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article imprimé
j m.
[ÉtymologieLettre de l’alphabet moderne, inexistante au moyen âge comme graphème lié à la consonne constrictive prépalatale sonore [ʒ] ou affriquée [dʒ]. Le j, ou, à proprement parler, le i long, n’est alors qu’une variante du i (court) ordinaire, représentant un [i], un [j] (= yod(1)) ou un [ʒ]. Dans les manuscrits occidentaux il est utilisé souvent en début d’un mot (et plus fréquemment d’une ligne) et comme deuxième de deux ii (et surtout dans les chiffres romains: .ij., régulièrement dep. le 14es.)(2).
Ce ne sont que les écritures mozarabe et bénéventane qui possèdent une ‘i longa’ en début du mot et pour signaler la semi-voyelle (Bischoff Paläogr. 21986 131n10; 149; 165). Dans les manuscrits et imprimés du français, on ne peut pas s’attendre aux débuts de la distribution moderne avant le 16es.(3).
Noter que la distribution des i et j dans les éditions des textes anciens est opérée par les éditeurs modernes. Nous établissons quand même un article pour donner qqs exemples qui témoignent du fait que la différence entre i voyelle ou consonne (le yod) et la constrictive était connue et thématisée, mais que l’emploi de i court et long n’obéissait pas encore à une règle. Nous honorons ainsi aussi les entrées de Gdf et TL. — Cp. → i.]
- ◆“variante graphique du i, à hampe, dite i long” [dep. le 18es. dixième lettre de l’alphabet] (1ert. 12es. LapidalS 1192-1301 [(lapidaire alphabétique) Des peres de H que nus trovon Atant lur resun fine ici. Or cumencent les peres de I: Jaspis… jaspes numum… Jacintus… Iris(4)… Jacinctizonta… Atant peres del I finum; ms. à vérifier]; 3eq. 13es. ms. fin 13es. HuonabcJ 1 [(début du texte, titre ajouté par une main du 14es.: La senefiance de l’A.B.C., avec une très grande initiale décorative: J, c.à-d. i long) Je (ms. Je) vous di bien en parchemin; lu sur fac-sim., fo125voa(5)]; 111-130 p. 278s. [Aprés vous conterai de l’i (ms. .i., sans point sur le i): N’i a meillor lettre de li. Plus est ou mont li delis cors Que del .i. (ms. id.) n’est petiz et cors. Il (ms. jl, en début de ligne) se met por .G. (ms. id.) quant li siet, Ou lieu de consonant s’assiet. .J. (ms. j.) senefie joie vaine…(6) Li .i. (ms. id)… .J. (ms. .j.) met por .G. quant bien est pris(7)]; 1332 PelVieS 10989 [(prière adressée à la Mère-Dieu, en forme d’alphabet; entre H et K est placée seul I) Je (ms. Heidelberg Pal. lat. 1969 fo67voa initiale décorée, plus prob. I que J; même initiale pour Isaac fo68vob) ne truis par nesune voie Ou mon salut si bien je (ms. ie) voie Comme, aprés Dieu, en toy le voy], GdfC 10,35a [“dixième lettre…” err., cite HuonabcJ); TL 4,1928 [“der Buchstabe J”, à corr.; citation de HuonabcL 115 à vérifier dans le ms.])
(1)
C’est la prononciation lt.classique devant voyelle [exceptions: prononciation syllabique et emprunts au grec], cp. Leumann 1977 § 7. Pour le mlt. v. LathamDict 1,1195a: i vocalis [i] et i consonantalis [j].
(2)
Pour les points, rares avant le 16es. (1ere att. Wien 1327), précédés par des traits (à partir du 11es. parfois sur des i à côté de n, m, u, dès le 12es. aussi sur des i isolés), v. Wattenbach4 1886 p. 52.
(3)
Cf. déjà ca. 1400 JacLegArchB p. 65,22: ceste lectre .J. laquelle a autre son en ceste diction ‘janvier’ et autre en ceste diction ‘jver’; et pour tant deux figures differentes feussent necessaires. Si seroit bon atout le moins de faire .V. d’une façon quant il est voieul et d’une autre façon quant il est consonnant, et de .J. semblablement (v. aussi ib. 60,23 et 62,20; att. aimablement commun. par T. Matsumura). — Meigret, Tretté 1550, réserve le j pour la constrictive (aussi -aje pour -age), mais il écrit iniure et iargon dans son Traité touchant le commun usage de l’escriture de 1545.
(4)
Plus loin yris, v. → iris.
(5)
Ib., fo126roa, texte intercalé, Jhesus, avec une grande initiale I: Ihesus, en début de ligne.
(6)
Il faut interpréter ces lignes ainsi: le G symbolise la vrai joie (en ligne 94, l’éd. L’écrit goie, le mot étant le mot clé des vers consacrés à la lettre G, mais sans temoignage dans les mss.!), le I / J symbolise la joie vaine, le I étant maigriot.
(7)
Le ms. a une grande initiale J au début d’un texte, fo139ro; Jadis avec i long; puis, fo227vo, Il estoient avec i court.