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article imprimé Add. & Corr.
rédaction: Frankwalt Möhren
heu interj.
[ÉtymologieL’interjection lt. HEU est monosyllabique (ThesLL 63, 2671 ‘interiectio lamentantis’; WaldeHofm 1,396 ĕheu; LathamDict 1,1152c). L’afr. connaît un heu monosyllabique, prob. prononcé d’abord [hew], puis éventuellement [hø] (à partir du 13es., cp. RheinfelderL § 316; 321), et un heü bi-syllabique, prononcé avec l’accent sur le u et à e ouvert ou central et faible. L’un et l’autre continuent prob. le lt. heu, mais il est difficile de se prononcer sur la transmission: voie héréditaire ou savante? Dans l’interjection le h- a pu être conservé ou restitué(1). Comme afr. heu et heü sont nettement distincts, nous les plaçons dans des articles à part, même si nous sommes conscients que l’attribution de heu, attesté dans la prose, au lemme monosyllabe est arbitraire. Articles uniques dans Gdf et Tl; pas d’articles du tout dans GdfLex, FEW et Hu. – Cp. → he1; ; heus.
Rem.: Espe 38 met notre interj. en rapport avec frm. heu, interj. qui marque l’embarras, le doute et l’hésitation à parler, mais cette interj. est à distinguer soigneusement (cp. TLF 8,314b euh1 et 315a euh2(2)). DiStefLoc 430c donne sous le lemme heu seule la ‘locution’ *boire a heü. Comme heu rime avec veü, il faudrait écrire heü. Mais il s’agit là de toute façon d’une erreur classique (cf.ActesMfr8 196): bien compris, le vers se lit Boire quiert (l’homme assoiffé) et a boire a heü, ‘et il eut à boire’ (Pauphilet, Jeux p. 553; rime veü, DiStefLoc: veu err; < YsIAvB p. 334,31 mss. 15es.). Article à biffer. – Pour agn. heu “cri” v. → hu.
]
  • interj. ouvrant avec une force expressive particulière un discours direct exprimant une plainte, la peur et sim. (ca. 1160mil. 16es., EneasS1 [etc. v. ci-dessous heu, las]; ConsBoèceTroyS I 76 [commencha a plaindre en ceste maniere: Heu, ay, comment la pensee s’engrossist plonquie en soubite parfondece ; lt. heu, quam praecipiti mers profundo mens hebet; cp. ZrP 94,183]; VMortHélW 9,12 [Morz, tu nos fais apercevoir Qu’en avoir n’a point de savoir: Toz jors i a del poil del leu; Mais cil te set bien decevoir Qui povreté set recevoir Et queurt toz nuz a ton hareu, var. ms. 14es. Et qui set dire a toz: heu], Gdf 4,469c(3); Espe 37 [dern. att. AncThéât 2,2112]; TL 4,1090)
  • heus, las (ca. 1160ca. 1342, EneasS1 1975 [comence a sospirer, A sei meïsme a dementer: Heu, lasse…, var. Heu, he, ha l.]; AdgarK 20,59 [He, heu, lasse, quel felunie]; 64; 69; 21,48 [Heu, las, heu, las, que devendrai ?]; 53; 22,155; 26,162; 379; 475; ConsBoèceBourg DwyerCons p. 100 [Heu, las, Orpheüs vit la soe Euridicem, prose]; RenContrR 27727, TL 4,1090; Espe 37)
  • heu subst. [Cf. → *heus]⁠ (mss.fin 13es. et 14es., RenM XIII 1084var. [Ains cui-je que çou est un leus, Foi que doi mes enfans andeus; Puis s’escrient tuit a un heu: Aha, Aha !, vees le leu, ms. H; var.ms. I dans RenChab p. 265 C’est li leus, harou!, c’est li leus])
heu-va interj.
[ÉtymologieAttestée une fois, cette interj. semble comparable à di-va, composé de di (< le lt. DĪCERE, FEW 3,69b) et de va (< VADĔRE selon FEW 3,69b qui suit Espe; manque FEW 14,117b vadĕre); rapport avec le mlt. vua du texte source ?]
  • interj. exprimant la détresse (1274, ms. fin 13es., GrChronV 1,190 [(Clotaire, malade et mourant) souspiroit parfondement come cil moult estoit a grant mesaise de conscience pour ses pechiez; il commença a crier en tel maniere : Heu va, heu va, com es granz et de merveilleuse puissance cil celesiens (éd. -ieus)rois…; lt.: iterabat verba: Vua, vua(4), quam magnus est rex ille coelestis, MignePL 139,691], Gdf 4,474b heuva)
(1) TL enregistre sous heu aussi que nous reléguons à → . – Article non élidé dans PelVieS 9164 le heü.
(2) A revoir; Flaubert p.ex. concerne euh1.
(3) Nouv. Path. heu = hen dans éd. Aubailly 1979, 504; MontRoth 5,78 heu, var. Dieu, plutôt étonnement que plainte: lire hen ?
(4) Seule att. de vua dans DC 8,394b. Le texte original d’Aimoin de Fleury est à dater d’av. 1004, mais l’histoire du texte est trouble.