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rédaction: Stephen Dörr
gorme1 f.
[ÉtymologieSelon le FEW 17,612a, gorme dérive d’un abfrq. *WORM, mot bien appuyé par les autres langues germaniques (Pokorny 1152, cp. got. waúrms “serpent”, ags. wyrm, afries. wirm “ver”, aha. wurm); le sens attribué, “pus”, avec réf. à Schuchardt ZrP 11,494, résulte d’une mauvaise interprétation, cette déf. ayant été introduite par Baist ZrP 28,111. L’article du FEW contient des matériaux éparses ce qui reflète de l’incertitude quant à l’étymon: on y trouve Aran morp “maladie du cheval caractérisée par l’ulcération des jambes” (également dans le FEW 63,125a sub MORBUS “maladie”), Queyr. groumelear “parler du nez, quand on ne s’est pas mouché” (et aussi FEW 4,286b sub GRŪMUS “erdhaufe”) et Quercy bourmaco “fistule, petite source” (de même dans le FEW 1,443a sub BORVO- [“schlamm”]). En conférant formes et sens des langues rom. on est amené à préférer un rattachement à morbus: esp. muermo “morve”, dep. 13es., Corom2 3,178b, port. mormo, dep. 17es., Mach3 4,167b (tous les deux cités dans le FEW sub *worm, 17,612a, et sub morbus, 63,125a), [occ. morvel, etc., tardif, FEW sub *worm; fr. morve v. ci-dessous]; cat. borm (< MORBUS par métathèse), dep. 1390, CoromCat 2,119a, port. burmo “pus”, dep. 14es., vurmo, dep. 17es., Mach3 5,408b, [gurma, FEW, du fr., manque Mach3], occ. vorm “morve (du cheval)”, 2eq. 13es., etc., Lv 8,844a; FEW 17,609a. [Les quatre dernières formes rom. sont citées au FEW sub *worm, tout comme piém. gruma qui se rattache sans doute à GRŪMUS (Battaglia 7,82b) et port. gosmar, aport. gozmes, qui sont à mettre en rapport avec les dér. de VOMEX (CoromCat 2,119b).] Pour expliquer l’évolution phon. de MORBUS à afr. gorme, il faut partir d’une variante *MORVUS (pour b > v, cp. verbis > vervis, Barbarinobv 93, et acerbum > acervum, Avalle, Bassa Lat. Cons. 43; cp. encore ib., ARBITRIUM > arvoire, VERBENA > verveine) qui devient *vorm par métathèse (cp. l’aocc., le cat. et le port.). La variation v / g ne pose pas de difficultés, car une déphonématisation partielle des initiales g-, gu-, w-, v-, j- dans le Nord de la France est bien attestée (v. DEAF G 247 garenne). – Outre les formes discutées, l’article worm du FEW ne contient plus que la famille de morve (qui remonte également à MORBUS, v. → morve, article auquel il faudrait en principe réunir celui-ci) et → gorme2. – Mha. wurm (Lexer 3,1009) semble avoir repris le sens de “maladie des chevaux” au fr. (v. pourtant aha. wurm “maladie attribuée à un ver [aussi chez les chevaux]”, Schade, Altdt. Wtb.2 2,1217a, att. non contrôlée). – FEW 17,609a (à corriger); FEW 63,125a; Gam2 490a gourme [étym. comparable au FEW; “pus” inexistant aussi en ags.]; REW 9570 *worm.]
(gorme ca. 1209 GuillDoleL 4368, ⁠mfr. gourme JFevRespH 558; MenagB 137,23, ⁠pic. grume ManVilF 258,14 var. ms. a)
  • 1o“dermatose contagieuse due à des streptocoques ou à des staphylocoques caractérisée par l’apparition de croûtes (chez les hommes)” (dep. ca. 1209, GuillDoleL 4368 [Li couls fu lons et gras et blans Par reson, sanz gorme et sanz fronce]; ManVilF 258,14 var. ms. a, TL 4,453; GdfC 9,709b [“goitre”]; FEW 17,609a)
  • ⁠mfr. au fig. “id.” (1376, JFevRespH 558 [Puis dit que mon fait est endeible, Que mon respit est contre fourme, Tout plain d’emposture et de gourme (var. ms. 15es. gome, v. gome1 2o) Et qu’il y a surreption])
  • 2o⁠mfr. “maladie des chevaux caractérisée par l’inflammation catarrhale des voies respiratoires supérieures, accompagnée d’une tuméfaction ganglionnaire” (dep. ca. 1393, MenagB 137,23 [et puis taster dessoubz gencives qu’il y ait grant entredeux et bonne ouverture et large, et qu’il n’y ait gourme, bube ne malen], TL 4,453; FEW 17,609a)
gormé adj.
  • “qui a la gorme (1o)” (mil. 13es., Pères22M 220 [(Un noble à sa maîtresse) Se fussiez boçue ou gormee, Espoir prende fame fussiez: Einsi Dame Dieu guerroiez De ce que bele vos a fete], TL 4,453; Gdf 4,313c [“goitreux”]; DC 4,143c; FEW 17,610a [“goitreux”])
gormon m.
(gourmon 1273 HaginL 42)
  • maladie des gourmons “dermatose contagieuse due à des streptocoques ou à des staphylocoques caractérisée par l’apparition de croûtes (chez les hommes)” (judéofr. 1273, HaginL 42 [Et en sa partie du cors a l’ome le col et la gorge, et toutes les maladies qui avienent en ces lieus ausi com la maladie des gourmons], Gdf 4,322b [“goître”; «annot.: boces qui vienent ou col», manque dans l’éd. Levy]; TL 4,454 [renvoi]; FEW 17,609b)