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rédaction: Stephen Dörr
jart2 m.
[ÉtymologieProb. d’un abfrq. *GARD “épine” que l’on peut appuyer par mnéerl. gaert “id.”, VerVer 2,892, aha. gart “aiguillon”, Graff 4,255; Köbler 358a, mha. gart “id.”, Lexer 1,740. Le sens d’“épine” ou “aiguillon” a connu une extension sémantique “poil long et dur qui peut se trouver dans une toison laineuse (et qui la déprécie)” (v. ci-dessous) comme terme technique de l’industrie de la laine: cf. anglolt. carda, garda, LathamDict 1,280c “an impurity in wool” avec att. de 1275 - av. 1565(1). – Du fr.: milan. giàr, Cherubini 2,217a et bret. garz, garzhou, etc. “aiguillon du bouvier”, Hemon2 940. – En suivant le FEW, nous rangeons ci-dessous jars “mâle de l’oie domestique” bien que l’étymologie ne soit pas assurée, cf. FEW 16,18a: métaphore partant de “piquant” ‘parce que le jars pique l’oie’. Rien de comparable dans RlFn 6,151ss. Du fr.: bret. garz “mâle de l’oie domestique”, Hemon2 939.
Rem.: Le FEW 6,16b relève comme dérivé de gart une forme jarderie “tares” qui est tirée de SermMaurR 22,49 (d’où aussi la déf.). Le mot est à ranger sous jargerie “ivraie”, v. sub → jargel; la déf. du FEW est à corriger. – Cf. garok DEAF G 334; gessoneus DEAF G 654.
]
(⁠pic. flandr. gart ca. 1268 LMestL 100(2); doc. fin 13es. EspPirDoc 1,197,25; 3,775,27; doc. 1344 EspVal 273,4; [doc. 1410 Gdf 4,638b; doc. [1333] mil. 15es. EspPirDoc 1,228,17], ⁠pic. agn. gard doc. 1342 Gdf 4,222b; [doc. 1389 / 90 StatRealm 2,64], ⁠agn. gare(3) doc. 1357 StatRealm 1,351; doc. 1358 OED G 55b)
  • “poil long et dur qui peut se trouver dans une toison laineuse et qui la déprécie, jarre”(4) (ca. 1268mil. 15es.; dep. Rich 1680(5), LMestL 100 [Nus toisserans ne puet metre nul gart en oevre, c’est a savoir filé gardeus et laine jardeuse]; doc. fin 13es. EspPirDoc 1,197,25 [Item, que drappier ne drappiere, ne fillier ne fillieres, ne autres personnes queles que elles soient, ne puissent brisier ne faire brisier laine ne vendre laine brisie ne ouvrer, que ce ne soit le grosse avec le delie… sauf ce que pour oster gart(6), crotes, ne cuises ne laine cotache (= laine secondaire Pck 2,45) ne vilainement grosse]; 3,775,27; doc. 1342 Gdf 4,222b; doc. 1344 EspVal 273,4; [doc. 1357 StatRealm 1,351; doc. 1358 OED G 55b; doc. 1389 / 90 StatRealm 2,64; doc. 1410 Gdf 4,638b; doc. [1333] mil. 15es. EspPirDoc 1,228,17], Pck 2,98; TL 4,1592; Gdf 4,222b [“?” au lieu d’une définition]; 4,238a [“sorte de souillure de la laine”](7); 4,638b [“poil long et dur dans la laine”](8); ShortAnniv 331s.(9); TLF 10,661b; FEW 16,16b)
jardos m.
(jardeus ca. 1268 LMestL 100, gardeus LMestL 100)
  • “(dit de laine) qui est entremêlé de poils longs et durs, jarreux” (ca. 1268, LMestL 100 [Nus toisserans ne puet metre nul gart en oevre, c’est a savoir filé gardeus et laine jardeuse], TL 4,1538; Gdf 4,635b; FEW 16,16b, cf. frm. jarreux, dep. 1782 FEW)
jardriz m.
[ÉtymologieForme de *jard- + -iz, suffixe à sens collectif, cf. Nyrop III § 270,2o. Le mot ne figure que comme glose de lt. cirris hyrsutis dans un texte de grammaire(10). – Cf. → jardre.]
(jardrice ca. 1240 HuntTeach 1,160)
  • “ensemble de cheveux hérissés, tête hirsute” (ca. 1240, HuntTeach 1,160 [cirris hyrsutis : le jardrice, top of hare])
jarson m.
[ÉtymologieGraphie qui ne figure qu’une seule fois dans JDupinMelL 4091var. (texte de base: jason(11), autre var. jesson et jenson). Le glossaire définit “couteau” en se référant à jarse, v. → jarser. Nous ne suivons pas ce rattachement. La variation graphique dans les mss. correspond à celle documentée par le FEW 16,16b dans des dialectes du Centre et de l’Est. Quant au sens, le FEW atteste le sens de “langue de serpent” qui convient parfaitement dans notre contexte(12).]
(jarson JDupinMelL 4091 var. ms. 15es., jason 1340 JDupinMelL ib. ms. de base, jenson JDupinMelL ib. var. ms. fin 14es., jesson JDupinMelL ib. var. ms. 1450 / 15es.)
  • ⁠dans une image “langue de serpent” (1340, JDupinMelL [Le mesdisant tient l’arc tendu Et son jason (var. jarson, jenson, jesson, v. ci-dessus) si esmolu Qu’i tout envenime entour soy. Nulx ne doit parler sus autruy, Quart y n’est hons ne roy ne duc Qui n’ait des vices contre soy], FEW 16,16b [att. dial.])
jars m.
(jars (aussi -z) 4eq. 12es. RenM II 29; NoomenFabl 6 no 68,78; BibbO 259; HuntMed 225,3; AlNeckUtensH2 83 no 71 ms. 13es. / 14es.; JGarl HuntTeach 132 no 35 ms. 13es. / 14es.; LettrHippohT 121 ms. 1em. 14es.; NyströmMén III 182, ⁠pic. agn. gars RenM II 605; RenR 4071; LettrHippocH 130; GlGlasgH 418a; JGarl HuntTeach 132 no 35 ms. 13es.; GlDouceB 431 [= BaustMuss 540]; HosebAnO 17; HuntMed 290,213; AlNeckUtensH2 69 no 66 ms. 13es. / 14es.; 75 no 159 ms. 13es. - 14es.; GlGuillI 481; LettrHippomS 80ro9; 80ro11 [2 att.]; LettrHippoaT 121, ⁠agn. chars AlNeckUtensH2 72 no 71 ms. fin 13es.; 75 no 159 même ms., jarce AlNeckUtensH2 90 no 61; 92 no 66; 93 no 71; NominaleS 777; 842, garce HosebCompL § 28; [LettrOxfL 341,11], garcis AlNeckUtensH2 99 no 66 ms. 1em. 13es.; JGarl HuntTeach 132 no 35 ms. 13es.)
  • “mâle de l’oie domestique” (dep. 4eq. 12es., RenM II 29 [(Renard arrive dans une vile) La vile seoit en un bos. Molt i ot gelines et cos, Anes et malarz, jars et oes]; II 605; AlNeckUtensH2 99 no 66; LettrHippocH 130; NoomenFabl 6 no 68,78; GlGlasgH 418a; BibbO 259; HosebAnO 17; GlDouceB 431; AlNeckUtensH2 72 no 71; 75 no 159; 90 no 61; 92 no 66; 93 no 71 [ces trois att. dans un ms. 13es.]; GlGuillI 481; AlNeckUtensH2 69 no 66; 83 no 71; LettrHippoaT 121; HuntMed 290,213 [Un autre oignement (contre freide gute): Pernez le garz de l’owe, si c’est un home, e si c’est une femme, pernez un owe, si le faites plumer e hoster lé entrailes e bien laver…]; etc.etc.[LettrOxfL 341,11], TL 4,1590; GdfC 10,39c; AND 331a; FEW 16,17b)
(1) HaustEt 72-74 part directement de aha. gart “pointe, piquant, aiguillon” mais n’explique pas comment ce mot aha. est passé en afr.; Wartburg, FEW 16,18a modifie la thèse de Haust en partant d’un abfrq. *gard; [Gam2 554: ‘< gall. *garvos’, manque d’appuis.
(2) C’est sous la forme pic. flandr. que le mot se trouve à Paris comme terme technique.
(3) On ne sait pas si cette forme témoigne de la chute du t final et de e final agn. instable.
(4) Cf. Pck 1,38: «chaque toison était d’abord déroulée, et le briseur en retirait les parties tout à fait inférieures dites en flamand ‘grove’, comme le jard (‘gart’)…».
(5) Corriger TLF 10,661: «Les représentants fr. de *gard subsistent dans les pat. du Centre et de l’Est, où ils désignent des objets pointus ou d’aspect hérissé, tels le dard d’une guêpe, les écailles de poisson, le duvet, où le poil dur qui se trouve dans une toison», qui ignore les att. norm. et wall. citées par le FEW 16,17a (données sous 1c et 1d). – GuiraudObsc 361 ‘dérivé de carpere “déchirer”’ est réfuté par H. Meier, RF 96,67.
(6) Ed. gait, à corriger.
(7) Avec une att. de 1410 qui se retrouve identiquement dans Gdf 4,638b.
(8) Avec la remarque: «Les habitants de l’Aisne désignent encore par le mot jars les poils droits qui apparaissent dans la laine et la déprécient».
(9) ShortAnniv 332 propose de lire les deux contextes agn. cote gare (gard) “cote sale” ce qui est exclu par cot et gart, EspPirDoc 3,775,27.
(10) Il s’agit de ‘De desciplina scolarium’, éd. O. Weijers, Leiden-Köln, 1976, p. 132: «Calamistratos cirris hyrsutis perurat…».
(11) Le ms. de base a comme caractéristique l’effacement de r devant une autre consonne, v. JDupinMelL p. 21 (p.ex. pailes pour pairles, templiez pour templierz); vérifier dans les autres mss.