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rédaction: Thomas Städtler
gui m.
[ÉtymologieDu lt. VĬSCUM, -I “gui” et “glu” (Forcellini 4,1013b; EM 741a). L’initiale gu- a été objet de différentes explications. Le FEW 14,524b, comme FouchéPhon [v. ci-dessous], réfute une influence de glu (et de l’aha. wiz “blanc”), pour avancer abfrq. *wîhsila [v. → guigne2]. FouchéPhon 562 résume: «Sans doute faut-il se tourner du côté du germanique. Le v.h.all. wīhsila (> all. Weichsel) suppose en effet un type *wīks-, probablement avec le sens de “glu”. C’est le type, romanisé en *gwikso, qui pourrait être à la base du fr. gui». [Cp. indo-eur. *uīks “Mistel und andere leimliefernde Bäume” reconstruit comme base de lt. vĭscum et d’aha. wîhsila (Pokorny 1134).] BlumenthalLab 188 énumère, sans plus, gui parmi les mots avec lat. v- > g(u)- sans influence d’un mot germanique. No Wartburg, ni Fouché, ni Blumenthal ne s’intéressent au groupe des var. afr. avec v- qui, jusqu’au 15es., représentent la moitié des attestations, v. ci-dessous. Pour une explication plus complexe de l’initiale, cf. le commentaire général sub → guai. – La voyelle accentuée ĭ (entravée) aboutit en fr. généralement à -e-. Au lieu de considérer les formes fr. avec -i- comme empruntées ou savantes, il paraît plus probable d’y voir une influence des représentants du lt. HĬBĪSCUM, v. → guimauve. Les mots à forme savante sont réunis sub → viscos. – Vĭscum se retrouve, sous des résultats variés, aussi dans d’autres langues rom., cp. aocc. vesc (12es.-14es., Rn 5,526a; Lv 8,701b); ait. visco (13es., it. vischio [< *visculum, cp. francoit. viscle, ci-dessous] dep. 14es., CortZol 1442b); cat. vesc (dep. 14es., visc 13es., CoromCat 9,181b); esp. visco (dep. 1490, Corom2 5,830a); port. visco (dep. 13es., Mach3 5,401a); roum. visc (dep. ca. 1660, Tiktin2 3,873b); eng. vischa (Peer 561a); frioul. visc (Faggin 2,1575a).
Rem.: Dès le 4es., les continuateurs de lt. vĭscum et hĭbīscum ont abouti aux formes homonymiques *viis ou *wiis. Pour préciser la désignation de la guimauve, on s’est servi du lt. malva, v. → guimauve. Le gui (viscum album) a pu prendre le nom de gui de chesne (à l’origine le nom du Loranthus europaeus), ce qui contribuait à une double différenciation entre les deux dénominations. – Depuis les Anciens, il est connu que seul Loranthus croît sur le chêne, tandis que Viscum album se trouve surtout sur des conifères et des pommiers, et que Loranthus est le plus précieux pour ses usages pharmaceutiques. La confusion dans la désignation des deux parasites qui s’est tout de même développé, remonte à Pline Hist. nat. 16,93ss. qui retrace le culte du gui pratiqué par les druides. Selon lui, ceux-ci l’auraient cueilli sur la chêne rouvre (lt. robur), et c’est pour cela que le gui de chêne jouissait d’un grand rénommé dans la médecine du moyen-âge. On peut supposer que - sauf dans les cas où est dit le contraire - les att. afr. de gui de chêne sont à interpréter comme Viscum album, v. les contextes ci-dessous. – Marzell 4,1198; RlFl 6,227.
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(gui GlVatR 850; GlParR 911; GlConchR 911, guy InvEtudL p. 180; [doc. 1372 LabordeGl; R 15,164], guis 2em. 13es. AntidNicD §34; [mfr. ModusT 83,23var.; R 15,165], ghis doc. Courtrai 1322 DehDoc p. 243, ⁠mfr. guyst mfr. ModusT 83,23var., gi GlGuillI 163, wi HuntMed p. 320 no 55, ⁠mfr. wy mfr. GlAlphM p. 192a [ms. wil]; R 15,164, vy 2em. 13es. JugAmBlM 59, vis 2em. 13es. AntidNicD § 34 [ms. jus], viç GlBNhébr1243 LevyTrés, ⁠mfr. viz ModusT 83,23var., vif ModusT 83,23var., visc ModusT 83,23, vist ModusT 83,23, by doc. mlt. Bourgogne 1365 Gay, suisc ModusT 83,23var.)
  • “plante parasite à fleurs apétales qui vit sur certains arbres à feuilles et dont les fruits ronds et blancs contiennent une substance visqueuse, gui (viscum album)” (dep. 1em. 14es. [gui de chaisne dep. 2em. 13es., v. ci-dessous],, GlVatR 850 [bracheum : gui]; GlParR 911; GlConchR 911; GlBNhébr1243 LevyTrés [peu clair; Levy déf. “ricin”, le mot hébr. glosé est cité dans Gesenius pour Ion 4,6-10, où il est question du lierre]; [ModusT 83,23 [Et que ton trebuchet soit clos de bois par derriere, en telle maniere que le chevreul, qui vendra pour mengier, voise par l’entree du trebuchet. Et leur dourras a mengier avaine en garbe ou ysrre ou visc (var. ci-dessus) de poumier, et […] plus volentiers vendront al’amorse]], TL 4,764; 11,549 [visc]; GdfC 9,736a; FEW 14,523a)
  • gui de chaisne “id.” [v. la remarque ci-dessus]⁠ (dep. 2em. 13es., JugAmBlM 59; AntidNicD § 34 [vis (ms. jus) de cherne […] et, fait entrebaille, i soit mis bdellium, aprés guis de chesne, puis terbentine chaude]; GlGuillI 163; HuntMed p. 320 no 55 (ms. ca. 1300) [Pur gute chaive: Pernez wi de cheine .i. (= id est) ok-nistle (= angl.). Pendez al col celui ki ad gute cheive e ke il le porte tute sa vie, si serra garri]; [mfr. GlAlphM p. 192a], TL 4,764 [sub gui]; Stone 867a; RlFl 6,227ss.)
  • ⁠mfr. gui de chaisne “gui de chêne (loranthus europaeus)” [v. la remarque ci-dessus]⁠ (dep. 15es., énumération des vertus du gui de chêne R 15,164 [C’est la vertus du wy de chelne… Le wy de chelne, nous l’appellons par de sa le wix, que croist sus ung chelne, maix d’autre arbe il n’est point vertuous, fors que cil que croist sus le chelmez (plusieurs att.)], RlFl 6,227; cp. FEW 17,525a n1)
  • gui (de chaisne) “morceau (façonné) de bois de gui” (13221372, doc. Courtrai 1322 DehDoc p. 243 [Encore y a ghis de kenne]; InvEtudL p. 180 [un guy a deus viroles d’argent pendant a la dicte bourse]; [doc. mlt. Bourgogne 1365 Gay; doc. 1372 LabordeGl [Une imaige de guy de chesne de saint Jehan l’evangeliste]], Gay 1,801b)
francoit. viscle m.
  • “matière gluante, colle” (ca. 1272, MoamT II 16,1 [viscles, ms. viseles]; II 16,2 [Qant a l’oissel vienent noire et viscose les palperes des euz et se prenent por ce ensemble com s’il les eussent ointes de viscle (ms. visele), por garir les de ce, les devez laver de vin vieauz et puis devez pestre l’oissel de chars chaudes]; GhatrifT 30,2 [Se vos volez conoistre se li oisseax a bien enduit en suen past, esgardez et veez se sa egestion est bien cuite… li blanc qi est dedenz sera si visceus et se tenanz… com se ce fust viscles]; 55,2, TL 11,549; FEW 14,524a; TilGlan 276)
enviscler v.a.
  • “enduire d’une matière visqueuse, coller” (ca. 1272, GhatrifT 65,2 [Qant les pennes des eles ou de la coue de l’oisel sunt rote ou torte… l’en doit taillier qi est rot ou tort ou devasté et fere un chanelet, bien ordener et enviscler amdeus les chiés des pennez o chaude colle de peis], TL 3,723; FEW 14,524a; TilGlan 83)
  • ⁠v. pron. “s’attacher, adhérer” (ca. 1272, GhatrifT 23,6 [telle chars s’envisclent a la gorge de l’oissel, dont il avint qe de ce li sorvint indigestion]; 57,3 [qant il mainge le chars, elle s’i envisclent dedenz], TL 3,723; FEW 14,524a; TilGlan 83)