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rédaction: Stephen Dörr
mfr. hagart adj.
[ÉtymologieSelon le FEW 16,113a, il n’existe aucun problème étymologique: «Als ursprung kommt nur das von Gam begründete me. hagger “wild, hager, häßlich” in frage, das nach Kluge mit e. hag “hexe” zusammenhängt». Nous ne pouvons pas partager cette opinion. La proposition étymologique de Gam1+2 provient de Kluge10 sous hager: «Man vergleicht engl. haggard (mittelengl. hagger “hager”), das meist zu engl. hag “Hexe” gezogen wird». En vérifiant les données, on constate qu’un mangl. *HAGGER n’existe apparemment pas (aucune trace dans MED et OED). Angl. hag “sorcière” n’est attesté qu’au 16es. sous cette forme (OED H 18a; MED 4,433b: hagge attesté trois fois en 1230, 1400 et 1475). La proposition étymologique de Kluge n’est plus reprise à partir de Kluge11 (1934). Aussi la base étymologqiue de Gam et du FEW est-elle inexistante (all. hager est d’ailleurs rangé par Pokorny 521 sous une racine indo-eur. *kak- “maigrir”, angl. hag n’y figure pas.) – Une étymologie nouvelle a été proposée par S. Tempelmann AnS 224 (1987) 312-314. Elle introduit son hypothèse avec la phrase suivante: «Charakteristisch für die Etymologien seit Diez ist einerseits, daß aus o.g. Gründen automatisch ein germ. Etymon postuliert, andererseits von einer Grundbedeutung des wilden, unzähmbaren Falken ausgegangen wird». Mais, de son côté, elle n’a contrôlé ni l’étymologie de Gam nie les attestations qui servent de base pour sa nouvelle étymologie. Les deux attestations, citées d’après le FEW et Gdf et datées ‘ca.\,1390’ et ‘14.Jh.’, qui devraient mettre en doute le sens primaire “farouche (de l’épervier)”, ne sont en réalité qu’une seule: TroilusB prol 7, à dater de ca.\,1450. Tempelmann propose comme étymon lt. AVERSUS “détourné (des yeux, du regard, du visage)” qui est problématique du point de vue phonétique et sémantique. Au plan phonétique, il faut considérer le h- comme hypercorrect et le développement de -v- > -g- n’est explicable qu’àl’initiale; pour expliquer le changement de -e- (aversus) à -a- (hagard), on est forcé de présumer un lt.vulg. *VARSARE ou une ouverture du -e- devant -r- (p.ex. per > par). Au plan sémantique, un développement supposé de “détourné (des yeux, du regard, du visage)” à “farouche” nous semble trop artificiel. En outre, le sens de “farouche, peu sociable” pour l’att. de TroilusB prol 7 n’est pas assuré (l’éd. déf. “incertain, muable”). Bien que la valeur de la chronologie soit relative, nous pensons que “farouche (de l’épervier)” est le sens primaire du mot. Dans ces conditions nous préférons considérre comme obscure l’étymologie de hagard (même conclusion dans le TLF 9,644a). – Cp. → hagernele; haingre.]
  • “(d’un épervier) qui, ayant mué à l’état sauvage, est farouche et difficilement dressable” (dep. ca. 1393, MenagB 165,27 [Or nous couvient parler des muyers qui sont de deux manieres: c’est assavoir les ungs qui sont muez en la ferme et les autres qui sont muez de haye… Les muez de haye sont cogneux a ce qu’ilz ont les yeux plus rouges et les piez plus jaunes (éd. jannes). C’est assavoir que iceulx muez de haye sont plus doubteux a voler; car ja soit ce qu’ilz aient esté bien siliez, bien veilliez et tresbien reclamez a commande ou a recreance, qui est tout ung, toutesvoyes quant l’en les fait voler, communement ilz se essorent fort, et adonc une bouffee de vent les emporte maulgré eulx… Esprevier hagart est celluy qui est mué de haye, et s’il est d’un an, il tient du sor aucunement, car s’il ne tient du sor, c’est signe qu’il tient de deux mues], TL 4,817; GdfC 9,741b; FEW 16,113a)