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rédaction: Thomas Städtler
intrure v.tr.
[ÉtymologieEmprunté au lt.tard. INTRUDERE “introduire par force” (ThesLL 72,86), mot rare, mais qui gagne de la vitalité en mlt. où il prend, entre autres, les sens de “mettre en prison” et “mettre dans une fonction ou position, en général avec implication d’illégitimité ou d’usurpation” (LathamDict 1,1458a(1)). Ce sont ces deux sens qui ont été empruntés les premiers en français.]
(intrure DeschQ 5,178,43 [p.p. m.sg. -trus; 3 att.]; 1,201,11 [p.p. m.sg. -trux; 3 att.]; JPreisMyrB 2,75 [p.p. m.sg. -trus; 3 att.])
  • 1o“mettre en un lieu d’où il est impossible de sortir, enfermer” (ca. 1380, DeschQ 5,178,43 [(ballade parlant d’un monstre nommé Minotaurus, où l’église divisée par le schisme est désignée comme monstre plus fors; dans la suite du poème, cette métaphore est modifiée et c’est le schisme qui est désigné comme monstre) Pour ce, princes terriens, je conclus, Et vous prelaz, que vous mettez defors Ce monstre ci: faittes qu’il soit intrus Et enfermez, tant que par saint acors Des saiges clers vous aiez les recors Qu’il doit regner un seul vray], TL 4,1421; FEW 4,783aintrus “poussé dedans” (EustDesch 5,178; Est 1552 - Wid 1675)»])
  • 2o⁠p.p. adj. “qui est introduit illégitimement dans une fonction ou position, intrus” (dep. ca. 1380, JPreisMyrB 2,75 [Chis intrus pape Felix fut uns hons mult discreis, … ly intrus pape Felix par ses maneches ne laisat a prechier la foid; ib. une troisème att.], GdfC 10,28c; TLF 10,501b; FEW 4,783a)
  • ⁠p.p. substantivé “celui qui est introduit illégitimement dans une fonction ou position, intrus” (dep. 1382, DeschQ 1,201,11 [Avise toy, fausse ville de Gand. Contre ton Dieu pour l’intrux as esté, Contre ton roy fait conspiracion, Ne tu n’as pas ton seigneur doubté Duquel tu dois estre en subjection], TL 4,1421; GdfC 10,28c; TLF 10,501b; FM 50,783a; FEW 4,783a)
intrusion f.
[ÉtymologieEmprunté au mlt. INTRUSIO “intrusion” (LathamDict 1,1458b; DC 4,407b). On notera que les att. les plus anciennes proviennent toutes de textes anglo-normands.]
(intrusion doc. 1304 YearbEdwiH 32 / 33,147; 6,204, entrusioun ChronPLangiiT 2359)
  • “action de s’introduire illégitimement dans une fonction ou position, intrusion” (13041312; dep. Est 1549, doc. 1304 YearbEdwiH 32 / 33,147 [Rauf le fiz Michel de Bereghby porta bref de intrusion vers Randolf de Bermergham, e demaunda une bové de tere e demi e la moité de un mees, en les queux il n’avoit entré si par la intrusion noun qe il fist aprés la mort Roger de Berygby]; ChronPLangiiT 2359 [il avoyt par ces havillouns Mayntenuz la gwere, doné protecciouns, Seysye seygnrye en ses subjecciouns DE altri realme par ses entrusiouns]; doc. 1312 YearbEdwiH 6,204, GdfC 10,28c [restriction au domaine ecclés. err.]; AND 364a [(2)]; TLF 10,502a; TL 4,1421 [renvoi]; FEW 4,783a)
agn. intrusour m.
[ÉtymologieEmprunté au mlt. INTRUSOR “celui qui commet une intrusion” (LathamDict 1,1458a; DC 4,407b).]
(intrusour ca. 1292 BrittN 2,288, intrusor BrittN 2,288)
  • “celui qui s’introduit illégitimement dans une fonction ou position” (ca. 1292, BrittN 2,288 [Ne intrusour ne pora jamés recoverer, si freschement par le verrei heir de eynz le an et le jour seit engetté], AND 364a)
(1) Cp., avec changement de la conjugaison, intrudare DC 4,407b.
(2) La distinction entre “invasion, seizure (of land)” and (law) “intrusion” ne s’impose pas.