DEAFplus
article imprimé
rédaction: Thomas Städtler
mfr. invocable adj.
[ÉtymologieMot dérivé du lt. VOCĀBILIS “qui se fait entendre, sonore” (Forcellini 6,403a) au moyen du préfixe négatif IN- (Nyrop 3 § 514; MLFrGr II2 § 229), formé en mlt. ou en fr. Il n’a rien à voir avec la famille du lt. INVOCĀRE “invoquer” (ThesLL 72,254), même si la seule att. de notre mot du 14es. est définie à tort au gloss. par “révérend”, dans TL 4,1424 par “den man anrufen, dessen Hilfe man erbitten kann” et, dans Gdf 4,606b et FEW 4,804a sous invocare, par “qu’on put invoquer”. Dans la ballade –- une fable politique –, dans laquelle se trouve invocable, Eustache Deschamps reprend des personnages du Roman de Renart et fait apparaître, d’une part, Charles VI dans la figure de Briquemer le cerf, et Richard II dans celle de l’archiprêtre Bernard l’âne, d’autre part. Tandis que le premier est dit être non deffensable, c’est-à-dire incapable de se défendre, le dernier est caractérisé comme invocable, c’est-à-dire –- en tant qu’âne et anglonormand –- incapable de parler de façon compréhensible. Ajoutons qu’Eustache se plaît à employer des adj. insolites en -able, cp. finable “final” DeschQ 3,198; infeable “indigne de confiance” ib. 6,50; etc.
Rem.: Le FEW 4,804a donne encore pour invocable “qu’on peut invoquer” deux autres att. plus que douteuses: MolinetFaictzD 2,456,31 (oraison sur Maria) Implore Jhesus invocable et Trad. de Bullinger, La Source d’erreur [dans Hu 4,682a] [Dieu] admirable, invocable, servateur. Les deux att. semblent plutôt être empruntées au mlt. invocabilis “que l’on ne peut nommer”, attesté à côté de innominabilis p.ex. dans les traductions mlt. de Denys l’Aréopage par Jean Sarrazin (1167) et par Robert Grosseteste (ca. 1235) (ed. Chevalier et al., p. 56).Il se peut que invocable “qu’on peut invoquer” n’ait jamais existé.
]
  • “qui est incapable de parler de façon compréhensible” (prob.1384, DeschQ 3,197,4 [Il ot jadis, selon la fiction, Guerre mortel, perilleuse et doutable, Qui trop dura et fist d’afliction, Entre Bernart, l’arceprestre invocable, Et Briquemer, le cerf non deffensable, Qui gasterent l’un de l’autre païs], TL 4,1424; Gdf 4,606b; Hu 4,682a; FEW 4,804a(1))
(1) Pour les déf. des dictionnaires à corriger cf. le commentaire ci-dessus.