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article imprimé Add. & Corr.
rédaction: Sabine Tittel
iris f. et m.
[ÉtymologieEmprunt au lt. ĪRIS f. “arc-en-ciel”; “quartz irisé qui présente les couleurs de l’arc-en-ciel”; “espèce de plante aromatique, iris” (ThesLL 72,378,37s.; 379,15; 379,20; < grec ἴρις ayant les mêmes significations, LidScott 836a); pour le mlt., cf LathamDict 1,1477c. Dans des textes techniques (lapidaires et Moam), on trouve la forme *irin qui semble servir de c.r. de iris: LapidalS 1281 [yrim] (1o: “phénomène météorologique…”); LapidclS 1149 [hyrum] (2o: “quartz…”); MoamT I 49,4 [yrin] (3o: “plante…”); v. les contextes cités ci-dessous(1) (iris, lui, a été employé au c.s. et au c.r., v. MoamT II 58,3; IV 38,2). *Irin est emprunté à l’acc. mlt. IRIN, IRIM (LathamDict 1,1477)(2). En mlt. on trouve nombre d’emprunts au grec, particulièrement des mots techniques, qui présentent des formes stéréotypées reflètant la flexion du mot grec ; mlt. irin semble en effet représenter un exemple, cf. l’acc. grec ἴριν, LidScott 836a; pour d’autres exemples, cf. Stotzform § 50,3.
Rem.: L’étymon lt. est féminin (le masculin apparaît dès le 6es., cf. ThesLL 72,379,20; 380,24). En afr., iris est masculin ou féminin; nous trouvons une attestation unique afr., LSimplMedD 561, où le mot semble être masculin d’après la forme des adjectifs. Vu le procédé habituelle du FEW, il semble que le FEW 4,813a prend iris, nom de la plante, pour masculin, ce qui fait penser qu’il prend aussi l’étymon lt. fautivement pour masculin. Entre 1529 et Ac 1740, le FEW considère iris, nom de la plante, comme féminin, cp. Trév 1753 4,1567 iris f., «les fleuristes le font masculin» mais ensuite cf. Li 21,153b iris m. «les botanistes font… iris du féminin». Dans les dialectes modernes, iris, nom de la plante, est féminin. Le FEW enregistre iris “arc-en-ciel” au f. entre 1529 et Trév 1752; ensuite cf. Trév 1753 4,1566: f., «les philosophes le font masculin», cf. aussi Oud 1660 qui l’enregistre comme m. [commun. de G. Roques]; TLF 10,547a enregistre pour le 19es. deux att. au féminin. –- Dans le FEW yrim “arc-en-ciel”, 1ert. 12es. LapidalS 1281, est mal rangé sous le sens de “quartz irisé…”: à corr., v. 1o ci-dessous. La nouvelle première att. pour le sens de “arc-en-ciel” se trouve, selon TLF 10,547a, dans GuiChaul, impr. de 1478 (matériaux Sigurs). Cette att. est à vérifier, cf. Sigurs FM 33,209 qui date iris “arc-en-ciel” de 1520(3), mais qui date iris, au sens anat. (partie de l’œil), de 1478, impr. de GuiChaul. DMFMat 4,157b reléve iris “arc-en-ciel” dans un texte astrol. de 1498. Le commentaire du FEW sur les datations des différents sens de iris est à réécrire. –- De la plante de la famille Iridacées on connaît nombre d’espèces, parmi lesquelles l’iris germanica, ou flambe, à fleurs bleues ou violettes grandes et fortement odorantes, l’iris de Florence à fleurs blanches et l’iris pseudacorus, ou iris des marais, à fleurs jaunes presque inodores, sont les plus répandues. Le rhizome de certaines espèces, séché, développe une forte odeur de violettes et est employé en médecine et en parfumerie. Cf. Marzell 2,1018ss.; AndréBot 171s. –- Yrisi comme désignation de la plante 2et. 13es. RecMédNovCirHi 489, relevé par TL 11,914, est une forme savante qui n’est pas attestée ailleurs: reste à expliquer; cf. Rothwell FSt 47,59. La précision du sens dans TL qui définit “iris des marais, iris pseudacorus” (à fleurs jaunes) est privée de soutien. –- Iris t. d’anat. “lieu diversement coloré qui occupe le centre de l’œil” est emprunté en ligne directe au gr. ἴρις “the iris of the eye” (LidScott 836a) par le mfr. La première att. date, d’après DMFMat 4,157b, de 1478, impr. de la Grande chirurgie de Gui de Chauliac. GdfC 10,31b relève yris dans un abrégé du même texte, impr. 1549. Dans GuiChaulMTo fo 23roa, ms. 2et. 15es., est attesté yride, emprunté peut-être au génitif gr. ἴριδος, LidScott 836a, ou à l’it. ìride, Battaglia 8,527c.
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(iris 1ert. 12es. LapidALS 1279; EneasS1 6448; LSimplMedD 542; 561 (ter); MoamT II 58,3; Liber canonianus ms. fin 13es. HuntTeach 2,11; FevresS gloss. p. 111; LapidPhilZ 15; [EneasS1 6448 var. ms. fin 14es. [-iz pl.]; GrantHerbC § 243], yris LapidALS 1283; 1288; LapidFFS 830; LapidFPS XXXVI; LapidSPS XXII 1 var. ms. 13es.; MoamT IV 38,2; SecrSecrPr2So fo 110voa; [GrantHerbC § 243; Jardin de santé GdfC], irés EneasS1 6448 var. ms. fin. 12es./déb 13es. [pl.], yrés LapidSPS XXII 1 var. ms. 13es., eris LapidSPS XXII 1; XXII 2; XXII 3, irin [c.r.]⁠ MoamT I 49,4 [c.r.], ⁠agn. yrim [c.r.]⁠ LapidALS 1281 [c.r.], hyrum [c.r.]⁠ LapidCLS 1149 [c.r.])
  • 1o“phénomène météorologique lumineux en forme d’arc qui offre les couleurs du prisme, arc-en-ciel” (1ert. 12es., LapidALS 1281 [Yrim l’arc del cel apelom Que nus contre pluie vëum; Pur ço ad num yris la pere Qu’el ad en sai itel manere: Quant li soleilz raie sur lie Une [re]splendur ist de lie Cum l’arc del cel par rasun, Et pur ço yris ad [a] num], FEW 4,813a [mal placé sous “quartz…”])
  • 2o“quartz irisé qui présente des reflets des couleurs de l’arc-en-ciel” (1ert. 12es.14es.; dep. Pin 1562, LapidALS 1279 [Iris est pere esprovee]; 1283 / 1288 [v. le contexte cité sous 1o]; LapidFFS 830; LapidFPS XXXVI; EneasS1 6448(4); LapidSPS XXII 3; LapidCLS 1149 [De l’hyrum vos revoil conter… Cristalline est sa color… El rai ki del soleil vendra, L’arc el ciel porra veoir]; LapidPhilZ 15, TL 4,1458 [m. et f.]; AND 364b; FEW 4,813a(5))
  • 3o⁠t. de botan. “plante de la famille des Iridacées à rhizome, à haute tige et à feuilles en lames de sabre qui porte des fleurs de différentes couleurs, iris” (dep. 13es., LSimplMedD 542; 561 (bis) [Iris est chauz et sés el segont degré, et est semblable a ireos… Més iris porte roge flor, et ireos, blanche]; ib.; MoamT I 49,4 [metez desouz a l’oissel (la geline) salxes et herbe verd de yrin et de mirte, une foee le jor (pendant la mue)]; II 58,3; IV 38,2; Liber canonianus ms. fin 13es. HuntTeach 2,11; SecrSecrPr2So fo 110voa; FevresS gloss. p. 111; [GrantHerbC § 243; Jardin de santé GdfC], GdfC 10,31b; TL 4,1458 [renvoi à GdfC]; FEW 4,813a(6))
ireos f. et m.
[ÉtymologieLa forme ireos représente une forme du génitif de lt. īris, ThesLL 72,379,20 īris, -ris / -ridis / -reōs; le génitif lt. IREOS est attesté au 6es., ib. 72,379,32; 41. Pour le mlt., cf. LathamDict 1,1477c «iris and ireos distinguished, esp. with ref. to colour of flowers»; noter aussi 1389 GastPhébChasseT 16,65 unne herbe qui est sus les paroiz des mesons, qui s’appelle en latin yreos(7). Il semble raisonnable de traiter afr. ireos ici sous iris, malgré l’étymon différent.
Rem.: Pour le genre d’ireos, v. la rem. sous iris. –- FEW 4,813a enregistre, sous iris, dyaireos, AldL 82,8, qui est à ranger sous → *DIAIREOS.
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(ireos ca. 1250 recette HuntMed p. 330,24; LSimplMedD 561 (ter); 562; AntidNicD p. 15,29; p. 20,42, yreos LSimplMedD 563; 1033 (bis); AntidNicD p. 10,18; p. 13,24; HMondB 1033; 1232; 1734; 1760; [GRantHerbC § 243], yrios GlGuillI 34)
  • ⁠t. de botan. “plante de la famille des Iridacées à rhizome, à haute tige et à feuilles en lames de sabre qui porte des fleurs blanches, iris florentina” (ca. 12501575, recette HuntMed p. 330,24 ms. ca. 1250; LSimplMedD 561 (ter) [Iris est chauz et sés… et est semblable a ireos… Més iris porte roge flor, et ireos, blanche… La racine de ireos… est diuretique; ele lasche]; 562; 563; 1033 (bis); AntidNicD p. 10,18; p. 13,24; p. 15,29; p. 20,42; GlGuillI 34; HMondB 1033 [Yreos, [c]’est flambe qui a la fleur blanche]; 1232; 1734; 1760; [GRantHerbC § 243; Paré éd. Malgaigne 2,22b; 48b], TL 11,911 [v. n5]; Hu 4,683b)
(1) Nous suivons une suggestion de J.-P. Chambon et intégrons ces att. parmi celles de iris.
(2) Tjerneld, MoamT gloss. p. 421, propose comme étymon lt. īrinus adj. “qui est fait d’iris (la plante)” (ThesLL 72,377, aussi subst., ib. 72,377,59) et il compare *irin à narcisin adj. et subst., de la famille de mfr. nfr. narcisse < lt. narcissus (Forcellini 4,224a; FEW 7,12a), att. dans MoamT II 37,2 (subst.); 76,2 (adj.); 83,2 (id.), et nardin adj. < lt. nardinus (Forcellini 4,224b; FEW 7,12b nardus), att. dans MoamT II 18,4 (manque FEW): moins vraisemblable.
(3) La source n’est pas expliquée; peut-être il s’agit d’un impr. de GuiChaul de 1520, rédigé par Jean Falcon, cf. FM 33,200.
(4) Parmi les var. se trouvent if, à ranger sous → IF I 47, et istre, à ranger sous → IERRE I 45, cf. la graphie iestre, I 45,38.
(5) Le FEW prend iris pour un masculin.
(6) Le renvoi à Studer est fautif, Studer contenant des att. de iris “… arc-en-ciel”, cf. 1o ci-dessus, et “quartz irisé… ”, cf. 2o ci-dessus. Pour la question du genre, cf. la rem. ci-dessus.
(7) Att. citée par TL 11,911 sous fr. yreos: à corr.