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rédaction: Stephen Dörr
ivraie f.
[ÉtymologieDu lt. ĒBRIĀCA adj., fém. de ēbriācus “ivre” (ThesLL 52,7). La substantivation de l’adj. et le genre fém. sont dus à une association de ēbriācus à un substantif féminin tel que herba (planta proposée par le FEW 3,200n3 est peu probable; le sens orig. est celui de “rejeton”), donc *herba ebriaca d’où s’est formé par chute du substantif ebriaca(1) > ivraie f. –- Pour l’évolution phonétique de l’initiale v. sous → ivre. –- Du lt. aocc. abriaga 14es. Rn 1,17b et des formes du Nord-Est de l’Italie du type imbriaga, cf. FEW 3,200b (les autres langues romanes possèdent des membres de la famille de lt. lŏlium pour désigner l’ivraie, v. FEW 5,401a). Du gallo-rom.: basq. iraka, iralka, libraka SchuchBask 34. –- La désignation de la plante par un représentant de la famille de lt. ēbrius “ivre” provient du fait que les grains (affectés de champignons) provoquent chez celui qui les mange un état comparable à l’ivresse; cf. aussi all. Taumellolch. Cp. → *ivroigne2.]
(ivraie ca. 1224 CoincyI41R 309; CoincyII17K 242; SidraclR 78; 899, yvraie CoincyI41K 309; SMarieJésus dans ReinschEvang 68; [2em. 14es. AalmaR 4895], yvroye GlVatR 5856, yveraie BesantR 1594, ⁠agn. yverai BibbO 337, yvrae GlGuillI 170, ywrae GlGuillI 203)
  • “plante de la famille des Graminées particulièrement nuisible aux céréales et provoquant chez l’homme une espèce d’ivresse, Lolium temulentum” (dep. 1227 [ca. 1224 v. ci-dessous], BesantR 1594 [Desus le biau furment sema Garzerie e droe e neele E yveraie, qui la cervele E tut le cors de l’homme empire]; SidraclR 78 [Mes pechié croistra au monde entre son pueple encontre sa foi, et seront amuciez entre les bons, autresi come l’ivraie entre le froment]; 899; SMarieJésus dans ReinschEvang 68; BibbO 337; GlGuillI 170; 203; GlVatR 5856; [2em. 14es. AalmaR 4895(2)], TL 4,1510(3); 11,931; GdfC 10,34c; AND 366b; FEW 3,199b)
  • ⁠au fig. “réalité, caractère maléfique et nuisible”(4) (ca. 1224; ca. 1227; dep. 1560, CoincyI41R 309 [Mais tu la sauves, douce dame (Marie l’âme). Les autres sunt plainnes d’ivraie, Mais tu si vraiement ies vraie, Nului ne deçoiz ne ne triche]; CoincyII17K 242; CoincyI41R p. 149, TLF 10,614b)
ivrail m.
(ivrail ca. 1300 SecrSecrPr2S fo 127roa, yvrail SecrSecrPr2S fo 127roa)
  • “plante de la famille des Graminées particulièrement nuisible aux céréales et provoquant chez l’homme une espèce d’ivresse, Lolium temulentum, ivraie” (ca. 1300, SecrSecrPr2S fo 127roa [De la nature d’Ivrail. Yvrail croist entre les fromens en sec tens])
iveré adj.
[ÉtymologieDérivé formé à l’aide de la désinence participiale issue du lt. -atu.]
(yveré 1em. 14es. HosebCompL 40)
  • “(du blé) qui est atteint de l’ivraie” (agn. 1em. 14es., HosebCompL 40 [(Medicine pur breez) Et se la cervoise soit faite de blé yveré, pernez un poyné del cermontaigne; … et si quillera la yveroigne et lez lies auxi, issint qe rien ou poi annoiera], MöhrenLand 195 [interprète ‘(blé) d’hiver’, à corriger])
(1) Rien en mlt., mais cf. LathamDict 1,742b: ebraia “(?) malt” avec une att. de 1203; la même att. se retrouve 1,1195 cette fois avec la déf. “darnel” = “ivraie” ce qui est à corriger (on vend .iij. quart[eriis] ibraie.
(2) Glose difficile à comprendre; le sens de yvraie est appuyé par la glose correspondante dans le Catholicon de Johannes Balbus, Mayence éd. 1460.
(3) Range ici deux att. de Coincy qui sont à ranger sous la déf. “réalité, caractère maléfique et nuisible”.
(4) Par allusion à Mt 13,24-30, parabole de la bonne semence et de la mauvaise herbe, cf. CoincyI41R p. 149; pour l’ivraie et le bon grain, cf. Li 2,163c.