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article imprimé Add. & Corr.
rédaction: Thomas Städtler
jalos adj.
[ÉtymologieDu lt.tard. ZELOSUS “plein de zèle” (att. une fois au 5es. [?], souvent après 600, VRo 49 / 50,273s.), dérivé du lt. zēlus “zèle, émulation, jalousie” (à partir du 1es. av.Chr., Gaffiot 1701a; Georges 2,3570), lui-même du grec xxx “id.” (LidScott 1,755a). C’est Gerold Hilty qui dans son étude magistrale “Zelosus im Galloromanischen”, VRo 49 / 50,271-283, a mis le point final à une longue discussion étymologique. Faisant suite à trois articles antérieurs consacrés au même sujet (MélKuhn 237-254; MélMeier1 227-252; Al-Andalus 36,127-144), il réfute les diverses propositions faites par d’autres (emprunt du mot fr. à l’aocc. [FEW 14,659b] ou reprise directe du grec, etc.)(1). S’il y a une petite pierre qui fait défaut dans sa mosaïque, c’est qu’il ne donne pas d’attestation pour la forme jaleus à date ancienne et localisable dans l’Ille-de-France: cf. maintenant jaleux dans BibleMacéL 35477, texte écrit ca. 1300 dans le Centre (à La Charité-sur-Loire). –- Cp. → zel. –- Cp., pour d’autres langues romanes, aocc. gelos (dep. 3eq. 12es., Rn 3,452b), cat. gelos (dep. Llull, CoromCat 4,451b), esp. celoso (dep. Berceo, Corom2 2,21a), port. zeloso (dep. 15es. [une att. zeoso au 14es.], Mach3 5,418a) et it. geloso (dep. av. 1250, CortZol 481a; Battaglia 6,634a). De l’afr.: mangl. jelous (MED 5,377b [angl.mod. jealous et zealous]), mnéerl. jaloers (VerVer 3,1010) et quelques formes dialectales, v. FEW 14,660a.
Rem.: On a pris l’habitude de distinguer pour afr. jalos deux acceptions générales: d’une part, c’est celle de qui désire avec avidité, d’autre part celle de qui éprouve de la jalousie en amour, que l’on trouve dans presque tous les dictionnaires et glossaires d’édition. Cependant, il n’y a qu’un seul noyau sémantique plus vaste qui comprend les différentes nuances, cf. p. ex. les vers suivants: Et Bauduins estoit d’iaux servir si jalous Qu’uns hons n’est de sa femme, quant il se cuide couls [trompé] (BaudSebB IX 703s. [ajout ms. 15es.]). Un contexte typique est p.ex. celui de NoomenFabl no 29,58 (Le vallet aus douze fames): Sire, fet ele, c’avez vos? Si souliez estre jalos, Si viguereus, si remuant, Et si aigres et si ardant Que ne me lessiez dormir: Et or vos voi si quoi tenir Qu’il me semble en bonne foi Que vos amez autre de moi. Sous 1o nous essayons de tenir compte des différents aspects sémantiques. Cette déf. embrasse nécessairement un concept qui ne peut être dénommé par un seul mot frm. –- En afr., il y a deux exceptions qui s’écartent de ce noyau sémantique: 1) Dans l’Ancien Testament, jalos est employé comme épithète de Dieu pour rendre lt. deus aemulator “dieu réclamant un culte exclusif” (Trénel 255s.), v. 2o ci-dessous. 2) En agn., nous trouvons quelques att. où l’accent est mis sur le souci qu’éprouve qn ou sur le soin que prend qn de qn ou de qch. Ceci correspond à un développement sémantique qui s’observe également en mangl., cp. jelous 2b “solicitous, careful” (MED 5,378a); v. 3o ci-dessous.DelbMat 182 a une entrée jalouser san déf. avec l’att suivante tirée de Lanc éd. Tarbé p. 156: Cil escuz fu fez a Lymoges. Si l’en aporte Pyladés, Qu’il vaut en estor estre adés. Molt la desirre et galouse. Les éd. modernes donnent toutes golose (LancF et LancU 5827; LancM, LancR et LancK 5807; LancP 5817), sans var. La leçon de Tarbé paraît erronée. –- TL 3,430 et FEW 14,659b donnent enjalosir v.a. “rendre jaloux” (TL enjalousi p.p. “in Eifersucht versetzt, eifersüchtig”) avec la seule att. de EscanM 22249 en corrigeant l’éd. qui lit en jalousie. Contre Tobler et Trachsler (EscanT 22251 enjalousie) nous considérons, en suivant une suggestion de Gilles Roques, la leçon de Michelant comme la bonne et corrigeons également TristNantS 15201 enjalouzie et en jalouzie. Les entrées dans TL et FEW sont à supprimer.
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(jalos mil. 12es. GlJosBehJ LevyTrés 133b; EneasS1 7096; PhilomB 786; CligesG 6584; LancU 1097; YvainF 2502; MeraugisF 5370; BartschHorning 501,1 [= JeanroyLais 11,69]; NoomenFabl no 29,58; PoireM 490; etc.etc.RomPast I 38,18; I 38,71, jalous ErecFr2 3300; TydorelT 13; RenBeaujIgnL 72; BalJosCamA 8628; 11414; TristPrL 262,8; TristPrMé 163,38 [= TristPrLaisF 5 XVII 4]; NoomenFabl no 47,54; Pères35L 15381; RomPast I 35,9; I 38,74; I 57,51; ; Bible BN fr.15392 Trénel 256; ChansArtB III 54, ⁠agn. jalus TristThomL 1002; 1003, ⁠s.l. jaleux BibleMacéL 35477, jelous ClefD 97; 1730; 3006; GouvRoisGauchyM 182,2; 182,4; MerlinProphrP CLI [f.sg. -ouse, -ese], jeloux GlConchR 9404, ⁠agn. jelus FolTristBerncD 23; HuntTeach 1,160, jeluz HeronN 5, ⁠s.l. gelos EneasS1 5374; ChastPereaM 194; ClefD 1734, gelous CorE 234; 278; 279; AlNeckCorrH 237; HuntTeach 1,161; ClefD 175; NicBozProvr/sT 18,2; 79,4; NominaleS 275; MaillartR 7110; BibleAgn RLiR 66,456; ParsonsCourt A 176, geloux GlBNlat7684M 227a,48; ProvM 954, ⁠agn. gelus MarieGuigW2 213; 215; 343; MarieYonW2 75; DonneiP 534; 541; 551; etc.; AlNeckCorrH 237; 241 (bis); 244; NabaretT 40; PetPhilT 2456; Graec HuntTeach 2,33 (bis); HuntTeach 1,321; JGarlUnH2 170; 171, ⁠s.l. geleux poésie 15es. MF 27 / 28 no 461,13(2), zalos BibleAcre RLiR 66,456n25, zalios BibleAcre ib. 458)
  • 1ojalos (a / de qn, qch., faire qch.) “qui éprouve un sentiment (envers qn ou qch.) marqué par un vif désir de conquérir ou de ne pas perdre la personne ou la chose, de réaliser l’action à laquelle il se sent attaché ou par laquelle il se sent attiré”(3) (dep. ca. 1160, EneasS1 5374 [li lous ki est al plain Et vient a la falde al vilain: Environ vait molt fameillos, Les brebiz veit dont est gelos]; 7096 [Quatre deniers ai ci de Troie, … Cels vos donrai por mon deduit Une piece mener o vos; Ge n’en serai ja trop jalos, Baillerai vos as escuiers]; MarieGuigW2 213; 215; 343; TristThomL 1002; 1003; PhilomB 786; ErecFr2 3300; CligesG 6584; LancU 1097; YvainF 2502; TydorelT 13 [ele durement l’ama. Onques ne fu jalous de li]; CorE 234(4); RenBeaujIgnL 72 [Une en i ot, molt tres jalouse A dire chou ke elle pense]; MeraugisF 5370; ChastPereaM 194; BalJosCamA 8628 [Vous n’estes mie trop jalous; Vous n’avez cure de dosnoi]; 11414 [Por coi estes dont si jalous De cest siecle qu’est si malvais?]; etc.etc. [attesté largement en afr.], TL 4,1551 [“eifrig bedacht, verlangend, besorgt”]; 4,1552 [“eifersüchtig”]; GdfC 10,36b [“qui est peiné de ne pas obtenir ou posséder ce qu’un autre obtient ou possède”]; 10,36c [“convoiteux”]; AND 332a [“jealous”]; 332b [“zealous, eager”]; Lac 7,99a [“avide de”]; FEW 14,658a [“qui a de la jalousie causée par l’amour”, “qui a de la jalousie, en dehors de celle causée par l’amour, à propos de qn ou de qch”, “envieux”, “qui tient beaucoup à qch qu’il a”, “désireux de”])
  • ⁠substantivé “celui qui éprouve un sentiment (envers qn ou qch.) marqué par un vif désir de conquérir ou de ne pas perdre la personne ou la chose, de réaliser l’action, à laquelle il se sent attaché ou par laquelle il se sent attiré” (dep. ca. 1165, MarieYonW2 75 [Mult est dure ma destinee. En ceste tur sui en prisun, Ja n’en istrai se par mort nun. Cist vielz gelus de quei se crient, Ki en si grant prisun me tient?]; DonneiP 534; 541; 570; etc.(5); CorE 278 / 279 [Les puceles gabberent Entre eles e chiflerent, Regardent lor amis, Si lor fount curteis ris, Dïent: ‘Ore ui verrez Les gelous esprovez. Hui verrez les gelous, Les suffrauns e les cous.’(6)]; NabaretT 40; RomPast I 38,18; I 38,71; I 38,74; AdHale JeuxPartL CXXI 3; CXXI 16; AdHale RaynMotets 2,114; ClefD 97; 175; GlDouaiR 2660; GlVatR 5850; GlConchR 9404, TL 4,1554; GdfC 10,36c; FEW 14,658a)
  • Il vaudroit plus estre ordeux que geloux (15es., ProvM 954)
  • 2ojalos adj., t. de relig., en parlant du Dieu de l’Ancien Testament “qui veut être aimé et servi sans partage” (dep. mil. 12es., GlJosBehJ LevyTrés 133b; BibleAcre RLiR 66,456n25; BibleAcre ib. 458; BibleAgn RLiR 66,456; Bible BN fr.15392 fo 38vo [Je suis N. (l. vostre) Sires, tes Diex fors et jalous Trénel]; GlHadL 47 glose ad Ex 20,5; [MistR 25286 [Vostre Dieu suis, Fort et jaloux]], Trénel 255; LevyTrés 133b; TLF 10,637b; FEW 14,658b)
  • 3o⁠adj. “qui prend soin de qn ou de qch.” (agn. fin 13es.; 14es., NicBozProvr/sT 18,2 [(Melior est vicinus juxta quam frater procul) De vostre veisin pres de vous Soietz tendre e gelous! Kar meoltz vault proschein veisin, Ki ne fet loingtein cosin]; ParsonsCourt A 176 [Si nulle femme jue od vous, De vostre corps soietz gelous Et de toun parlere, Kar si rien faces a demesure, Toi serroit dit a denurture], AND 332b)
  • 4o⁠m. “sentiment (envers qn ou de qch.) marqué par un vif désir de conquérir ou de ne pas perdre la personne ou la chose, de réaliser l’action, à laquelle on se sent attaché ou par laquelle on se sent attiré” (13es. / 14es.; 1316, AlNeckCorrH 244 [zelus: in gallico gelus]; MaillartR 7110 [pour or et argent conquere Met homme en peril cors et vie Ne ne garde, tel foiz est, mie Se l’uevre est juste ou torchonniere, Ainz ne li chaut, mes qu’il acquiere. Ainsi viennent li soudoier, Pour le gelous du grant loier, Servir la contesse chartaine])
jalosement adv.
(jalousement 3eq. 13es. JeuxPartL CV 13; Li complaignement de l’arme GdfC, ⁠agn. gelusement ManuelPéchF 3432)
  • 1o“avec un sentiment marqué par un vif désir de conquérir ou de ne pas perdre la personne ou la chose, de réaliser l’action à laquelle on se sent attaché, ou par laquelle on se sent attiré” (dep. 3eq. 13es., JeuxPartL CV 13 (Jehan de Marli) [aussi que li bon vens guie Par la mer la nef chargie, Fait loiautez amer jalousement, Et faintis est cil qui aime autrement]; Li complaignement de l’arme [Cuers ardantment et jalousement espris et entrepris GdfC], GdfC 10,36c; Lac 7,99a; TLF 10,635a; FEW 14,658b)
  • 2o“avec soin” [cp. jalos 3e ci-dessus]⁠ (agn. 3eq. 13es., ManuelPéchF 3432 [Si vos mains, ou bras, ou peez Trop gelusement gardez, Ou de trop riche robe vus cointez, Pur estre de la gent plus preisez…], AND 322b)
jalosel adj.
(gelosel RivièrePast LXII 46 var. mss. 2em. 13es. et déb. 14es. [c.s. m.sg. -siax], gelousel RivièrePast LXII 46 var. ms. 4eq. 13es. [c.s. m.sg. -seaus], golesel RivièrePast LXII 46 [c.s. m.sg. -siaux])
  • “qui éprouve un sentiment marqué par un vif désir de conquérir ou de ne pas perdre la personne ou la chose, de réaliser l’action à laquelle il se sent attaché, ou par laquelle il se sent attiré” (2em. 13es., RivièrePast LXII 46 [Soz un ormel Mainent baudel; Chascun tient a la soie; Cil vilanel, Cil chetivel, N’i ot qui ne donoie. Golesiaux(7) (pour les var. graphiques, v. ci-dessus; var. ms. déb. 14es. Molt jalous) en estoie], TL 4,1554; Gdf 4,254a; FEW 14,658b)
jalosie f.
(jalosie PercB 815; MoniotArrD XXXII 14 [= ChansSGermM fo 45vo]; RomPast I 48,17, jalousie ca. 1160 FloreaL 2605; 2614; 2617; 2644; DolopL 11079; RoselLec 2844; 3583; 3622; 3510; TournAntW 556; AuberiTarbé 42,18; BraiCordN 346; ChansArtB VII 30; XX 15; JeuxPartL CIX 12; CXXI 8; CXXI 12; NoomenFabl no 29,66 (Le valet aux douze dames); ChansArtB IV 41; CesTuimPrS 179,5, jalouzie JeuxPartL CXXI 19, jelousie ClefD 1367; 3158; 3169; GouvRoisGauchyM 85,19; Auberi[Tarbé 42,18] var. ms. 1298 GdfC; HuntTeach 1,321; TristNantS 15201, gelosie MaccabPr1G I 2,26; SyraconS 13; BestGuillR 1862; Bible GdfC; YderA 4018, gelozie BibleAcre RLiR 66,458, gelousie Bible GdfC; NicBozProvrsT 50,4; BrittN 2,269; [GlBN7684M 227a,49; ProvM 804], ⁠agn. gelusie AlNeckCorrH 237; HuntTeach 1,321; SermHalesL 217, gelusye JubNRec 2,309 (Du roy ki avoit une amie(8)); ManuelPéch GdfC, ⁠s.l. gallousee LionBourgAlK 18901, ⁠agn. gelusse Graec HuntTeach 2,33)
  • 1o“sentiment (envers qn ou qch.) marqué par un vif désir de conquérir ou de ne pas perdre la personne ou la chose, de réaliser l’action, à laquelle on se sent attaché ou par laquelle on se sent attiré” (dep. ca. 1160, FloreaL 2605; 2614; 2617; 2644 [Griément le point la jalousie]; PercB 815; MaccabPr1G I 2,26 [gelosie de sa loi]; SyraconS 13; BestGuillR 1862; DolopL 11079 [Amors n’iert ja sens jalousie]; RomPast I 48,17; CesTuimPrS 179,5; NoomenFabl no 29,66; BraiCordN 346; ChansArtB IV 41; VII 30; XX 15 [Le ceval forment couvoitoit; Souvent l’acole et aplanie, Et le ceval si bel manie, Pour .i. poi ne le vait baisant. Il vit le ceval si plaisant, Sour lui moroit de jalousie]; JeuxPartL CIX 12; CXXI 8; CXXI 12 [Saciés que c’est uns maus dous De jalousie en amant]; CXXI 19; etc.etc.; [GlBN7684M 227a,49; ]EscanT 22251 [v. la remarque ci-dessus]; etc.etc.; [ProvM 804; ]TristNantS 15201, TL 4,1554; GdfC 10,36c; AND 332b; Lac 7,99a; TLF 10,636a; FEW 14,659a)
  • jalosie “id.” personnifié, dans un emploi allégorique(9) (ca. 1230; ca. 1275, RoselLec 2844 [Et por les rousiers mieuz garnir I fist Jalousie venir Peor, qui bee durement A fere son comandement]; 3510; 3583; etc.; 3622; RosemLec 4071; 4132; 7243; 7371 [La vielle qui Bel Acueill garde Servez ausinc, que mau fer l’arde! Autel faites de Jalousie, Que nostres sires la maudie!]; etc., TL 4,1556; cf. ParéRose 136ss.)
  • 2o⁠t. de relig., en parlant du dieu de l’Ancien Testament “exigence d’être aimé et servi sans partage” (1em. 13es., BibleAcre RLiR 66,458 [Je sui Deu zalios [cf. jalos 2o ci-dessus] et amourrous, glose: Ce dist il por mostrer la grant amor que il avoit o eaus. Gelozie si est de grant amor])
jaloser v.
(jalouser SidraclR 142 [2 att.]; 409 [8 att.]; Pères6[L 2725] var. ms. 14es. GdfC; [CentBallR XLVII 21], jalouzer CentBallR XLVII 21 var. ms. 15es. GdfC, jeloser SidraclR 409, jelouser SidraclR 142, galoser 1em. 13es. EnfGuillH 695, gelouser SidracH p. 19)
  • ⁠v.tr. “éprouver (envers qn ou qch.) un sentiment marqué par un vif désir de conquérir ou de ne pas perdre la personne ou la chose, de réaliser l’action, à laquelle on se sent attaché ou par laquelle on se sent attiré” (dep. 1em. 13es., EnfGuillH 695 [Sire, fait ele, faites lo moi mostreir (en parlant de l’épervier); Onkes nou vi, si l’ai mout galosei, var. m. desiré]; SidraclR 409 [Le roy demande: ‘Est il boen de jalouser sa femme?’ Syderac respont: ‘Tu ne doiz mie jalouser ta moillier en nulle maniere du monde, car se ta moillier est boenne femme et loial et tu la jalouses, tu la feras devenir mauvaise femme. Et se elle est mauvaise femme et tu la jeloses, tu la feras adevenir plus malvaise que ele ne est’, ib. 4 autres att.]; Pères6L 2725 [el bien a force se mist Et malgré sa char se maintint Tant k’a l’amor de Deu en vint, Si ot ce k’ele golosa(10), var. ms. 14es. jalousa GdfC]; [CentBallR XLVII 21], GdfC 10,36c; TLF 10,635b; FEW 14,659a [“convoiter, avoir du désir pour” ca. 1300-15es.]; 14,659b [“avoir de la jalousie contre qn” dep. d’Aubigné])
  • ⁠v.pron. soi jaloser (de / sus) “id.”⁠ (3et. 13es.; ca. 1460, SidraclR 142 [Le roy demande: ‘… et pour quoi se jelouse l’en?’ Sydrac respont: ‘… Et cil qui se jalouse sus autre femme que la seue propre, est aussi fol comme celui qui se veult meller o le vent; et se elle est propre seue, il ne se doit tant jalouser que il se destruie’]; 409 [… se tu la jalouses (la bonne femme), elle te (l. se?(11)) pourra tant jalouser que elle pourra avoir une grant enfermeté…]; [CentNouvS VIII 99], Gdf 4,630a; FEW 14,659b [Nouv l. CentNouv])
enjalosir v.tr.
(enjalousir ca. 1280 EscanT 22251 [p.p. f.sg. -sie], enjalouzir TristNantS 15201 [p.p. f.sg. -zie])
  • ⁠p.p. pris comme adj. “qui éprouve un sentiment (envers qn ou qch.) marqué par un vif désir de conquérir ou de ne pas perdre la personne ou la chose, de réaliser l’action à laquelle il se sent attaché, ou par laquelle il se sent attiré” (ca. 1280, EscanT 22251 [Tez paroles que je vouz di Gifflés, qui mal n’i entendi, Dist souvent a la damoisele De Norhomberlande, et la bele En avoit et joie et confort. Si en fu la roïne fort Enjalousie mainte fois Que trop li estoit en defois Ce qu’ele ert tant bele et jonete, Si gracieuse et si sadete]; TristNantS 15201 [Dame, je vous en prye Que me lessés aller en la grande envaÿe, Hontë est c’on me tient en ceste fermerie. –- Sire, dist la roÿne, vous n’y enterrés mye, Car së estiés navrés, jamés ne seroie lie. Je n’ain tant rien que vous, j’en suis enjalouzie; Mais se Dieu plest, tantost j’en seray rapaisie], TL 3,430; FEW 14,659b)
(1) Sans valeur: M. Grzywack, “Eifersucht” in den romanischen Sprachen, Bochum-Langendreer 1937.
(2) A supprimer geleuze s.f. “gelure” du glossaire, cf. G. Roques ZrP 110,558.
(3) V. la remarque ci-dessus.
(4) V. la note 6 ci-dessous.
(5) Le passage rapproche jalos, écrit toujours gelus, ‘étymologiquement’ de gelee. Cf. DEAF G 433,19 sous geler.
(6) Les puceles font ici allusion au pouvoir magique du cor, cp. les vers 229ss.: Cest corn fist une fee Raumponeuse e [i]rree E le corn destina, Que ja houm n’i bevra, Taunt soit sages ne fous, S’il est cous ne gelous, Ne ki nule femme heit Qui heit fol pensé feit Vers autre kë a lui. TL 4,1554,22 rapproche le sens de gelous dans ce passage de celui de cous “cocu” («ziemlich gleichbedeutend mit cous “Hahnrei”»), ce qui ne s’impose pas, et nous considérons avec l’éd. note p. 56 «that this is the only poem of the chastity-testing group which mentions jealousy of the husbands as a possible contributing cause of failure».
(7) Brakelmann JREL 9,336 lit dans le même ms. (BN fr. 845) golosiaux; à vérifier,
(8) Texte de NicBoz, cf. R 13,507 et Dean 688.
(9) Représente la ou les personnes à qui appartient la garde d’une jeune femme. Pour les renvois complets, cf. Rosel/mLangl Table des noms propres t. 5,338a.
(10) Leçon confirmée par les mss. A (fo 15rob goulousa), B (fo 23vob golosa) et S (fo 45vo golousa); cf. goloser DEAF G 977,6.
(11) Passage problématique. La version brève de ce texte donne, suivant les mss., se (SidracH p. 19), ou modifie la phrase (elle pourra estre et venir tant jalouse) ou laisse tomber la formulation. La version longue, elle aussi, modifie, dans la plupart des mss., la phrase (elle se pourra si adouler / elle s’en pourra courroucer), mais le ms. de base et un autre ms. assez proche donnent te jalouser (aimable communication de E. Ruhe). Il paraît difficile d’attribuer à cette leçon un sens satisfaisant qui s’insère dans le champ sémantique de notre famille de mot.