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rédaction: Thomas Städtler
jovir v.tr.
[ÉtymologieD’origine douteuse. Von Wartburg FEW 4,75b et 76a range jovir, jorvir et jurvir sans commentaire sous gaudēre (v. ici → joïr). Gamillscheg MélCoelho 1,199 part du fait que toutes les att. se trouvent dans le nord du domaine d’oïl, ce qui parle selon lui en faveur d’une origine francique. Il propose un afrq. *GI-OVERJAN, appuyé par aha. keoberōn “überwinden” chez Notker (Schützeichel3 142b; cp. Köbler 428b) et mha. geoberen, goberen “die Oberhand gewinnen” (Lexer 1,867) qui aurait pris la forme romane *giovrire; celle-ci se serait établie après métathèse comme *giorvire, d’où afr. jorvir. Bien que cette explication paraisse un peu recherchée, le développement esquissé n’est pas impossible. Un rattachement à GAUDĒRE n’expliquerait pas le -r- dans quelques-unes des formes. Cependeant, les formes sans -r- sont difficiles à séparer de cette famille. Le choix de les ranger ici peut paraître un peu arbitraire, mais il se défend du point de vue sémantique. – À discuter encore la valeur phonétique de la graphie u dans l’att. de FroissParD, cf. GossenGramm p. 85.]
(⁠pic. jorvir AuberiTarbé p. 9 (bis), jurvir FroissParD 955, jovir ca. 1180 MonGuill2C 2544; RègleSBenMartDG p. 639; Bueve2S 617, ⁠pic. flandr. jouvir RègleCistG p. 589; MonGuill2C 2544var.)
  • “venir à bout de” (ca. 11803et. 14es., MonGuill2C 2544 [Tel arbre fait (Guillaume) par lui seul jus caïr, Quinse vilain nel peüssent jovir, var. mss. 13es. jouvir(1); = éd. A 2606var.]; RègleSBenMartDG p. 639 [Se on comande a aucune sereur aucunes choses trop greveuses et ke ele ne puist jovir, totes voies reçoive le comandement de sen maiestire en tote debonaireté et en obedience]; RègleCistG p. 589 [et pueent jouvir de leur seule main et de leur braç les assaus de l’anemi]; Bueve2S 617 [(c’est le jeune Bueve qui parle) Se je vif tant k’armes puisse jovir (éd. jouir), Tous l’ors del monde nel poroit garandir Que a m’espee ne le face morir]; [FroissParD 955 [Trop leur seroit dure leur vie, Ne ils ne poroient jurvir Les painnes qu’il ont a souffrir]], TL 4,1799; Gdf 4,657b; FEW 4,75b)
  • ⁠emploi absolu “id.” (2et. 13es., AuberiTarbé p. 9 [Dame, ne vous enquier mentir, Q’iroi encontre ma terre garantir, A tant de gent com ge porroi jorvir (l. fornir ?). Et vous, faciez gent aprés moi venir, Henri mon frere a tant com puet jorvir (l. fornir ?), Hoedes de Lengres, qui ne me doit faillir], Gdf 4,657b)
(1) Avec remarque au gloss.: «Le ms. A n’écrivant jamais ou pour o atone suivi d’une voyelle, et les autres mss. donnant jouuir, on ne saurait lire jouir.» – Wartburg FEW 4,80a n6 discute si -l dans nel se réfère à l’arbre ou à Guillaume et à ses actions; sans importance pour le sens.