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rédaction: Frankwalt Möhren
groupial m.
[ÉtymologieMot classé au FEW 16,420b sub germ. *KRUPPA (→ crope “croupe”), parmi les emprunts (II.1.). Wartburg se réfère à BarbierProc 4,271 pour discuter une origine génoise (l’it. grip(p)ia(le), Battaglia 7,54ab; FennisGal 1057; Jal 1319b; Boerio 262a, et le gén.mod. grûppia sembleraient témoigner d’une influence de la famille de l’it. grippare, cp. BarbierProc, FEW et Jal2 822b où mlt. 1286 gripiale). Comme il existe en occ. oriental, en cat. et en hit. un groupe de mots du type grop “nœud”, aussi grouper “nouer” etc., le FEW 16,420b I.2.a. voit dans groupial un emprunt à la terminologie de la marine de la côte méditerranéenne, soit occ. soit génoise. – FennisGal 1057, groupi et groupiail, se réfère à Kahane L. fr. 1958 pour montrer les rapports des mots occ., it., fr., etc. avec des mots gr., turcs et ar. (gri-); l’étymon commun en est prob. gr. γρίπος “filet, cordage”; Fennis se demande si la forme gro- de la Médit. occident. ne pourrait pas s’expliquer par lt. cruppa / crupes “gros câble” (‘gloss. anc.’, s.d.; = gloss. lt.-gr. du 9es.; mot à élucider, lien avec la famille de germ. *kruppa douteux). – L’emprunt du mot de la côte médit. par le fr. (Rouen) serait dû au fait que la flotte royale de la Manche a été relevée à l’aide de spécialistes marseillais et génois.
Rem.: Dep. le 17es. apparaîssent des formes comme croupial, croupiat ou croupière, de sens presque identiques, qui résultent d’une contamination d’afr. cropiere “longe de cuir qui passe sous la queue du cheval”, mfr. frm. croupiere , avec notre mot (v. FEW 16,417a I.1. et 420b II.1., cp. FennisGal 1058,4). Le contact sémantique s’explique: la longe appelée croupière, qui fixe la selle à l’arrière, a été mise en rapport avec la corde reliant à l’origine la bouée à l’ancre et a été identifiée plus tard avec un cordage qui fixe le bâtiment à l’arrière. – La déf. donnée dans FEW 16,420b, “grelin attaché à fouet sur l’un des câbles à l’arrière d’un bâtiment”, semble valable pour le frm., mais aux 13e et 14es. c’est “orin” qui s’impose, v. ci-dessous. Le glissement sémantique a pu être favorisé par l’attraction du mot par croupière.
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(⁠mlt. gropiale Marseille, Gênes etc. dès 1246 FennisGal, ⁠mfr. groupial doc. (Rouen?) 1359 ChazelasClos 2,148,18; 2,148,27, groupiail 1382-84 CptClosGalB 93; 103; 105 bis, groupeal CptClosGalB BarbierProc 4,272, grouppeal CptClosGalB BarbierProc 4,272, grouipiail (?)⁠ doc. ca. 1390 FennisGal 1057)
  • “cordage reliant une ancre (ou sa chaîne) à sa bouée de repérage, orin” (1359; 1382-1384, doc. (Rouen?) 1359 ChazelasClos 2,148,18; 2,148,27; 1382-84 CptClosGalB 93 [une meulle de neufve corde pour faire un groupiail contenant .lx. braches]; 103; 105 bis; doc. ca. 1390 FennisGal 1057, FennisGal 1057; Jal2 822b; 824b; 376a; Jal 803b; BarbierProc 4,271; 4,272; FEW 16,420b, [mlt. Marseille et Gênes dès 1246, textes en rapport avec la flotte de Louis IX, Jal2])