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rédaction: Albert Gier
gibier m.
[ÉtymologieDe l’abfrq. *GABAITI (la forme ga- du préf. est attestée dans les gloses de Malberg, cp. Brüch ZrP 50,103; la var. *GIBAITI serait plus récente) “chasse aux oiseaux”, qui correspond à mha. gebeize “id.” (Lexer 1,749; BenMüZa 1,193a, cp. aha. beizen “beizen, Jagd mit Vögeln treiben”, KargFrings 1,859, anord. beita “beißen lassen, zäumen; weiden; jagen, töten”, DeVriesAnord2 30b); le mot germ. remonte à la racine indo-eur. *bhid “fendre”, cp. lt. findere “id.” (FalkTorpNorw 1,66 et 72), aha. bizzan = all. mod. beißen “mordre” (KlugeM20 63b). L’a protonique de *gabaiti est devenue e, sous l’influence de l’initiale palatale (par cela, *gabaiti se distingue de abfrq. *GADAILO > afr. jael, *GAFORI > afr. jafuer, cp. FEW 16,5a et 6b); l’explication proposée par Gamillscheg ZrP 51,547n1 (dissimilation de l’a, cp. lt. ARANEA > eregne) n’est plus valable, puisque son auteur même a établi (GamGerm2 360, cp. FEW 16,2b) que la voyelle tonique de *gabaiti s’est changée en e??? déjà en abfrq., de sorte qu’en roman, une dissimilation ne pouvait plus se produire. Le e tonique s’est diphtongué ensuite comme ę lt., GamGerm2 360. Il en résulte une forme *gebiet (cp. mlt. gibiettum “temps de la chasse”, doc.1293 DC 4,66a); plus tard, le c.s. *gebiez a supplanté le c.r., sous l’influence du v. gebecier (GamGerm2 360). D’après FouchéPhon 220 rem. III, il faudrait partir d’une base *gabęiti < rom. *gabęitiu < *gibíeitsyo, «par diphtongaison conditionnée de ę accentué devant y», d’où c.r. gibiez. «La réduction de iei à ie fait penser à une forme dialectale provenant de l’Ouest ou du Nord-Est.» En afr., il n’y a qu’un seul exemple connu avec e protonique, v. ci-dessous; cp. la var. gebecier sous gibecier. Le type gibiez, dont la prédominance est absolue, s’expliquerait par le fait que *GIBAITI aurait été adopté une deuxième fois par les parlers gallo-romans (FEW 16,2b; l’explication proposée par Brüch ZrP 50,104 est moins vraisemblable). Voyant à tort dans la deuxième syllabe un suff. -iez, on l’a remplacé par -ier, beaucoup plus fréquent (v. MLFrGr II2 §§ 61; 130 pour -ier; BW5 294a). – Quant aux explications onomatopéiques de la radicale, proosées par Braune ZrP 42,129-157 (rad. g-b, g-f “ouvrir la bouche, bâillier, etc.”) et par Spitzer ZUnt 28,295-297 et ZrP 50,736 (rad. gib- “rôder, flâner”), elles sont inadmissibles (à cause des problèmes sémantiques, pour ce qui est de Braune; quant à Spitzer, cp. Gamillscheg ZrP 51,545-547). D’abord, le mot n’apparaît guère que dans la loc. loc. verb. aller en gibier(s) et dans des loc. semblables, construites avec un v. de mouvement. Le s final, ajouté souvent à gibier dans ces loc., pourrait être la marque adverbiale (cp. MoignetGramm 21; 35, qui cite, entre autres exemples, par amistiez, par amors, de jorz, de nuiz, etc.); il est, d’autre part, possible que l’influence des formes en -iés, -iez ait favorisé le développement du type adverbial en -s. – P.-ê., la loc. aller en gibier(s) s’est-elle formée sous l’influence de aller en riviere “aller à la chasse aux oiseaux aquatiques”, cp. → riviere; FEW 10,415b; TL 8,1337 (pour riviere var. pour gibier, cp. aller en gibier, estre en gibier ci-dessous). – Dans la terminologie cynégétique médiévale, gibier désignait exclusivement la chasse aux animaux à plumes; le v. → chacier était employé pour la chasse au gros gibier (particulièrement le cerf et le sanglier), le v. → venerpour la chasse à courre. Cependant, les auteurs médiévaux ne sont pas tout à fait rigoureux dans l’usage qu’ils font de ces termes. – Le sens de “viande d’oiseaux” n’est attesté qu’à partir de ca. 1377, v. gibier 3o ci-dessous; le sens mod. “animaux bons à manger qu’on prend à la chasse” ne date que du 16es. (FEW 16,1a).
Le mot n’est pop. qu’en fr.; du fr. proviennent piém. zibié “selvaggina” GribaudoSeglie 981b, Alessandria zibié FEW 16,2b, occ. gibié, gebié, jubié etc. Mistral 2,51b, vann. gibér (FEW 16,2b jibér) P. de Châlons, Dict. bret.-fr. du dialecte de Vannes, Rennes 1895. Angl. gibier, gibbier “game, wildfowl”, emprunté du fr., OED G 154c (4 attestations 1514-1872, manque MED) est très rare. FEW 16,2b; REW 3751.
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(gibier PhilomB 187; BenDucF 15851 [engibier, l. en gibier]; AlexParA I 50; I 3055; III 5603; etc.; AlexParhM 161,38; 397,21 [correspond à AlexParA III 5415]; AmAmD 3368; AnsMetznG 10351; HerbCandS 732 [laisse en -iez; la var. gibiez (v. ci-dessous) serait préférable]; Bueve1S 8681; 10015; HuonR 1378; ViolB 4147; ChevRobeR 3; etc.etc., gibiers CligesF 6437; AlexParA III 5415; SaisnM 3894; OrsonP 2963; DolopB 1023; [ModusT 116,63; 116,70; 118,263], gibiés MousketR 22214; CligesF 6437 var. ms. 13es.; SaisnM 3098 var. mss. 13es., gibiez SaisnMich 2,15 [angibiez, l. an gibiez; laisse en -iez; correspond a SaisnM 3894]; HerbCandS 732 var. mss. fin 13e-1em. 14es. [laisse en -iez, v.ci-dessus]; 2591 [laisse en -iez], giber CligesF 6437 var. ms. fin 13es.; AlexArsL 4057, gibers CligesF 6437 var. ms. déb. 13es.; AlexArsL 4069, jebiers RenBeaujBelW 3941)
  • 1o“chasse aux animaux à plumes à l’aide d’oiseaux de proie” [dans des syntagmes nominaux]⁠ (ca. 11851377, AlexParhM 161,38 [Avoec sa grant proece et son corage fier Savoit il mult plus d’armes qu’esmerius en gibier (TL 4,307 propose de lire de g.; l’expression inusitée savoir en [aucune attestation dans TL et Gdf] s’explique pourtant par l’influence de syntagmes comme aler en gibier)]; AnsCartA 5680 var. ms. 13es.; TrouvBelg1 242,4 [Aprés septembre… Que la saisons est du gibier (explication erronée p. 348n: «un infinitif, employé ici substantivement»)]; [ModusT 116,70 [la seson de gibiers]; GaceBuigneB 819 [le temps de gibier]; 3211; 8554; 11452; 11484], TL 4,307; FEW 16,1a)
  • "id." [dans des loc. verbales]⁠ (ca. 118515es., AlexParA III 5411; AubG 1553 [Or te vaurrai cest esprevier cargier… S’em prenderas aloës en gibier]; [ModusT 118,388], TL 4,306; Gdf 4,274c; FEW 16,1a)
  • ⁠loc. verb. aler en gibier “aller à la chasse (avec un oiseau de proie)” (ca. 117415es., BenDucF 15851; CligesF 6437 [uns chevaliers… Fu un jor an gibiers (var. riviere ms. 14es.) alez]; AlexArsL 4057; 4069; AnsMetznG 10351; AmAmD 3368; Bueve1S 8681; 10015; Bueve2S 6545; SaisnM 3098 var. mss. 13es.; HerbCandS 732 var. ms. fin 13es.; HuonR 1378; ViolB 4147 [un jor li prist envie D’aler en gibier pour deduire Et pour son esprevier miex duire A prendre l’aloe et la quaille]; CligesF 6430 var. mss. 13e-15es.; Pères10C 62 var. mss. 13e-15es.; PercH 3524 var. ms. ca. 1300; VoeuxHérB 45; Meyer R 26,85,22 [(l’épervier) Si haut c’on em pert la veüe Va en gibier por une aloe]; [ChevCygneBruxR 1563 [engibier, l. en gibier]; GodBouillBruxR 4150 [même remarque]; 4586 [même remarque]; ModusT 118,22; 263; 266; GaceBuigneB 6406], TL 4,306; Gdf 4,274c)
  • ⁠loc. verb. aler en gibier "id." subst.⁠ (déb. 13es., HerbCandS 732 [ainz n’en laisserent lor aler en gibier])
  • ⁠loc. verb. aler au gibier "id."⁠ (14es.15es., Pères10C 62 var. ms. 14es.; [GesteMonglHernD 2734; HuonR 1378 var. ms. 15es.])
  • ⁠loc. verb. issir en gibier "id."⁠ (fin 12es., SaisnM 3894 [Sebile estoit issue lez sa tente en gibiers], TL 4,306)
  • ⁠loc. verb. mener en gibier (ca. 1365fin 14es., BaudSebB VIII 110 [Mais pour vostre biauté…….. Diroient tost ribaut ou aucun fel loudier, Que seriés .j. andre (éd. André; cp. pour ce mot Gier, MélHubschmid 677-689) que je mainne en gibier; ici, le sens de la loc. est p.-ê. proche de aller au gibier “se prosituer” RecTreppD (FEW 16,1b); cf. Gier MéHubschmid]; ModusT 118,650 [(la chasse à courre) n’est pas deduit a dames; En gibier meine l’en les femes]; AnglureB 304, TL 4,307)
  • ⁠loc. verb. venir de gibier “revenir de la chasse aux oiseaux” (ca. 1185ca. 1356, AlexParA III 5603; OrsonP 2963; RenBeaujBelW 3941 [Espreviers portent et faucons, Ostoirs, tercels, esmerillons, Car il venoient de jebiers]; [GodBouillBruxR 18903])
  • ⁠loc. verb. estre en gibier “être à la chasse aux oiseaux” (ca. 1170; 15es., PhilomB 187 [Ne ja ne fust ele son vuel S’an gibier non ou an riviere]; [GaceBuigneB 3609; 3619 [en riviere, var. 2 mss. 15es. en gibier]])
  • ⁠loc. verb. estre en gibier au fig. “être sans armes, sans défense” [parce qu’on allait à la chasse sans armes de guerre; cf. HerbCandS 3,83]⁠ (déb. 13es., HerbCandS 2591 [Guicharz… Girarz et Gui quident estre en gibiez (var. ms. 1erq. 14es. engigniés): Voient Tiebaut ses confanons rengiez A .xxxm. des Sarrazinz turchiez], TL 4,306)
  • ⁠loc. verb. voler au gibier “chasser, prendre sa proie à la volée (du faucon)” (2et. 13es., AubG 1718 [et Auberons donta Son esprevier si c’au gibier vola, Quailles, pitris, aloes pris en a], TL 4,307)
  • ⁠loc. verb. voler au gibier au fig. “prendre la fuite” (ca. 1243, MousketR 22214 [Li quens de Boulogne Renaus Et Longe-Espee, li vasaus, Furent gardé et castelain De maint castiel en France a plain. Mais il avoient giés es piés (corr. TL, éd. espies) Qu’il ne volassent au gibiés], TL 4,308; Gdf 4,274c)
  • ⁠loc. verb. voler en gibier “chasser avec un oiseau de proie” (3eq. 14es., ModusT 116,63 [dames et damoiseles, chascune peut avoir son esprevier et en voler en gibiers, et doit avoir la dame aucun qui li puisse baillier son esprevier quant il ara pris l’aloe ou la perdris])
  • ⁠loc. subst. aloe de gibier “alouette de l’année à courte queue” (ca. 1393, MenagP 2,303 [L’aloe (éd. par erreur aloé) de gibier, c’est l’aloe de cest an qui a une courte queue, sans blancheur, toute rousse de rousseur cendree, et ne chante point au sourdre, et vole droit et se rassiet pres], TL 4,307)
  • ⁠prov. Malveis gäeing fet an gibier, Qui pert l’aloe et l’esprevier (ca. 1200, AthisH 8275)
  • 2o“saison de la chasse” (13es.1377, ChevRobeR 3; AubG 1721 [Por .v. gibiers cils espreviers dura]; [GaceBuigneB 6417; 10259 [Tant comme dure le gibier, Il n’est deduit que d’esprevier]; 10995; 11455; 11505 [cp. 819 temps de gibier, etc.]], TL 4,308)
  • 3o“gibier à plumes (?)” [Cf. gibier “oiseaux qu’on prend à la chasse” Cotgr 1611Trév 1752, gibbier “animaux bons à manger qu’on prend à la chasse” Est 1549Cotgr 1611, gibier dep. Cotgr 1611, FEW 16,1a.]⁠ (1erq. 13es., DolopB 1023 [Une cité… plentéive outre maniere De bois, de preiz et de riviere, D’eves douces et de vergiers, Et de vignobles bien chargiez, De gibiers et de chacerie; Moult fu riche de pecherie Et trop fu grans li charruages (pour la differenciation entre chacerie “animaux qu’on prend à la chasse à courre” [“Wild”, TL 2,153] et gibiers “gibier à plumes” cp. ModusT 118,7 chassier et 22 aler en gibier; le sens de gibier DolopB pourrait être aussi “lieu, terrain de chasse”, acception dont il y a un exemple du 16es. dans Gdf 4,274c)], TL 4,307)
  • “viande du gibier à plumes” (1377, GaceBuigneB 11000 [Il dit qu’il n’est si bon mengier Comme de pasté de gibier]; 11537)
gibelet m.
[ÉtymologieDim. de gibier; la forme régulière *giberet s’est changée en gibelet, qui semble donc comporter deux suff. dim., cf. FEW 16,2bn13; BW5; ou gib- + -elet. Cf. frm. gibelottte “fricassé de lapin, de poulet, etc.”, FEW 16,2a; mpic. paté de giblé “lapin fricassé à l’oignon”, FlutreMPic 120,666; wallon. giblè d’awe “abattis d’oie”; mangl. gibelet, giblet dep. ca. 1303 “the edible entrails of a fowl, giblets”, MED 4,103b; OED G 154c, emprunté au fr., Brüll 138; FEW 16,2a. – Frm. gibelet “petit foret pour percer les tonneaux de vin” provient de mnéerl. WIMMEL, FEW 17,584b. – Sur gibelet “espèce de crochet” → gibet. – Mfr. gibelet “musc”, Hu 4,312a (une seule attestation, prise dans Gdf 4,274a) est d’origine inconnue. (P.-ê. à rapprocher de gibelline MPolRustR 270, → gibeline. On aurait donné le nom de la zibeline à la civette, chassée comme celle-ci pour sa fourrure; le dér. gibelet désignerait le musc produit par la civette.)]
  • “sorte de ragoût d’oiseaux” (ca. 1160ca. 1380, FloreaK 3211 [Bistardes, cisnes et paons, Niules, oublees, gibelés (var. ms. 14es. et bingnez) Et pastés de vis oiselés]; CarCharL 218 [cp. gloss. technique 70]; 485 [Cil amainent poucins en rost, Oisons noviaus et gibelés, Tous entremeslés de poulés]; BeaumS 2,307,10; [ViandTaillnP 153 [Pour gibelet d’oyseau de riviere, fault haller des oyseaulx en la broche ou sur le gril]], TL 4,302; FEW 16,2a)
  • ⁠loc. subst. mauvais gibelet au fig. “expérience désagréable” (2em. 13es., MontRayn 4,121,268 [Vous avez mauvais gibelet Eü anuit ceste vespree], TL 4,302)
gibeciere f.
[ÉtymologieDér. de gibiez, v. RegulaGramm 1,57, avec le suff. -ARIA, cp. MLFrGr II2 § 62; le mot ne se retrouve qu’en occ. gibassiero, gibissiero, jabissiero etc., Mistral 2,51a; en piém. gibassé “carniere; borsellino; borsetto”, GribaudoSeglie 395a; en mangl. gipser, gipcer, gipcier, etc., dep. 1376, MED 4,128a; OED G 173b. Du fr. proviennent mlt. gibaçaria, gibaceria; gibasserius, gibesserius, 14e-16es., DC 4,65a. – La gibecière «est l’escarcelle d’une dimension plus grande et à laquelle n’est pas attaché le couteau. La gibecière était portée par les voyageurs, par les paysans, mais les nobles, en campagne, en suspendaient aussi à leur côté: alors elles étaient richement ornées (…) Les gibecières étaient à fermoir, comme les aumonières, ou à recouvrement, avec courroie pour les passer en sautoir. Les pèlerins nne voyageaient pas sans une gibecière, où ils mettaient les ustensiles les plus nécessaires, et aussi leur nourriture du jour». (ViolletMob 3,412s.)]
(gibeciere doc. 1316 Gay; doc. 1316 CptRoyM 14558; doc. 1328 InvClemD 392; 403; etc.; doc. 1350 DC 4,65a; [doc. 1352 Gay; ModusT 118,122; doc. 1365 ProstInv 509; GaceBuigneB 2724; 2925; etc.], gibecier m.⁠ doc. 1372 Gdf, gibessiere f. 13es. PrunR 414, gebessiere gloss. 15es. Gdf, gibechiere ClefD 375, gebechiere ModusT 161,69, chibessiere doc. 1328 Gay)
  • 1o“gibecière, sac dans lequel le chasseur met sa proie” (dep. 3eq. 14es., ModusT 118,122; doc. 1365 ProstInv 509; GaceBuigneB 2925 [Maiz j’avoie en ma gibeciere Deux bien gras oiseaux de riviere]; 3613; etc.; doc. 1410 DouëtArg p. 379b, TL 4,302; FEW 16,1b; TilGlan 131)
  • ⁠loc. verb. moillier sa gibeciere “se mouiller, tomber à l’eau” (par plaisanterie)⁠ (1377, GaceBuigneB 2724)
  • 2o“bourse plate que l’on portait à la ceinture” (13es.17es,, PrunR 414 [ly donna Riche chainture et aloyere Qu’aucun appelent gibessiere]; ClefD 375 [Aies chaint de cuir ou de soie, Bele bourse et bele coroie, Biaus coutealz, bele gibechiere, Se veuz avoir bonne amour chiere (TL: “Jagdtasche”, de même FEW 16,1b)]; doc. 1316 CptRoyM 14558; doc. 1316 Gay; 1,197a [Que il ne facent ne facent faire, vendre ou achiter gibecieres de lievre qui ne soient estofees de fin cuer de soie entierement, ne boursses aussi]; [Pour une chibessiere d’or ouvree de bisete a pelles et a ymages 90 l.]; doc. 1328 InvClemD 392; 403; 421; 426; doc. 1350 DC 4,65a, TL 4,302; Gdf 4,273c; GdfC 9,698a; FEW 16,1b; Gay 1,776a)
gibecier v.n.
[ÉtymologieDér. de gibiez, ou de abfrq. *GIBAITJAN, qui serait dér. de *gibaiti, cp. FEW 16,2b; de la forme fr. provient mlt. gibicere “chasser aux oiseaux”, doc. 1301 DC 4,66a [ad gibicendum]. Pour le type gibacier cp. Gamillscheg ZrP 51,546 (où regrete/ regrate, achete/achate).]
(gibecier SEustPr1M 1,24; JMeunTestM 199; [Modus Gdf; GaceBuigneB 11468], gibecer ca. 1180 PercH 8537; [GaceBuigneB 10295], gibescier Pères10C 62 var. ms. déb. 15es., gibeter GaydonG 8673 var. ms. 13es. [Gdf corrige en -c-]; JRenPiaudL XII 6 var. ms. 13es. [v. Jeanroy R 65,546]; [GaceBuigneB 10295 var. mss. 14e-16es.], gebecier FloovA 180; Pères10C 62 var. ms. 13es., gibecher GaceBuigneB 10295 var. 2 mss. 15es., gibeser PercH 8537 var. ms. 14es., gibessier Modus 118,120, gibesser GaceBuigneB 10295 var. ms. 15es., gibetier ArtusS 153,2; JRenPiaudL XII 6, gebeter GaceBuigneB 10295 var. ms. 15es., gibacier Pères10C 62 var. mss. fin 13es./déb. 14es. et 15es.; GirRossAlH 2104, gibatier CligesF 6430 var. ms. déb. 13es., gibacer PercH 8537 var. ms. 2em. 13es., gibotier Pères10C 62 var. ms. 13es., guibecier JMeunTest 199 var. Gdf)
  • “chasser (avec des oiseaux de chasse)” (ca. 118016es., PercH 8537 [Si s’an vet le passet petit Tant que un seul chevalier vit Qui gibeçoit d’un esprevier]; FloovA 180 [De riviere est venuz ou il fu gebecier]; CligesF 6430 var. ms. déb. 13es.; ArtusS 153,2; GaydonG 8673; SEustPr1M 1,24 [De chiens e d’oiseaus savoit il quant qu’il en estoit, de bois, de riviere e de gibecier]; Pères10C 62 var. mss. 13es.-15es.; GirRossAlH 2104; [Modus 118,120; GaceBuigneB 11468; 10295], TL 4,301; Gdf 4,273c; FEW 16,2a)
  • ⁠au fig. “chasser” (ca. 1240ca. 1295, JRenPiaudL XII 6 [Se tu fusses priz, chetiz las, Tu ne volaisses pas si bas, Plus haut t’esteüst gibetier! (var. ms. 13es. gibeter) Se tu fez auques tel mestier, Tu en avras por ton loier Forche ou gibet, ja n’i faudras (jeu de mots avec → gibet, et p.-ê. aussi avec → giber, gloss. “se balancer au vent”, mais Jeanroy démontre qu’un tel verbe n’existe pas; pourtant, la corr. proposée par lui (-t- > -c-) ne s’impose pas, étant donnée la fréquence des var. avec -t-)]; JMeunTestM 199 [Qui saroit quel peril est de Dieu courrecier, Il se larroit ainçois par membres depecier Qu’il osast ou peril de pechié gibecier; Gdf 4,381a a enregistré la var. guibecier d’un autre ms., déf. “semble signifier trébucher”; le FEW 21,348b a enregistré ce mot sub ‘trébucher’, sans se rendre compte du fait qu’il s’agit d’une var. (par hypercorrection ?) de gibecier; éd. P: trabuschier], TL 4,302; Gdf 4,274a; 4,381a; FEW 16,2a; 21,348b)
giboiier v.n.
[ÉtymologieComp. du prétendu radical gib- de gibier (avec -ier interprété comme suff.) et du suff. -oyer, cp. MLFrGr II2 § 189; cp. mlt. gibostare DC 4,66b. Gam2 478a.]
(giboiier ca. 1176 CligesF 6430, giboyer BaudCondS 332,1861, giboier AmAmD 3391; PercH 8537 var. ms. 13es.; Pères10C 62, gibeier ChronSDenisV 4,338, gibeer PercH 8537 var. mss. 13es.-14es.; [Troilus Gdf], giboer PercH 8537 var. ms. ca. 1300, guibeer PercH 8537 var. ms. 13es.)
  • “chasser (avec des oiseaux de chasse)” (ca. 11761866, CligesF 6430 [Au tans que l’an va giboiier (var. gibatier, en gibier) De l’esprevier et del brachet, Qui quiert l’aloe et le machet, Et la quaille et la perdriz trace]; PercH 8537 var. mss. 13es.-14es.; AmAmD 3391; Pères10C 62; ChronSDenisV 4,338, TL 4,308; Gdf 4,274c; FEW 16,2a)
  • ⁠inf. subst.⁠ (ca. 1280, BaudCondS 332,1861 [Et s’il est rices damoissiaus, Si ait ses ciens et ses oissiaus, U il s’en voist esbanoyer Au cachier et au giboyer], TL 4,308)
  • ⁠au fig. “chasser” (fin 13es., JMeunTresM 647 [quant elle (la S. Croix) est en cuer fichee, Dyable n’y puet sa roiz geter, Ne giboier, ne fureter; cp. le même sens de gibecier dans JMeunTest, v. ci-dessus])
  • ⁠au fig. “rôder” [cp. voler au gibier “prendre la fuite” ci-dessus]⁠ (fin 13es., SoneG 6052 [Leres, qui mon signour mourdristes Et en traÿson le feristes, Petit prisiés le remanant, Quant vous chi alés giboant. Vous serés demain traÿnés, Comme mourdreres fel prouvés], TL 4,308)
gibois m. (?)
[ÉtymologieDér. de giboier, cp. FEW 16,2bn11; synonyme de gibier, créé p.-ê. seulement pour répondre aux nécessités de la rime. (Selon FouchéPhon 220 rem. III, gibois serait, au contraire, antérieur à giboier et dériverait directement de l’abfrq. *gabaiti [opposé au type *gabęiti, cp. ci-dessus], d’où *gabaitiu > *gabaitsyo > *gibais > gibois, avec développement de w après b; mais ce développement ne se produit d’ordinaire qu’en syll. ouverte, et semble postérieur aux deux attestations de gibois, cp. FouchéPhon 753.) Sur les interférences des substantifs déverbaux en -oi et des subst. formés avec le suff. -ois (< ĒNSE) cp. Malkiel/Uitti RLiR 32,126-174, et surtout 162-165. Une influence du type gibiers pour gibier (v. ci-dessus) semble moins probable. FEW 16,2a.]
  • “chasse (avec des oiseaux de proie)” (ca. 1170; ca. 1230, RouH II 4148 [Vit sez damages granz, nel tint mie a gabois, Nen out talent de rire ne d’aler a gibois ms. du 17es.; cp. les exemples de aler au gibier ci-dessus]; RenclMisH 132,10 [Par l’uel covoitise conchois De chou ke il te met devant; Bien te set mener en gibois (2 mss. 13es. gabois, manque DEAF G 17,18ss.). Hom, par ten uel vanité bois, Ne ne pers pas soif en bevant, cp. mener en gibier ci-dessus], TL 4,308; Gdf 4,275a; FEW 16,2a)
[engibier v. La reconstruction de *engibier, FEW 16,2a, est erronée: dans BenDucF 15851 (et gloss.), il faut lire aler en gibier. La même erreur dans ChevCygneBruxR 1653; 4150; 4586 est rectifiée au t.III 799 par E. Gachet: Cp. ci-dessus SaisnMich II 15 [angibiez, l. an gibiez].]
[giber v. Erreur pour gibier dans GaceBuigneB 11468 var. ms. 14es. [Vous me prendrés trois bons chevaulx Et trois varlés bons et yneaulx, Qui les merront tous enselés Aux champs ou gibecier vouldrez (var. ou giber vendrés: vers trop court; 3 mss. des 15e-16es. donnent au gibier ou v.)]. Sur giber YsiiB 40,5; CoincyI11V 1208/1210; ClefD 3082, traduit erronément dans Gdf ou dans les éditions par “aller à la chasse”, v. → giber.]