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rédaction: Thomas Städtler
kirieleison m.
[ÉtymologieEmprunté au lt.chrét. KYRIE ELEISON “chant du kyrie eleison” (Blaise 482b; Souter 224b; NiermeyerBu 752b), lui-même du grec ϰύριε ελέησον “id.”, littéralment “Seigneur, prends pitié”, invocation de la grâce de Dieu au commencement de la liturgie chrétienne, composé du vocatif de gr. ϰύριος “seigneur” (LidScott 1013b) et de l’impératif de l’aoriste de gr. ελεɛ̃ιν “avoir pitié” (ib. 531a). À noter que cette invocation de Dieu est déjà attestée dans la septante, p.ex. Ps 40,5; 11; etc.
Rem.: Le kirieleison fait, à l’origine, partie de la liturgie chrétienne, mais il est chanté, au fur et à mesure, à différentes occasions en dehors de l’emploi ecclésiastique, soit en assistant à un miracle (cf. les att. de ThéophB et de MirAgn2ThéophK ci-dessous), soit lors des préparatifs d’une bataille (cf. les att. de RouH III 7372 et des épopées), ou soit encore comme faisant partie de la litanie d’une procession quelconque. Pour une description concise de l’histoire de ce chant, cf. le chapitre “Kyrie eleison” dans Sahlin, Étude sur la carole…, Uppsala 1940, 95-131. Pour toute une série d’emplois figurés en mfr., cf. en plus DiStefLoc 465c; RheinfKult 184ss.
]
(kirieleison [4 syllabes]⁠ ThéophB 488,8var., kirielaison ThéophB 488,7var., kirieleyson ThéophB 488,7, kyrieleison [4 syllabes]⁠ MirAng2ThéophK 496, kyrieleÿson ca. 1170 RouH II 876 [éd. kyrie eleyson], kyryeleyson [4 syllabes]⁠ ThéophB 488,8)
  • “chant qui sert à invoquer la grâce de Dieu faisant partie des litanies” [cf. la remarque ci-dessus]⁠ (dep. ca. 1170, RouH II 876 [Li evesques meïsmes porta por gonfanon Les plus chieres reliques par la procession; Chantant vont letanies, kyrieleÿson (éd. kyrie eleyson) Chantent li maistre cler et chantent li clerjon]; MirAng2ThéophK 496; ThéophB 488,7 / 8 [A grant effusion de larmes Comenceront omes et fames A crier kirieleyson (var. ms. déb. 14es. kirielaison) Kyryeleyson, cristeleyson], TL 5,10; GdfC 10,57c; AND 375a; DC 4,490c; TLF 10,873b; FEW 22,1615b)
kiriele f.
(kiriele 3eq. 12es. ChronSMichelB 991; RouH III 7372; CoincyII32k 246, kyriele RenM XV 501 [= RenR 5275]; ChétifsM 367; JerusT 950; 953; RecLondB 499; CoincyII21K 80; CoincyII32k 221; CoincyII33K 57; HuonabcL 388; SThibOctH 153 [ms. kyriale], kyrielle MirNDPersP 7,578; [40,2243], kyryele RenContrR 7441, quariele RenM XV 501 var. ms. 14es.)
  • “chant qui sert à invoquer la grâce de Dieu faisant partie des litanies” [cf. la remarque ci-dessus]⁠ (3eq. 12es. – DCom 1786, ChronSMichelB 991 [Lor bones voiz iluec mostroent: La kiriele fut chantee Molt docement et orguenee, La gloire aprof et le respons]; RouH III 7372 [Salmes dient et misereles, Letanies e kirieles, Deu requerent e merci crient, Paternostres e messes dient]; RenM XV 501; ChétifsM 367 [Li Aleman aloient kyrieles cantant]; JerusT 950; 953; RecLondB 499 [Ço est la lei as Loorengs. Cum li Looreng vendrunt a la niwe were, si entamerunt le quel veissel que il vodrunt. E leverent lur enseigne, e s’il volent si chanterunt lur kyriele tresque al punt de Lundres sulunc la vielz lei]; CoincyII21K 80; 315; CoincyII32k 221; 246; CoincyII33K 57; HuonabcL 388; SThibOctH 153; RenContrR 7441 [Ou nom de ses neuf (ordres d’anges) proprement Sont neuf kyryelez nommees, En toutes les messes chantees Que on chante par les eglises, Et pour ce y furent elles mises]; MirNDPersP 7,578; [40,2243], TL 5,10; DC 4,491a [kyrieles]; Gdf 4,684a(1); Lac 7,129b; TLF 10,873b; FEW 22,1615b)
kirielet m.
(chirielet 3et. 12es. GirRossDécH 5938 [c.r. pl. -lés])
  • “chant qui sert à invoquer la grâce de Dieu faisant partie des litanies” [cf. la remarque ci-dessus]⁠ (3et. 12es., GirRossDécH 5938 [Alemant vunt cantant lor chirielés ⟨: Agenés, treinte ses (= 36)⟩])
kiriet m.
(quiriet 13es. GirRossDécH 5938var. [c.r. pl. -lés])
  • “chant qui sert à invoquer la grâce de Dieu faisant partie des litanies” [cf. la remarque ci-dessus]⁠ (13es., GirRossDécH 5938 [Alemant vunt cantant lor chirielés, var. ms. 13es. A. v. cridant lor quiriés ⟨: Agenés, treinte ses (= 36)⟩])
kirieson m.
  • “chant qui sert à invoquer la grâce de Dieu faisant partie des litanies” [cf. la remarque ci-dessus]⁠ (fin 12es., JerusT 5309 [Molt par fu grans la joie que fisent nos baron. Entre lor bras ont pris le bon duc de Bullon, Li vesque et li abé de grant religion El templel’emporterent a grant procession… Quant (l’évêque) ot canté la messe et dite l’orison, Le duc en ont porté a grant kirieson Enfresci c’al sepucre, mis l’ont sor le perron])
kiriole f.
(kyriole 2em. 13es. FatrArrP 18,10)
  • “chant qui sert à invoquer la grâce de Dieu faisant partie des litanies” [cf. la remarque ci-dessus]⁠ (2em. 13es., FatrArrP 18,10 [J’ai bien ce que je desir, Or commencent les quaroles Si avoient bon loisir (lacune au début du vers) laus kyrioles Qui venoient de pestrir])
(1) Donne l’information suivante: «“pièce de poésie formée de vers octosyllabes à rimes plates, divisée en petits couplets égaux et terminés par le même mot qui servait de refrain”. Boissière, dans sa Poétique, p. 258, explique en quoi consistait la forme de ces pièces de poésie: Kyrielle, ou palynodie, est quand le vers final du premier couplet se répète, à la fin des autres couplets comme en la ballade: et est bien séant aux chans lyriques et odes, dont se dit palynodie». Ce sens est bien possible pour l’att. de la Bibliothèque d’Antoine du Verdier (éd. 1580), citée par Gdf, mais il est exclu pour l’att. de CoincyII32K 246, puisque dans la littérature afr. cette forme de poésie est encore inconnue. – Pour l’att. de Ren, Gdf définit “Kyrie eleison”.