DEAFplus
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rédaction: Gier; Baldinger
gobe adj.
[ÉtymologieCe mot appartient à une famille qui ne vit qu’en galloroman (cp. l’aocc. gobelet “vase à boire” hap. 14es. et gobel 1310-15es., FEW 4,181a/b; Levy 4,141a; pour l’occ. mod., cf. FEW); on peut supposer qu’elle est d’origine celt et qu’elle dérive d’une racine *GOBBO- “bec; bouche”, cf. airl. gop “bec; bouche”, irl. mod. gaél. gob, FEW 4,182a; Thurneysen 60, d’où angl. gob “the mouth” ca. 1550, OED G 264c («north. dial. and slang»), cf. FEW 4,183an23 (il s’agit de la racine indo-eur. ĝeph(h)-, ĝebh- “mâchoire, bouche; manger”, Pokorny 382). Cp. encore les idées de GuiraudObsc 30 qui part d’une racine *gobb- “enflé, arrondi”. – En afr., la famille de *GOBBO- a développé trois significations principales: 1o “se vanter” (cf. all. das Maul vollnehmen “se vanter”, FEW 4,182a): gobe adj., *gobet adj., gobitre m., goberge f., et aussi gober “railler“, v. ci-dessous; 2o “bouchée, morceau”: gobet m., goboun m., et aussi gobeter v.a. (selon le FEW 4,182a, cette acception est liée à gober “manger, avaler sans prendre le temps de mâcher”, dep. Est 1549, FEW 4,178a, cf. gobeter “manger, avaler (de bons morceaux)” ci-dessous; il nous semble que le sens de “avaler” se soit développé à partir de “bouchée“, acception plus proche de “bouche" est attestée antérieurement); 3o “vase à boire” (c’est-à-dire “ce que l’on porte à sa bouche”): gobelet m., gobinet m., gobin m., les dér. avec le suff. -in ne sont attestés qu’en aflandr., v. ci-dessous. En mfr. et en frm., un grand nombre de mots nouveaux a été formé à partir de la même racine, cf. FEW.
Cat. gobelet 15es. “vase à boire”, gobell 15es. AlcM 6,323a, gobellet fin 15es. AlcM 6,323b, dérivent prob. du fr. (bien que AlcM ne le dise pas), aussi bien que esp. cubilete 1611, Corom2 2,262b, mangl. gobelet, coblet, etc. 1391, MED 4,185b; angl. goblet OED G 266b; rhénan gubbel Post no 451. L’angl. a emprunté d’autres mots de cette famille au fr., v. ci-dessous.
L’adj. gobe n’est pas très fréquent en afr., et dans la plupart des exemples, il sert à fournir une rime à robe “vêtement”. Il a été emprunté par le mangl.: gobbede “proud” hap. ca. 1440, MED 4,185b; OED G 265a. – FEW 4,182a; REW 3814.
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  • 1o“vaniteux, orgueilleux, outrecuidant (en parlant de personnes)” (ca. 122415es., CoincyI10K 497; 1644; 1864 [telz vestue a bele robe Qui le cuer n’a mie si gobe Ne si souspris de vainne gloire Con telz afule chape noire]; CoincyI32K 141; 198; CoincyII34K 655 [Le riche… Vers povres genz mout estoit gobes]; etc.; RoseLLec 59 [lors (au mois de mai) devient la terre si gobe Qu’el velt avoir novele robe]; 862; BibleSeptEtatsA 126; AnticlC 2366 [Elations… Qui d’orgueil le ventre emflé a Et la chiere orgueilleuse et gobe]; Taille1297M p. 40 [nom propre: Robert gobe, conreeur; 1298: hobe, v. p. 40n3]; GGuiB 2,5483; GirRossAlH 6157; YsiAVB XLIV 55; PassEntreR 1978 (= PassEntreG 1977), TL 4,405; Gdf 4,297c; Hu 4,328b [1em. 16es. “fier”]; FEW 4,177b)
  • “écervelé, léger” (ca. 1316, GeoffrParChronD 5105 [puis qu’il furent de vin gobe, Le feu prist en la garderobe Au roy d’Angleterre; gloss. “gonflé”])
  • faire le gobe “s’enorgueillir” (3eq. 13es., Rutebf 1,524,65 [Li siecles est si plains de lobe" Qui auques a si fet le gobe; Et que je fais…?]; RutebElisF 1714 [Ceste ne fet pas trop le gobe: La ou sa manche li depiece, D’autre drap i met une piece], TL 4,405; FEW 4,177b)
  • 2o“(en parlant de choses) choisi, luxueux” (ca. 122715es., CoincyII34K 662 [Trop par est fox homs qui trop bee A enrober trop riches robes Et a mengier gros gobez gobes]; La Complainte d’amors ms. BN fr.837 fo 358b [Et me vesti l’en une robe Si bele, si cointe, si gobe Qu’ainz tele n’ot rois ne roïne Gdf; vérifié dans l’éd. facs. du ms.], TL 4,406; Gdf 4,297c; FEW 4,177b)
gobet1 adj.
[ÉtymologieLes dim. d’adj. formés avec le suff. -et sont nombreux, cf. MLFrGr II2 § 158.]
(gobete f. Taille1292G p. 20b; Taille1296M p. 20, goubet NecrArrB 81c, gobeite f. Taille1297M p. 18)
  • ⁠comme surnom “vaniteux” (12921347, Taille1292G p. 20b [Dame Constance la gobete]; Taille1296M p. 20; Taille1297M p. 18 [il s’agit toujours de la même femme]; NecrArrB 81c, TL 4,406; Gdf 4,298b; FEW 4,177b)
mfr. gobitre m.
[ÉtymologieCe mot, qui n’est attesté qu’une seule fois (mil. 15es., GrebanP 914), n’a pas encore été expliqué: l’éd. l’enregistre dans son gloss., avec “?” au lieu d’une déf., aussi bien que Gdf 4,298c; il n’est pas dan TL et il manque au FEW. Il doit s’agir d’un dér. de gobe “orgueilleux”, formé avec le suff. -istre; le sens de “vaniteux” s’adapte assez bien à la situation décrite (après avoir séduit les premiers hommes, Satan s’en vante devant les autres diables et exige leur admiration), le suff. -istre (< -iste, prob. sous l’influence de mots grecs comme apostre, cf. P[aris] R 19,122) sert à former des termes ecclésiastiques ou juridiques comme evangelistre, decretistre etc. (cf. MLFrGr II2 § 46); gobitre, mot inventé sans doute par Arnould Greban, signifierait donc au sens propre “celui qui remplit l’office d’être vaniteux”, le mot devait produire un effet comique. – La forme gobitre s’explique par l’amuïssement de s devant consonne; cf. besitre (“malheur résultant d’une fatalité”, FEW 1,381b bissextus), mot à la rime du vers prochain, et dont la forme courante en afr. est besistre, cf. TL 1,941.]
  • “personne vaniteuse” (mil. 15es., GrebanP 915 [Petits deables, baissez le groing, et m’aouret comme ung gobitre], Gdf 4,298c)
goberge f.
(goberge BatAnglDB 66, gouberge BatAnglBB 65)
  • “forfanterie” (ca. 1355, BatAnglBB 65 [Bomcbourc, dit Beaumaner, sachiez certainement Que toutes vos gouberges (ms. D goberges) sy ne valent noient; gloss.: “forfanterie, moquerie”], Gdf 4,298b; TLF 9,312a [1em. 14es., erroné]; FEW 4,177b [datation erronée hap. 15es])
gober v.a.
[ÉtymologieLe FEW 4,177b a enregistré afr. soi gober “se vanter” 13es., sans attestations (manque TL et Gdf); von Wartburg se réfère évidemment au gloss. de MontRayn 6,335 : «Gober (se), se vanter», avec renvoi à Mantel v. 643 (MontRayn 3,23): Bien vous en poez or gober. Il s’agit pourtant d’une coquille rectifiée déjà dans les Notes et variantes du même vol. (MontRayn 3,314): «gober, lisez gaber». De fait, MantelW 656 et MantelC 645 donnent gaber, sans indiquer de var. (Pour gaber v.pron. “se vanter outre mesure” cf. → gab, ici G 15.) – Nous avons trouvé une autre attestation de afr. gober, au sens de “railler”, v. ci-dessous; pour mfr. frm. gober v.a. “manger, avaler sans prendre le temps de mâcher” dep. Est 1549, v. FEW 4,178a.]
  • “railler” (mil. 14es., PassEntreG 1427 (= PassEntreR 1427) [(les bourreaux insultent Jésus:) Miex te vaulsist avoir (PassEntre R avoit, sans doute coquille) fait tondre (comme un fou, v. la n. dans PassEntreG); Ne le dy pas en toy gobant (gloss. PassEntreR: “railler”, PassEntreG: “se moquer”, PassEntreJ p. 194 a mal lu gabant)])
gobet2 m.
[ÉtymologieMangl. gobet dep. ca. 1330 MED 4,186a (OED: dep. ca. 1320); angl. gobbet “a part, portion, piece, fragment of anything which is divided, cut, or broken” OED G 265a, est emprunté à l’afr.]
(gobet ca. 1227 CoincyII34K 656 [pl. -ez]; 662 [pl. -ez]; 666 [pl. -ez]; [HLancA1 186,6 [pl. -etz]], goubet Apol3L 108,18 [pl. -és], gobeth SJeanBaptOct1G 6113, guobet CoincyII34K 664 [pl. -ez], geubet CoincyII34K 662 var. ms. 13es. [pl. -es], ⁠agn. gobettegobette)⁠ )
  • 1o“morceau, bouchée (de choix)” (ca. 1227, CoincyII34K 656; 662 [Trop par est fox homs qui trop bee A enrober trop riches robes Et a mengier gros gobez gobes]; 664/66 [hom qui va trop goubetant, Il par aimme cras guobez tant Qu’ainz se lairoit com ours beter Gobez laissast a goubeter S’il le devoit seur l’autel penre], TL 4,406; Gdf 4,298b; FEW 4,179b [mfr. gobet id. 1537; frm. gobet 1673; Ac 1762 - Lar 1930, ‘vieilli Ac 1932])
  • ⁠mfr. “petite quantité, goutte” (agn. 1354, HLancA1 186,6 [… former et faire un novel coer de celuy precious sank qe par si grante gobetz vous cheierent hors del benoite costé], Stone 338a)
  • ⁠au fig. “profit, aubaine” (1em. 14es., Apol3L 108,18 [Ensi seriés vous bien de moy se vous m’aportiés souvent si fais goubés, il s’agit d’argent], TL 4,406; FEW 4,179b)
  • tout a un gobet “en une seule fois” [Cet emploi s’explique par gobet “bouchée, quantité d’aliment qu’on met dans la bouche en une seule fois”.]⁠ (1322, SJeanBaptOct1G 6113 [Ruth a bien tant s’abandonna, Que Booz d’orge ly donna Bien sept muis tout a un gobeth; gloss. “quantité, lot”, déf. qui ne convient pas tout à fait au contexte])
  • 2o“sorte de pierre de taille” [→ gobette]⁠
  • 3o“vase à boire, rond et sans anse” [Cp. gobelet, ci-dessous]⁠ (ca. 1366, InvAnjL 184 [Un gobelet d’oré sur un trépié petit et baz, et est le couvercle crenellé. Et ou fons du gobet a un angèle qui a sa main sur une columpne, Et pose  .ii. marcs une once])
gobeter v.a.
[ÉtymologieIl faut distinguer ce mot de mfr. gobeter (TL 4,406; FiggeSon 272), var. de copeter “faire résonner (la cloche) en faisant aller le battant d’un seul côté, sans mettre la cloche en branle” dep. 1403, FEW 2,869a, v. → coup, et de frm. gobeter “jeter à petits coups le mortier dans les joints” (dep. 1762), FEW 2,865a; cf. ThomasMél 112.]
(gobeter RenM XIV 547 var. ms. 1339, goubeter CoincyII34K 663/66)
  • “manger, avaler (de bons morceaux)” (ca. 12271339, CoincyII34K 663/66 [v. le contexte ci-dessus sub gobet]; RenM XIV 547 var. ms. 1339 [j’en (du hareng) ai mangié a plenté (var. ai planté gobeté) Tant con moi vint en volonté, TillLex: “manger”], TL 4,407; Gdf 4,298b; FEW 4,180a [réf. erronnée à TilGlan au lieu de TilLex]; TilLex 87)
gobon m.
[ÉtymologieEmprunté par l’angl., cf. mangl. goboun “a piece, fragment” dep. ca. 1350, MED 4,187a; angl. gobbon OED G 266a.]
(gobon NominaleS 450, goboun Le medicinal des oiseus)
  • “morceau” (fin 13es.; déb. 14es., Le medicinal des oiseus (ms. Oxford Bodl. Digby 86) [Si voustre oysel ad les poilles, pernez erre ki crest sus chene, si en fetes trois gobouns del gros… (lacune), et de checun goboun fetes un auje, puis pernez let de vache nexre ou rouje et verset en cel auje un [pou], puis le metez sur les breses, si k’il soyt boylli TilGlan]; NominaleS 450, TL 4,407; Stone 338a; FEW 4,180a; TilGlan 134)
goboner v.abs.
  • “couper, tronçonner en petites parties” (agn. déb. 14es., RecCulViaunde BL Add. 32085 fp117[222]vo [festes rouler (la pâte) sur une table a la graundur de vostre dei e puys festes goboner a la grandur de une piere de date]; RecCulBlancM no 9 [poumes goboneez par desus (la pâte)])
mfr. desgoubillier v.a.
  • “couper la gorge (à qn)” (déb. 15es., CiperisW 3301 [Ilz furent de le gent Ciperis le guerrier Qui Franchois par leur forche voulrent desgoubillier], Gdf 2,591c)
gobelet m.
[ÉtymologiePour la description de l’objet, cf. Gay 1,781bs.: «Les caractères distinctifs de ce vase de table sont, au moyen âge, peu nombreux, bien qu’il réponde communément au type, assez moderne, d’un verre à boire légèrement évasé ou d’une timbale (…) Le gobelet, monté sur pieds en nombre variable, est ordinairement un ouvrage d’orfèvrerie d’une grande richesse; cette partie du vase prend quelquefois des proportions tout à fait monumentales et le couvercle, à sujet terminal dont il est muni, ajoute encore à son importance. Les gobelets les plus simples étaient au contraire disposés en pile de façon à entrer les uns dans les autres afin de rendre leur transport plus facile. La matière employée à la confecton des gobelets, outre les métaux tels que l’or, l’argent et l’étain, est (…) le jaspe, le cristal, le verre, le grès et, dans les espèces ligneuses, le madre, le fust, le hêtre, la noix de coco et même le jonc de la Chine.» – Gay cite un grand nombre de descriptions de gobelets tirées d’inventaires des 14e et 15es. – La forme gubulet 13es. ms. St Jean, Lac 6,436a et, par la suite, Li 12,1889a, GdfC 9,705c et FEW 4,181a, n’est pas identifiable. Il s’agit «probablement… d’un ms. anglais St John’s College», mais «il semble… douteux qu’il soit du XIIIes.» (E.Bourion FM 49,250). A supprimer: JoinvW1 448d gobelet (= éd. C § 667 gobellet, deux att.), tiré d’un ms. 16es. et qui manque dans le ms. A (ca. 1365), cf. E.Bourion FM 49,250.]
(gobelet ca. 1260 RègleTempleC 608 [pl. -és: deux attestations]; CptVesoul2L p. 32 [2 attestations, c.s. sg. -ez; pl. -ets]; doc.1323 Mahaut p. 248n; doc.1328 Gay; InvJPreslD 91; etc.; [doc.1352 Gay], gobellet doc.1350 GdfC; [doc.1352 Gay; ], goubelet InvMobChL 292; 293; 297; etc., goubellet SidracH 444 [pl. -és]; InvMobChL 2717 [pl. -etz], goblet ManLangG 49 [pl. -és]; EnsEnfS 13,6 [pl. -es, l. -és], gublet doc.1394 GdfC [pl. -ez])
  • “vase à boire, rond et sans anse” (dep. ca. 1260, RègleTempleC 608 [Si avint a Sur que un frere avoit un marc (= pille, selon la n. de l’éd., cf. InvMobChL 2717 ci-dessous; et cf. marc “poids de cuivre emboîtés les uns dans les autres et pesant ensemble un marc”, 1334…, FEW 16,524b) de gobelès et le chaï de la main; l’un si le brisa; prob., il s’agit de gobelès de verre, cf. la n. de l’éd.; ib. une deuxième attestation]; [SidracH 444; ]CptVesoul2L p. 32 [2 attestations]; doc.1323 Mahaut p. 248n [un gobelet d’argent a biberon]; doc. 1328 [un gobelet de cristal garnis d’or, de pellez et de perrie, assis sour une serpent et sour un entablement d’argent dorrez et esmailliez, pesant (. m. (. o. et demie au marc de Paris Gay; = Mahaut p. 252n]; InvJPreslD 91; etc.; doc.1350 GdfC; [doc.1352 Gay; InvAnjL 176 [un gobelet assis sur un trepié esmaillié, dont le pié est fait en maniere de treffle et sont les fueilles pointues, et est garni de souages a orbesvoies, et dessus la pié a III serpentelles volans qui soustiennent un piller de maçonnerie environ lequel est le baptizement Notre Seigneur en III lieux, et dessuz le pillier est le siege dudit gobelet, environ lequel a III. angeles volans qui tiennent led. gobelet, et est fait le dit gobelet a III. demiz roons de godet et III. pointes, et est le couvercle de telle façon sur lequel a une a III demiz roons de pommette a VI. quarrés, et est le gobelet, le couvercle et le trepié esmaillé des armes du pape Jehan, Et poise en tout VI. mars VI. onces]; 184; 200 [un gobelet d’or, bien haut et gros, a couvercle, dont la souaige du pié est double et greneté…]; etc.; Desch NyströmMén VI 1296; etc.etc.], TL 4,406 [réf. erronnée: EnsEnfS 11,6 l. 13,6]; Gay 1,781a; FEW 4,181a; Gdf 4,298a; 9,705c; Li 12,1889a; Stone 338a; LevyTrés 124a)
mfr. gobelot m.
(gobelot doc.1395 Gdf, gobellot doc.1380 ProstInv 2,441, goubellot [pl. -oz]⁠ doc.1372 ProstInv 1,1500)
  • “gobelet” (13721395, doc.1372 ProstInv 1,1500; 2,441 [ung gobellot et une aiguiere d’argent]; doc. Dijon 1395 Gdf, Gdf 4,298a)
[gobellier adj. “qui a la forme d’un gobelet (?)”, Gdf 4,298a [“qui sert de gobelet”], sans date ni loc., est tiré de GaullieurPint p. 14 et date de 1542; il s’agit d’une énumération de moules pour la fabrication de vaisselle en étain, dont un moule d’aiguière gobelliere.]
[gobine f. enregistré par Gdf 4,298c et FEW 4,179a, n’existe pas: dans les deux exemples cités par Gdf, doc. 1347 (déf. “sorte de boisson“) et doc. 1420 (déf. “taverne”), il s’agit du pl. gobines, l. gobinés, qui est une forme de gobinet “petit gobelet”, v. ci-dessous. Les contextes restreints cités par Gdf ne permettent pas de déterminer le sens exact du mot, il est vrai, mais le sens de “petit gobelet” est possible et l’attestation de gobinet au sg. sert de confirmation.]
gobinet m.
[ÉtymologieLes trois attestations connues de ce mot proviennent toutes de la région aflandr. (un de Douai, deux de Lille; cf. encore mlt. gobinetus, à Liège, DC 4,82c); des deux attestations au pl., on a reconstruit, par erreur, un c.s. sg. gobine au lieu de gobinet, v. ci-dessus. Le suff. -in (+ -et) y est employé sans doute dans une fonction dim. aussi bien qu’affective, cf. MLFrGr II2 § 162; une influence de chopine “mesure de liquide contenant la moitié de la pinte” 13es. - Ac 1788, < mball. schopen, FEW 17,52a, semble possible.]
  • “petit gobelet” (12741420, doc. Douai 1274 [un gobinet petit tout d’argent et un gobin roielé Gay]; doc. Lille 1347 [Vivres et gobines (l. gobinés) envoyés aux arbaletriers Gdf; déf. Gdf: “sorte de boisson”, adoptée par le FEW]; [1420 [Hosteleries, estuves, gobines (l. gobinés) Gdf; déf. Gdf: “taverne”, adoptée par le FEW]], Gdf 4,298c [gobine]; FEW 4,179a [gobine]; 4,181b [gobinet]; Gay 1,783b [gobinet]; TL 4,407 [gobine; renvoie seulement à Gdf et au FEW])
gobin m.
[ÉtymologieIl est difficile de savoir si ce mot a été formé à partir de gobinet, v. ci-dessus, ou si gobinet constitue un dér. de gobin.]
  • “(petit) gobelet” (1274, doc. Douai 1274 [v. l’attestation ci-dessus sous gobinet], Gay 1,783b)
  • ⁠comme surnom [Il y a deux attestations de gobin comme surnom, dont le sens ne semble pas clair: c’est p.-ê. gobin “(petit) gobelet”, employé au fig., “qui aime à boire” (mais afr. gobelet n’est pas attesté comme surnom). – D’autre part, gobin “bossu” < GĬB- (cf. lt. gibbus, gibbosus etc., var. *gubbus), FEW 4,133a, est attesté en mfr. et frm. (Brantôme - Ac 1878) et serait emprunté à l’it., selon le FEW; étant donné que *GUBBUS a vécu aussi au Sud-Est du domaine gallo-roman (aocc. guobo “bossu” 1585, etc., FEW 4,133a), il ne semble pas exclu que gobin soit plutôt à rattacher à cette famille, cf. encore → *gibeus.⁠
  • “qui aime à boire” (1295; 1296, NecrArrB 64b [Au Gobin Robin]; Taille1296M p. 56 [Jehan gobin, tailleeur de piere])