DEAFplus
article imprimé Add. & Corr.
rédaction: Stephen Dörr
heut m.
[ÉtymologieDe l’abfrq. *HELT “poignée d’une épée” qui est appuyé par mnéerl. helt “id.”, VerVer 3,318, par aha. helza, Köbler 535a et mha. helze, Lexer 1,1245. – FEW 16,195a.
Rem.: Hot, JeuxPartL CXXXIII 65, a été rangé par le FEW 4,500b sous l’étymon *HOTT “obstacle” et a été défini “étai, appui”(1). Tout comme TL 4,1095,31, nous considérons l’att. de JeuxPartL comme une var. de heut. C’est cette att. que TL définit «allgem. “Stütze, Griff”». Voici le contexte: Symon, et je di en mon lot Que cil a perilleus esquot Qui croit fame qui le cunchie. Adam, et cil boit a ort pot Et si s’apoie a pourri hot Qui de sa fame a male vie. Comme le mot est utilisé dans une image en gardant son propre sens, l’att. appartient au sens de base: supprimer “Stütze” dans TL. SchelerJPreis 177 relève hus et donne deux propositions de leçon absurdes. Il s’agit simplement d’une graphie de heut , v. ci-dessous.TL 4,1094,43 range trois att. sous une explication ‘symbolische Deutung’. Nous considérons ces att. comme appartenant à notre sens de base. – Gdf 4,470a relève odure dans BenDucM 7418 et le range sous heudeüre. Cette att. a été reprise par TL 4,1092,13 et a été définie “Ausstattung (kostbarer Teil des vom Mann getragenen Armreifs)”. BenDucF 9588 donne, selon un autre ms. de base, ovre “oeuvre” et ajoute comme var. du ms. de base de l’éd M odvre. L’interprétation de cette forme comme var. de → uevre est plausible si l’on considère od- comme reprise erronée de od précédant : Od odvre…. La déf. de TL est donc à rayer. – Dans RobBloisRelU 1330 se trouve le passage suivant: Jostise li porte s’espee De lois et de droit enondee. TL 3,478,11 range ce enondee sous enonder “inonder” en qualifiant l’att. comme ‘übertragen’ [‘au fig.’]. La même att. a été relevée par Gdf 3,190b sous enheuder “emmancher, garnir d’une poignée” d’après un autre ms. qui donne la leçon enhoudee. Nous préférons lire enondee de RobBloisRelU enoudee et rangeons cette att. sous notre sens de base, classement qui convient au sens du contexte. La déf. de TL pour cette att. est donc à corriger. – Gdf 4,470a relève un verbe actif heuder, houder qu’il définit par “attacher, fixer” et qu’il atteste avec deux contextes tirés de AnsMetz(2). Voici le premier contexte: Tante baniere vers le ciel venteler Tant penoncel en ces antes houder, Et tant escu luire et estenceler. De ce passage on peut déduire que houder, var. de onder “ondoyer” que le FEW 14,30b date avec ce sens de ca. 1170-1200, v. → onde. Le deuxième contexte est trop court pour qu’on puisse derminer le sens: Les perieres et loier et heuder. L’étymologie de ce heuder est à expliquer. Cf. → hondin: lire houdin; dér. de heut ?
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(heut IpH 4894; BenDucF 6915; 12644; ChevCygnePropN 2021; PriseOrabR2 95; RCambrM 3178; ContPerc2eR 21264; 23264; GirVianeY 5422; 5492; VengRagF 5511; HervisH 9524; 9537; MaccabGautS 9444 ms. 13es; etc.etc., ⁠agn. heute JGarl HuntTeach 2,128 ms. 13es.; 146 ib.; AlNeckUtensH2 95 ms. 13es.; JGarl HuntTeach 2,149 ms. 13es. / 14es., ⁠s.l. helt ca. 1100 RolS 621; 1364; BrendanW 1715; BrutA 4131; 10370; EneasS1 4483; AntiocheD 7546; CheGuillM 733; 3328; GlTarschK 19; [ThebessM 7107], ⁠agn. helte(3) AlNeckUtensH 253 ms. 13es.; BrendanW 1715 var. ms. 2em. 13es., ⁠francoit. elte GuiNantvM 1080, ⁠s.l. heult DoonMayP 3196; OvMorB IV 6746; BrutA 10340 var. ms. 14es., hult GlTarschCommmK 59; 60; 112, holt ChGuillM 889; GlBNhébr302L 59,45; GlBNhébr301 LevyTrés, haut ContPerc2qR 21264; 24982; RigomerF 12909, ⁠agn. haute JGarl HuntTeach 2,128 ms. 13es., ⁠francoit. aut AliscmH 3105, ⁠s.l. halte PelCharlF 543, hoidz [c.s.sg]⁠ IpH 9636, hot GerbMetz Gdf [ms. 13es. = heut éd. T 7548]; JeuxPartL CXXXIII 65, heu SaisnlB 5322; ChevEspJ 535; ContPerc2pR 21264; ViolB 1817; TristPrG 172,21; PriseOrcR1 808; AliscmH 4581; HervisH 9524 var. mss. 13es. et 14es.; 9537 var. mêmes mss., hel IpH 3970, hu PriseDefP 230; [JpreisMyrB 20981], heurt RôleBigotA 284, ert BrutA 4131 var. ms. fin 13es., huet RobBloisDidF E87)
  • “partie supérieure d’une épée par laquelle on la tient (la poignée seule ou avec la garde)” (ca. 11002em.14em., RolS 621; 1364 [U est vostre espee, ki Halteclere a num ? D’or est li helz e de crital li punz]; BrendanW 1715; BrutA 4131; 10370 [Quatre espees i out a or Que pont, que helt, que entrecor, Quatre rei ces quatre portoent Ki dreit devant le rei aloent]; EneasS1 4483; ThebesC 6227; BenDucF 6915; 12644; PelCharlF 543; IpH 3970; 4894; 9636; AntiocheD 7546; ChevCygnePropN 2021; etc.etc., TL 4,1093; Gdf 4,448c; Stone 353a; FEW 16,194b)
  • ⁠par ext. “partie supérieure d’une arme par laquelle on la tient” (ca. 1268ca. 1365(4), LMestD 168 [Nus graniseres ne peut ne ne doit metre heut a coutel se li heus n’est touz d’une piece. Et si li heus est de .ij. pieces, il doit estre saudés bien et loiaument, c’est a savoir de saudure d’argent ou de saudure de bon métal]; PriseOrcR1 808 [Et Guillebert a d’autre part gardé Voit un picois qui bien fu aceré; Desus la teste l’a d’un picois hurté Le test li brise, si est dedens entré, Desi el eu li est el cors coulé]; PartonG 2974 [Une espee a et longe et dure Et bien mollee a sa mesure, Une autre a son arçon pendue Et d’autre par sa besagüe, et sa misericorde a çainte De frois entoschement entainte (var. ms. fin 13es. D’orfrois estoit par le heut cainte)]; BastC 2013; [BaudSebB 24,513], TL 4,1095; Gdf 4,449a; FEW 16,194b)
heute f.
(helde fin 12es. AntiocheD 2122, hotte ModusT 53,94 var. ms. 15es.)
  • “partie supérieure d’une épée par laquelle on la tient (la poignée seule ou avec la garde)” (fin 12es.; 15es., AntiocheD 2122 [Et quant Tangrés le voit a poi ne se mahaigne Por poi qu’il ne ciet mors ens enmi la campaigne L’espee a traite nue qui ot le helde saigne, Qui il ataint a colp de mort n’en a resaigne]; [ModusT 53,94 [Et doivent avoir chascun en sa main une foene, qui doit estre enhantee en une lance comme la hante (var. ms. 15es. hotte) d’un glaive, et doit estre le fer de la façon si comme il est figuré chi après]], TL 4,1095; Gdf 4,449a; FEW 16,194b)
heuder v.a.
  • “garnir (une épée) d’un heut (1em. 13es., ComtePoitM 788 [Sous s’esclavine a mis s’espee qui de fin or estoit heudee], TL 4,1095; Gdf 4,470a; FEW 16,194b)
reheuder v.
(reheuder MonGuill2C 3733 var. ms. déb. 14es., reheulder ms. 1268 JerusT 3307var.)
  • “garnir de nouveau (une épée) d’un heut (pic. déb. 14es., MonGuill2C 3733 [La ossiés maint boin ceval hennir, Haubers roller et ces helmes burnir, Et ces espees rehourder (var. ms. déb. 14es. reheuder) et fourbir], TL 8,651,40 [sous rehorder(5), cf. → hort])
  • ⁠au fig. “engager, mettre en train qn à faire qch.” (pic. ms. 1268, JerusT 3307 [Cascune son mari doit servir et amer Et faire son conmant et par tot honorer. Se il suefrent le mal, bien en devons goster. Or iert hui proudefeme qui se pora pener A la vile assaillir et no gent enheuder (var. ms. 1268 reheulder), cf. → renheuder])
heudir v.a.
  • “garnir qch. d’ éléments décoratifs à la manière d’une (riche) poignée d’une épée” (ca. 1285, AlexParhM 401,8 [Une jouste i ot faite dont mult orent envie; Emenidus d’Arcade le fist par envaie, Par son cors seulement au roi de Elenie. Devant les .ij. pers requiert cevalerie, et porte en son brac destre une mance s’amie, De fin or et de pieres ert environ heudie (= AlexParA III 5551 tout environ ordie; cp. TL 6,1199,2 “anzetteln (ein Gewebe)”)], TL 4,1092; Gdf 4,470b)
heudeüre f.
(heudeüre ContPerc3P 35243; SGraalIV Gdf [ = enheudure SGraalIVEstP 422,1]; GrChron Gdf; LancPr Gdf ms. fin 13es.; GGuiB 3066; HerbCandS 1693 var. ms. 1erq. 13es., heudure 4eq. 12es. ThomKentF 1035; 4050; RCambrM 487; MerlinP 1,138; MerlinsR 58,12; SGraalIVEstP 118,8; CristalB 687; AnsMetz Gdf, heldeüre CristalB 6277, houdeüre SaisnlB 7200; SGraalIV Gdf [= enheudure SGraalIVEstP 452,18]; ArtusS 40,32; GerbMetz Gdf mss. 13es., houdure SGraalIV Gdf [= enheudure SGraalIVEst 452,13], hodeüre ContPerc2eR 20827; ContPerc3R 32875, hodure GlBNhébr302L 63,36; GerbMetz ZrP 4,578 ms. 13es.; JacBaisT II 110; [ca. 1380 SchelerJpreis 175], haudure doc.1304 DehDoc 156, haldure doc. 1358 Gay 2,4a, hadure fin 14es. JPreisMyrG 3718, ⁠pic. eudeüre TrotT 60, ⁠s.l. audeüre LancPrK 530,16; GautChâtC 68, ⁠Sud-Est eudaüre JoufrF 508, ⁠lorr. udeüre SaisnrB 1369)
  • “partie supérieure d’une épée par laquelle on la tient (la poignée seule ou avec la garde)” (4eq. 12es.fin 14es., ThomKentF 1035 [Une ymage desus semblable a sa figure De fin or geteiz a sa estature, A ovre soliene, a gregoise purtraiture. Mult i ot peres mises en la entaillure, E triffure deugee e sotille neelure. Corone d’or au chef, entaillee sanz jointure, E tenoit en sa destre un brant par la heudure, Ovec l’autre un escu dedenz par l’enarmure]; 4050 [Ceint en ot le brant dont d’or esteit la heudure]; RCambrM 487; SaisnlB 7200; ContPerc2eR 20827 [Aprés revit venir poignant Un chevalier trestot armé; Et si vos di de verité Qu’il ne portoit escu ne lance, Mais de si tost aler s’avance Que ce estoit molt grant mervoille, Si portoit l’espee vermoille Dou sanc tant qu’a la hodeüre]; MerlinP 1,138; ContPerc3P 35243; LancPrK 530,16; SGraalIVEstP 118,8 [heudure d’argent]; ArtusS 40,32; GlBNhébr302L 63,36; etc.etc.; [JPreisMyrG 3718], TL 4,1091; Gdf 4,470a; Stone 354b; FEW 16,194b)
heldiier v.abs.
[ÉtymologieLe FEW 16,194b relève heldiier avec deux définitions: “entrer l’épée jusqu’à la garde” (GdfLex) et “coïre” GLeu. Ces deux att. ne font en réalité qu’une seule: GautLeuL2 III 390. Le FEW a repris la déf. incomplète de Gdflex qui, lui, a indûment châtré la déf. de MontRayn 6,339a. Pour herdiier, cf. → hardoier, H 200,39.]
  • ⁠[*“faire entrer l’épée jusqu’à la poignée”] au fig. “accomplir l’acte sexuel” [dit d’un homme]⁠ (pic. fin 13es., GautLeuL2 III 390 [Golïas tant l’argue et coite, Et il fus dont ele est esprisse, Qu’ele en a un saciet a prisse. Qant ele le tient en ses las, Il puet bien dire qu’il est las. S’il auques ne set des aniaus Qu’il soit remuans et isniaus, Et qu’il sace bien cotener Et herdiier et creponer (var. ms. fin 13es. Et heldiier et crotouner) Il est au matin mal venus. De ce ne li puet aidier nus Qu’il n’ait mal se loce lavee], TL 4,1053 [renvoie à hardoiier]; GdfLex; FEW 16,194b)
enheuder v.a.
[ÉtymologieNous rangeons ci-dessous enheuder, enheudir, etc. au sens de “animer qn à faire qch.”. Gamillscheg, MélKrüger 30, propose de séparer ce mot de la famille de heut et le déduit de abfrq. *HELDJAN “rendre (qn) enclin à”, appuyé par aha. helden “incliner (qch)”, Köbler 532a, et mha. helden, Lexer 1,1228. Le FEW 16,195an2 refuse cette proposition en constatant à juste titre que les verbes aha. et mha. ne possèdent qu’un sens ‘physique’ (p.ex. “incliner (un tonneau)”). Il explique l’évolution sémantique de “garnir d’un heut” à “animer (qn) à faire qch.” par un simple transfert sémantique («… ist es wahrscheinlicher , dass einfach eine übertragung aus der physischen bedeutung vorliegt») et donne comme cas parallèle emmancher. C’est cette explication que nous adoptons malgré EnfOgH 764net RoquesRég 153.]
(enheuder FloreaP 2885; SSagOctS 2424; AntiocheD 4929; ContPerc1tR 3342; AmAmD 1494; BatLoqVulgB2 3178; GirVianeE 5553; NarbS 6850; Bueve3S 12693; SSagOctChSp 264; ContPerc4tO 15196; etc.etc., enhelder ca. 1100 RolS 3866; 3887, enhouder Bueve3S 12693 var. ms. 13es.; RobBlois Gdf ms. 2em. 13es.; CoutBretP 262,20; 269,15, enhauder MonRaincB 4532, anhauder ContPerc1aR 2254, enouder RobBloisRelU 1330, enhotter ModusT 53,96 var. ms. 15es.)
  • “garnir (une épée) d’un heut (ca. 110015es. [date du ms.], RolS 3866 [Lur esperuns unt en lor piez calcez, Vestent osberc blancs e fors e legers, Lur helmes clers unt fermez en lor chefs. Ceinent espees enheldees d’or mier, En lur cols pendent lur escuz de quarters, En lur puinz destres unt lur trenchanz espiez]; 3887; FloreaP 2885; SSagOctS 2424; AntiocheD 4929 [Tels i a des François qui ont escus si lés Bien i a largement .iii. de nos mesurés, Et ont trestos lor brans de travers enheudés, Tot ausi com lor dex fu en le crois penés]; ContPerc1tR 3342; ContPerc1aR 2254; AmAmD 1494; BatLoqVulgB2 3178; GirVianeE 5553; NarbS 6850; Bueve3S 12693; etc.etc.; [ModusT 53,96], TL 3,425; Gdf 3,190b; FEW 16,194b)
  • ⁠par ext.“garnir d’un instrument rappelant une poignée d’épée” (fin 12es., MonRaincB 4532 [A ces paroles a Rainuars humé Plain un baket de poivre destrenpré, Et puis a pris .i. capon enhaudé (ms. e 2em. 13es. enheudé, ms. d 2em. 13es. enhasté), A .iij. morsiaus l’a mangié et gasté])
  • ⁠par ext. “munir (un animal, ici un cheval) d’entraves” (Ouest ca. 13201611, CoutBretP 262,20 [Les demaines qui se gouvernent noblement selon l’assise au comte Geffroy, pour ce que ils saient clos a se deffendre de cheval enhoudey, le seigneur, a qu’il est, le pout deffendre touz les jourz de l’an]; 269,15 [La beste chevaline doit doux deniers en quelconques lieu qu’elle soit prinse. Et si elle est enhoudee et prinse en tailleiz, el doit quatre deniers, pour ce que ils despiecent plus o leurs piez que ils ne font autres chouses], Gdf 3190b(6); FEW 16,195a, survit dans des dial. mod.(7))
  • ⁠au fig. “animer qn à faire qch.” (fin 12es.; 3eq. 13es., JerusT 3307 [Cascune son mari doit servir et amer Et faire son conmant et par tot honorer. Se il suefrent le mal bien en devons goster. Or iert hui proudefeme qui se pora pener A la vile assaillir et no gent enheuder]; AlexParA I 1346 [Un chevalier de Perse feri au trestorner Que desus les espaules li fet le chief voler; Ainz mes de si fier prince n’oï nus hom parler. Li roys crie s’enseigne por sa gent rassambler (var. ms. pic. 3eq. 13es. en heuder, autre ms. vigurer) Trestoute la bataille fet devant lui trambler], cf. enheudir ci-dessous)
renheuder v.
(⁠⁠ JerusT 3307 var. ms. mil. 13es.; 3309 var. ms. mil. 13es., renheudeir MonGuill2C 3733 var. ms. déb. 14es., ranheuder déb. 13es. NarbS 1993)
  • ⁠v.a. “garnir de nouveau (une épée) d’un heu (déb. 13es.; déb. 14es., NarbS 1993 [Voit ces haubers et froier et roler, Et ces espees fobir et ranheuder, Et ces chevax torchier et abuvrer, En la quissine la vitaille porter]; MonGuill2C 3733 [La ossiés maint boin ceval henir, Haubers roller et ces helmes burnir Et ces espees rehourder (var. ms. déb. 14es. renheudeir) et fourbir], TL 8,651,40 [sous rehorder]; FEW 16,194b)
  • ⁠au fig. “animer (de nouveau) qn à faire qch.” (mil. 13es.mill. 13es., JerusT 3307 [Cascune son mari doit servir et amer Et faire son conmant et par tot honorer. Se il suefrent le mal, bien en devons goster.Or iert hui proudefeme qui se pora pener A la vile assaillir et no gent enheuder (var. ms. mil. 13es. renheuder)], TL 8,815)
  • ⁠v.n. au fig. “être animé à faire qch.” (pic. mil. 13es., JerusT 3309 [Les caillaus et les pieres prendent a amasser. Ceste sainte parole fait bien a escouter (var. ms. mil. 13es. fist no gent renheuder)], TL 8,815)
enhouldrer v.a.
  • “garnir d’un instrument rappelant une poignée d’épée” (mss. 2em. 13es. et 1em. 14es., MonRaindB 4532 [A ces parole a Renouars humé Plain un leuquet de poivre destranpé, Et puis a pris un chapon enhasté (var. mss. groupe A enhouldré) A .iij. morsiaus l’a mengié et usé.], FEW 16,194b; 23,36b(8); Gdf 3,191b)
enheudeüre f.
(enheudeüre JerusT 581; Perl1N 2012; LancPrM IV 61; XXVIII 12; SGraalIVQuesteP 223,5; 12; 225,13; SGraalIVEstP 452,13; 18; SGraalIVQuesteP 19; AnsCartA 1520; RigomerF 9474; AlexParhM 142,13; ContPerc3R 32875 var. mss. 2em. 13es. / fin 13es.; GrChronV 3,166; 269; MaugisV 805 var. ms. 4eq. 13es.; GGuib 1,7609; 2,995; 10532; ContPerc2sR 20827, enheudure 4e q. 12e s. ThomKentF 2562; Bueve2S 9682; SGraalIVEstP 422,1; 14; 20, enhoudeüre GrChronP 2,176; 262, enholdeüre HerbCandS 1693, ⁠lorr. anhodüre PriseCordD 2859; 2868(9), ⁠pic. liég. enhodure JerusCont2G 26608; [JPreisMyrB I 15221; 17247; 30820], ⁠liég. enhoudure JPreisMyrB I 9353 (ms. eahoudure), ⁠s.l. enherdure Rom. de Perceval Gay; Rom. du S. Graal Gay(10), ⁠francoit. inoldeüre RolcM 2268(11))
  • “partie supérieure d’une épée par laquelle on la tient (la poignée seule ou avec la garde)” (4eq. 12es.fin 14es., ThomKentF 2562 [Par ceste corone ly poples se asseure, Mult par est bon li ors e bele l’entaillure, Presiouses peres i ad en la jointure Plus de cent mars d’argent vaut la plus oscure. Mult par est bels ly branz e riche l’enheudure]; JerusT 581; HerbCandS 1693; Perl1N 2012; Bueve2S 9682; LancPrM IV 61; XXVIII 12; SGraalIVEstP 452,13; 18; 422,1; 14; 20; SGraalIVQuesteP 225,13; 223,5 [Ou temple que vos avez fet en l’onor vostre Seignor est l’espee le roi David vostre pere, la plus trenchant et la plus merveilleuse qui onques fust bailliee de main de chevalier. Si la prenez et en ostez le pont et l’enheudeüre, si que nos aions l’alemele tote nue tornee a une part. (…) Et aprés i fetes une enheudeüre si merveilleuse qu’il n’i ait el monde si vertueuse ne si merveilleuse. (…) Et il fist tout ce qu’ele li dist, fors dou pont, ou il ne mist qu’une sole pierre, mes ele ert de totes les colors que l’en poïst deviser; et i mist une enheudeüre si merveilleuse come il devise en autre leu]; AnsCartA 1520; RigomerF 9474; etc.etc; [JPreisMyrB I 9353; 15221; 17247; 30820], TL 3,425; Gdf 3,3190b; FEW 16,194b)
enheudir v.
(enheudir AliscW 468; JerusT 2412; GuillPalMa 6748; AuberiT 102,30; AntiocheD après 1502 var. mss. mil. 13es. / 2em. 13es.; CourtAmS 3367; EnfOgH 764; WatrS 242,353; 269,1219; MonGuill2C 3733 var. ms. 1em. 14es.; [doc.15es. CoutStAmandM IV 141; 144], enheldir ca. 1100 RolS 966; GormB 182; ProvSalSanI 8657, ⁠av. 1447 enhodir JStavB 255(12), ⁠francoit. enhalter RolcM 1343)
  • ⁠v.a. “garnir (une épée) d’un heut (ca. 11001em. 14es., RolS 966 [Li .xij. per sunt remés en martirie. Veez m’espee, ki d’or est enheldie, Si la tramist li amirals de Primes: Jo vos plevis qu’en cermeill sanc ert mise]; GormB 182; AliscW 468 [Escus n’auberc ne li vaut une alie, D’ame et de cors fist sevree et partie. Si soef muert, qu’il ne bret ne crie; Puis traist l’espee, ki d’or est enheudie, Cho est Joiiouse, ou durement se fie]; AuberiT 102,30; AntiocheD après 1502 var. mss. mil. 13es. / 2em. 13es.; RolcM 1343; MonGuill2C 3733 var. ms. 1em. 14es., TL 3,426; Gdf 3,190c; FEW 16,194b)
  • ⁠au fig. “animer qn à faire qch” (agn. pic. mil. 12es.ca. 1320, ProvSalSanI 8657; JerusT 2412 [Et Turc se raparellent contre lor anemis. Molt les criement et doutent car prés les ont sentis Et lor mur peçoiet qui ert de quarels bis. Ainç n’en i ot .j. seul qui tant i fust hardis Qui de le crieme d’els ne soit espaoris. Neporquant d’els desfendre est cascuns enheudis]; GuillPalMa 6748 [Maint elme a or quassé et frait Et maint baron a mort atrait. Meliadus vait par l’estor Enheudissant les siens as lor. Tant colp i a feru li ber Que maint des lor en fist verser]; CourtAmS 3367 [Et li baillieus, pour enheudir Cascun, ala de taule en taule]; WatrS 242,353, TL 3,426; Gdf 3,190c; FEW 16,194b)
  • ⁠v.a. + obj.indir. “id.”⁠ (ca. 1320; av. 1447, WatrS 269,1219 [Quanqu’il (le mauvais prince) veult faire ou achever, N’osent point a lui estriver Recheveur, baillif ne prevos: Nuls d’iaus n’a tant le cuer devos Qu’ils contredient riens qu’il veulle, Ja soit ce que raisons s’en dueille Et que nus drois ne s’i asente; Chascuns suit sa trace et sa sente; Tout mal faire li enheudissent Et enortent , puis se perissent Ou malice et es grans forfais Qu’il ont ou nombre de lui fais]; [av. 1447 JStavB 255,2 [car, devant chi jour jusques a chi parlement, avoit toudis a ses gens esteit joeux et amiable et enhodissant (éd. en h-) qu’ilh prendissent toute venganche de leurs anemis]], TL 3,426; Gdf 3,190b [sous «act. “exciter, animer”»]; FEW 16,194b; 217a; 755b)
  • ⁠au fig. v.abs. “id.”⁠ (pic. 15es., CoutStAmandM IV 141 [Item au prochain jour aprés du grand maieur, ledit grand maire mis sa paincte en court, disant que ung appellé Tertoullé Croustacqs estoit mort et occis, dont le faicteurs avoint mandet le faict et pour che que n’en sçavoit, il n’en avoit nuls autres coupables que ceulx que avoient mander le faict. Il se plaindoit en la verité pour ceux que povoint avoir esté aidans, confortans ou enheudissant ou dit faict]; 144)
  • ⁠au fig. “mettre en train qch” (pic. 1276, EnfOgH 764 [Ci vous lairons de Charlon au fier vis, Si vous dirons de Turs et d’Arrabis Et de Persans, d’Achopars, de Lutis, De quoi en Roume sont si grant plenté mis K’ainç tant ensamble n’en vit hons qui soit vis. Set anz avoit passez tous acomplis Que cis voiages fu par aus enheudis], TL 3,425; Gdf 3,190b; FEW 16,194b)
renheudir v.a.
  • “animer qn à faire qch” (pic. 1216 (ou peu après); 1276, RobClariL 74,24 [Et Morchofles li empereres estoit en sen monchel; si faisoit ses buisines d’argent sonner et ses timbres, et faisoit molt grant beubant, et reheudissoit se gent, et disoit ‘Alés la! alés cha!’. Et les renvoie la ou il veoit que li graindes besoins estoit]; EnfOgH 5932 [Après ce mot poignent par grant aïr De toutes pars, aigre et plain de désir Que il peüssent les crestiens laidir. Parmi les nos prist forment aburir Li roi Corsubles pour sa gent renheudir], TL 8,815; Gdf 7,35b; FEW 16,194b)
enheudissement m.
(enheudissement BaudSeb 1,630, enhaudissement cartulaire pic. 1327 Gdf, ⁠av. 1447 enhodissement JStavB 115)
  • “action d’animer qn à faire qch.” (pic. 1327; ca. 1365; 1447, cartul. 1327 [Et se nos amés et fiauls, li sires de Coucy, a souffert, ou par sa negligence ou enhaudissement(13) a soustenu que Jehans, diz de Cramailles, chevaliers, fievés dou dit signeur de Coucy, ait fait une forteresse a Estrees en son fief en venant contre l’ordenance devant dicte, tu contraingnes les devant diz nostre amés et feauls le signeur de Coucy et Jehan, son fievé Gdf]; [BaudSeb 1,630 [La commenche bataille et orrible content, Mis furent christien a doel et a tourment: N’ierent point ordenet, par l’enheudissement De Gaufroi le felon, qui par mal essient Ot vendu son signour et traï faussement]; av. 1447 JStavB 115], TL 3,426; Gdf 3,190c; FEW 16,194b; 16,217a; 16,755b)
eusheudeüre f.
  • “partie supérieure d’une épé par laquelle on la tient (la poignée seule ou avec la manche)” (pic. ca. 1225, BethDucsM 40 [Li dus les honnera moult. A l’un donna une espee dont li puimaus et l’esheudeüre pesoient .iiij. livres d’or, et a l’autre une nosche d’or qui autretant pesoit], Gdf 3,472a; FEW 16,194a)
mfr. esheudissement m.
  • “action d’engager, de mettre en train qn à faire qch” (doc.1382 [Lui (suppliant) maintenu desordeneement oudit lieu, ainsi que pour vouloir faire esheudissement oudit fait(14)], Gdf 3,472a [“?” au lieu d’une déf.](15))
(1) Cet étymon, sous lequel se trouve entre autre afr. hot, est inexistant, v. → hot.
(2) Manquent AnsMetznG.
(3) Malgré TL 4,1095,40-34, nous rangeons ici les graphies agn. heute, helte en considérant le e final comme hypercorrecte, cf. Pope § 1238.
(4) Encore dial. mod., v. FEW
(5) Avec la remarque : «besser Var. reheuder, enheuder, renheudeir».
(6) Donne deux att. de 1585 et cite in extenso la déf. de Trévoux: «Bêtes enheudees, bêtes retenues par des heudes, qui sont des liens qu’elles ont aux pieds de devant».
(7) Le FEW date les att. de CoutBretP (= Planiol) du 15es., à corriger.
(8) Apparement, il n’existe qu’une seule att. de ce mot que le FEW range avec deux définitions différentes (“transpercé d’un couteau jusqu’à la garde” et “mis à la broche (?)”) à deux endroits.
(9) Ms. lahodeure corrigé en l’anhodeüre par l’éd. (an- courant pour en-). On pourait également lire la hodeüre, aussi attesté v. ci-dessus.
(10) Attestations à identifier.
(11) Ed. li noldeure à corriger, cf. Gdf.
(12) L’éd. donne en hodissant, à corriger, v. HaustGl 3,408.
(13) Ici Gdf donne un équivalent latin: per suam conniventiam. Il n’est pas certain que enhaudissement traduit conniventiam et il nous paraît superflu d’en déduire un nouveau sens “connivence”.
(14) Vérification sur ms. aimablement effectué par Magali Grandval.
(15) Manque dans GdfLex et dans la partie publiée du FEW.