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mfr. godon m.
[ÉtymologieLe FEW 4,185b suppose l’existence d’une racine GOD- qui semble être un cri d’appel pour les animaux domestiques, d’où les substantifs désignant des animaux divers (brebis, cochon, vache, taureau, cheval, etc.; cf. FEW 4,184b-185b). À cause de leur caractère pop., des mots de ce genre ne figurent presque jamais dans des textes litt. (cf. FEW 4,185b); le fait que la plupart de ces termes ne sont attestés que tardivement, en frm. ou dans les dial., ne surprend donc guère. – Au fig., les noms d’animaux sont souvent employés comme termes de mépris pour désigner des êtres humains, ce qui explique la valeur péj. de la racine GOD-; dans ce sens, plusieurs mots appartenant à cette famille sont attestés bien avant les noms d’animaux (cf. FEW 4,184a/b). Les dial. mod. possèdent des dér. de GOD- au sens de “paresseux”, “lâche”, “imbécile”, “débauché”, etc., v. FEW. – A partir du mfr., des dér. de GOD- ont pris encore d’autres acceptions, cf. FEW 4,184b. Godon “terme d’injure appliqué aux Anglais” 15e-16es. et p.-ê. godel “garçon de pédéraste” hap. fin 12e / déb. 13es. sont les seuls dér. anciens de la racine GOD-; godel, qui est attesté dans un seul ms. de Eneas (EneasS1 8585) n’est prob. qu’une var. de wadel (*gadel) “jeune porc”, influencé par la racine GOD- (explication proposée par le FEW 17,447b *wadel), sinon une «forme aberrante» de *gadel, v. ici G 413. – Mfr. godon a souvent été expliqué (Dauzat R 44 (1915-17) 244-246; REW 3816a; encore Knobloch BNF (1977) 123; etc.) comme dér. du juron angl. goddamn, mais cette étym. est impossible parce que le mot angl. n’est attesté qu’à partir de 1640, selon OED G 270c (et OEDSh 1978), cf. FEW 4,185b, donc ca. 300 ans après le fr. godon. – SainéanSourc 1,213s. rapproche godon, qu’il définit “ivrogne”, de goder < GAUDERE (→ gaudir, ici G 399); mais rien ne permet d’assurer que “ivrogne” soit l’acception de base de godon; dans les premières attestations connues il s’agit d’un “terme de mépris” de sens général. D’ailleurs, goder signifie surtout “railler, se moquer de” (pour une attestation au sens de “se réjouir”, v. ici G 400,4); gaudir “jouir, se réjouir” (v. ici G 398) est rare en afr., et aucun des exemples connus n’a le sens précis de “faire la noce”. – Le suff. -on de godon est souvent employé pour former des noms de personnes; il souligne l’individualité, et a souvent une valeur dépréciative, cf. MLFrGr II2 § 163. Cp. geudon sub → geude. – FEW 4,185b; REW 3816a sub goddam.]
- ◆“terme d’injure appliqué aux Anglais” (mfr. ca. 1425 – 16es., [LerouxChants 1,300 (une chanson contre les Anglais) [Ne craignez point, allez battre Ces godons, panches a poys]; ]etc.etc., Gdf 4,301b; FEW 4,184a [‘14es.’ err.], cf. encore mfr. godon “goinfre” MolinetFaictz 2,641,124-1511 FEW 4,184a)
●godonnaille f.
- ◆“troupe de soldats (t. de mépris)” (mil. 15es., GrebanP 27965 [Levez sus, bedeaux et sergens, coureus, pietons et godonnaille; gloss.: “réunions de godons, de goujats”, déf. adoptée par Gdf; cette explication est évidemment dérivée du contexte, godonnaille faisant partie d’une énumération de divers types de soldats; mais il s’agit des adversaires juifs de Jésus-Christ, dans la pièce considérés comme une troupe peu respectable; l’énumération comprend plusieurs termes de mépris, ainsi bedel, cf. TL 1,896; coreor “maraudeur”, cf. TL 2,859; le sens de godonnaille doit donc être proche de celui de godon], Gdf 4,301b)