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rédaction: Kurt Baldinger
gobelin m.
[ÉtymologieEmprunté au grec κóβαλοϛ (d’abord “espiègle, farceur, homme qui gagne sa vie à l’aide de tours s’adresse, de bouffonneries, etc.”, ensuite “compagnon de Bacchus ressemblant à un satyre, esprit taquin”), prob. par l’intermédiaire de la langue ecclésiastique (ce qui explique le maintien du -b-), v. Brüch ZrP 52,341. Gam2 y oppose des raisons géographiques et préfère le rapprocher de l’all. Kobold “lutin”, proposition qu iest en contradiction avec des règles phonétiques (Brüch). Le problème a été repris par Gilles Roques, dans Wolfenbütt. Forschungen 18, éd. M. Höfler, 1982,87: «C’est un mot qui paraît… localisé dans l’Ouest; on notera qu’il n’y a qu’en Normandie qu’il ait donné des dérivés. Son cheminement étymologique à partir du grec κóβαλοϛ, par l’intermédiaire du latin d’église (v. FEW II 821a, étymologie préférable à l’origine germanique soutenue par EWFS1 et 2), s’accorde bien avec la localisation; plusieurs mots de l’Ouest ou du S.O. reflètent une latinisation plus savante, liée peut-être à la densité des établissements monastiques dans cette région (cf. dataire, adjutoire, noinz). Le fait que l’anglais ait emprunté gobelin (… [depuis av. 1352, MED 4,186a, angl.mod. OED]) vient encore appuyer cette localisation. Le mot est aussi attesté dans les parlers picards modernes (cf. FEW II 820b), mais il doit s’agir d’un emprunt plus tardif, car nous n’avon pas de preuve d’une présence du mot à date ancienne en picard». – FEW 2,820b; 821a; REW 4727; Gam2 483a; Brüll 139; Brüch ZrP 52,1932,340s.]
  • “esprit follet” (lt. norm. ca. 1130; agn. ca. 1195, AmbroiseP 8710 [Ço fud Balians d’Ibelin, Qui iert plus faus de gobelin], DC 4,82c; GdfC 9,705c; Latham; TL 4,406; FEW 2,820b [ca. 1130, ensuite dep. BPériers; en effet, le mot est repris au 16es. par les humanistes: mlt. covalus chet Hubert Susanneau, né a Soissons en 1512, mort en 1550 à Paris (DC 2,600c; ZrP 52,341), cobalus chez Gregorius Agricola, De animantibus subterraneis [= Georg Bauer, un minéralogue saxon du 16es., ZrP 52,341: cobali, virunculi montani, species daemonum, DC 2382a]; Huguet cite trois auteurs: 1558 BPériers (3 attestations, la 1ère concerne la Normandie), Rémi Belleau (Perche) et 1605 Le Loyer (Anjou); TLF 9,310a cite déb. 16es. D’Auton Chron. d’après Gdf 5,546a sub nuitin, Estienne l’enregistre dès 1531 sub larva: Larva… Noxiae inferorum umbrae. Aucuns les appellent esperits de nuyt, les autres loups garous, les autres le gobelin; cité aussi par GdfC 9,705].)