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rédaction: Sabine Tittel
japer v.
[ÉtymologieD’une racine onomat. JAP- qui rend le son d’un aboiement. Celle-ci vit aussi en aocc. japar v.intr. “aboyer”, att. dès 1280 [ms. fin 13es. / déb. 14es.], Rn 3,581b, aocc. jap, jaup m. “aboiement”, dès 4eq. 12es., Rn 3,581b; Lv 4,249a, et dans les dial. mod. centraux et orientaux du domaine d’oïl, v. ALF 2; FEW 5,30a. L’étymon proposé par Braune ZrP 40,334, mball. japen “ouvrir la bouche brusquement, happer” (SchillerLübben 2,398a), est à rejeter du point de vue sémantique, v. Gam2 544a; FEW 5,31a.
Rem.: Foerster, dans la note concernant YsLyonF 858 et 1257, discute le sens du verbe: «japer qn. d’un esbai / …en esbaiant kann nicht ‘kläffen’ (so neufr.) allein heissen, sondern wohl ‘kläffend anfahren, nach j. schnappen’». Le verbe a plutôt le même sens qu’en frm., mais il est pris transitivement et montre un emploi avec une intensification par pléonasme, v. les contextes cités ci-dessous. — Le verbe intr. au sens de “pousser des aboiements aigus et clairs (du chien)” est attesté dep. Est 1549, cf. GdfC 10,38b(1) et FEW 4,30a; id., dit, par analogie, d’autres animaux (p.ex. du renard, du chacal, de la hyène), est attesté une fois en 1604 (inf. pris comme subst. le japper des regnards, GdfC 10,38b), ensuite au 20es., TLF 10,652b. — Pour les dérivés mfr. jappement, jappeur, japeraille, etc., v. DC 4,279a jangularia; Gdf 4,634b; 10,38b; FEW 5,30b. — Lac 7,101a cite sous la déf. “crier, hurler” une att. tirée de Desch, 3et. 14es., ms. BN fr. 840 [déb. 15es.] (ms. de base de l’éd. DeschQ): La vient la mort en sa figure Noire et hydeuse a moy japper: Je n’attens que ma sepulture. Dans DeschQ 2,191 (305,262) on lit pourtant… a moy s’appert…, leçon en accord avec rime. Corriger FEW 5,30b qui définit “importuner les autres par des criailleries” et qui date ‘dep. EustDesch’.
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  • 1o⁠v.tr. “pousser des aboiements aigus et clairs en s’adressant à qn ou qch. (dit souvent des jeunes ou des petits chiens)”(2) (2em. 13es.; dep. Est 1549, YsLyonF 858 [Li chiens qu’est amerouse beste, A son seignour façoit grant feste. La coe muet, dou pié li tape, Et d’un petit esbai lo jape]; 1257 [Quant ce voit li chiens, si fait noise, En esbaiant lo larron jape. Li lerres fuit, ensinc eschape], TL 4,1578 [“jem. ankläffen, anbellen”]; GdfC 10,38b; FEW 5,30a [“aboyer contre qn”])
  • 2o⁠v.intr. “pousser des cris” (dit de l’homme, avec une connotation négative)(3) (ca. 1307; dep. 1869, GGuiW 16676 [Aus adversaires les dos moustrent (les ribauds). Flamens voient qu’il se decoustrent Et que nul n’a atendu per; Lors prennent si haut a japer, En disant hou ! a grant alaine (= GGuiB II 7695)], TL 4,1578; TLF 10,652b [“parler fort; s’emporter contre quelqu’un ou contre quelque chose”]; FEW 5,30a(4))
japerie f.
(⁠agn. japery av. 1399 ChronAnG 90,-5)
  • “manière de parler qui manque de sa valeur, de sérieux” (av. 1399, ChronAnG 90,-5 [les seignours entrerent en lour parlement… Et… sire Peirs comensa a dire… nous ne oieoms poynt de remedy, ne nulle ne ad entour le roy qe luy voet dire la veritee, ne loialment ne profitablement voet conseilere, mes toutz jours de japery et mokery et procurere lour profit demesne], AND 368a [“frivolty, ribaldry”](5))
(1) :GdfC cite une att. de 1555 du v.intr., employée dans un image: (de l’homme) Ceux qui avoient envie de mordre a bon escient ne jappoient pas tant.
(2) Dans les deux att. afr. le chien s’adresse à une personne.
(3) Cp. glatir “crier, hurler (dit d’un homme, très souvent de païens)”, DEAF G 824,19 glatir1.
(4) Pour la dat. ‘dep. EustDesch’ v. la rem. ci-dessus.
(5) Le FEW 5,30b connaît japperie avec le sens premier de “jappement”, daté 1586-Oud 1660, ensuite dial. mod.