DEAFplus
article imprimé
herlot m.
[ÉtymologieLe présent article regroupe plusieurs mots qui ont été traités dans le FEW sous l’étymon abfrq. *HARA “hierher”. Cet article a été déconstruit sous → hara1, v. en particulier DEAF H 156,6-10. Nous suivons en bonne partie les conclusions de Delbouille (MélWartb1 176-185) qui établit les rapport entre nos mots et le nom de Hellequin (suivant les recherches de Flasdiieck et d’autres, v. la suite). Exceptionnellement nous avons choisi de placer un commentaire à la tête du greoupement et de pourvoir chaque sous-entrée d’un court commentaire étymologique propre.
Les origines de la légende de la mesnie Hellequin et l’étymologie de Herlequin ont été discutées à mainte reprise(1). La plus ample information critique se trouve dans Flasdieck, "Germ. Mythos in roman. Wandlung", Anglia 61 (1937) 225-340, complété ib. 66 (1942) 59-69: le mythe semblerait d’origine germ.; il s’agirait d’une troupe (armée) de morts, à cheval et accompagnée d’un chien (ces animaux ont leur valeur propre), dirigée par Odin (cheval et loup comptent parmi ses attributs). Ce mythe s’intègre dans la mythologie générale des morts (cp. D. Ruhe dans ElucidaireSecR 68-71) et est plus ancien, évidemment, que les témoignages littétaires. Aangl. *HER(E)LA (< germ. *χaria “armée”, cp. all. Heer) serait un surnom d’Odin, qui a été précisé par aagnl. king “roi” (Anglia 61,326). – Delbouille BSLW 69 (1953) 105-131 réfute l’origine germ. parce que la légende est placée par les premières sources dans le Pays de Galles: gall. HERLA serait le nom d’un roi breton légendaire (p. 114). Mais ce sont là des évolutions prob. plus récentes de la légende, surtout en considérant que Herla est à peine appuyé dans les langues celtiques et au contraire très bien dans les langues germ. (v. Anglia 66,63). – Ménard, Littératures 9,10 (Toulouse 1984) 1-11, seconde Delbouille dans sa critique de Flasdieck et résume nombre de faits et de suppositions.
La légende est relatée par Gautier (Walter) Map, De nugis cur., ch. XI (datable 1180-91; nomme la familia Herlekini); et elle est mentionnée par Orderic Vital († 1143), Hist. eccl., l. VIII (familia Herlechini) et par Pierre de Blois (année 1175; Herlewini < Herla + wini “compagnons”, mot anglais), v. BSLW 69,10,110 et surtout Anglia. Ici importe de savoir que le roi Herla entre dans un pacte avec un démon, se met en route à cheval et accompagné d’un chien assis avec lui sur le cheval et d’un certain nombre de compagnons. Il est condamné à chevaucher tant que le chien ne descent pas, sous peine d’être réduit en poussière. Les gens entendent la troupe surtout la nuit, par temps de tempête(2), avec des hennissements, des bruits d’armes, des sons de cloches et de clochettes, des aboiements de chiens, etc. Des informations sur les croyances autour de la mesnie Hellequin se lisent dans les contextes de → herlequin et dans ElucidaireSecR n°162 et 163 (texte de ca. 1312). Sans pouvoir être trop affirmatif (malgré Spitzer StPh 41,521-525 et MélHœ 108), on est en mesure de rapporcher tous les mots ici réunis des notions comprises dans la légende (Delbouille BSLW 69,128: doutes).
Rem.: Gdf 4,422b donne une entrée harelement adv. “d’une manière malicieuse”, avec une seule att. qui s’identifie avec DeuOmniS2 (agn. fin 12es.) 29b var. ms 13es. La déf. tente de concilier le rattachement étym. à harel(e) et le contexte: dans celui-ci Jésus, pris comme modèle d’humilité, parle aux gens; un ribaut lui donne une gifle; [(ms B:) Ore oiez coment, Cum suef e umblement Jesu respoiundi…] (ms. A): Si jo di malement Mut hardiement (leçon de B, A donne harelement) Le testmoniez; E si je dis ben… Pur quei me ferrez? Ce contexte semble exclure toute interprétation qui permettrait une identification avec notre groupe de mots (le sens en serait *“d’une manière tumultueuse et agressive”; le groupe est essentielement pic.). Il nous faut donc voir en harelement une erreur pour hard(i)ement (v. DEAF H 188,36), même si le mètre en est touché. Reste la question hypothétique de savoir si cette forme correspond à un mot qui a réellement pu exister en agn. A supprimer dans FEW 16,149a [‘hap.’]. – Herlue f. “folie”, Gdf 4,466b (manque dans GdfLex), est une var. de erlue “fausse apparence” et sim., Gdf 3,326b “chose frivole”… (même contexte), cp. FEW 5,478 LŪX (“tromperie” à modifier; herlue manque). – Cf. → herluïn. – L’article mnéerl. HELLE, FEW 16,192b est à biffer, v. herle ci-dessous.
Herlot m. est une dérivation de HERLA, nom du chef de la mesnie Hellequin, avec le suffixe dimin. -OTTU, pouvant désigner des personnes, est possible. Le sens étymologique en serait *“un des suivants de Herla”. Sur la base des seules attestations tirées du TristBér on a défini herlot par “vagabond, fripon, coquin” (DC; FEW), “Landstreicher, Lump” (TL), “garçon, jeune homme; polisson, débauché, ribaud” (Brüll). Les att. mangl et mlt. améliorent cette base: ribaldi et hereloti de loco ad locum currentes… otiose viventes (ca. 1220; “vagrant” LathamDict 1135b); quidam qui se harlotos appellant vagi et otium foventes… congregaciones et [conventicul]a necnon contractus illicitos juxta ritum suum contra honestatem ecclesie… faciunt (1263; “hedge-priest”, ib. et 479a); Eadmodnesse is ilich þeose cointe hearloz (var. herloz, harloz)… HARE FLOWINDE CWEISE ÞET HA PUTTEÐ EAUER FORÐ [= mlt. humilitas assimulatur prudentibus [harlot]is… LathamDict] (av. 1200 ms. ca. 1230 Ancr. Riwle; MED 4,493b; cp. AncrRiwlecH ci-dessous); etc. Le sens originel peut dès lors être précisé: “vagabond motivé par l’ascèse ou par l’oisiveté, éventuellement vivant d’aumônes”. La somme des att. dessine l’évolution sémantique vers “vagabond menant une mauvaise vie”, d’où aussi, en mfr. “homme de mauvaise vie”. Attesté surtout en Angleterre (mangl. “id.” ca. 1380)(3). – Les rapports avec aocc. arlot, dès ca. 1227, JaufrB 8986; PMula Rn, Rn 1,22a(4), cat. arlot, dès ca. 1284, Llull, Blanq. (écrit à Montpellier), AlcM 1,813b, esp. arlote, dep. Berceo, Corom2 1,336b [‘du fr.’; auj. régional; informations touchant l’afr. inexactes], it. arlotto, dep. déb. 14es., Battaglia 1,661 (indépendant de it. arlecchino, dep. av. 1655, CortZol 72b), ne sont pas élucidés: emprunts au français? (Cp. FEW 16,202n11.)Rem.: Gdf 4,458b herbot, Tristan, est erroné: lire herlot, v. ci-dessous. – Gdf 1,626c berlot “?”, Tristan, est également à lire herlot (Delbouille MélWartb1 177n8; renvois dans Gdf même: 1,400a, sub arlot, herlot). – S. Gregory définit TristBérG 3644 et 3649 “procurer” (“maquereau”), 3976 “good-for-nothing, rogue”: ces termes ne nuisent pas particulièrement à la traduction, mais aux trois endroit il s’agit de Tristan déguisé en lépreux mendiant que l’auteur (au vers 3976 par la bouche d’Iseut même) n’aurait pas dénigré à ce point. L’éd. B traduit par ‘vaurien’.]
Rem.: Gdf 4,422b donne une entrée harelement adv. “d’une manière malicieuse”, avec une seule att. qui s’identifie avec DeuOmniS2 (agn. fin 12es.) 29b var. ms 13es. La déf. tente de concilier le rattachement étym. à harel(e) et le contexte: dans celui-ci Jésus, pris comme modèle d’humilité, parle aux gens; un ribaut lui donne une gifle; [(ms B:) Ore oiez coment, Cum suef e umblement Jesu respoiundi…] (ms. A): Si jo di malement Mut hardiement (leçon de B, A donne harelement) Le testmoniez; E si je dis ben… Pur quei me ferrez? Ce contexte semble exclure toute interprétation qui permettrait une identification avec notre groupe de mots (le sens en serait *“d’une manière tumultueuse et agressive”; le groupe est essentielement pic.). Il nous faut donc voir en harelement une erreur pour hard(i)ement (v. DEAF H 188,36), même si le mètre en est touché. Reste la question hypothétique de savoir si cette forme correspond à un mot qui a réellement pu exister en agn. A supprimer dans FEW 16,149a [‘hap.’]. – Herlue f. “folie”, Gdf 4,466b (manque dans GdfLex), est une var. de erlue “fausse apparence” et sim., Gdf 3,326b “chose frivole”… (même contexte), cp. FEW 5,478 LŪX (“tromperie” à modifier; herlue manque). – Cf. → herluïn. – L’article mnéerl. HELLE, FEW 16,192b est à biffer, v. herle ci-dessous.
Herlot m. est une dérivation de HERLA, nom du chef de la mesnie Hellequin, avec le suffixe dimin. -OTTU, pouvant désigner des personnes, est possible. Le sens étymologique en serait *“un des suivants de Herla”. Sur la base des seules attestations tirées du TristBér on a défini herlot par “vagabond, fripon, coquin” (DC; FEW), “Landstreicher, Lump” (TL), “garçon, jeune homme; polisson, débauché, ribaud” (Brüll). Les att. mangl et mlt. améliorent cette base: ribaldi et hereloti de loco ad locum currentes… otiose viventes (ca. 1220; “vagrant” LathamDict 1135b); quidam qui se harlotos appellant vagi et otium foventes… congregaciones et [conventicul]a necnon contractus illicitos juxta ritum suum contra honestatem ecclesie… faciunt (1263; “hedge-priest”, ib. et 479a); Eadmodnesse is ilich þeose cointe hearloz (var. herloz, harloz)… HARE FLOWINDE CWEISE ÞET HA PUTTEÐ EAUER FORÐ [= mlt. humilitas assimulatur prudentibus [harlot]is… LathamDict] (av. 1200 ms. ca. 1230 Ancr. Riwle; MED 4,493b; cp. AncrRiwlecH ci-dessous); etc. Le sens originel peut dès lors être précisé: “vagabond motivé par l’ascèse ou par l’oisiveté, éventuellement vivant d’aumônes”. La somme des att. dessine l’évolution sémantique vers “vagabond menant une mauvaise vie”, d’où aussi, en mfr. “homme de mauvaise vie”. Attesté surtout en Angleterre (mangl. “id.” ca. 1380)(3). – Les rapports avec aocc. arlot, dès ca. 1227, JaufrB 8986; PMula Rn, Rn 1,22a(4), cat. arlot, dès ca. 1284, Llull, Blanq. (écrit à Montpellier), AlcM 1,813b, esp. arlote, dep. Berceo, Corom2 1,336b [‘du fr.’; auj. régional; informations touchant l’afr. inexactes], it. arlotto, dep. déb. 14es., Battaglia 1,661 (indépendant de it. arlecchino, dep. av. 1655, CortZol 72b), ne sont pas élucidés: emprunts au français? (Cp. FEW 16,202n11.)Rem.: Gdf 4,458b herbot, Tristan, est erroné: lire herlot, v. ci-dessous. – Gdf 1,626c berlot “?”, Tristan, est également à lire herlot (Delbouille MélWartb1 177n8; renvois dans Gdf même: 1,400a, sub arlot, herlot). – S. Gregory définit TristBérG 3644 et 3649 “procurer” (“maquereau”), 3976 “good-for-nothing, rogue”: ces termes ne nuisent pas particulièrement à la traduction, mais aux trois endroit il s’agit de Tristan déguisé en lépreux mendiant que l’auteur (au vers 3976 par la bouche d’Iseut même) n’aurait pas dénigré à ce point. L’éd. B traduit par ‘vaurien’.]
(Ouest agn. herlot 4eq. 12es. TristBérG 3644; 3649; 3976; JGarl ms. 2em. 13es. HuntTeach 1,231; JGarl Acc. ms. 2em. 13es. ms. 2em. 13es. [pl. -oz] HuntTeach ms. fin 13es. HuntTeach 1,146, pic. herlos ca. 1380 FroissChronK 10,383 c.s.sg.; 384 id., agn. harlot JGarlUnH2 169 ms. fin 13es.; AncrRiwlecH 257,10, harlet JGarlUnH2 171 ms. 2em. 13es., arlot JGarlUnH 175)
- ◆“vagabond motivé par l’ascèse ou par l’oisiveté, éventuellement vivant d’aumônes” (4eq. 12es.; fin 13es., TristBérG 3644 et 3649 [(Tristan déguisé en lépreux) tient le chief enclin, Lor aumosne por Deu lor quiert. L’un l’en done, l’autre le fiert. Li cuvert gars, li desfaé ‘Mignon’, ‘herlot’ l’ont apelé… ‘Truant’ le claiment et ‘herlot’]; 3976 [(Iseut feint de blâmer Tristam pour cacher son identité) Il est herlot, si que jel sai]; JGarlUnH 175 [erraticus : arlot, ms. 13es.]; JGarlUnH2 HuntTeach 2,169 [scurra : harlot, ms. fin 13es.]; 171 [erro : harlet, ms. 2em. 13es.]; JGarl HuntTeach 1,231 [errones : harloz, ms. 2em. 13es.]; JGarl Acc. HuntTeach 1,146 [erro : herlot, ms. fin 13es.]; 1,148 [errones : harloz, ms. 2em. 13es.]; AncrRiwlecH 257,10 [Jeo apeele ‘honte’ touz jours estre tenu en despit, et mendier, sicome un harlot, si mestier est, sa vitaille et ses vivres d’altre almoigne, sicome vous fetes, mes cheres soeres, ms. déb. 14es.], Stone 351a [trois graphies mais une seule att.; [harlot]e correspond prob. à Bibbf qui est prob. à interpréter comme verbe]; TL 4,1088 [TristBér]; DC 1,386a [mfr. arlot, domaine d’oc selon R 34,197]; Gdf 1,399c [< DC + Lac]; Delbouille MélWartb1 177 [‘équivalent de mignon(5) et de truand’ peu approprié]; FEW 16,753a [classe BibbFW harlote avec harlot])
- ◆“vagabond motivé par l’ascèse ou par l’oisiveté, éventuellement vivant d’aumônes”id., comme t. d’injure (pic. ca. 1380, FroissChronK 10,383 [(des écuyers échangent des paroles agressives avec des archers) Vous avés grant tort, qui vous aherdés a ce chevalier… Voires? dist li uns de ces escuiers… et tu, herlos, en voes tu parler?]; 384 [(même scène) Et se je quidoie, dist li escuiers, herlos, que tu le vosisses aidier… (le ‘herlot’ tue finalement l’écuyer)], Lac 7,42b; Gdf 1,399c; FEW 16,753a)
●harloter v. ?
[ÉtymologieVising StN 15,204, FEW et Stone ont interprété l’att. unique de harlote, BibbfW, comme var. agn. de → harlot m. Mais, et Vising et Stone ont accueilli esclauote, qui rime avec harlote, comme participe passé, esclavoté. Dans BibbO 1063, esclavoté rime en effet avec mustré (La pruve vous ert ja mustré). Comme les rimes de Bibbf ne sont normalement pas défectueuses, il vaut mieux lire harloté, même si un tel verbe m’est pas attesté autrement (pas de verbe non plus en mangl.). La glose mangl. contredit pourtant cette proposition.]
- ◆“être réduit à l’état de vagabond” (?) (agn. déb. 15es., BibbfW 78,12 [Cy vient un garsoun tout sclavoté, Bien luy apert d’istre harloté, Et plusours ad dez esclavos, A cause q’il ne feut a chival doos; glose mangl. Here comeþ aboy al bysquiyrt (éd. by squyrt), Hym semeth wel to be a harlot… hors bak; correspond à BibbO 1064 Cy vint un garzoun esclavoté, La pruve vous ert ja mustré; Kar trop avera des esclavos], Stone 351a [prob. sub harlot]; FEW 16,753a [sub harlot, suivant Vising StN 15,204])
●herler v.
[ÉtymologieProb. dérivé de HERLA, v. ci-dessus. Les auteurs de Job et de SEloi semblent établir un lien étymologique entre heler et maisnie Helequin, resp. entre herler et Herlekin, v. les citations(6). – Ce mot est à distinguer soigneusement de heler “souhaiter bonne santé (l’un l’autre)”, → heel, et de *heler “crier ‘hé’ pour appeler”, → hé1. L’explication du sens 2° est à joindre au problème étymologique de herlir (v. ci-dessous).]
(herler GodBouillH 691 ms. N.-E. 2em. 13es.; pic. 2em. 13es. SEloiP 110a, pic. heler JobG 356)
- ◆1ov.n. “faire du tapage tumultueux et agressif” (pic. 2em. 13es., SEloiP 110a [(chapitre D’un abé qui sains Eloys dist que li dyables avoit envaïe s’abeïe et les moines) Li diables a t’abeïe A nuit fierement envaïe: Tant ont venté, tant ont herlé Que pres que tout ont craventé Li fil Sathan tout l’edefisse… (les moines) Orent guerpi lor moniage… Par le consel de Herlekin], Gdf 4,466a; TL 4,1087 [lärmen, schreien]; FEW 16,149a)
- ◆par ext. “crier a tue-tête (dit d’un bébé affamé)” (pic. fin 12es., GodBouillH 691 [Li .i. d’ax (fils) s’esveilla, forment crie et herle(7); laisse en -ele], Gdf 4,466a [sous le sens gén.]; TL 4,1087 [id.]; FEW 16,149a)
- ◆2ov.n. “frapper violemment” (doc. Paris 1391, RegChâtD 2,262 [(un cambrioleur) ala de nuyt en l’hostel dudit Saint Anthoine, lequel il ouvry a hurter et heiler le mieulx qu’il pot, et, icellui ouvert, entra dedens une chambre (pour voler des objets d’argent)], GdfC 9,752a [“appeler de loin” err.]; FEW 18,70b [err.. v. *heler sub → hé1])
●herlir v.
[ÉtymologieLes attestations réunies ici sont difficiles à interpréter. Les dict. et glossaires (aussi Delbouille MélWartb1 182s.) ont méconnu surtout le sens 2°. L’identification étymologique n’est pas entièrement assurée, v. herler ci-dessus (avec sens 2°). Pour 2° cp. MehlJeux 49-57 et cf. herliier ci-dessous]
(herlir RouH III 1220 var. ms. pic. 13es.; RenclCarH 78,4 var. mss. pic. lor. bourg. fr. 13es. - 15es.; doc. St-Omer GirySOmer p. 535 no 450; p. 546 no 558; CourtAmsS 1263 [herleir, second e exponctué], wall. hierlir RenclCarH 78,4 var. mss. fin 13es., s.l. hellir RenclCarH 78,4, helir RenclCarH 78,4 var. ms. fin 15es.)
- ◆1ov.a. “projetter violemment (qn, une partie du corps) contre qch.” (pic. 13es.; fin 13es., RouH III 1220 [(des Anglais massacrent des Danois) Od grant culteals e od cuignees Lur unt les gargates trenchies; Les enfanz fors del berz traeient, As poz des maisuns les fereient (var. ms. 13es. Et as postiaus les herlissoient) Ke les cerveles lur volouent]; CourtAmsS 1263 [(une dame n’accepte pas les avances du poète amoureux) me senti esprendre De s’amour, ne seus que penser. Par li prametre et par donner En cuidai bien a quief venir, Mais g’i peüsse autant herlir (ms. herlẹir) Me teste, c’a l’uis a .i. sourt], Gdf 4,466b [“frapper violemment”]; TL 4,1088 [“lärmen, schreien” sans att., avec renvoi à Gdf]; FEW 16,149a)
- ◆2ov.n. “jouer un jeu où l’on essaie d’atteindre un but en frappant avec un bâton ou en lançant unn bâton (sur une boule ou sur une ou plusieurs quilles?” (?) (1erq. 13es.; 1268; 1279, RenclCarH 78,4 [(semonce:) Prestre, mius vient te main perir Ke ordoiier d’ome ferir, De fol tast (‘fait de tâter de façon lubrique’) ne de caroler, De tremeler (‘jouer au tric-trac’) ne de helir (var. herlir, hierlir, helir, v. ci-dessus); gloss. “boire ensemble” err.]; doc. 1268 St-Omer GirySOmer p. 535 no 450 [On a defendu les queles clouseir(8) et le herlir ne sour maisons ne es rues, sor .lx. s., ms. fin 13es.]; doc. 1279 ib. p. 546 no 558 [On a deffendu ke nus herlisse ne closse ne keile(9) dedens les murs de le vile ne sour les atries(10), sous .lx. s., ms fin 13es.], Gdf 4,466b [“faire du tapage” err.]; TL 4,1054 [“ein Gelage veranstalten, schwelgen” err.]; 1088 [renvoie à Gdf; “lärmen, schreien” à corr.]; FEW 16,149a [“faire du tapage” err.])
●herliier v.n.
[ÉtymologieFormé parallèlement à herlir (v. ci-dessus; attesté dans la même série de doc.).]
- ◆“jouer un jeu où l’on essaie d’atteindre un but en frappant avec un bâton ou en lançant un bâton (sur une boule, ou sur une ou plusieurs quilles?)” (?) (doc. St-Omer GirySOmer no 317 [On a defendu ke nus ne herlie ne ne jue a deis sor atre (“parvis”…) dedens les murs de le ville, sor .lx. s.], Gdf 4,466b [“faire du tapage” err.]; TL 4,1088 [“lärmen, schreien” err.]; FEW 16,149b ‘herlier “crier, faire du tapage”, 1270’, err.)
●herle f.
[ÉtymologieProb. dér. déverbal de herler. Les att. localisées sont pic. ou encore wall. (GodBouill).
Rem.: Le FEW enregistre ce mot à deux endroits, une fois sous abfrq. *HARA (oubliant doc. pic. 1358 helle Gdf et DC), v. ci-dessus, et une autre fois sous mnéerl. HELLE “enfer”(11), ici avec une seule att. tirée de Boca (où deux autres att., pic. 1358 helle [dont une correspond à Gdf], qui ont été ignorées); ce dernier article est à biffer. – DC 4,167c avait établi le bon lien. – La leçon originale de GodBouill a dû être harele (v. ce mot), la laisse rimant en -ele, mais le compte des syllabes est correct avec les deux leçons.]
Rem.: Le FEW enregistre ce mot à deux endroits, une fois sous abfrq. *HARA (oubliant doc. pic. 1358 helle Gdf et DC), v. ci-dessus, et une autre fois sous mnéerl. HELLE “enfer”(11), ici avec une seule att. tirée de Boca (où deux autres att., pic. 1358 helle [dont une correspond à Gdf], qui ont été ignorées); ce dernier article est à biffer. – DC 4,167c avait établi le bon lien. – La leçon originale de GodBouill a dû être harele (v. ce mot), la laisse rimant en -ele, mais le compte des syllabes est correct avec les deux leçons.]
(herle ms. N.-E. 2em. 13es. GodBouill Gdf et HLF 22,397; [doc. 1382 Gdf; etc.], helle doc. Abbeville 1287 Boca 151; [doc. Abbeville 1358 Boca 152])
- ◆“tumulte produit par des gens qui manifestent en public leur mécontentement” (pic. 1287 – 1358, doc. Abbeville 1287 Boca 151 [Pierre Ragos a esté fustés… pour helles que il auroit fait plusieurs fois contre les maistres de le rue as Pareurs, ms. prob. fin 13es.]; [doc. Abbeville 1358 Boca 152 [Jehan… pour plusieurs helles, compilations, ou paroles sentant commotion de peuple, en disant que il ne li falloit que lever le doit que il ne demoureroit rike homme ne rike femme en la ville d’abbeville…, avec plusieurs autres malvaises paroles, sentant helle et compilation…, pour ce fu jugié a avoir coppé le teste, ms. prob. contemporain]], DC 4,167c; Gdf 4,466a [“assemblée séditieuse”]; FEW 16,149a(12))
- ◆par ext. “criaillerie (d’un bébé)” (ms. N.-E. 2em. 13es., GodBouill Gdf et HLF 22,397 [Dame, il (le bébé) s’esvella ore et menoit si grant herle; Jel fis bien alaitier a une damoiselle; le mètre exige la forme; ha[r]ele dans GodBouill[H 698], v. harele ci-dessous], Gdf 4,466a; TL 4,1087; RLiR 41,365 [corriger ‘XIIes.’])
●harel m.
[ÉtymologieProb. dér. déverbal de herler. Les att. localisées sont pic. et norm.mérid.]
- ◆“tumulte produit par des gens qui se comportent d’une façon tapageuse ou qui se querellent ou qui manifestent en public leur mécontement” (ca. 1300; 1322 n.st., GodinM 11020 [dist Piniaus: N’ai cure de favel. Veés vous la cel plus espés moncel? Illuec se tient Seguins au fel musel; La vaurrai jou departir maint harel]; doc. Montivilliers (Seine-Mar.) 1322 a.st. [le roy nostre sire manda a notre maitre le baillif de Caux… que… se enformast et abbatist du tout au neant telles faussetés et harels et toutes autres choses touchantes la draperie non deuement faites, Ord 12,456; à lire hareles?; pour l’interprétation de ce contexte, cf. les citations tirées du même doc. sous harele ci-dessous], Gdf 4,422a [“émeute, tumulte” pour doc. 1322]; TL 4,913; 1924 [“Auflehnung, Unbotmäßsigkeit”]; FEW 16,149a [“tumulte” < Gdf])
●harele f.
[ÉtymologieProb. dér. déverbal de herler(13). Les att. localisées sont pic., norm. et agn.
Rem.: Le nom propre Harelle reste à identifier: pic. 1295-1302, ImpArtB 2700 [Mehaus Harelle]; 2759 [id.]]
Rem.: Le nom propre Harelle reste à identifier: pic. 1295-1302, ImpArtB 2700 [Mehaus Harelle]; 2759 [id.]]
(harele TristBérG 2462; GodBouillH 698 [ms. BN fr. 1621 f° 40v°b et éd. haele: à corr. (?); = ms. BN fr. 795 Gdf harele]; doc. 13es. Gdf; SFrançcT Stone; doc. norm. 1322 n.st. AN JJ.61 fo 3vo, aussi ib., impr. Ord 12,456 et 458; doc. 1343 AN JJ.74 fo 3vo [bis], harelle ImpArtB 2700; 2759; doc. 1339 Ord 2,136, herele GodBouillH 1309; AnsCartA 10463 ms. pic.-wall. 2em. 13es., herrele Pères13M 209)
- ◆1o“tumulte produit par des gens qui se comportent d’une façon tapageuse ou qui se querellent ou qui manifestent en public leur mécontentement” (4eq. 12es. – 15es.; 1611, TristBérG 2462 [souef l’apele, N’avoit son de crïer harele]; GodBouillH 1309 [Aprés aus (impr. ans, à corr.) .ii. venoit li cris et la herele (de gens armées)]; Pères13M 209 [herrele, ms.?; éd. K et L: berele]; AnsCartA 10463 [Li rois… n’i fist pas grant herele, Andoi s’en fuient pour guerpir la querele, ms. 2em. 13es.]; SFrançcT Stone; doc. norm. 1322 n.st. AN JJ.61 fo 3vo [pour oster la fausseté et les hareles de le dreperie, = doc. 1321 Ord 12,456; aussi ib. id., aussi 458 que les vallets telliers allent a oeuvre sans faire place commune ne harele, en la maniere que ils faisoient vingt ans a]; doc. 1339 Ord 2,136 (= DC; = ‘1340’ Gdf(14)); doc. 1343 AN JJ.74 fo 3vo l. 1 [harele, monopole, asemblee ne caquehain]; JJ.74 fo 3vo, l. 4 [les diz supplians ne facent harele, asemblee, monopole, ne taquehain (l. c-) aucun (registre); lu sur copie], Gdf 4,422b; DC 4,167b [att. fr. et mlt.]; LathamDict 1135a [mlt. 1247 - 1309]; Lac 7,19a; TL 4,913; 914,9 [«als Interjection»: erroné]; FEW 16,149a [Cotgr 1611 harelle “troupeau” (!), à compléter par “émeute”, avec référence à un fait de Rouen, < Mén])
- ◆par ext. “criailleries (d’un bébé)” (fin 12es. ms. Nord-Est mil. 13es., GodBouillH 698 [la chambriere apele: Di va, por c’a cist enfes moillïe sa maissele? Dame, or s’esveilla, moult menoit grant haele(15); Jel fis bien alaiter(16)], Gdf 4,422b [sous “sédition, émeute, tumulte, cris, association illicite”]; TL 4,914,43)
- ◆2ot. de droit “dénonciation légale de crime (en public, dans une séance spéciale)” [?, sens à étayer, cp. la clameur de haro, DEAF H 168 (13es., Franchise de Guernerie, Mont Saint Michel Gdf [Les jurez dou pais doivent mengier oveques les ballif le jor que il tient sa harele; cp. doc. Quernesey 1299 DC placita spde de presentacionibus harellarum, commenté «ensemble des jureurs d’une paroisse, des habitants prêtant serment devant la cour et devant lui faire connaître tous les crimes donnant lieu à une enquête judiciaire dans les placita corone»], Gdf 4,422b [“assise?”]; DC 4,167b)
●mfr. harelos m.
[ÉtymologieDér. en -os, < lt. -OSUS, de harele. DC comprend le mot comme subst., Gdf par erreur comme adj., d’où aussi TL et FEW. La date est correcte dans DC, erronée dans Gdf et FEW.]
(hareleux pl. doc. 1397)
- ◆“celui qui aime le tumulte agressif ou séditieux” (doc. norm. (fait de Dieppe) AN JJ.152 (registre) pièce 236 fo 134 [dit que c’estoit grant dommage que les dis [truans] de Dieppe n’avoient les testes coppees,… qu’il n’estoient que hareleux, traitres, rebelles a nous et faulx mailliés; (répété dans les mêmes termes) qu’il n’estoient que hareleux desobeïssans a nous(17)], DC 4,167c; Gdf 4,422c; TL 4,914; FEW 16,149a)
●harivel m.
[ÉtymologieRattachement étymologique obscur. Le ms., BN nfr. 4531 f°66b, donne bien harivel, mais une autre interprétation des jambages de -iu- est possible [vérification par Magali Grandval]. Le sens probable, qui rapproche harivel de herlot, semble justifier de traiter le mot ici. – Manque dans GdfLex et dans la partie publiée du FEW. Cp. → hermerel(18).]
- ◆“homme qu’on tient en piètre estime, prob. vagabond” (norm. prob. 1280, ClefD 384 [(recommandations pour le costume de l’amoureux) Chauce toi en bele maniere: Tire ta chauce a la lasniere Si qu’il n’i ait plique ne fronche… O tout cen… Doit estre ton pié… Doit estre ton pié si escript (‘dessiné’) En ton souller ou estivel Que ne sembles pas harivel], Gdf 4,425b [“?”]; TL 4,921 [“?”])
●harevale f.
- ◆“crierie (due à la détresse)” (pic. ca. 1232, GaydonG 4816 [(des maraudeurs profitent des temps de guerre:) Tex gens n’ont onques de faire pais envie, Ainz ont touz jors la harevale [ou -uale] oïe; Mieus aiment guerre que nonne ne complie (“office des complies”)], Gdf 4,423b; TL 4,916; FEW 16,149b)
(1)
Petite bibliographie dans JobG 2,69s., à compléter par ElucidaireSecR p. 19; 68-71, par A. Vàrvaro, Apparizioni fantastische, Bol. 1994, 132-138 [place de la légende dans un cadre plus grand et éclaire son rapport - chez Gautier Map - avec le présent, soit avec la cour de Henri II], et par Ph. Walter et al., Le mythe de la chasse sauvage, 1997 [ignore les trois titres précédents; Walter, 33-72, donne des informations sur le mythe, mais son essai étym. néglige le mlt. et toute chronologie, de sorte que sa proposition (Henne-quin = “coq-chien”) est vouée à l’échec; s’ajoutent nombre d’erreurs et bévues: Herlequin / Hellequin ne s’expliquent pas par la dissimilation [38]; Hellequin n’est pas la 1e forme en date [40] et ne figure pas dans Orderic Vital [44], etc.].
(2)
Pour les rapports avec la mythologie du vent cp. Bächtold 9,632ss. (aussi 5,1772-1782).
(3)
Rothwell NM 97,430 s’appuie sur la glose scurra : harlot (JGarlUnH2 169) pour se demander si le sens ‘sexuel’, soit ‘prostituée’, attesté en mangl., n’existait pas déjà en agn. au 13es. Le ms. date de la fin du siècle. Mlt. scurra m. désigne un serviteur et un mercenaire, mais aussi une personne dépréciée (v. DC 7,377bc; Niermeyer 949a; Latham 427a). Il ne semble pas possible de supposer un sens évolué sur la base de cette seule glose.
(4)
FEW 16,753a mlt. arlotus «Südfrankreich, 14. jh., DC» s’appuie sur Thomas R 34,197 qui a vérifié les doc. cités par DC, sauf ‘Reg. 109, ch. 192’. Les att. tirées de Reg. 107 et 165 par DC ont été rangés par Gdf sub arlot.
(5)
TristBérG 3635; 3644. Mot très isolé, cf. TL 6,38 “Bettler, Landstreicher?”; TL 11,807b ‘prob. déjà “homme qui se prête à la lubricité d’un autre”’; Ziltener 5395 “Lustknabe”. Manque dans le FEW; cp. FEW 62,96a MIN-; 139 MĪÑ-; 20,13b MIN; TraliPhi 28,31; 32,38. Pour le passage dans TristBér cf. DEAF G 1615 guignon.
(6)
Dans Marie YonW2 se trouve une var. herla (leçon du ms. de base Harley) qui a été remplacée par herberja d’après un ms. non identifié; l’éd. O lit berla, L berja. Il faut y voir une erreur manifeste.
(7)
Leçon vérifée sur le ms. BN fr. 1621 f° 40v°b par Magali Grandval.
(8)
Gdf 2,162c “?”, prob. “faire tomber (avec une boule?, les quilles)”; manque dans GdfLex; semble manquer dans la partie publiée du FEW. Cp. FEW 16,335b CLOT.
(9)
Cf. FEW 16,306a: quiller, 1330 à antidater. Notre att. dans Gdf 4,682b avec “?”; manque dans GdfLex; semble manquer dans la partie publié du FEW.
(11)
FEW 16,192b, pic. helle; «Metaphorische bedeutung des wortes (elender zustand) schon im mndl.». (Même étymon proposé pour herle, Hellequin, etc. par Lot R 32 (1903) 440, non consulté pour le FEW.) Cp. aussi Gamillschef MélKrüger 1,28: herle < frq. HËLLAN “sonner”.
(12)
La datation ‘13es. - 1454’ combine trois déf. différentes produites par Gdf, d’où la déf. “bruit, tumulte; tocsin”. Gdf atteste “tocsin” de 1364 à 1458, ChronPBasS, placé avant 1364, étant datable de (prob.) 1458. L’extension donnée ci-après n’a pas été reconnue.
(13)
Le FEW, partant de l’étymon *HARA, croit que -ele est un suffixe dimin. exprimant «wahrscheinlich die auflösung einer menschenansammlung in kleine gruppen» – peu probable. – Un certain parallélisme avec berele, barele semble accidentel, v. TL 1,924; FEW 221,119a.
(14)
Citations tirées des AN aimablement vérifiées par magali Grandval.
(15)
Le ms. BN fr. 1621 f° 40v°b porte vraiment haele, forme qu’il faut probablement corriger, = ms. harele Gdf; HLF 22,397 et Gdf herle, v. cette sous-entrée. Ms. vérifié par Magali Grandval.
(16)
Le choix de ce terme assez fort est motivé par le contexte: la chambrière cherche à se disculper devant la fureur de la mère qui veut allaiter toute seule son enfant Godefroi de Bouillon, et fait dégorger à son enfant le lait de la nourrice.
(17)
Vérifié sur microfilm. Recherche effectuée par Magali Grandval.
(18)
Gilles Roques: «Effectivement, on pourrait lire harmerel en supposant que le signe abréviatif de er a été omis.»