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rédaction: Thomas Städtler
hicier v.a.
[ÉtymologieEtymologie incertaine, prob. d’origine onomatopéique(1). On peut prendre en considération une base germ. *HITS ou *HITZ, attestée, également, sous les var. *kitz, *gitz, *hetz, etc., comme un cri d’appel ou d’effarouchement (Pokorny 410). Cp., pour des verbes de formation analogue, mnéerl. hissen (VerVer 3,445), mball. hissen, hitzen, hessen (SchillerLübben 2,273b), mha. hetzen (Lexer 1,1279). FEW 16,210a établit un étymon nérl. HITSEN qui ne convient pas pour des raisons chronologiques. – Il y a des points de rencontre entre hicier et d’autres verbes qui rendent parfois impossible une attribution sûre(2).]
(hicier 1180 ProphDavF 436 [ind. prés. 3 -ce]; AlexParA III 4636 [sujb. prés. 3 -ce]; ElieF 1591 [subj. prés. 3 -ce]; RobGrethEvA 9931 [ind. prés. 3 -ce], hiscier RobGrethEv [A 9931] var. Stone [ind. prés. 3 -sce], hessier JacBruyP 32b, huisier AlexParhM 376,37 [subj. prés 3 -ce (TL corrige en hise)])
  • “inciter (qn) (à qch., à faire qch.)” (1180ca. 1480, ProphDavF 436 [Si chivalier (du diable) ce sont li vice Qu’il anvie sus nos et hice]; AlexParA III 4636 [Des qu’il trueve mastin qui vers lui se hirice Met qeue entre ses jambes, si crient q’on le hice, = AlexParhM 376,37 huise, corrigé par TL en hise]; ElieF 1591 [cite dans une note un prov. all. correspondant]; RobGrethEvA 9931 [Li serpanz point quant diable entice, Venin funt (sic) quant al malfait hice, var. ms. 2eq. 13es. quant a mal hisce Stone(3)]; JacBruyP 32b [(Raison essaie de convaincre) Or ne te fay pas donc hessier De moi prendre et Barat laissier. Rens toy a moy toute en ceste heure, Sans querre y terme ne demeure(4)], TL 4,1096; Gdf 4,474c; Stone 355a; FEW 16210a)
enhicier v.a.
  • “inciter (qn) (à qch., à faire qch.)” (2eq. 13es., CheviiEspF 6904 [Nous ne devons avoir paour, Puis k’avommes rechet ci pres, U recourer porons adés, Ne nul de nos perdu n’avons, Et s’il vous plaist, si devisons Que la moitié de remaigne Chaiens et l’autre moitié empregne(5) L’afaire, et voisent cascun jor Forçoier l’ost, si k’en frëor Soient et le jor et le nuit, Et a ce se traveillent tuit K’en Tyan se puissent ficier, comment k’il soit, por enhicier Cels qui laiens si malvais sunt], TL 43,426 [suppose qu’il faut lire prob. enticier]; Gdf 3,191a; FEW 16,210a, v. la note du commentaire ci-dessus)
(1) TilGlan 146 rapproche hicier de l’all. heissen “ordonner, exhorter, inviter”, mais sous la réserve suivante: «Si cependant l’h de hessier est purement graphique, on peut y voir le simple du verbe synonyme anesser» (ib. 147). – MélGuiraud2 18 propose pour le terme de marine hisser comme étymon «un dérivé du latin ciere “mettre en mouvement, soulever” et inciere, exciere “idem” qui pourraient être aussi l’étymon de l’anc. fr. et dial. hicier, hisser, hinsier “exciter, exhorter”».
(2) Quelques exemples: Gdf 4,474c donne sous hicier Yonne hissé “agacer” qui fait partie de la famille de aacier (ThomasMél2 1n3); – «Ferrère ahiscá [v.] “exciter le chien” (mal classé [FEW] 4,437b hisk-)= Aran iskà [v.] “id.”; ahiská (mal classé 16,210a hitsen) = Aran iská [v.a.] “exciter” (BCat 6,18; ALCa 133) et les préfixaux en a- (3,586b) *fixĭcare). – Toulouse afiscá “exciter, animer, pousser à une entreprise” G assure l’étymon. L’article hisk […] est inutile et doit être supprimé. (Chambon) – Dans la logique du FEW, l’étymon *fixĭcare est préférable, mais une origine onomatopéique n’est pas à exclure. (Rézeau)» (TraLiPhi 30,390); – Baretous ahidjá v.a. “exciter, par cris et gestes à se battre, à mordre; lancer vers; aguicherFEW 222,9 ad FEW 3,586b *FIXĬCARE (Chambon TraLiPhi 32,38). – Le composé enhicier coïncide avec des représentants d’abfrq. *ANATTJAN (FEW 151,19a), v. ici sous → anesser. A l’article on ajoutera quelques formes rangées par erreur sous histen ou parmi les matériaux d’origine inconnue (cf. J.-P. Chambon MélMatoré 172no 6), ou d’autres mal classées sous ardere et ericius (cf. ib. 176 no 33).
(3) Stone reconnaît ici, à tort, un emploi absolu du verbe; à corriger.
(4) L’éd. définit correctement “exciter, pousser”; TL juge nécessaire une autre acception («der Zusammenhang verlangt andere Bedeutung») et définit “jem. verscheuchen” (“effaroucher”). Nous comprenons tout simplement: ‘Ne te fais pas inciter (prier, pousser) à me joindre, fais-le de ton propre chef’.
(5) Emendation de TL : Chaiens, (et) l’autre m.e., pour corriger ce vers hypermétrique.