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rédaction: Stephen Dörr
pic. henguier v.a.
[ÉtymologieEtymologie obscure. Le FEW 16,196b range notre mot sous l’étymon. all. HENKEN “prendre”. Sous cet étymon sont également rangés hanker “suspendre” (se trouve également dans le FEW 16,140b), v. → *hanker, et hanchier “saisir, s’emparer de”, qui n’existe pas, v. → *hanchier. Dans le commentaire de l’article, Wartburg spécifie: «Es geht wohl 1 [= hanker, v. ci-dessus] auf mndl. hanghen “aufhängen” zurück, 2 [= henguier] auf mndl. hengen, das allerdings nur um sinn von “dulden” (eig. “die Zügel hängen lassen”) belegt ist, sicher aber ursprünglich “hängen” bedeutet hat». C’est un des exemples qui montrent qu’une définition fausse d’un mot (soit pour henguier “être attaché, louvoyer” (FEW)) mène à une étymologie erronée. L’examen ohilologique démontre que le sens de henguier est “tendre consciemment à posséder qch., à faire qch., désirer”. cf. aussi Gilles Roques RliR 49,503. Du point de vue sémantique, ce sens ne s’accorde pas avec un étymon henken ou hengen “pendre”. – FlutreMPic 275 réunit des attestations de henguier du 16es. à 1648 et propose de rattacher le mot à fr. engier (< INDICARE) qu’il définit par “rechercher activement, désirer”, mais ce sens (qui servirait son étymologie) n’est pas attesté, cf. FEW 4,642a. – Gdf 3,165a a apparemment eu la même idée. Il range henganche, JobG 570, avec ingance, GautEpL II 5,3 v. ci-dessous, sous une entrée engeance qu’il définit par “soin”. Ce sens qui ne convient point au contexte, v. notre déf. ci-dessous, n’est pas attesté pour engeance, cf. FEW 4,642a. L’étymologie de henguier, dont la distribution géographique - comme celle de sa famille - est restreinte au quart Nord-Ouest de la Picardie (cf. RoquesRég 270,271), reste obscure.
Rem.: Dans JeuxPartL LXXI 39 figure le passage suivant: Ferri, mieus a chil ki arrive a port, Encor ait il un poi voie marrie, Que chil qui henge a port et n’i vient mie. L’éd. définit “louvoyer”, TL 4,1055,1 “lavieren”. Nous considérons cette attestation comme appartenant plutôt à notre sens de base, v. ci-dessous. Les déf. de l’éd. et de TL sont à corriger(1). – Gdf 3,165a engeance donne comme deuxième et dernière att. d’ingence dans ‘Thib., Chans., ms. Berne 231, fo6b’. Cette att. est à identifier avec GautEpL II 5,3 où le contexte plus large se lit: Ausi com de fevrier mais Et de rubis li balais N’a de biauté nule igance. L’att. est à ranger sous igance “égalité”, cf. TL 4,1298,26.
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(henguier JeuxPartL XLIV 27, hengier 1em. 13es. MorPhilP 1058 [-ge ind. prés. 3]; JeuxPartL LXXI 39 [-ge ind. prés. 3]; VillehF 100,4 var. ms. 13es. [-goit ind. imparfait 3]; [AlexPar2H0 103,55 [-goit ind. imparfait 3]], henghier ChansArtB V 24; XIV 60 [-ghe ind. prés. 3], hangier MorPhilP 643, ⁠av. 1440 hainguier AlexPr2H0 104,66 [-guoit ind. imparfait 3], aengier MorPhilP 644var. [-ge ind. prés. 3])
  • “tendre consciemment à posséder (qch.), désirer” (1em. 13es., MorPhilP 644 [De fel haut home desluné En qui orgieus a aüné Mains poinz qui tornent a vergoigne, Ne puet nus faire sa besoigne, Se il ne le sert de losange; Qui la besoigne faire hange (var. aenge, enhange) Ait la losange toute preste Ou ce se non riens ne conqueste]; 1058, FEW 16,196b)
  • henguier a “id.” (ca. 1245av. 1440; ensuite 16es.1694(2), ChansArtB V 24 [Quanr a baisié saint Tortuel (c’est-à-dire: quand la femme est ivre) Et le seve de sen tuel, Lors veut danser et espringhier Et bien sovent ailleurs henghier A viel home u baceler]; VillehF 100,4 var. ms. 13es.; ChansArtB XIV 60; JeuxPartL XLIV 27; LXXI 39; [av. 1440 AlexPar2H0 103,55; AlexPr2H0 104,66], TL 4,1054; Gdf 4,477b; FEW 16,196b)
enhenguier v.a.
(enhanger MorPhilP 644var. mss. 1268 et 14es.)
  • “tendre consciemment à posséder (qch.), à faire (qch.), désirer” (pic. 1268 et 14es. [date des deux mss.], MorPhilP 644 [De fel haut home desluné En qui orgieus a aüné Mains poinz qui tornent a vergoigne, Ne puet nus faire sa besoigne, Se il ne le sert de losange; Qui la besoigne faire hange (var. mss. 1268 et 14es. enhange) Ait la losange toute preste Ou ce se non riens ne conqueste])
henguance f.
(henguance RestorC 1233, hengance RestorD 1,1278; [AmAmAl 3431var. [lettre T. Matsumura]], henganche fin 13es. JobG 570; 902, enganche FroissChronM 13,239,9, haingance AmAmAl 3431 [lettre T. Matsumura])
  • “tendance consciente à posséder (qch.), à faire (qch.)” (pic. fin. 13es.; ca. 1330; fin 14es., JobG 570 [Chil qui n’ont ne coer në henganche De bien leurs enfans castoiier Ensi en orent leur loiier, li peres. Et Diex l’enblama Pour che qu’il cremi et ama Plus ses enfans qu’il ne fist Dieu]; 902; RestorD 1,1278 [Par le delit qu’il ont en la considerance Conchoivent  .j. desir qui lor done hengance De ces boins resambler par boine acoustumance]; [FroissChronM 13,239,9; AmAmAl 3431], Gdf 3,165b [sous engeance])
henguison f.
  • “tendance consciente à posséder (qch.), à faire (qch.)” (pic. ms. 1311, StengelTur 24 [Chil qui sont orendroit ne valent  .j. bouton. De lor panche encrassier a chescuns henguison], TL 4,1054)
(1) Cf. Gilles Roques RLiR 49 (1985) 503.
(2) Le FEW qui ne donne pour la forme henguier que l’att. de JeuxPartL date hinguer ‘dep. Mén 1694’, mais il n’y a pas de traces du mot dans les dictionnaires modernes.