DEAFplus
article imprimé Add. & Corr.
rédaction: Stephen Dörr
hef m.
[ÉtymologieEtymologie inconnue. Dans GlReichK figurent les gloses: uncinos : hauos (613) et uncinus : hauus (1695). Hetzer, Die Reichenauer Glossen, 37, en tire une forme *havis, que GamGerm1 1,251 fait remonter à un abfrq. *HAF “crochet, appuyé par aha. heffen “lever”, Graff 4,814; Köbler 523b et par mha. heben “id.”, Lexer 1,1199, étymologie acceptée par le FEW 16,111b malgré le grand écart sémantique entre *haf et les verbes aha. et mha. Gam2 521 rejette sa propre étymologie. Mais sa nouvelle étymologie (abfrq. *HAG “crochet”) n’est pas plus convaincante, v. → havot2. – Le h- aspiré est très stable.
Rem.: Dans HAndH 55,336 se trouve le passage suivant: Estacez, Ahchileidos, Qui avoit dort pis et fort dos, Menoit par devant soi les hez. L’éd. remarque: «Les hez sont évidemment des pieux à palissade, et le passage suivant de la même chronique le prouve bien». Nous proposons de regarder hez comme variante de ais “planche”, v. → ais, cf. FEW 1,160b. – BambeckBoden 161 veut antidater havet de 1190. Son attestation est tirée de LeGrandStat 188 (l’éd. date ‘fin 12es.‘, date prob. convenable pour la rédaction latine). Cette datation a été reprise par FennisGal 1079. Une vérification de l’attestation prouve que le texte est une traduction (non datée) d’un vidimus de 1300. Le texte est une mauvaise source pour la lexicographie. – Havel a été relevé par MontRayn 1 gloss. (défini “pioche”) et MénardFabl gloss. (défini “pic”). Le mot est à lire hauel, var. de houel, forme diminutive de → hoe. – Dans MaccabeS 2716 se trouve un verbe haver: Vignes et tieres gagnera, Haver, fouïr, batre en labeur. Le même mot avec le même sens est enregistré par Gdf 4,443c (une att. de ca. 1440, JStav) et DC 4,175c (une att, dans un doc. de 1407). Nous préférons lire hauer et rangeons le mot sous → hoe, cp. FEW 16,186a qui donne des formes comme hauer avec le sens de “travailler avec la houe”, sens qui convient parfaitement dans les trois contextes. – Dans ModusT 96,11; 116,79 il y a un verbe havelonnier “donner des serres, tourmenter la proie sans la prendre”. Ce verbe est à ranger sous → aiguillon, cf. FEW 24,124a. – Dans DC 4,175a se trouvent havagiau (sous havagium) et havongnie (sous havata). Ces mots on été repris par Gdf 4,443a et 444c qui définit “poignée”. Une datation des attestations ne nous est pas possible, parce que les renvois (‘Coutum. de Cambr. mss.’ pour havongnie et ‘Rég. des Cens et fiefs du Comté de Chartres’ pour havagiau) ne suffisent pas à identifier ces sources. – Cf. → havir1; havir2; havot1; hebes s.p.; hec2.
]
(hef ca. 1243 MousketR 19592 [c.r. pl. hes]; CesTuimAlC 1923 [c.r. pl. hez]; AliscW 6281 var. ms. 13es.; 6284 var. ms. 13es.; 6291 var. ms. 13es.; CesTuimPrS 39,6; 52,8 [c.r. pl. hes]; AlexParHM 218,5; MaccabES 4124; RenNouvR 4982 [c.r. pl. hes]; PiérardMons 469,31 [c.r. pl. hes]; 473,34 [id.]; 479,35; 480,9 [c.r. pl. hes]; PercefR 700,295, hiés [c.r. pl.]⁠ CesTuimAlC 1358, heis AliscW 6281 var. ms. 13es.; 6291 var.; [doc. 1377 [c.r. pl.] ProstInv 3049])
  • “pièce de métal récourbée pour prendre ou retenir qui, fixée au bout d’une hampe, peut servir d’arme, croc, crochet” (12431491(1), MousketR 19592 [Mais li païen, a hes de fier Aussi com deable d’infier, Le traisent ens, si fu ocis, C’onkes n’i pot avoir miercis]; CesTuimAlC 1358; 1923; AliscW 6281 [Quant Rainouars a le paien veü Qui a son croc (var. ms. 13es. hef, autre ms. 13es. heis) l’a si fort porfendu, Tel duel en a, tot le sanc meü]; 6284var.; 6291var.; CesTuimPrS 39,6; 52,8; AlexParHM 218,5; MaccabES 4124 [Cascuns portoit pic u levier, Escele u arc, hef u maçue]; RenNouvR 4982; PiérardMons 469,31; 473,34; 479,35; 480,9; PercefR 700,295; [doc. 1377 ProstInv 3049], TL 4,1052; Gdf 4,446c(2); 4,447b; FEW 16,110b)
havet m.
(havet doc. 1199 NecrArrB 122b; FetRomF1 286,22; 292,24; 435,3; NyströmMén IIb 198; AlNeckUtensH2 90 ms. 13es.; 119 ms. 13es.; AdParv HuntTeach 2,53 ms. 13es.; JGarl HuntTeach ms. 13es.; AlexDoct HuntTeach 21 ms. 2em. 13es.; RoseMLangl 17907; GlBNlat8246M 11; BibbO 1029; AlexDoct HuntTeach 23 ms. fin 13es., avét AlNeckUtensH2 59 ms. 14es.; [BaudSebB XIII 357], aveit AdParvS 86 ms. 13es., aveyt AdParvS 87 ms. 13es.)
  • “pièce de métal récourbée pour prendre ou retenir qui, fixée au bout d’une hampe peut servir comme arme, croc, crochet” (12131660, FetRomF1 286,22 [Au devant d’icels engins avoit partot semez havez et aguillons de fer qarrez et trenchanz. Ne huem ne chevax ne passast sus qui ne fust afolez]; 292,24; 435,3; NyströmMén IIb 198; AdParvS 86; 87; AlNeckUtensH2 90; 119; JGarl HuntTeach 137; AlexDoct HuntTeach 21; RoseMLangl 17907 [Si dit l’en que ce font deables A leurs cros e a leur chaables, A leur ongles, a leur havez, Mai teuz diz ne vaut deus navez]; GlBNlat8246M 11; BibbO 1029 [Lavés les hanapes, mundez l’esqueles, Coupés des cysours de umbles les eles. Va ten, quistroun, ou toun havez (gloss. mangl. fleyshhock)]; AlexDoct HuntTeach 23 ms. fin 13es.; etc.etc.JGarl HuntTeach, TL 4,1040; Gdf 4,443c; Stone 352a; FEW 16,110b)
  • ⁠employé comme nom propre⁠ (doc. 1199, doc. 1199 NecrArrB 122b [Johans Havet])
havillon m.
[ÉtymologieGarLorrP 2,228 (= GarLorrI 9759) donne comme var. de sanbelet, havellon et havillon, mais sans indiquer de quels mss. ces variantes proviennent.]
(haveillon 3et. 12es. GarLorrI 9759; 9925, ⁠agn. havilun GuiWarE 6850, havylloun ChronPLangW2 2,362)
  • “détour brusque d’un animal poursuivi” [cf. all. einen Haken schlagen]⁠ (3et. 12es.; ca. 1210, GarLorrI 9759 [Ce fist li pors c’onques autres ne fist En nule terre que nos aions oï: Lessa le bois, et au plain si s’est mis. Granz  .xv. leues fist son cors en eslinc C’onques arriere un haveillon ne fist]; 9925; GuiWarE 6850 [Desk’en Braban le porc s’enfuit, En un forest qui grant esteit, En une espesse qu’il saveit. Cum ainz pot, dedenz se mist (-1), Sun havilun envirun mist, As vealtres estal rendi, Cum fier sengler se defendi], TL 4,1037; Gdf 4,443b [“?” au lieu d’une définition]; Stone 352a; FEW 16,111a)
  • ⁠par. ext. “moyen, procédé habile qu’on emploie pour abuser, tromper, ruse” (agn. 1307, ChronPLangW2 2,362 [Avalez est (William le Walays, mestre de larouns) de fourches, et overt les ventrouns, Le quoer et la bowel brullez en cabouns, Et copé la teste par tels mesprisiouns, Pur ceo ke il avait par ces havyllouns Maintenuz la guere, doné protecciouns(3)])
havier v.a.
  • “pourvoir (qch.) de havets (pic. 1254, GuillVinM XXXIV 21 [Cil d’avaines les parties Vinrent a granz gens rengies. En loges et en fueillies Et en mult granz praeries Chascuns s’envoisa. Li ami et les amies Orent ganz et souquanies Et coteles haubergies (var. ms. 1254 Et coteletes havies, vérifié sur ms.) Et coifes a denz pincies])
haveter v.a.
[ÉtymologieEtymologie et sens de ce mot sont incertains. Il apparaît dans AimeriD 1625 où se trouve comme variantes chevetee, mot dont le sens est aussi obscur (TL 2,370 donne un ‘?’ au lieu d’une définition), et reversees. Nous interprétons les chauces havetees comme chauces qui sont pourvues de havets, de crochets.]
  • “pourvoir (qch.) de havets (1erq. 13es.; doc. 1337, AimeriD 1625 [C’ert Savaris qui grant gent a menee:  .iij.  .c. estoient, chascuns la teste armee, Des Alemenz des mieuz de sa contree. Vestu estoient comme gent mal senee. Chascuns avoit une gonele lee Et une jupe de gros agniax forree, Solers a ganches et chauces havetees (var. chevetee et reversees), Aumuce el chief et par devant orlee]; LaGrangeTournai 65 [et a cescun les de l’uisserie,  .j. piler beulket, et en cheli beu semet de rosetes, et au devant havetet la u li huis pendront], TL 4,1041 [‘?’ au lieu d’une définition pour l’att. de AimeriD], cf. FEW 16,111a qui atteste haveter aux sens différents pour quelques dialectes)
haveüre f.
  • “rainure faite pour recevoir ou faire glisser (qch.)” (déb. 13es., VengRagF 2133 [La fenestre fu a mont traite, Ele coroit en haveüre, Par engien tient], TL 4,1041; Gdf 4,444b; FEW 16,111b)
  • “id.” dans une image⁠ (4eq. 13es. [date du ms.], NoomenFabl 4,74,90 [Lors li met la main sur le con. Et qu’est ceci amie bele ? Sire, c’est une fontenele Qui siet ci en mi mon praiel. Si i fet mout bon et mout bel Qu’ele est assise en  .i. recoi. Puis taste avant del plus lonc doi, si comme avint par aventure, Si trueve une autre haveüre(4)], TL 4,1041 [‘übertr. obszön’ incorrect]; Gdf 4,444b; FEW 16,111b)
enhaver v.a.
  • “attirer (qn.) à soi” [dans le seul contexte dit d’une âme]⁠ (ca. 1227, CoincyII20K 271 [(Dispute entre anges et le diable concernant l’âme d’un mort) Dïent li angele: Notre est s’ame. Li tres doz salus Nostre Dame Lui et autrui a mout valu. Ci a, font il, trop mal salu! Par tout l’on mais diable apris. Tout acrochié et trestont pris Avïons bien et enhavé Quant vint en terre cist avé], TL 3,424(5); FEW 16,111b)
havee f.
[ÉtymologieNous suivons le FEW qui regarde havee et havage comme dérivés de hef. L’évolution sémantique qui mène de hef “croc, crochet” à havee “quantité (d’une chose) que l’on peut prendre avec une main” est à expliquer. Du point de vue sémantique, havee est proche à havot (v. → havot1), mais l’étymologie de ce mot est également incertaine (germ. haven “pot”?). – Nous rangeons ci-dessous avec hésitation une att. de CensToulM 4: Les hauees de saiel de  .iiij. s. L’éd. définit au glossaire hauee “augmentation” et saiel “sceau”. Ces définitions ne contribuent pas à une meilleure compréhension du contexte. L’éd. O du même texte définit havee par “poignet, redevance prise ici sur le sel?”. Bien que le FEW 16,111b ne date havee par “sorte de redevance” que de 1490 - 1759, cette interprétation serait bonne si saiel était vraiment une variante graphique de sel (FEW 11,76b atteste: Meuse saïe, Meurthe-et-Moselle saïe). Il nous semble toutefois probable qu’il faut lire havee et définir “sorte de redevance”. Le sens de saiel reste obscur (“sceau” est possible, mais cette définition est à appuyer par des faits historiques).]
  • “quantité (d’une chose) que l’on peut prendre avec une main” (1erq. 13es.1650 [encore dial. mod.], CoutSensL 295,27 [Chascuns qui vant sel ou marchié doit  .iij. havees de sel la semeine, li viscuens la mitié, li rois l’autre]; Beauvillé 4,9,31(6) [Del panier de hanons, une havee; li sires de Seissollieu, le tierc]; doc. 1337 Gdf, TL 4,1037 [renvoie à Gdf et au FEW]; Gdf 4,443a; FEW 16,111b)
  • ⁠comme nom propre⁠ (doc. 1237, doc. 1237 Gdf [Odeling la Havee], Gdf 4,443b)
  • “sorte de redevance” (1286; ensuite 3eq. 15es.1759, CensToulM 4 [Les havees de saiel de  .iiij. .s.]; [MorPeupleH 1724], Gdf 4,443c [déf. une att. de 1490 “redevance sur les blés qu’on mesurait”, à corriger]; FEW 16,111b)
havage m.
  • “droit perçu sur la vente en détail (de menues denrées)” ([doc. 1145]; fin 13es.1790, DepointHôtPont 51 [Sachent tuit que comme contenz fust entre l’abé et le couvent du Val Nostre Dame d’une part, et le mestre, la prieuse, les freres et les sereurs de la Meson Dieu de Pontoise d’autre part, d’un havage et d’un bufetage de Pontoise que li mestre… demandoient et requeroient au devant dit abbé… Et nous par le consel de bonne gent pour la pes fere des parties avons dit nostre dit en tele maniere que li devant dis abbés et li covent seront quites a touz jours du havage et du bufetage de Pontoise]; doc. 1296 Gdf; doc. 1306 DepoinHôtPont 100; doc. 1326 Gdf, Gdf 4,442c; FEW 16,111b(7))
havart m.
[ÉtymologieNous rangeons ce mot ici, bien que le transfert sémantique ne nous est pas clair (pas de parallèles dans Gorog.).]
  • “partie du corps de l’homme qui comprend les fesses et le fondement derrière” (mil. 13es., GautLeuL2 V 127 [Dist li vallés: ‘Cis fols m’alorde, Qui ci me fait a lui entendre. A tant lait le loce destendre, Si l’en fiert si plain le havart Que Conebers en eut sa part], TL 4,10,36; FEW 16,111b(8))
(1) Encore dans les dial. modernes sous la forme , v. FEW 16,110b.
(2) Les att. de MousketR 19592 et de RenNouvR 4982 par erreur sous hec, v. → hec2.
(3) Cf. MED 4,556b: «haviloun… “a trick, deception; trickery, guile”, 1ère att. mangl.: ca. 1400).
(4) Dans le contexte, la vulve et l’anus sont comparés à une rainure.
(5) Renvoie à Gdf 3,188b qui atteste enhaver au sens de “prendre plain la main” dans un doc. de 1454.
(6) Gdf date ce doc. du 12es.: mais il provient d’un Registre de l’évêché d’Amiens qu’il faut dater du 13es., cf. Drüppel 71.
(7) Le FEW date ‘1555 - 1790’. Il n’a apparemment pas vu les att. dans Gdf bien que le mot figure dans GdfLex.
(8) Le FEW définit havart par “vulve”, à corriger.