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ivroigne1 f.
[ÉtymologieD’un lat.vulg *EBRIONIA “ivresse” qui est formé de ebrius “ivre” + -(m)onia (v. StotzBed § 61,2) d’après le modèle de sānctimōnia (< sanctus; Forcellini 5,324a) et de tristimōnia (< tristis; Forcellini 6,187a)(1). Tout comme le FEW 3,201a, nous rangeons ci-dessous ivretongne que Wartburg interprète comme formé de ivrogne avec insertion de -et-, élément à valeur affective(2).
Rem.: LevyRech 372 (et par la suite LevyContr 372 et LevyTrés 92a) donne un mot enivronie, repris par TL 3,430, qui provient de GlLeipzig[Ba 7603], un mot que Banitt translittère ânivroyne. Une analyse des donnés par Marc Kiwitt (lettre) donne les résultats suivants: la translittération de Banitt se fonde sur une spécificité graphique hébraïque. Quelques prépositions hébr. se lient aux substantifs; cette règle a été reprise par des scribes de textes judéofr. et a été utilisée par exemple pour de / a / en. Il faut donc scinder en en et ivrogne. Le -y- dans ivronye ne peut guère désigner une voyelle, mais sert en combinaison avec le -n- antérieur pour exprimer une nasale palatale. En conséquent, Kiwitt propose de normaliser en ivrogne, proposition que nous suivons. Nous n’enregistrons pas yvroneté relevé par RézeauPrières 115,116 dans une prière fin 15es. / déb. 16es. (sa déf. “péché” est à corriger en “ivrognerie”), att. unique pour ce mot. –- Cp. → ivroigne2.]
Rem.: LevyRech 372 (et par la suite LevyContr 372 et LevyTrés 92a) donne un mot enivronie, repris par TL 3,430, qui provient de GlLeipzig[Ba 7603], un mot que Banitt translittère ânivroyne. Une analyse des donnés par Marc Kiwitt (lettre) donne les résultats suivants: la translittération de Banitt se fonde sur une spécificité graphique hébraïque. Quelques prépositions hébr. se lient aux substantifs; cette règle a été reprise par des scribes de textes judéofr. et a été utilisée par exemple pour de / a / en. Il faut donc scinder en en et ivrogne. Le -y- dans ivronye ne peut guère désigner une voyelle, mais sert en combinaison avec le -n- antérieur pour exprimer une nasale palatale. En conséquent, Kiwitt propose de normaliser en ivrogne, proposition que nous suivons. Nous n’enregistrons pas yvroneté relevé par RézeauPrières 115,116 dans une prière fin 15es. / déb. 16es. (sa déf. “péché” est à corriger en “ivrognerie”), att. unique pour ce mot. –- Cp. → ivroigne2.]
(ivroigne ThebesC 2,156,3667 var. ms. 3et. 13es., yvroigne GregEzH 48,34; 93,21; SBernAn1F 47,22; 47,35; 47,37; 103,12; etc.; ; EpMontDeuH 60,3; 135,6; PoèmeMorB 2700; AmeBerlcB 16a; JArkAmP 307, ivroingne RègleSBenMartp2 fo 135rob, ivrogne GlLeipzigBa 7603, yvrogne RègleSBenMartdG 619, ivrongne JobB 671; 769; 858; 869, yvrongne JobB 645; 768; 772; 863, iveroine CommPsia2G2 XLVIII 210, yveroyne ChronTrivR 53,21, iveruyne GlBNhébr302L 141,27)
- ◆“état d’une personne ivre, ivresse” (ca. 1166 – mil. 14es., CommPsia2G2 XLVIII 210; GregEzH 48,34; 93,21; SBernAn1F 47,22 [Li nuiz est trespesseie et li jors est aprochiez, Or ostons de nos les oyvres de tenebres, c’est lo somillement et l’yvroigne. Car cil qui dorment si cum nos disimes la desore de nuit dorment, et de nuit sunt yvre cil qui yvre sunt]; 47,35; 47,37; 103,12; etc.; ; EpMontDeuH 60,3; 135,6 [Une chose est li sommes ke mout fait a doteir et k’en grant partie est semblanz a yvroigne]; RègleSBenMartdG 619; GlBNhébr302L 141,27; JobB 645; 671; 768; etc.; 769; AmeBerlcB 16a; GlLeipzigBa 7603; ChronTrivR 53,21; JArkAmP 307, TL 4,1514; Gdf 4,623c; AND 366b [iveroigne2]; FEW 3,200b)
●ivroigne s. adj.
[ÉtymologieD’un lat.vulg *EBRIONIA “ivresse” qui est formé de ebrius “ivre” + -(m)onia (v. StotzBed § 61,2) d’après le modèle de sānctimōnia (< sanctus; Forcellini 5,324a) et de tristimōnia (< tristis; Forcellini 6,187a)(3). Tout comme le FEW 3,201a, nous rangeons ci-dessous ivretongne que Wartburg interprète comme formé de ivrogne avec insertion de -et-, élément à valeur affective(4).
Rem.: LevyRech 372 (et par la suite LevyContr 372 et LevyTrés 92a) donne un mot enivronie, repris par TL 3,430, qui provient de GlLeipzig[Ba 7603], un mot que Banitt translittère ânivroyne. Une analyse des donnés par Marc Kiwitt (lettre) donne les résultats suivants: la translittération de Banitt se fonde sur une spécificité graphique hébraïque. Quelques prépositions hébr. se lient aux substantifs; cette règle a été reprise par des scribes de textes judéofr. et a été utilisée par exemple pour de / a / en. Il faut donc scinder en en et ivrogne. Le -y- dans ivronye ne peut guère désigner une voyelle, mais sert en combinaison avec le -n- antérieur pour exprimer une nasale palatale. En conséquent, Kiwitt propose de normaliser en ivrogne, proposition que nous suivons. Nous n’enregistrons pas yvroneté relevé par RézeauPrières 115,116 dans une prière fin 15es. / déb. 16es. (sa déf. “péché” est à corriger en “ivrognerie”), att. unique pour ce mot. –- Cp. → ivroigne2.]
Rem.: LevyRech 372 (et par la suite LevyContr 372 et LevyTrés 92a) donne un mot enivronie, repris par TL 3,430, qui provient de GlLeipzig[Ba 7603], un mot que Banitt translittère ânivroyne. Une analyse des donnés par Marc Kiwitt (lettre) donne les résultats suivants: la translittération de Banitt se fonde sur une spécificité graphique hébraïque. Quelques prépositions hébr. se lient aux substantifs; cette règle a été reprise par des scribes de textes judéofr. et a été utilisée par exemple pour de / a / en. Il faut donc scinder en en et ivrogne. Le -y- dans ivronye ne peut guère désigner une voyelle, mais sert en combinaison avec le -n- antérieur pour exprimer une nasale palatale. En conséquent, Kiwitt propose de normaliser en ivrogne, proposition que nous suivons. Nous n’enregistrons pas yvroneté relevé par RézeauPrières 115,116 dans une prière fin 15es. / déb. 16es. (sa déf. “péché” est à corriger en “ivrognerie”), att. unique pour ce mot. –- Cp. → ivroigne2.]
(ivroigne ContGuillTyrA 439, yvroigne HaginL 28d, yvroingne BeaumCoutS 1949 var. ms. déb. 14es. [2 att.]; EvrartContyAr Gdf 1949, ivrogne RègleSBenNicH 639, iveroigne ca. 1360 OresmeQuadrG 218, iveroygne PAbernLumH1 9299 var. ms. fin 13es., yveroigne MirJustW 135, iveroyngne GrossetReulesO 17, yvrongne BeaumCoutS 1949 [2 att.]; ib. autre passage var. mss. 14es. - 1493; [DeschQ 3,47,5; MirNDPers36P 441; MenagB 9,24; 135,35], yvreongne BeaumCoutS 1949 var. ms. fin 13es., yvroongne BeaumCoutS 1949 ib. autre att. même ms., yvreoign FetRomF1 722,31, agn. yvronke BrittN 1,165, s.l. ivroin Pères39L 16631, ivroing OvMorB III 847 var. ms. 2eq. 14es., yvroin GilMuisK 2,92,19; [Office des Ordres Gdf; doc. 1390 DC; OvMorT 72 ms. 15es.], agn. iveroin PAbernLumH1 9299 var. ms. déb. 14es., iveroyne GrossetReulesL 12, yveroyne ParsonsCourt 59,177, iverun av. 1185 RègleHospCamS 982, iveruine SClemW 9059(5), yveruine PAbernLumH1 9299, ivroongne ElucidaireiT var. mss. fin 13es. / 14es.)
- ◆1os. “celui, celle qui a l’habitude de s’enivrer, d’être ivre, ivrogne” (dep. av. 1185, RègleHospCamS 982 [E si sobre en seit lur vivre Ke il ne seient sovent ivre, Kar home de religiun Ne deivent estre iverun]; ContGuillTyrA 439; SClemW 9059; FetRomF1 722,31; GrossetReulesO 17; PAbernLumH1 9299 [Mes ces k’a custume sunt ivre suvent, Icés pecchent dreit morteument, E plus grevement ces ke sunt prestre Ke dussent sobres e chastes estre. Ore sunt yveruine li plusurs, E li autre si sunt forz lecchurs]; HaginL 28d; BrittN 1,165; ParsonsCourt 59,177; [ca. 1360 OresmeQuadrG 218; MirNDPers36P 441; MenagB 9,24 [dit d’une femme]; OvMorT 72], TL 4,1516; Li 2,164b; AND 366b; MöhrenLand 198; FEW 3,200b)
- ◆2oadj. “qui a l’habitude de s’enivrer, d’être ivre, ivrogne” (déb. 13es. – 1393; dep. 1544(6), RègleSBenNicH 639; BeaumCoutS 1949 [il estoit fous de nature ou frenetiques ou yvrongnes]; OvMorB III 847; GilMuisK 2,92,19 [Nuls sages hom ne doit gens yvroins compagnier]; [Office des Ordres Gdf [se jusquez a ore vous avez esté yvroin, desormais vous devez estre sobre]; ]BeaumCoutS 1949 var. mss. 14es. - 1493; [DeschQ 3,47,5; ]EvrartContyAr Gdf 1949; [doc. 1390 DC; MenagB 135,35], TL 4,1515; Gdf 4,623c; 10,35a; DC 3,222b; Li 2,164b, manque FEW 3,200b)
●ivroignie f.
(yvroignie ms. 4eq. 13es. RègleSBernMartp1 fo 30ro; [éd. 1549 Jeh. le Blond Gdf])
- ◆“vice qui consiste dans l’habitude de s’enivrer, ivrognerie” (4eq. 13es. [ms.]; 1549, RègleSBernMartp1 fo 30ro [mes bien gart que il n’i ait sauleté ne yvroignie, vérif. sur ms.]; [éd. 1549 Jeh. le Blond Gdf], Gdf 4,623c; TL 4,1516 [renvois]; FEW 3,201a)
●ivretongne f.
(ivretongne GilMuisK 2,287,11; [ca. 1380 JPreisLiègeB 1,9580; 14513], yvretongne GilMuisK 2,91,23; [FroissS 2,316,73; JPreisLiègeB 1,2944; 1,7139; 1,29359; JPreisMyrB 1.III 552], yvretoigne JArkAmP 1,319, ivretonge 4eq. 12es. SBernCantG 33,439; SermSapF 287,23)
- ◆“état d’une personne ivre, ivresse” (pic. wall. 4eq. 12es.; fin 12es.; ca. 1350 – fin 14es., SBernCantG 33,439; SermSapF 287,23 [Esgardeiz vos mimes, se vos veeiz onkes nului estre u senz orguelh, ki est racine de toz malz, u senz avarisce, u senz envie, ou senz ivretonge, u senz alcune chose ke Deus heit]; GilMuisK 2,91,23 [Visces vilains et lés, chiertes c’est yvretongne. Ivres ne poet ouvrer, ne dire se besoigne]; 2,287,11; JArkAmP 1,319; [FroissS 2,316,73; JPreisLiègeB 1,2944; 1,7139; etc.; 1,29359; JPreisMyrB 1.III 552], TL 1514; Gdf 4,623c; FEW 3,201a)
(1)
Le REW 2819 part pour le mot lt. d’un *ebrio, -ōne, moins probable. L’étymologie de it. sbornia donné par le REW et par la suite par le FEW est discuté, v. Battaglia 17,689c et CortZol 5,1135b.
(2)
SchelerGil 81 veut lire ivrecogne par analogie avec iracundia, peu probable compte tenu du nombre d’att. à -t-, cf. FEW 3,201an.
(3)
Le REW 2819 part pour le mot lt. d’un *ebrio, -ōne, moins probable. L’étymologie de it. sbornia donné par le REW et par la suite par le FEW est discuté, v. Battaglia 17,689c et CortZol 5,1135b.
(4)
SchelerGil 81 veut lire ivrecogne par analogie avec iracundia, peu probable compte tenu du nombre d’att. à -t-, cf. FEW 3,201an.
(5)
AND reprend ivereruine du ms., forme à corriger en iveruine.
(6)
Marg. de Navarre, Trop. Prou, Peu, Moins, 152, Frantext.