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jael f. m. adj.
[ÉtymologieDe l’abfrq. *GADAILO “compagnon” que l’on est en droit d’établir sur la base d’aha. gatailo (Graff 5,406a), gataila f. (ib. 5,407a), mha. geteile (BenMüZa 3,24b) et got. gadaila (KöblerGot 182), tous du même sens. Le mot se trouve en mlt., sous la forme gadalis(1), où il a déjà le sens de “personne qui se prostitue”. — Cf. Guinet 40.
Frpr. gahel (GirRossDécH 7622) est rattaché par von Wartburg à cette famille (FEW 16,5a et encore ZrP 80,9s.), bien que ThomasMél2 104s. ait démontré que ce mot est identique à gafel, gafet “lépreux”, et que la graphie avec -h- était «certainement là un écho de la prononciation» gasconne de h pour f. — Tobler R 2,237; Bruch ZrP 38,688; PfisterGir 489.
Rem.: Cp. afr. galie “prostituée”, rangé à juste titre DEAF G 86,10 sous galer < abfrq. *WALA. Le renvoi à jael paraît un peu gratuit, puisqu’il est plus que douteux que les deux familles de *WALA et de *GADAILO se soient vraiment rejointes, comme il y est dit.]
Rem.: Cp. afr. galie “prostituée”, rangé à juste titre DEAF G 86,10 sous galer < abfrq. *WALA. Le renvoi à jael paraît un peu gratuit, puisqu’il est plus que douteux que les deux familles de *WALA et de *GADAILO se soient vraiment rejointes, comme il y est dit.]
(jael RicheutV 1031 [ms. lael]; RenR 6642 [= RenM Va 830]; PriseCordD 1769; RCambr2K 5646, jaal ca. 1170 HornP 3384; SThomGuernW1 2844, jaial GuillDoleL 3807 [c.s. sg. -ieus]; 3921 [c.s. sg. -iaus]; HornP 877 var. ms. mil. 13es.)
- ◆1of. et m. “personne qui se prostitue à quiconque la paie” (3et. 12es.; 4eq. 12es.; ca. 1290 – ca. 1209, RicheutV 1031 [Richeut n’atant plus, ainz s’aproche, Vient a l’ostel, Herselot trova, la jael (ms. la lael). Tote jor n’antandoit a el Fors au panser Conmant porroit Sanson gaber Et engignier]; SThomGuernW1 2844(2) [Li prelat deivent estre li plus espirital, Ne deivent chanceler pur rien de lur estal. Cil qui laissent le munt e se tienent el val Bous d’or en gruing de porc sunt, e del tut jaal. Ne sunt pas des sers Deu, ainz sunt des serfs Baal]; RenM Va 830; GuillDoleL 3807 [v. le contexte sous *jaent ci-dessous]; 3921 [Ou est la jaiaus, la mautriz, Qui fust dame et empereriz, Se sa ribaudie ne fust], TL 4,1535 [l’att. de Horn est à ranger sous l’adj.]; Gdf 4,626c [toutes les att. sont à ranger sous l’adj.]; AND 367a [l’att. de Horn est à ranger sous l’adj.]; FEW 16,5a)
- ◆2oadj. “qui se laisse acheter au mépris de la morale, vénal” (ca. 1170 – mil. 13es., HornP 3384 [(Gudmod parle à Herebrand qui est sur le point d’abattre Egfer) Par Deu l’esperital, Mar le tucherez mes, fiz a putain jaal!]; RenR 6642; PriseCordD 1769 [dame pute jael]; RCambr2K 5646; HornP 877var., TL 4,1534; Gdf 4,626c [range les att. de Horn et de RCambr sous s.f. “femme publique”]; AND 367a [range l’att. de HornP 877var. sous s. “prostitute”]; FEW 16,5a)
●jaiant f.
(jaiant [c.s. sg. -anz] ca. 1209 GuillDoleL 3807)
- ◆“femme qui se prostitue à quiconque la paie” (ca. 1209, GuillDoleL 3807 [en tel doel m’a mis La vieus, la jaianz, la jaieus, glossaire: «doublet (par jeu sur le suffixe?) de jaieus, jaiaus»], TL 4,1535; FEW 16,5a)
●jaelice m.
(jaelice RicheutV 508, jaelise YvainF 4117, jaehelisse YvainF 4117 var. ms. 13es., gaelise ca. 1150 WaceNicR 94; YvainF 4117 var. mss. 13es. et ca. 1300, gaeliz WaceNicR 94 var. ms. 1280, gaalise SAgnèsDécD 328; BlancandS 6188; YvainF 4117 var. ms. 13es., galice WaceNicR 94 var. mss. déb. 13es. et 1em. 14es.)
- ◆“fait de se prostituer à quiconque le paie” (ca. 1150 – 1em. 14es., WaceNicR 94 [Cist povres aveit treis puceles, Treis sues filles asez beles. Entre els quatre n’urent que prendre Ne qu’engager ne que despendre. De vivre conseil ne trovouent S’a gaelise nen alouent, var. ms. 1em. 14es. Si a galice; ms. déb.13s. Se en galice; ce ms. ajoute après 94 ces deux vers: Et livrassent lor cors a putage Dont trop en serroit le damage; var. ms. 1280 Se al gaeliz ne se louent; ms. 13es. Si a bordel]; YvainF 4117; RicheutV 508; BlancandS 6188; SAgnèsDécD 328 [Mais vien avant, si promet ton serviche A le diuesse, se li fai sacrefisse. Se tu ne veus prendre ceste devise, Jou te ferai livrer a gaalise, texte lt.: Unum tibi e duobus elige, aut cum virginibus deae Vestae sacrifica, aut cum meretricibus scortaberis in contubernio lupanari], TL 4,1535; Gdf 4,195c [“lieu de prostitution”, repris par le FEW, à corriger]; FEW 16,5a)
(1)
Dans un capitulaire de Charlemagne: Similiter de gadalibus et meretricibus volumus, ut apud quemque inventae fuerint, ab eis portentur usque ad mercatum, ubi flagellande sunt (cité d’après DC 4,6a).
(2)
TL et FEW considèrent cette att. comme adj., mais cf. la remarque convaincante dans SThomGuernT 2,168.