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giens m. adv.
[ÉtymologieVit aussi en aocc. genre (< acc. GENEREM), gens, ges Lv; MedAev 2,66, occ. gens, ges, ge, gins, gin, gis Mistral, acat. ges, cat. gens, jens AlcM; Reid MedAev 2,66; FEW 4,116b. Admettant comme étymon lt. GENUS “genre” (ThesLL 6,1885), giens aurait dû désigner à l’origine des notions très générales, passant de la catégorie substantive à la catégorie de l’indéterminé, passage accéléré par l’absence de l’article. Il en viendrait donc à signifier “quelque chose”, valeur positive mise en évidence dans les propositions interrogatives ou hypothétiques, cf. sens 1o et 3o. Associé à ne, il prend une valeur négative, illustrée par les sens 2o et 4o. L’étymon pris en considération par Diez à côté de genus, GENTIUM, mais negligé par REW, FEW, etc., a été remis en valeur avec de bons arguments par T.J. Walsh RoPH 35,89-99: partant de formules comme minimē gentium (ThesLL 6,1857), le développement vers une particule de négation est plausible; la diphthongaison peut se comparer à tertium > tiers (MLFrGr5 1,58) et est appuyée par l’anologie avec nient et rien. – On peut donner à giens une valeur adv. ou pron., cette dernière attestée par le fait qu’il est souvent suivi d’un complément partitif introduit par de (MoignetGramm 180; 270; 277; MartinRien 182s.; 245; BambeckWortst 53).]
(giens fin 11es. AlexisS 268; GaimarB 1123; 2486; PhThCompM 3324var.; PelCharlK 617; BrutA 9491; ThebesC 1107; 4220; appendice I 9563; EneasS1 5897; 8288; 8510; HornP 1226; HornM 1226var.; SThomGuernW2 1923; etc.etc.RoisC p. 132,4, gien EscoufleS 3903 ⟨gien : esgien⟩, gens AlexisS 93; GormS 228; PhThCompM 2874var.; 3014; EneasS1 8288var.; IpK 9160var.; ProtK 10830; BrutIntB 41, genz BibleTrB 453, gentz AlgorCambrS 254?, gent PhThCompM 2768var.; ChGuillM 409 [Suchier, ChGuillS 411, donne giens]; 835; BibleMalkS 7831, gyn ChansBNfr12744P 96,22 [gloss. gin; vers faussement numéroté 1.12])
- ◆1onominal indéfini “quelque chose, quoi que ce soit (dans un contexte non affirmatif)” (14es., BibleTrB 453 ms. 14es. [Dame, dist il, as tu genz de vitaille En ta maisun? – Nul ai, dist elle, senz faille, Fors un poi d’oile en un vaissel remis Dunt jo ma faz vïande e a mes fiz]; [3eq. 14es. AlgorCambrS 254 [Sie plusours foilz vous poirietz Subtreer vn figure si bien sacez Ky noef foitz, si dist le liure, si la vous voilietz escriure De diuision du gentz; gloss. “?”; → gens “les gens” ne donne aucun sens (d’ailleurs, ce substantif n’est que rarement masculin); la signification serait “si vous voulez écrire là de la division de quoi que ce soit”; on s’étonne de voir gentz introduit par l’article défini]], TL 4,311)
- ◆2o“nominal indéfini”id., utilisé comme auxilaire de la négation ne…giens “ne… rien du tout” (fin 11es. – 15es., AlexisS 93; PelCharlK 617 [Par Deu ! ço dist l’escolte, cist gas valt treis des altres: Vers mon seignor le rei n’i at giens de hontage]; ThebesC appendice I 9563 (ms. S 3et. 14es.) [Otes respont, qi fu iriez: De seant lieve sur ses piez; Giens ad esté trestout unqore Envers yceo q’il dirra ore; il faut comprendre, semble-t-il: tout ce qu’il a dit jusqu’ici n’est rien par rapport à ce qu’il va dire maintenant; il faut probablement, comme le suggère l’éd. au glossaire, suppléer la négation ne, sinon, nous serions en présence du seul exemple connu de giens employé en phrase affirmative; Reid MedAev 2,65 pense à la possibilité d’une construction parallèle à celle avec nient, très courante]; EneasS1 8288; RoisC p. 132,4 [N’est giens adire de tuz les biens dum il parlad a sun serf Moysen]; 155; 183; ProtK 10830; AlexParA I 196var.; MortAymC 163; 2442; HerbCandS 7891; 11103; etc.etc.AlexisS 93, TL 4,311; Gdf 4,261a; FEW 4,116a)
- ◆3oadv. “en quelque façon (dans un contexte non affirmatif)” (ca. 1185, ProtK 7640 [Volez vus giens parler a mei ?]; 10592 [se j’osee e poeie, A la reïne en parleree, Kar se jo gens sui de lui ben, Longes ne sufera pur ren Que jo vive en si grant martire], TL 4,311)
- ◆4oid., utilisé comme auxiliaire de la négation ne…giens, nun…giens “nullement, en aucune façon” (fin 11es. – 3eq. 14es., AlexisS 268 [L’egua li getent, si moilent sun liçon; Ne s’en corucet giens cil saintismes hom, Ainz priet Deu quet il le lur parduinst]; GormS 228; PhThCompM 2768var. ms. S déb. 13es.; 2874 ms. S 3014 ms. S; 3324 ms. S; GaimarB 1123; 2486; BrutA 9491 [N’est giens par nostre volenté Qu’il unt par cest païs passé. ço peise nus que par ci passent]; ThebesC 1107; 4220; EneasS1 5897; 8510; HornP 1226; HornM 1226var.; SThomGuernW2 1923; ChGuillM 409; 835; etc.; ; BrutIntB 41 [Quinze anz aprés occist son pere; Nun gens de son propre gré, Mais en bois furent alé, Un cerf quidat ben berser, Son pere ferit parmi le quer]; BibleMalkS 7831 [une fosse… Qui oscure est, n’i voit la (adv.) gent (v. la note)], TL 4,312; Gdf 4,261a; MedAev 2,64-67; FEW 4,116a)