en gesine, Car elle ert tot contretie])
  • 6o⁠[→ gesir 12°] “coucher avec une personne d’un autre sexe, avoir un commerce charnel” (2et. 13es., JacAmArtK 1418 [Son vis et sa face baissant, K’errant en faces ton plaisir D’une fois a le regesir. Li mautelens iert oubliés Et tous li mesfais pardounés], Gdf 6,740a; TL 8,660)
  • 7o⁠[→ gesir 13°] “être enterré (à son tour)” (ca. 1174, BenDucF 1492 [Misericorde aiez de lui, Que, quant avra pris batestire, Que ci regisse en cimitire], Gdf 6,740a; TL 8,660)
  • 8o⁠[→ gesir 20°] “(fig.) être contenu, se trouver à son tour dans” (ca. 1209, HValL 502 [Nonporquant ou juer ne ou rire ne ou solatiier ne gist mie toz li maus; ne toz li biens ne regist mie ou plourer ne el simple habit, ançois gist (var. se gist ms. C) ou cuer de cascun])
engesir v.n.
  • 1o“être couché” (ca. 1185, AlexParh [Es le vous engisant deles lui, a costé], Gdf 3,168b; FEW 5,2a [à supprimer, v. AlexParhM 252,15 et AlexParA III 99: en gisant; corr. aussi par Mölk ZfSL 87,1977,302)
  • 2o⁠[cp. gesir 19°-22° gesir en] “être incombé, être chargé (d’une faute, d’un péché)” (agn. 1erq. 12es., SGregPaintM [que le nient fraint num de pastur excellist e nient aníóust la culpa del deperdethur ZfSL 87,299, texte lt.: ut pastoris intemeratum (éd. Hartmann: in te meritum) nomen excelleret, non culpa dispersoris incumberet, avec commentaire de U. Mölk])
esgesir v.n.
[ÉtymologieDérivé peu assuré.]
(esgeü p.p. déb. 13es.⁠ HerbCandS 11053 var. ms. P2 du 13es.; 1316 MaillartR 3091; 3943 [aux deux endroits var. ageüeagesir], escuit 3epers.sg. passé déf. (l. esjut Gdf; «Esuit est dans le ms., peut-être pour estut?» Reiffenberg en note; ou faut-il lire esjut = esjot et le rattacher à esjoïr TL 3,1078s.?) ca. 1356 [ms. mil. 15es.]⁠ ChevCygneBruxR 70)
  • 1o“accoucher” [→ gesir 9°; cp. agesir, engesir et Rothwell R 94,241-250]⁠ (1316, MaillartR 3091 [avant que fut esgeüe La contesse; var. ageüe → agesir]; 3943 [ele estoit d’enfant esgeüe; var. ageüe], FEW 5,2b; [s’agirait-il éventuellement d’une var. du préfixe a-? cp. MaillartR p.XXs.; dans ce cas il faudrait l’ajouter à l’article agesir, FEW 24,158a)
  • 2o⁠[cp. gesir 11° et 19°] (?) *loc. verb. esgesir en consolacion “se trouver dans un état d’âme de consolation, de joie” (ca. 1356; ca. 1365, ChevCygneBruxR 70 [Desous ung arbre biel est asis li baron, Enssi comme il esuit [l. esjut] en consolacion, Evous une pucielle de moult bielle fachon; cp. gire en leur biaus lis, en consolatïon (“joie”, cp. TL 2,741,47)]; BaudSebB XXI 733, Gdf 3,468c; TL 3,1071; FEW 5,2a [“être couché” hap. 13es. (mal daté)])
  • 3o⁠[cp. gesir → 15°] esgeü p.p./adj. “paresseux” (?)⁠ (pic. déb. 13es., HerbCandS 11053 [Ohi, Tervagant, sire! mauvais deus recreüz! Ja es tu de fin or esmerez et batuz; Mais tu ies endormiz come pors en paluz; Qui t’avoit lo col frait et les braz desrompuz, Bien avroit esploitié que trop ies aseguz (var. esgeüz)], TL 3,1071; FEW 5,2a)
porgesir v.a.
(⁠infinitif attesté: purgesir BrutA 3721; 6083; 11407)
  • ⁠[→ gesir 12°] “violer (une femme)” (ca. 1150mil. 14es., LoisGuill [Cil ki autrui femme purgist si forfeit sun were vers sun seinur BartschChrest 12,42; LoisGuillL t. 1,p. 500,§12]; LoisGuillL 18 [ki purgist femme a force, forfeit ad les membres]; BrutA 3721 [Emprés fu reis sis fiz Eldol, Ki mult se fist tenir pur fol Pur ceo, trop fu luxurius E de femes trop coveitus; Ja gentil feme n’i eüst, Que de si haut parage fust, Fust espuse, fust damisele, Pur ceo qu’ele li semblast bele, Que il ne vulsist purgesir; v. aussi KellerWace 51a]; 6083 [Des meschines firent ocirre Plusurs qu’il voldrent purgesir Ki nel vuleient consentir]; 7454 [Mainte meschine unt deceüe E en tel guise purgeüe]; 11407 [La pucele volt purgeseir, Mais…]; 11428 [par force m’ad purgeüe]; RouH I 278 [Villes arstrent, hommes occistrent, Fames porjurent, avoir pristrent]; II 1064 [Et porgiessent les dames dejouste lor mariz]; II 4198 [Lez moustiers alumoient, les autels abatoient, Les païssanz tuoient, lez fames porjesoient]; II 4251 [Mainte vile gastee, mainte eglise abatue, Mainte espouse honnie, mainte dame porgeüe]; III 4865 [Vilains pernent, femes porgiesent]; ChronSMichelR 460 [Quant le jaiant ovec lei jut. Fille Hoel estoit le conte, En porjesant l’oscist a honte]; SThomGuernW2 3006 [David, reis e prophetes, purjut altrui muillier; var. parjut BN fr.13513 f°49v° selon Gdf]; RenM VI 1150 [Qant tu a ma feme joüs Et a force le porjoüs; TilLex 118]; fin 12es. SPaulEnfAdK 138 [Li autre ke sunt al nombril (dans la fange de l’enfer) E soffrent ilok al peril Ceus parjurent l’autrui moillers, Ifornication les fist fers (= SPaulEnfAdO 101: Porgesoient altrui moilliers En fornication furent fiers); cp. Gdf]; BueveAgnS 911 [Ke jeo en haut le pend, car il ad purgüe Josiane a cors gent]; SEust5P 453 […Deu l’ad nettement gardee. Li fel pautener ne l’ad pas purgue, Ki l’out par sa force e a tort retenue]; 676 [Mes li malvés gluz ke a tort m’ot ravie, Ne me porgit unques jor de tote sa vie]; GuiWarE 3282 [un soldeier… En voz chambres par force entrat, Vostre Laurette purjue ad]; LReisEnglF 127,44 (agn. fin 13es.) [Meme le iur que il fust enoynt en rey, si cum il sist entre ses barons, que parlerent des busoygnes del reume, il cum par une enveysure sailly hors de conseil e entra en la chambre e puriust sa cusine que il teynt pur sa femme; cp. Gdf]; SecrSecrAbernB 733 [Pur ceo, emperur, reisun vus prie, Ke femmes ne purgisez mie; Kar teu chose est en verité A porc dreit une proprieté]; BibleTr Gdf (ms. 14es.) [Si occirunt ses filles e ses fiz E ses femmes a force serrunt prises E ses soinantes purgues e malmises]; BastC 5774 [A le loy de Mahon la roÿne espousoit: Et chelle du Bastart durement se plaignoit, Si dist que maugré lui pourgeüte l’avoit], Gdf 6,292a; TL 7,1516; FEW 5,2b [11e-13es., mais 11es. concerne LoisGuill; ajoutez mfr. pourgesir “faire épouser par procuration” MolinetChronD 2,234; de même MolinetFaictzD 1,329, passage mis par erreur sous “violer” par Gdf, v. LevyContr 661])
pourjute s.f.
  • “commerce charnel” (judéofr. 1273, HaginL 59d [La meson .7e. a .13. sors. L’un, le sort de pourjutes a malles et a femeles, soit pris de jors et de nuis de venus au gré couchant et soit geté du germinant. Et le secont, le sort des pourgisemens en la nativité des malles, selonc Enoc soit pris de jours et de nuis de saturne a venus et soit geté du germinant… Et le tiers, le sort des femmes… Le quart, le sort de la moie (“abondance, excès ?” gloss.; FEW 62,53a; 63,338a) des pourgisemens, (60a) soit pris de jours et de nuis du soleil a la lune et soit geté du gré de venus], Gdf 6,292b [mal défini “enceinte”]; TL 7,1517; LevyContr 661)
pourgisement s.m.
  • “commerce charnel” (judéofr. 1273, HaginL 59d [v. le texte sub pourjute], Gdf 6,294a; TL 7,1517; FEW 5,2b; LevyContr 661)
pargesir v.a.
  • ⁠[→ porgesir et gesir 12°] “violer (une femme)” (1em. 13es.ca. 1333, SThomGuernW2 3006 [d’après une var. du ms. P (1em. 13es., ms. «inférieur» Walberg) citée par Gdf 6,768c; v. le texte sous porgesir]; GrantzGeanzaB 414 [Humeine forme pernoient (Incubi)… Ou femmes firent mixture; Quant en delit les troverent En cel point les pargiserent, Sovent enfanz engendrerent, E tost aprés s’envanerent; var. pergiserent d’après JubNRec II 367]; 429 [Tut lur delit acumplirent; Mes les dames rien ne virent Ceux (Incubi) qi pargieu les avoient]; GrantzGeanzlB 429 [Mes les dames riens ne virent Ceux qe parjeu les aveient], Gdf 6,768c; TL 7,1516 sub porjesir; FEW 5,2b et note 10; LevyContr 661)
pelgesir v.a.
[ÉtymologieDéformation par jeu de mots de par-/pergesir, porgesir sous l’influence de peler “foutre” et de pelous m. “pudendum muliebre” TilLex, FEW 8,483b; 5,4bn11; 8,503b.]
  • “faire l’acte charnel avec” (4eq. 12es., RenM VI 1008 [Ne voil q’autre fois s’i amorde A faire honte a son conpere Ne a pelgesir sa conmere], FEW 5,2b; TL 7,1516)
forgesir v.a.
  • 1o⁠[cp. → gesir 12°] “tromper par adultère” ([1ert. 13es.], BlancandM 16 [(Les dames) gisent avoec lor garçons. Ensi forgisent lor barons, texte du ms. C (fin 13es.); = BlancandS: (les dames) ont amé toz lors garçons Et les boviers de lor maisons], Gdf 4,78a [forgeü GastPhébChasseT 27,20 est à supprimer, → gesir 15°]; TL 3,2096; FEW 5,2b)
  • 2o⁠[cp. → gesir 16°] *forgeü “situé, placé au dehors” (doc. 1546, Georges de Seyturiers dans Ferroul_Montgaillard, Hist. Abb. de St-Claude, II, Lons-le-Saunier 1855, p. 310 [Le dit marrylier doy apourter de l’eaue tous les dimenches pour benoytre, tan en la pyerre forgeüst que aussi en la chapelle des trepassés], Gdf 4,78a [faux renvoi])
  • 3oforgesir en qn “être donné, prononcé contre qn (en parlant d’un jugement, t. jurid.)” (doc. agn. 1313 YearbEdwiiM 5,105 [en cas qaunt son tenant par felonie feste ad perdu les issues de cele terre del jour de la felonie fete jesqes al jour de sa mort ou de utlagerie pronuncie en sa persone ou autre juyse forgise (var. surmys) en sa persone par reson de cele felonie «or have so forfeited them by reason of judgment of outlawry against him, or by reason of any other judgment pronounced against him in respect of such felony»; le sens du préfixe n’est pas clair])
entregisant p.prés. pris comme adj.
  • ⁠[Cp. lt.cl. INTERJACENS “situé entre (topographiquement)” ThesLL 7,1,2198; → gesir 16°] “situé entre” (fin 12es., DialGregF 206 [Quar il disoit, ke li honorables peres Sperances par non estorat monstiers en icel liu a cui est nons Cample, ki est pres entregisant lo spaze de la tierce leue deseureiz del viez borc de Nursie; lat.: qui sexti ferme miliarii interiacente spatio a vetusta Nursiae urbe disiungitur], TL 3,658; Gdf 3,287c; FEW 5,2a [12e-14es.; les attestations en mfr. se trouvent toutes dans le texte du traité de Brétigny (1360), § 4: toutes autres appartenances et lieux entregisans dedens les mettes et bonnes qui s’ensuivent GrChronP 6,178 [Gdf: entregesans, par erreur]; toutes autres apertenances et lieux entregrissanz (l. entregissanz) dedeintz les metez ou bonndez qui s’ensuient LBouill p. 41 [cité incorrectement par Gdf]; toutes aultres apertenances et lieus entregisans dedens les metes et bondes qui s’ensievent FroissChronL VI,9 (= livre 1er § 475); autre var. → entregisé])
entregisé p.p. pris comme adj.
  • “situé entre (topographiquement)” [→ gesir 16°]⁠ (doc. 1360 [Toutes autres appartenances et lieux entregisés dedenz les metes et bonnes qui s’ensuyvent GrChron, ms. BN fr.2813 (anc. 8395), f°427a = var. du Traité de Brétigny § 4, → entregisant; c’est le ms. de base de GrChronP (le passage cité correspond donc à GrChronP 6,178, v. ci-dessus), mais l’éditeur en a souvent changé (et altéré) le texte, cf. GrChronP VI 492; ChronSDenisV I,XXVIIs.], Gdf 3,287c; FEW 5,2a [hap. 13es. est une erreur])
sosgesir v.n.
  • ⁠[cp. gesir 17° et 18° et sogire < SUBICERE, FEW 12,333a, à réunir avec SUBJICERE 12,341, v. 12,513a] “être soumis à, dépendre de” (fin 12es.; ca. 1230, DialGregF 46 [la possession, la queile possessions suzgisoit a la ci devant dite citeit Tuderine; lat.: quae possessio praefatae Tudertinae civitati subiacebat]; RenclMisH XCI 5 [A Dieu… A cui sougist, vuelle ou ne vuelle, Toute riens ki vit sous la lune; de même BartschChrest 70,65], Gdf 7,610c [la déf. “être situé en dessus” est fausse]; TL 9,947; FEW 5,2a [cp. aocc. sotzjaser v.n. “être soumis à” (Rn 3,583b; Lv); afr. suzgesir v.n. “être situé en dessus” (lorr. 12es.) est à supprimer])
mfr. surgeseur m.
  • “incube” (2em. 14es., AalmaR 5823 [incuba : surgeseur; id. dans l’éd. imprimée de 1487; var. du même gloss. suggesseur Cath., BN n.acq.l. 1042; subgeseur Aalmas], Gdf 7,603a; FEW 5,2a [mfr. surgeseur “incube” 14e-15es.])
maugesir v.n.
  • ⁠→ gesir 4°; maugisantgesir 4°.⁠
giste f. et m.
(giste m. [attestations avec genre assuré] ca. 1177 YvainF 670; RenM I 905; HValL 564; CoincyI19K 24; doc. 1251 DocFrHMarneG 31,3; doc. 1264 ib. 177,12; doc. 1265 ib. 191,8; doc. 1266 ib. 216,32; doc. 1298 Gdf; doc. 1320 Bev 166; doc. 1325 CptRoyM 7305; doc. 1334 EspArt II 88; TombChartr11W; etc., gite m.⁠ doc. 1265 DocFrHMarneG 191,8; [ou f.] doc. 1312 CptRoyF 18092; m. [ou f.] doc. Meuse 1321; [m. PsLorrA 40,3], gicte m.⁠ doc. Dijon 1471 Gdf, geste m. [mlt. gestum bourg. 1218 DC 4,72b, gextum 1209 et 1235 ib.];⁠ doc. Meuse 1318 Gdf; [ou f.] doc. Meuse 1343 Gdf, geiste m.⁠ 1184 doc. mlt. DC; 1193 ib.; [cp. mlt. geixtum 1227 DC 4,72b], gieste m. ca. 1320⁠ CiNDitB 346,11; [[m. ou f.] doc. norm. 1413 Gdf], giete m. champ. 15es.⁠ AnglureB 272 ms. M; [m. ou f.] doc. norm. 1413 Gdf, geyte doc. Meuse 1359/60, ⁠? gistre m. 2eq. 13es.⁠ HAndBatP 445 (à lire orgistre? v. 1°), guiste m. ou f. (forme hypercorrecte)⁠ RenR 14237 (ms. fin 13es.; cp. RenM VII 77 var. id.; 2 mss. du 13e/14es. ont de giste; de guisse var. ms. 13e ou 14es.), ⁠m. ou f. agn. gist 1396 ManLangM 389, ⁠– giste f. [mlt. gista doc. 1273 DC 4,72a];⁠ Yvain 670 ms. AS [fin 13e/14es.]; ca. 1243 MousketR 18705; AuberiT p. 21,16; doc. 1265 Gdf; ca. 1300 JakD 4989; doc. 1332 PiérardMons 382,9; doc. 1349 CptSMartD p. 739; [encore en mfr.: Froiss, Lac; 1561 DuFouillT], jeste f.⁠ AlexParhM 191,31, geiste f.⁠ doc. Meurthe 1288 Gdf, giede SermMaurB p. 50 [= SermMaurR 49,62 giste])
  • 1o“lieu où coucher, abri, demeure” (dep. ca. 1177, YvainF 670 [Et s’i prandroit la nuit son [var. mss. AS sa] giste]; RenM I 905 (= RenMéon 10637) [li prestres… Qui dex doint mal giste et pou pain]; AmbroiseP 9430 [E quant il plus n’en i troverent A giste (“campement”) ariere retornerent]; ChevCygneNaissT 147 [De giste ne de fievre n’ert ja acoisonouse]; AmYdR 1914 [de giste en giste]; CoincyI19K 24 [peu pain avoit et mal giste]; AnsCartA 7761 [De giste en autre les sivent]; CheviiEspF 5171 [s’achemine Vers la cort, et d’esrer ne fine Par ses gistes (“journées de voyage”? v. plus loin) tant k’ele vint A Garahes, u li rois tint Sa cort]; HAndBatP 445 (?) [Il n’ose mes aler par France, Qu’il n’a nule connoissance; Quar arcien (“maître ou étudiant en logique”) et discretistre (“maître ou étudiant en décret, droit canon”) N’ont mes que fere de lor gistre; passage assez obscure; gistre ms. BN fr. 837; giste BN fr. 19152; à lire peut-être l’orgistre (v. la note de Héron p. 178) qui conviendrait mieux pour le sens, mais orgistre (mlt. organistrum) n’est pas attesté ailleurs (cp. FEW 7,410a; TL 6,1259)]; MousketR 18705 [Prist une vespree sa giste]; RosemLangl 11704 (RosemLec 11674) [e maneir e giste]; doc. Meuse 1318 [Pour toute la journee et le soir au geste Gdf]; CiNDitB 346,11 [Aprez allerent au gieste an une abbaie ou l’en leur fist mout bonne chiere (“gîte, lieu d’hospitalité” gloss.)]; doc. Meuse 1321 [pour lor gictes quant il devoient gesir a Lille ou aultre part Gdf]; doc. 1334 [s’aucuns bourgois ou… herbeguoit au giste de nuit gens armez d’auquetons… EspArt II 88]; doc. champ. 1335 [n’auront… ne giste, ne boire, ne maingier; mal daté 1355 par Morlet 220]; TombChartr11W [Souvent ot poi pain et mal giste]; doc. Meuse 1343 [Au souper et a geste Gdf]; [doc. Meuse 1359/60 [Au souper et au geyte vin a Conflens Gdf]], GdfC 9,700a; TL 4,340; FEW 5,2b [attestations en mfr.: gite PsLorrA 40,3; giste GaceBuigneB 4154; gist agn. 1396 ManLangM; giste m. AnglureB 4; 271; giete m. AnglureB 272 ms. M; giste m. Gand 1432 CartHain 5 Suppl. p. 531; 1454 LabandeBeauvais 343; 349; CentNouvS 16,61; Chastell 27; gist 15es. Li])
  • 2o⁠(→ 1°) “séjour de nuit; journée de voyage, étape” (ca. 1177ca. 1462, LancR 6415 (= LancF 6435) [Mes que valdroit se je contoie Ne ses gistes ne ses jornees?]; EscoufleS 1368 [Tot droit le grant chemin de Rome S’en vont a petites jornees: Que par gistes, que par jornees, S’en son[t] venu a Bonivent]; HValL 564 (= HValW 564) [Qui vous raconteroit ses gistes jusques a Salenyque, che seroit uns grans anuis]; AuberiT p. 21,16 [Toute leur giste ne sai pas raconter: Ardenne prenent a traverser prob. contamination de forme et de sens de giste et geste < GESTA pl.n. FEW 4,119a; le passage est rangé par Gdf sub geste et par TL sub giste)]; JakD 4989 [Mais sa giste si avisa Qu’il fu ja assés priés dou soir Quant il aproça le manoir De la dame, s’a son sommier Commandé laiens descargier (“logement, étape” gloss.)], TL 4,340 [sous la déf. “Nachtlager”]; FEW 5,2b [“séjour de nuit” inclus dans la déf. générale], [mfr.: giste id. Froiss, Lac; CentNouvS 8,53; emprunté par le mangl.: giste “stopping or resting place, lodgings, hostel” dep. ca. 1230, var. geste, MED 4,136a)
  • 3o⁠(→ 1°) “demeure d’un animal, tanière, terrier, etc.” (dep. 4eq. 12es., RenR 14237 [Il n’est mervoille qui n’avaingne: Il avint aen a Compiengne Que Renart fu de guiste issuz Et s’en torna les sauz menuz Tot droit a la noire abaïe; cp. RenM VII 75-79]; CantLandP 2202 [Cist sunt lion…. E liupart… li mont U cez bestes lor gistes font], TL 4,340 [mfr. giste “Lagerstätte, Bau der Fischotter” 3eq. 14es. ModusT 53,66; etc.]; FEW 5,3a [mfr. giste m. “terrier (d’une bête sauvage, p.ex. la loutre)” (Modus - Widerh 1675), mfr. nfr. gîte “tanière du lièvre” (dep. Est 1552; mais déjà en 1389 GastPhébChasseT giste m. “gîte du lièvre” 6,6, à côté de “gîte du cerf” 31,8, “gîte d’une bête” 49,54); autres attestations pour giste (d’une bête) en mfr.: Chaumont Bassigny 1494 CoutGén 3,360; Troyes 1509 CoutGén 3,252; Marot Littré; 1561 DuFouillT (m. et f.); Lorraine 1594 CoutGén 2,1114a (f.)])
  • 4o⁠(→ 1°) [mlt. gistum; gista n.pl. → gista f.sg. et var. DC 4,72] “droit féodal de passer quelque temps dans un lieu et d’y être reçu gratuitement avec toute sa suite et tout son équipage; rétribution pécuniaire offerte pour en être dispensé” (1158Cotgr 1611, doc. mlt. 1158 [hospitium et procurationem per duas vices, quae consuetudo vulgariter gista vocatur DC]; [convivia que vulgo correde vel giste vocantur Brühl 1,291]; doc. mlt. 1184 [exactionem neque hospitalitatem, quae vulgo geiste appellatur DC]; doc. mlt. 1193 [Si… acceperit geiste DC]; doc. mlt. bourg. 1209 [gextum DC 4,72b]; doc. 1215 [pour un giste de dix livres et six sextiers d’avoine, a moy ou a mon commandement chascun an a payer DC 4,73a]; doc. mlt. bourg. 1218 [gestum DC 4,72b]; doc. mlt. 1227 [geixtum DC 4,72b]; doc. mlt. bourg. 1235 [gextum DC 4,72b]; doc. mlt. bourg. 1235 [Neque in procurationibus, quae gallice giste nominantur, tenentur me in aliquo procurare DC 4,72a]; doc. 1244 [c’est assavoir les hommes de ses arriere fiez ne de ses gistes Morlet 277; Runk 128]; doc. 1247 Runk 128 [li homme de mes gistes]; doc. 1251 Runk; doc. 1253 Runk; doc. 1251 DocFrHMarneG 31,3 [ge ai eschangié ce que je avoie et tenoe a Mont Maçom et a Grenant, an gistes et an servises; en gites et en servises dans le Consentement à cet échange 1251, ib. 32,7]; doc. [1254] [et si leur deffendons (aux baillis)… que il ne prengnent gistes en maisons de religions Ord 1,71; 1e date d’après HeidelFinanz 67 n. 522, mais la date concerne le texte latin (gista) et la trad. fr. n’est pas datée]; doc. 1266 DocFrHMarneG 216,32 [Et ordenons que mes sires de Jeinvile rait son giste a Fontaines et a Parfonde Fontaine toutes les foiz qu’il paiera et randera a l’abbei et au couvent de Saint Ourbain onze vinz et dis livres qu’il ont sus]; doc. bourg. 1277 Jassemin 86 [item, le geste de Beleneoe, et en tiegn hommes; item, le geste de Maigné-Seint-Maart; note 2: gistum, droit de gîte]; doc. champ. 1287 Bev 166 [Dou giste de la granche Nostre Dame de Troies, 10 s.; Bevans “? espèce de redevance”]; doc. champ. 1288 Bev 166 [dou giste dou Pont Ste. M., 50 s.]; doc. Meurthe 1288 [En avoir la geiste et le habergaige GdfC 9,700b]; doc. Liège 1290 ReiffenbergMon I, p. 239 [ke tres noble princes nous chiers sires Guis, cuens de Flandres… nous ait quitteit a nostre vie les gistes k’ilh ou ses bailhies de Namur pooent prendre en nostre doieneit]; doc. 1312 CptRoyF 17572 [De cheu chiet pour non accompté a chest terme de giste de Moulins: 7 l.; mal rattaché à 7° par l’éd.]; 18092 [Des gites de Courbigni, pour le tout: 3 muis]; doc. 1316 Morlet 277; doc. champ. 1320 Bev 166 [Dou giste d’Ierri… 50 s.]; doc. 1326 CptSMartD p. 207 [Pour le giste et le cens de Kain… 4 s. et 2 d.]; doc. 1332 CptSMartD p. 256 [Les 100 et 13 s. de le giste a Bouvegnies rechiurent dans Pieres Baras et… a le saint Remi l’an XXXI]; p. 266 [A segneur de Cin, pour ses blans wans 32 d. Pour le giste a Quarte: 4 s. et I d. Pour le giste a Morcourt: 10 d. … Pour le giste et le cens a Kain 3 s. 4 d.]; doc. 1333 CptSMartD p. 306 [De le giste de Bouvegnies, ki somme 100 et 13 s. …furent paiiet li frait d’un plait…]; doc. 1334 CptSMartD p. 360 [De le giste de Bouvegnies reciut on: 100 et 13 s. a le saint Remi l’en XXXIII]; p. 363 [Rentes perpetueuls paiiees. Au Franoit… Pour le giste de Morcourt: 10 d. et 3 parsis. Pour le giste de Quarte: 4 s. et I d. Pour le giste de Mazengien: 4 s.]; doc. 1335 CptSMartD p. 448; doc. 1349 CptSMartD p. 739 [et se paient a dant abbet se giste]; p. 740 [Li giste de Bouvignies, pour le pret de Tripont, vault a le saint Remy: 113 s. 2 d. et O.]; p. 777, FEW 5,3a [droit de giste “droit du seigneur de se faire héberger par son tenancier pendant un jour et une nuit” (13es. - Cotgr 1611, Gdf; Runk; Rag) et note 13]; DC [sub gistum, gista et peut-être gita (cp. jactare FEW 5,15b)])
  • “redevance due au seigneur pour le logement et la nourriture des [chasseurs et des] chiens de chasse” [cp. mlt. gistum canum et venatorum doc. 1232, DC 4,72a; v. aussi Brühl 1,308s.; Lac]⁠ (doc. 1264 DocFrHMarneG 177,12 [Aprés, li chien ne li veneour lou seignour de Jainvile ne a ses hoirs, qui ont lou giste une foy l’an en aucunes viles ou li dis abbes et li convens ont part, li homme Saint Ourbain n’en doient paier mais que ce qu’a aus en afferra selonc ce qu’il sont en la vile]; doc. 1265 DocFrHMarneG 191,8 [Et lor otroi lou pasturage… dou quel pasturage il doiet lou gite a mes chiens]; doc. hain. 1265 [por une giste des kiens et des veneurs, X sols Gdf], Gdf 4,282c; HeidelFinanz 65 [mlt. canum meorum hospitalitatem et pabulum est déjà attesté au XIes.; abolition de la coutume dans les coutumes du Hainaut en 1619 (132,2): interdisons… de faire nourrir chiens es censes et maisons d’Abbayes… ny sur quelque laboureur de notredit pays CoutGén 2,147a]; cp. mangl. giste (gyste, gyst) “a payment for pasturing livestock” 1421-1453, MED 4,136a, expliqué < agiste, → agister)
  • 5o⁠[→ gesir 8°] “fait d’être alité” (ca. 11851ert. 13es., AlexParhM 191,31 [Puis furent li Grijois des mires regardé, Et cil qu’en ont mestier rafresci et bendé Et remis a ceval…; Emenidus d’Arcade a le sien (palefroi) demandé, La jeste (var. litiere “chaise à porteur, brancard”; cf. AlexParA β 99 v. 7 = t. 5, p. 53) ne li plest ne ne li vient en gré (au convalescent qui demande un palefroi)], TL 4,341 [la déf. “Lage; hängende oder liegende Stellung” induit en erreur]; SermMaurR 49,62 [quar aucun de ces jors venra ou fievre u giste, si getera mors ces bels cors, gloss.: “confinement owing to illness”; SermMaurB p. 50 donne giede, confirmé par Gdf 4,275b qui cite d’après le ms. (var. ou erreur du scribe?); le renvoi de TL 4,309 «Serm. poit. 24» est fautif], TL 4,309 [giede (?), sans déf.; se demande s’il faut lire glades < GLADIUS]; Gdf 4,275b)
  • 6o⁠[cp. gesir 16°] “position horizontale (en parlant d’un objet)” (ca. 1307, GGuiB II 9386 [En pluseurs lieus ra batelez (batelet “petit bateau”) Qui enmi les mas (“les mâts”) ont leur gistes, Ou il ra bons serjanz et vistes (cp. Au desouz… ra batelez Enmi les mas pendus a cordes ib. II 9464)], TL 4,341)
  • 7o⁠[Cp. gesir 14° et 15°; mlt. gistum molendini 1302 CptRoyF 15923 [pro gistis molendini: 40 s.]; 15567 [pro gistis molendinorum ad hunc terminum: 17 l. 18 s.]; 15945 [pro gistis dictorum molendinorum: 108 s.]; 16012 [pro gistis molendini: 40 s.], l’éd. définit “gîte ou meule de dessous”, cp. mfr. frm. gîte “meule gisante” dep. Th 1564, FEW 5,4a, cp. giston 2°, mais CptRoyM 8026 [pour les 3 moulins a blé qui furent gesans sans rien fere; v. aussi 8027; 8028; 8029] et un examen attentif des comptes prouvent que cette interprétation n’est pas correcte.] “le fait de rester immobile, sans fonctionner (en parlant d’un moulin); dédommagement que le seigneur verse au meunier si le moulin doit être arrêté à cause de réparation” (12981325, doc. 1298 [Les cinq moulins a blé d’Estampes valent trente et neuf muiz de grains, de ce chiet neuf sextiers pour le giste des moulins Gdf 4,282c; “?” au lieu d’une déf.]; doc. 1321 CptRoyM 7482 [Pour giste par 12 jours par jour 2 s., valent 24 s.]; 7484 [Pour rapparellier par deus foiz la roe du moulin as Danois et pour 2 paire de paignons: 15 s., pour fer et forgüre: 10 s., pour giste: 2 s. Somme 27 s.]; 7487 [Pour rempaner la reue du grant moulin de Pierreville, pour 1 reuet, uns paignons nuefs: 45 s.; …pour giste: 2 s.]; 7488 [Pour rapparellier la reue du petit moulin, pour un rouet, uns paignons nuefz, et un paalier et pour refere la maissele dudit moulin: 28 s.; pour fer et forgeüre: 7 s.; pour giste: 6 s. Somme: 41 s.]; 7492 [Pour empenner la reue du moulin de Couville sur l’arbre et le rouet et uns paignons touz neufz, pour reclorre le moulin de neuf devers l’eaue, …pour giste par 6 jours, valent 12 s.; item pour une meule achater…]; 8026 titre [Item, les gistes des moulins de Bretueil pour cause de ladite peecherie et pour les clotoueres qui y furent assises toutes neuves]; 1325 ib. 7305 [Pour le giste d’une semaine quant le moulage et l’arqueure furent apparelliés et quant la moele fu assise: 26 s.])
  • 8o“poutre qui sert de soutien, sommier, solive, poutrelle de plancher” (hain. flandr. 13321627, doc. 1332 PiérardMons 382,5 [A Colart De le Loge pour 13 baukes de 4 piés, 20 d…. Item a lui pour 94 lattes de caisne, 7 s. 8 d., Item a lui pour 3 gistes parmy 7 s. le kieviron, 5 s. 3 d.]; 382,9 [Item pour une giste de 16 piés, 21 d.]; 383,26 [Item, a lui pour 3 quairiaus de 16 piés, 1 de 24 piés, 1 kieviron de 20 piés et 2 gistes], Gdf 4,282b [“poutres sur lesquelles reposent les assiettes d’un pont”]; FEW 5,3b [“id.” Froiss-Huls 1596, Gdf; Gay; CohenRég; Oud 1660]; attestations après 1350: ca. 1405 FroissChronD CCXII,50 [mais encores estoient les escaces dou pont et les gistes en la riviere]; 1408 et 1459 Gay [“solive, poutrelle de plancher”]; MolinetChronD chap. 44 (I,p. 206); 1501 CohenRég [“poutre” et “solive”]; J. de Cahaignes, v. Hu; ca. 1600 Cout. Mons 55,3 [moins aussy mettre et asseoir audit mur somiers ny gistes plus avant que sa portion audit mur CoutBelg VII 3]; La Gorgue 1627 art. 54 [sommiers, gistes et autres bois ou pierres CoutGén 2,1008a]; mangl. giste, gieste, joiste, juiste, juste MED 4,136b dep. 1325 est emprunté au fr. [v. aussi angl. joist OED 52,599b])
  • 9o“trumeau, partie de la cuisse du bœuf (t. de boucherie)” (dep. 1393, MenagP II 86 [Ou giste a huit pieces et est la plus grosse char, mais elle fait la meilleure eaue (“bouillon”) aprés la joe; et couste le giste huit sols]; II 145, GdfC 9,700b; TL 4,341; FEW 5,4a; LarGastr; Rob)
  • 10o“portion de la crosse de l’affût, entaillée pour y loger la chambre des canons qui se chargent par la culasse” (1471, doc. Dijon 1471, Gdf 4,282c [oublié dans le FEW])
gister v.
(giter FlorebP 3044; GuillSMadS 449 [?]; RosemLec 11675; la graphie gister ne semble être attestée qu’en mfr.; si la cause giste en fait CoutGén 1,846b est une traduction tardive et mauvaise du texte flamand de Coutumes d’Ypres de 1532, v. Fland I, 101, § CXXXI, où le passage est traduit si la cause gît en fait)
  • 1o⁠loc. verb. estre gité desoz l’ombre [cp. gesir 13°] “mourir, être enterré” (3et. 12es., FlorebP 3044 (ms. fin 13es.) [Tant [sont] li diu enfant hasté Que desoz l’onbre [sont] gité], cp. fr. ombre de mort “approches de la mort” (12es.-1699 …), ombre “la mort même” (dep. Pascal), FEW 14,22a])
  • 2o⁠[→ giste 1°] estre gité “habiter, demeurer” (dep. ca. 1275, RosemLec 11675 (= RosemLangl 11705; ms. fin 13es.) [J’ai lessié deserz et boschages, et quit a saint Jean Baptiste Du desert et menoir et giste. Trop par estoie loign gitez], TL 4,341 [«oder ist hier gitez trans. zu deuten (“mit Nachtlager versehen”)» n’est guère probable]; GdfC 9,700b; FEW 5,3a [fr. gîter v.n. dep. 13es.; ‘vieux’ Pom 1671; ‘un peu bas’ Ac 1694; ‘usité, mais fam., dépréc.’ Zm; “passer la nuit dans une auberge” ca. 1600 - Trév 1771, HrdMel 180; “avoir son gîte quelque part (d’une bête sauvage)” dep. D’Aubigné, mais déjà en 1561 gister v.n. et v.pron. DuFouillT; en parlant d’un troupeau Bouillon 1628 CoutGén 2,864; → giste 3°]; pic. gité “procurer un gîte à” 1654, FlutreMPic p. 159 v. 118)
  • 3o⁠[→ giste 1°] giter v.n. “être couché (habituellement) au sein de la mère” (1ert. 13es., GuillSMadS 449 (ms. 2em. 13es.) [Li enfes vit de la mamele E gita (l. gista ou giste a ? TL) desoz le mantel], TL 4,341)
  • 4o⁠[→ giste 9°] v.a. “garnir de solives” (1494, doc. pic. 1494, FEW 5,3b)
gistee s.f.
  • ⁠[→ giste 4°] “droit de gîte (converti en impôt)” (?)⁠ (1415, doc. norm. 1415 [Les personnes qui doivent les avoines de la gistee de la ville de Forges], Gdf 4,282; [cp. corvee de giste norm. 1413, Gdf 4,282c, mais le sens n’est pas assuré (d’autre part, “dépendance”, déf. donnée par Gdf, ne semble pas mieux convenir); cp. aussi get “redevance…” et gitee sub JACTARE FEW 5,15b/16a])
mfr. gistif adj.
(gitif OresmeCielM 179a)
  • “qui se trouve en position de repos” (1377, OresmeCielM 179a [figure sperique est de legier mobile et ne giest pas fermement, car elle touche pou ce sus quoy elle est; et pour ce que le feu est de legier mobile, il disoient que il est de tele. Mais pour ce que figure angulaire est pou gitive, elle est eschaufante et ambrasante; et pyramide est toute angle, car de toutes les figures regulieres elle a les angles plus acuz; et pour ce, il dient que le feu est de figure pyramide; gloss. “quiescent, tranquil, passive”], TL 4,342; mfr. a git “en repos, tranquillement” Gdf 4,283a est mal défini; lire gist “jeton à compter” DuFail, Hu 4,714a, < JACTARE FEW 5,15b)
gistage s.m.
(gistage doc. Mons ca. 1315 PiérardMons 348,26, gitage doc. 1376-1391)
  • 1o⁠[→ giste 1°] “demeure, lieu où l’on habite” (1376, doc. 1376 [Possesseur comme de son propre gitage et domainne], Gdf 4,283a; FEW 5,3a; Bald 42)
  • 2o⁠[→ giste 9°] “poutrage” (ca. 13151618, etc.etc.; doc. Mons ca. 1315 PiérardMons 348,26 [Item, sour les 2 lons pans, corbiaus devens et dehors si drus qu’on vora le gistage et cest ouvrage bien fait souffissaument de piere]; [doc. Douai 1391 [Jacques de Fierin aide a carpenter le gitage du beffroy]], etc.etc.Gdf 4,283a; FEW 5,3b [aflandr. gitage “poutrage” 1391, apic. gistage doc. Béthune 1495; ajootez Douai (Orchies) 1618 CoutGén 2,1000b: tenu livrer… entretoises, tous gitages, pierres et coulombes)
gistaille s.f.
(gistaille doc. art. 1370, gittaille doc. Béthune 1458)
  • ⁠[→ giste 9°] “poutrelle de plancher, solive” (1370; 1458, doc. PCal. 1370 [.XV. pieches de bos de quesne pour faire gistailles au planquier Gdf]; doc. PCal. 1458 [gittaille de coeur de quesne Gdf], Gdf 4,282b; TL 4,340; FEW 5,3b)
gisteau s.m.
(giteaulx pl.⁠ doc. SOmer 1500, gitteaulx pl.⁠ doc. SOmer 1541)
  • ⁠[→ giste 9°] “poutrelle de plancher, solive” (1500; 1541, doc. PCal. 1500 [4 pièches de boys… livrés pour les giteaulx des plancquiers Gay 1,779]; doc. PCal. 1541 [Cartelaige en gitteaulx et plancques Gdf], Gdf 4,283a; FEW 5,3b)