DEAFplus
article imprimé Add. & Corr.
rédaction: Thomas Städtler
pic. hecquier v.a.
[ÉtymologieRattaché par Wartburg au mnéerl. HICKEN “couper en morceaux” (VerVer 3,434), qui reconnait la difficulté soulevée par le changement de la voyelle atone, mais avance la solution suivante. «Eine mndl. form mit he- würde den fr. formen noch besser entsprechen; doch ist eine solche nicht belegt, und ein übergang von i > e kann bei der aufnahme des wortes leicht eingetreten sein, da das kurze ĭ von Romanen als gehört wird» (FEW 16,208a). Rappelons cependant les objections avancées dans HenryEtLex 134n4 (suite de la page précédente): «… si l’étymon est bien le moyen-néerlandais hicken, on attendrait plutôt un -i- roman: comp. mnl. nicken > afr. niquier, niquer, avec, précisement des exemples picards … si l’on compare les articles hicken et hacken (et aussi hacke) du FEW, on constate que ces trois mots… auraient été empruntés parfois par les mêmes régions, notamment en Picardie… Or, hacken et hicken ont le même sens, hicken étant, comme le dit le FEW, «im ablautverhältnis» avec hacken et né sans doute, en moyennéerlandais, sous l’influence de picken. Tout cela n’est pas impossible, mais on reste quelque peu étonné»(1). Henry réfute, en accord avec le FEW, un rattachement au mball. hecken proposé jadis par Gamillscheg MélKrüger 1,38, et il conclut: «En somme, nous ne disposons pas encore d’une solution entièrement satisfaisante. Un élément perturbateur a dû intervenir, mais lequel?» Il faut constater que depuis lors, on n’a pas trouvé d’explications supplémentaires pour dissiper les doutes de M. Henry. Ce qui peut appuyer hicken, ce sont les deux att. avec hik- et hiek- sous hekeur et la forme dehiekié, v. ci-dessous.
Rem.: Le glossaire de FierPrMi contient [hecquer?] v.tr. “frapper” sur la base du contexte suivant: (il est question du cheval de Richart) qui tuoit et heget tous les aultres… chevaulx ib. 2009 var. ms. 15es. FierPrM p. 129 consacre une note à heget «che non dà senso» et qui «potrebbe quindi risalire a una cattiva lettura, forse già nel modello di A [= ms.], du un probabile regete [= leçon de l’autre ms.]». On pourrait penser à une var. de ejeter [< lt. jactare, mais rare dans cette famille, cf. FEW 5,12b ss.], mais le h- initial resterait tout de même à expliquer. Peu clair.
]
(hecquier RenContrR 39281; [PassArrR 20663; doc. 1418 Gdf; ModusT 52,22var.; 52,24var.], hechier 2em. 13es. SEloiP 114b, hekier doc. 1319 Mahaut 203n1; [RecMédWarB XXIII])
  • “couper, mettre en morceaux” (2em. 13es.1592, SEloiP 114b [A Tours ala. Sour lui coururent Unes gens ki bien le connurent; De toutes pars sour lui hechierent, Pieche a pieche le depechierent. Ensi mourut chil Bauderes]; [PassArrR 20663 [On feroit ce qu’on deveroit Se par morseaulx on te hecquoit]; doc. 1418 Gdf; RecMédWarB XXIII [(Por gotte garir ou k’il se tingne)… et puis escorchiez le kat et li osteis le teiste, le ceuwe, les piez et entralhez et hekiés le corps tout chaut, et metteis dedens l’aiwe, et l’aparilhiez bin en  .i. pot, et le cuisiez  .i. petit]; ModusT 52,22var.; 52,24var.], TL 4,1051; Gdf 4,447a; GdfC 9,741b; FEW 16,208a; RoquesRég 262)
  • ⁠v.abs. “id.” (ca. 1342, RenContrR 39281 [Tout ceulx qui au monde se tiennent. Plus sont au monde, plus le voeullent… Aucuns qui font leurs pourveances D’avoir en yver leurs chevances… Et l’autre forment s’estudie Comment il sçace assez clergie… L’autre se pourvoit soir et main Comment il face ouvrer de main. De hecquier, taillier, mesurer. Et en belle ouvre labourer])
  • ⁠p.p. employé comme adj. “qui est orné d’un décor qui rappelle des entailles” [cp. hachier 2o DEAF H 12,29(2)]⁠ (doc. 1319, doc. 1319 Mahaut 203n1 [Renier de Lescluse, baillu de Saint-Omer, li avoit bailliet et delivré… xvi aunes de drap a l’aune de Paris… si en i eut vi aunes a l’aune de Paris de plonkiet. vi aunes a l’aune de Paris de tané mellé de graine, il aunes a l’aune de Paris], FEW 21,544a [hekie sous ‘étoffes’; la date est à corr.])
pic. wall. dehecquier v.a.
(⁠mfr. dehecquier AlexPr2Ho 108,29; ModusT 108,5var. ms. wall., dehequier BelleHelR 12459, ⁠mfr. dehechier ModusT 108,5var. ms. pic., dehiekier 2eq. 13es. EustMoineC 1426)
  • “couper, mettre en morceaux” (2eq. 13es.15es., EustMoineC 1426 [Poumon de vaque dehiekié]; BelleHelR 12459 [Solimans et les aultres, que Diex doinst encombrier, Alerent assalir et devant et derier; Sy les vont assalir et les vont dehequier Ausy menut que char c’on trenche au maselrier]; [AlexPr2Ho 108,29; ModusT 108,5 [Donnés li a mengier petis oisiaux de braie, et soient dehagié (var. ms. 15es. dehecquiés; ms. 15es. dehechiés(3)) et moulliés en let de chievre]], TL 2,1314 [renvoi]; Gdf 2,476c [deux att. mfr. par erreur sous dehachier]; FEW 16,208a)
pic. hekeur m.
(hekeur c.r.⁠ doc. Hénin-Liétard EspPirDoc 2,684,10, hiekieres c.s.⁠ doc. Hénin-Liétard EspPirDoc ib. 2,681,18, hikeur c.r.⁠ doc. Hénin-Liétard EspPirDoc ib. 2,680,27)
  • “ouvrier qui coupe le pastel en mottes grossières” (?)(4) (déb. 14es.; 1em. 14es., doc. Hénin-Liétard EspPirDoc 2,680,27 [Et si ne soit nus ne nule ki porte ne face porter a mainger entourteleur ne entourteleresse, ne hikeur ne laveur, sour  .v.s. de fourfait, = Tailliar p. 431 a tourteleur ne a tourteleresse ne a hikeur ne laveur]; 2,681,18 [Si fait on le ban ki ne soit si hardis hiekieres (= Tailliar p. 432 hiekieures) de waide ki se melle d’entourteler ne ki entourtiele, ne ki giete euwe en waide, se n’est par le gré et le volenté de celui u de celi cui li waides est]; doc. Hénin-Liétard 1em. 14es. ib. 2,684,10, Pck 2,104; FEW 16,208a [à corr., v. la note; 222,187b [préparateur (de guède) (?)”, Tailliar, sous ‘teinturerie’])
(1) BibbO après 546: heese, v. DEAF H 72,31 sous haise.
(2) Ib. dans la déf. lire: entailles.
(3) Ces deux formes sont à supprimer DEAF H 13 sous dehachier.
(4) Sur la base d’une att. chez Pck, Wartburg FEW 16,208a définit “coupeur de bois” avec une note: «Von Pck wohl unzutreffend definiert. Pck zitiert noch […] die formen hikeur und hiekiere, doch ohne die betreffenden stellen zu zitieren, sodass die bed. nicht beurteilt werden kann». Pck 2,104 avait défini “ouvrier p.-ê. chargé de pétrier le pastel en mottes grossières avant de le passer sous cette forme aux entourteleurs”, et les att. mentionées étaient bien contrôlables dans EspPirDoc, v. ci-dessous. – Pck 1,153n2 rapproche hikeur de mnéerl. hiek “motte”, acception que nous n’avons pas trouvé confirmée par la lexicographie mnéerl. qui ne donne que (h)ieke “suint” (VerVer 3,797; Woordenboek 6,1370).