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rédaction: Albert Gier
glui m.
[ÉtymologieL’origine de ce mot, qui n’est attesté qu’en gallorom., est douteuse (prob. du lt. COLLUVIUM, v. ci-dessous): En général, on le croit préceltique, parce que l’on ne connaît pas de mots celtiques dont il pourrait dériver, et aussi à cause du traitement du groupe initial, sourd dans le Sud (aocc. cloch, clueys, clueh Rn 2,418a; Lv 1,264a, occ. clue, cluei, clui, clè, cluech, etc., aussi occ. glèch, gloch, cf. Mistral 1,574c), sonore dans le Nord, FEW 2,794a; L.F. Flutre, Recherches sur les éléments prégaulois dans la toponymie de la Lozère, Paris 1957, 102s.; HubschmidAsko 204. Le FEW suppose une base *CLŎDIU- (préférable à *GLODIU- à cause des formes occitanes, v. Ronjat RLR 57,527; REW 3796 part de *GLǪDIUM et constate «Ursprung unbekannt»). H. Meier a proposé une base lt. COLLUVIUM (var., attestée dans Isid. de Seville, De diff. verborum 1,40 [Migne PL 83,15], de colluvies, colluvio), v. MeierNEtym 127-130; cette étymologie, possible du point de vue phonétique, demande, dans le domaine sémantique, certaines explications (COLLUVIUM, “tas, amas; mélange” [Isidore l’explique par congregatio sordium], prendrait le sens de “pâture mélangée”; “botte (de paille)”; il faut noter le passage d’une désignation de la paille en général à celle des brins les plus longs et les plus forts, dont on se sert pour couvrir les toits, etc.). – Mnéerl. gloy, gley, gluy etc. VerVer 2,1998, flam. glei BoWestvl 378a; glui BoWestvl 379a; vluw, vlui BoWestvl 1339a proviennent du fr., cf. FEW; FEW 2,794a; REW 3798; MeierNEtym 127-130.]
(glui ca. 1177 LancF 516; ContPerc1TR 9226; ContPerc4TO 16474; PlaitRenL 28; MousketR 30248; BaudeFastCongéR 658; RoisinM 82; DehDoc 158; [DialFrFlamG p. 35; FroissS 2,223,83], gluis c.r.sg.⁠ ChevIIEspF 8936; RenNouvR 1815, glu AliscW 1137a)
  • “paille de seigle (longue et non battue) dont on se sert pour couvrir les toits, faire des liens de gerbe, etc.” (dep. ca. 1177, LancF 516 [Li liz ne fu mie de glui Ne de pesaz ne de viez nates, = LancR 512]; ContPerc1TR 9226 [Mesire Gavains esgarda Enmi la lande, et si mostra Le seneschal une maison De glui bien fertee environ]; ChevIIEspF 8936; ContPerc4TO 16474; BaudeFastCongéR 658 [J’ai esté batus a le glui]; RoisinM 82 [est assavoir que al usage de cheste vile, goutiere de couvreture de tuille doit avoir VII pos, et goutiere de couvreture de glui, IX pos]; DehDoc 158; RenNouvR 1815; [DialFrFlamG p. 35 [Jaques, le couvreur d’estrain, Doit couvrir bien et bel Mes maisonchielles D’estrain et de glui; Ne mie de gluy Dont on prent les oyselets, le renvoi explicite à l’homonyme est à noter]], TL 4,402; Gdf 4,296b; FEW 2,793a; DC 4,81b; R 38,451; Gay 1,781b; TLF 9,298a [«vx, région.», avec att. du 20es.])
  • “botte (de paille)” (2eq. 13es.1771, PlaitRenL 28; MaugisV 5367; [doc. 1363 ProstInv § 16 [20 gerbes d’avenne, 40 gleuz de feves, 6 gleuz de chiches, 2 quarterons de poisoz, Meyer R 38,451 définit “glui”, paille de fèves, de pois chiches”, mais le fait que le mot se trouve réuni à gerbe prouve qu’il doit s’agir plutôt de “bottes”]; doc. 1385 DC 4,81b [un gluy de feves, ou il avoit environ un boisseau de feves, = Gdf; TL]; etc.etc.], Gdf 4,296b; TL 4,402; Gay 1,781b; FEW 2,793a [mfr. nfr. glu “botte (de paille)” Est 1538 - Trév 1771])
  • “(botte de) paille (comme expression d’une valeur minimale)” (3et. 12es.ca. 1243, AliscW 1137a [Ne valt la coiffe un viés warat de glu, var. ms. 13es. un piece de glu]; MousketR 30248 [Fourkes i fist drecier et faire, Et dist que tous les penderoit, Se la cités tantos n’avoit. Et cil respondirent a lui Que il n’auroit vallant I glui], MöhrenVal 144; TL 4,402; Gdf 4,296b)
  • ⁠Le sens de (fig.) “lien” est enregistré par Gdf 4,296b [cf. ib. 297a une attestation de gluys au même sens, dans un texte de 1493], avec un seul exemple tiré de EpMontDeu (glui); or, la première édition de ce texte, EpMontDeuH § 46, donne glut [les cors ou ille s’est aherse per un fort glut d’amor et d’acustumance], → glu. Ce sens est donc à éliminer sub glui.⁠
  • “gland”, sens enregistré par Gdf 4,297a, ne serait attesté qu’une seule fois dans AimonFlH 8976 [N’est donc la poume muedres frus Que d’un grant che[s]ne un[s] glandus?]; seul le ms. B (du 13es.) lit une gluis. Il s’agirait de la seule attestation de gluis f. (si on lisait un gluis, le vers serait trop court); la rime〈frus : gluis〉est fautive (bien qu’il soit tout à fait possible de lire fruis). Le vers en question constitue le seul exemple connu de glandus “gland”, → gland; ce mot devait donc être assez rare, et ce ne serait pas étonnant s’il était inconnu à un copiste du 13es. Il semble que gluis dans le ms. B est une substitution maladroite ou le résultat d’une mauvaise lecture; il ne faut pas enregistrer le sens de “gland” pour le mot gluis.⁠
glue f. ?
[ÉtymologieOu simplement var. de glui?]
  • “paille de seigle (longue et non battue) dont on se sert pour couvrir les toits, faire des liens de gerbe, etc.” (ca. 1290, JPrioratR 3587 [Ou tans d’iver loges bien closes, De tieles ou de glue covertes Longues et derriers et devant overtes (vers trop long d’une syll.), Avoient, ou il se jooient…, gloss. “chaume”; correspond à JMeunVegL II 23,30 loges couvertes de tuilles ou d’eschanles ou de rosiaus ou de chaume ou d’autres herbes])
gluier v.a.
  • “nettoyer la paille de seigle, en réserver les fétus les plus forts pour en faire du glui (1220; 13041402, doc. lt. 1220 Delisle 81n148 [Debet ducere garbas in augusto ad orreum per unam dietam, et gluier una dieta, et mundare horreum ante augustum]; DehDoc 158; doc. 1332 [ouvrier a gluier le chaume Gdf]; [doc. 1371 DC 4,81b [Pierre Hermart ayant envoié Jehan Hermart son filz et Gillon sa fille gluier du gluy aux champs]; doc. 1372 [Lequel estrain les prisonniers veurent faire et gluier en la granche de la maison Gdf]], Gdf 4,296c [déf. “mettre en botte, en gerbe, lier les gerbes”, ce qui n’est pas exact, cf. FEW 2,794n3]; TL 4,402; DC 4,81a; FEW 2,793b)
mfr. gluyot1 m.
  • “botte de glui (?)⁠ (1370 [dans un texte lt.]1595, doc. lt. Lille 1370 [item datum pro gluis, gluyos et gluyotage DC], DC 4,81b; Gdf 4,297a [“lieb de glui”; donne en outre deux att. pic. de 1510 et 1595]; TL 4,403; FEW 2,793b)
[gluyot2 adj. dans l’expression aveine gluyotte “esp. d’avoine”, a été tiré de Gdf 4,297b par le FEW 2,793b avec la datation erronée «aflandr. 1369»; l’att. est datée de 1406.]
mfr. gluioter v.a.
(gluioter doc. 1360 Gdf, gluyeter doc. lt. 1369 DC)
  • “lier (les bottes)” (1360, doc. 1360 Gdf [12 s. pour deux jours et demi de Wauquier le manouvrier et sen compaignon qui bastirent quatorze rasierez de soille et gluioterent l’estrain Gdf]; doc. lt. 1369 DC [Item cuidam mulieri pour gluyeter estrain pro duabus dietis, iiij sol., DC], Gdf 4,297a; 4,297b [distingue gluioter et gluyeter]; DC 4,81b; FEW 2,793b [distingue gluioter et gluyeter])
mfr. gluyotage m.
  • “action de lier les gerbes” (1370, doc. lt. Lille 1370 [item datum pro gluis, gluyos et gluyotage], DC 4,81b; TL 4,403; Gdf 4,297a)