DEAFplus
article imprimé Add. & Corr.
rédaction: Frankwalt Möhren
havot2 m.
[ÉtymologieEtymologie inconnue. L’att. la plus ancienne semble être mlt. havo, Saint-Denis ca. 1148 Odo de Diogilo De profect. éd. Waquet 1949, p. 49 [(à Constantinople) Flandrensis quidam, dignus flagris et flamma, cernens immensas divicias et immoderata cupiditate cecatus, clamat: havo, havo, rapiens quod cupivit, ms. fin 12es.], DC 4,176a(1). Bien que cette att. et celle de 1311 (v. ci-dessous) suggèrent une interprétation du mot comme interjection, il est plus prob. qu’il s’agisse d’un nom. Pour la morpho-syntaxe des att. cf. crier (TL 2,1058,26: crier la feste etc.), metre (TL 5,1739,32: metre a bandon etc.) et v. les syntagmes et contextes donnés ici en plus grand nombre que d’habitude(2). Le sens n’est pas simplement “sac, pillage” (Gdf; = “Plünderung” TL); il s’agit d’un t. de droit nettement défini; le droit ainsi dénommé est voisin ou complémentaire de l’arsin. Le mlt. parle de cette réalité juridique en employant le verbe publicare (v. la version lt. de LoisGodM, citée ci-dessous, et DC 6,556b; Niermeyer 869b); cf. E.Fischer, Die Hauszerstörung als strafrechtliche Maßnahme im deutschen Mittelalter, Stuttgart 1957(3). Le mot semble s’éteindre au 14es. (avec l’abandon de la coutume), sauf en agn., v. havok ci-dessous. Le commentaire à LoisGodM § 8, écrit au 3eq. 16es., Cest abataige de maisons et donnaige à havot ne sont plus en usaige, ains abolitz par privilege depuis donnez, ne témoigne pas nécessairement de la vitalité du mot au 16es.Gam2 521a réunit havot, hef “crampon” (→ hef), havee “ce que l’on peut saisir d’une main ou des deux mains en une fois (→ hef) et haver “mettre en échec” (→ have1), pour les faire dériver d’un [*]haver “aborder (un navire)”, “tirer avec violence vers soi”, qui remonterait à mlt. havos GlReichK 613 [Vncinos (“crochets”, sur un vêtement, Ex 28,13) : hauos], lui-même du frq. *HĀG “crochet”. Le FEW (16,112a) part directement d’un abfrq. *HAF “crochet” (avec une tout autre origine, v. → hef), ce que Gam2 rejette. Il faut se demander si les groupements effectués sont plausibles. Notre havot (il fait défaut dans le FEW malgré GdfLex 273b; sa morphologie est à exploquer) irait bien avec havee (FEW 16,111b, ib. matériaux sim.) et havir1 (v. cet article: étymologie difficile).
Rem.: La var. havol (à l’intérieur du vers) est p.-ê. influencée par harol, var. de harou, v. DEAF H 169n40. Les rapports possibles entre les deux mots seraient à élucider. – TL 4,1042,36 a établi un second sens “ein Kinderspiel”. L’att. unique vient de FroissEspF1 (pic. ca. 1369) 206, où se trouve, parmi une longue liste de jeux d’enfants, le passage suivant: un aultre jeu Qu’on dist a le keue leu leu, Et aussi au trotot Merlot, Et aux prieretes au havot (ms. 1393; var. ms. 1394 hanot), Et au piloter. S’il s’agit d’un jeu ‘aux pieretes au havot’, on voit mal le rapport avec notre havot “pillage” et on croirait volontiers l’éditeur qui identifie havot avec la mesure de grain (→ havot1), qui serait pris dans un sens plus large, “pot”, pourtant non autrement attesté. On pourrait placer une virgule après pieretes (cp. vers 229 Au mulet, au salir plus haut, aussi 233), mais l’auteur aurait préféré alors *Aux pieretes et au havot (cp. 221; 226 etc.). Dans les deux cas la chronologie et la localisation conviennent (la leçon hanot du ms. de base a été remplacée par l’éd., sans doute à juste titre). Actuellement, il semble impossible de trancher la question. (Rien de constructif dans MehlJeux 492; cp. 103 jeux de la pierre et de la fossette.)
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(havot doc. lt. Paris [1207] et 1209 Drüppel 72; RenclMisH 210,7; FetRomF1 232,29; 233,5; 265,1; GuillTyrP XVIII 17 [-oc l. -ot]; LoisGodM § 8; § 10; § 11; MousketR 21030; 25230; Pères32L 14079; UnicorneAJ p. 113; MenReimsW 195; ImpArtB p. 7n3; TrouvBelg1 261,562; 263,609; OlimB 32,797, havoit ms. 14es. RenclMisH 210,7 var. ⟨: -ot; MenReimsW 195var., havout ms. pic.-wall. déb. 14es. RenclMisH 210,7 var. ⟨: -out, havost FetRomF1 39,34; 233,12; Pères32L 14079 var. ms. pic. fin 13es., havol Pères32L 14079 var. ms. 2em. 13es., hovot FetRomF1 741,12 [leçon assurée?], ⁠bourg. avot UnicorneMA 16)
  • ⁠t. de droit “pillage en accord avec le droit de prise (notamment comme amende supplémentaire, p.ex. en cas de meurtre” ([1207]1312, doc. lt. Paris [1207] copie 13es. MonicatBouss 3,22,25 [(la maison du meurtrier) diruetur et mittetur ad havot]; ch. Paris 1209 MonicatBouss 3,141,24 (contexte comme doc. 1207 cité(4)); RenclMisH 210,7 [(au riche) Sovent avient k’il voit et o A sen avoir crier havot; var. crie a h.; ⟨: herbot⟩]; FetRomF1 232,29; 233,5 [Cesar avoit cele gent abandonee a havot et… tuit cil qui voloient estoient semons a cele proie]; 265,1; GuillTyrP XVIII 17 [li autre chevalier avoient coreü einsi com au havoc (l. -ot) a toutes les choses (du chef mort); lt. ad predam]; LoisGodM § 8 [Les maisons qui pour hommecide seront abatues seront mises a havot, et les meubles et le terre est l’evesque; orig. lt. de 1227: Edificia domorum, que propter homicidia diruentur, publicentur]; § 10 [on abat se maison (d’un meurtrier fugitif) a havot, et si meuble et li aire de le maison sont l’evesque]; § 11; MousketR 21030 [(le roi) fist crier havot as nes… Esranment furent destravées Toutes les nes et desreubees; Si ot d’arses et de brisees]; 25230 [havos ⟨: provos⟩]; Pères32L 14079 [Se jostice en terre n’estoit Li mondes au havot iroit, var. a havost i.; a havot seroir; au havol seroit]; UnicorneAJ p. 113 [covoitise… est par tout si a havot(5) Qu’ele a tout le mont awuglé]; MenReimsW 195 [sa mesnie (de l’évêque mort) firent havot de quanqu’il avoit]; doc. Arras 1295 ImpArtB p. 7n3 [il alerent tout armé warder le vile pour çou c’on disoit c’on crieroit havot pour le maletote le roy]; doc. royal lt. 1312 (fait de Soissons) OlimB 32,797 § 82 [(durant une émeute) vociferantibus: Havot as clers! ad domum… venientes]; hain. TrouvBelg1 261,562; TrouvBelg1 263,609(6), Drüppel 72; TL 4,1042; Gdf 4,444c; DC 4,176b)
agn. havok m.
[ÉtymologieForme apparemment particulière à l’agn. Il est possible que la finale ait été à l’origine un fait de graphie (cp. havoc, GuillTyr, éd. P.Paris, corrigé en havot, v. ci-dessus; cp. Löfstedt NM 87,304), fixé dans la prononciation éventuellement sous l’influence de mots comme anglo-lt. advocare (LathamDict 38a). Les att. mangl. et angl. confirment la prononciation, v. MED 4,557a; OED H 129b havoc.]
  • ⁠t. de droit “pillage en accord avec le droit de prise” (1385; 1400-9, doc. Rich. II [qe nul soit si hary de crier havok sur peine d’avoir la test coupé, MED]; LettrOxfL 308,31 [le Roy ad proclamé havoke de tout Gales], OED H 129b; MED 4,557a; Stone 352a)
havoye f.
[ÉtymologieForme authentique? Formation?]
  • ⁠t. de droit “pillage en accord avec le droit de prise” (doc. [1212] cartul. royal 1211-1220, FossierCH p. 310 [Si quis aliquem de communia de Athyes infra castrum vel infra banleugam occiderit… domus ejus… diruetur et mittetur ad havoye, fait d’Athies en Picardie; même formule que dans doc. 1207 et 1209 cités ci-dessu: havot], Drüppel p. 73n96)
(1) DC établit un lien avec flamand. have s. “avoir” et lt. habere, mais pas avec son article havotus (où havos Mousket), v. ci-dessous.
(2) Gdf isole a havot “en abondance” sur la foi de UnicorneAJ, prob. à tort. – RenclMisH “famine?” erroné.
(3) Surtout p. 138ss., avec att. de la réalité juridique en Norm., en Pic. (BeaumCoutS 1572), à Paris (OlimB 1,55; etc.; EtSLouisV I 28; II 36), etc. [L. L. Hammerich, Clamor, København 1941, 66, confond havoc et haro (v. DEAF H 167,40).]
(4) Ce doc. confirme celui de 1207. Cp. havoye ci-dessous.
(5) La version bourg. UnicorneMA (ms. 14es.) donne si avot, la leçon que l’éd. explique par une synérèse et une certaine incompréhension.
(6) Ce sont ces att. qui ont encouragé Espe 49 à interpréter havot comme interjection, d’où aussi TL: Dit li curez: Or en venez; Quant je dirai «havot», prenés Luminaire et quanque il i a,,, ; Et li curez crie «havot» !, Et li communs des gens bien l’ot: Despechent sieges… ; ainsi la typographie de l’éd.; on peut aussi bien comprendre dire havot et crier havot sans supposer un véritable cri. Ce texte n’existe pas sous forme ms.; l’éd. reconstruit ‘son costume naturel et primitif’ partant d’une éd. du 16es.; l’éd. A. Dinaux-A.Leroy dans Arch. hist. et litt. du Nord d. l. Fr. et du Midi d. l. Belg., 3, Valenc. 1833,345-377, ‘Le Triumphe des Carmes’, en diffère dans la graphie: diray havot et crye havot, etc.; le fait historique date de 1311, mais le poème serait datable de la 2em. du 14es. Cp. mlt. havo ci-dessus.