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guai interj.
[ÉtymologieLe FEW 17,457b groupe sous l’étymon got. WAI “wehe” toutes sortes d’exclamations se ressemblant par la forme (suit Diez 176 et REW 9480). Ce groupement résulte du fait que nombre d’exclamations ou d’interjections primaires des langues du monde exprimant une douleur physique ou psychique, une plainte, une crainte, etc., sont formées sur des bases phonétiquement voisines. Un rattachement au gotique de toutes les formes citées dans le FEW est pourtant exclu. L’examen philologique serré montre qu’il faut distinguer plusieurs exclamations assez diverses quant à leur sémantique, leur phonétique, leur intonation et leur chronologie. On ne peut pas traiter sans distinction ouais! (étonnement, dep. 16es.), ouais (var. frm. de oui), ou ouïe (annonce une douleur corporelle vive, une sensation aiguë de plaisir, frm.); cf. Carstensen 44; 60. Nous ne séparons strictement l’interjection guai traitée ici.
Pour rendre apparente la distribution géographique et chronologique ainsi que le genre de textes acuueillant ce mot, et la syntaxe impliquée, nous fournissons exceptionnellement la plupart des références, des variantes, équivalents de traductions et des contextes immédiats. Guai appartient nettement au domaine religieux: la presque totalité des attestations sont tirées de la Bible, de sermons et de textes semblables. Il est attesté couramment à date ancienne, mais cède la place peu à peu à las et helas (cf. les var. données, ci-dessous); déjà rare au 13es. (il manque p.ex. dans SermMaurR), il se perd au 14es. L’absence du mot dans l’Île de France, dans l’Ouest et dans le Sud (sauf Passion?) reflète p.-ê. surtout un manque d’attestations (ou de textes). Afr. guai traduit régulièrement le lt. vae (aussi heu et l’hébr. hwoi) et il a le même comportement syntaxique que le mot lt.: comme interj. il s’emploie normalement avec un objet direct ou indirect (une fois avec de: VenjNSaG 1063, cp. l’esp. et le roum.), mais aussi de façon absolue (AdgarK XXVI 419; DialGregF 37,1; 122,24; SBernAn1F 75,20; RobGrethEvP 220,201; GlBâleB 3470; GlBNhébr302L 103,26; ApocGiffR 3419); il a été substantivé en tant qu’interjection (v. sous 1o), et est devenu substantif (2o). Ces données font croire que guai était devenu en fr. un mot livresque issu surtout de la Bible. Il se trouve dans une lignée de mots rencontrés dans toute la Romania (y inclus le roumain, mais prob. pas le sarde), où leur situation syntaxique et littéraire n’est pas très différente:
Occ. vay, v. la remarque ci-dessous; it. guai, interj., avec obj. indir., absolu et subst., dep. ca. 1224, Battaglia 7,93b [avec l’étym. du FEW]; CortZol 526a [indécis]; REW 9126 vai et 9480 wai; [sarde guay, de l’it. selon WagnerDiz 600a, ib. aussi argway, ‘vulgaire’]; roum. vai, interj., avec obj. dir. ou indir. (vai de; vieilli), absolu, subst., dep. 1504 TiktinMir 813b [‘du lt. vae’]; cat. guai, interj., avec obj. dir. et indir. (de, a), subst., dep. fin 13es., AlcM 6,431a [‘du got.’, d’après REW 9480, mentionne ar. wai]; esp. guay, avec obj. indir., ca. 1250 Bocados de Oro fo 39ro [Guay del que sabe… Guay del que vee]; prob. 1251 Calila e Digna B, p. 146,2453 [Guay de ty e de tu consejo]; Biblia rom. 203ro; Sancho IV Cast. I 76ro; 113vo; II 51ro; etc.; vay, ca. 1260 N. T. Esp. Lc 10,13 [Vay de ti]; ca. 1275 Alf. el Sab. Gen. Estoria 2,1,171b [¡Mesquino yo! ¡Vay de mi!; ib. id.]; ca. 1280 Biblia rom.24vo [Vay de ti, Moab, lt. Vae tibi M.], fichier DEM; Corom2 3,254a [guay; ignore aesp. vay; ‘orig. got.’ sur la foi de Diez, REW et Castro, omet FEW, contre une orig. ar. avancée par Asín, Steiger, Neuvonen]; port. guai, interj., avec obj. dir. et indir. (de), dep. 15es. (var. gai), Mach3 3,183b [‘du got.; castillanisme?’]; mlt. vae (ψεύ: heu, vae, ha) fin 9es. (France) CGIL 2,470,38, ahae mihi ib. 482,5; cf. BlaiseMAge 943b (interj. et subst.) et Blaise 835a; Souter 435a, ve ‘interjectio dolentis’ 1em. 8es. (Espagne) ms. ca. 800, CGIL 5,252,13, anglolt. ve subst. “cry of woe, prophetic denunciation” (av. 1205 - av. 1408), “woe, grief” (ca. 730; 1166 - ca. 1365), Latham; cp. DC 8,232a.
Le FEW 14,119a donne sous lt. VAE “wehe” un autre article constitué par une seule att. afr. (ve, Modus) et une aocc. (ve, 1420, Pans [Elzéar, sans att.]), sans mise à contribution de Gdf, de Lac ou de REW 9126 (et sans renvoi à l’article wai, où il n’y a pas de renvoi à vae). TL donne les mêmes att. que Gdf et FEW. La graphie est toujours la même: on a l’impression qu’il n’y a pas de rencontre directe avec guai et var., bien que ve pourrait représenter vai (réduction de la diphtongue possible dès le 12es.) qui, lui, peut être à la rigueur une var. de guai. La distribution géographique de ve paraît plus large, le nombre d’attestations est restreint. L’emploi et la structure syntaxique sont identiques à ceux de guai: interj., emploi absolu (ModusT et DeschQ 1,316), interj. substantivée, substantif. Ve s’emploie dans la même sphère textuelle, mais semble plus littéraire; le mot est plus jeune, surtout dans sa fonction comme interjection. Le lt. vae, de même sens (v. 1o), se construit de la même façon: le plus souvent avec le datif, parfois avec l’accusatif, il s’emploie de façon absolue et les textes bibliques connaissent la forme substantivée (Georges; EM 711a). Cette identité sémantique et structurelle et la distribution des types guai et vai (et ve) dans la Romania (incluant maintenant l’aesp. vay) exigent un essai d’explication partant d’une unité historique. Lt. vae, comme interjection, ne s’est pas toujours développé régulièrement ([wae] devient normalement [vę]), mais a pu se maintenir assez longtemps pour apparaître soit comme vai (roum., esp., ou latinisme?), soit pour joindre des développements ultérieurs ([wai] > [gwai]). Pour l’afr. cf. Rheinfelderf §357; 367; 427-429. Il ne faut pas oublier que le développement de w- à gw- n’est pas un fait du germ., mais bien du roman: à une certaine époque, quand le w- latin (fricatif bilabial, arrondi, vélaire) était devenu en règle gén. un son labio-dental, tout w- bilabial (subsistant: notre *wai, ou nouveau: emprunts germ.) devient gw- dans certaines régions. Un développement phonétique comparable s’observe en esp.: hueco “trou”, var. doc. nav. 1400 guecho, F. Gonzalez Ollé, Textos ling. nav. 5,2; peñola hueca “plume creuse”, var. ms. arag. 15e / 16es. guega, J. G. Cummins, Pero Lopez de Ayala, L. de la caça, 30,15; obrar, dér. doc. Oña fin 15es. guebra, Bol. Fil. 11 (1960) 21 [fichier DEM]; esp. mod. huevo “œuf” var. güevo. Même phénomène en gallois (anc.), v. Pok. La déphonématisation partielle des sons initiaux impliqués (v. DEAF G 247,15) est à considérer sous cet angle. [Nous approfondirons ces réflexions ailleurs en étendant le champ d’investigations à tous les autres mots en question.] – D’autre part, il est indéniable que lt. vae suit aussi le développement normal pour aboutir en mlt. à ve, forme qui a pu être empruntée par les langues vulgaires, d’où prob. ve ci-dessous. Ce n’est sans doute pas un hasard si l’interj. normale en afr. est guai / wai, l’emprunt au lt. apparaissant en mfr. (ve 1o) à une époque où la forme héritée est en declin, et si l’emprunt comme substantif est plus ancien (ve 2o). Nous avons traité les deux types dans un même article pour faire voir les problèmes et pour rectifier les bases matérielles de la discussion. – Cf. → gaimenter, G 50, croisement avec lt. lamentare ou dér. dénom. en -mentum (> gaiment) + -are à l’image de lamentare?
Rem.: Got. wai appelle un commentaire. Il est enregistré par tous les dict. sans considération de sa valeur en gotique. S’il reste probable que wai y a existé comme interj., il faut souligner que toutes les att. connues rendent l’interj. gr. biblique xxx: Mt 11,21 Wai pus Kaurazein = xxx = Vae tibi Corazain; Lc 6,24; 25; 26; 10,13; Mc 13,17. Les autres att. du mot (toujours dans des composés) n’ont ni ce sens, ni ce caractère, p.ex. waidedja “Übel-täter / mal-faiteur” (toujours = latro), v. Lehmann et la concord. Tollenaere. – Le FEW note vai pour l’occ. Sa source est Rn qui donne un ex. fr. et un ex. occ.: Vai Jherusalem, vai Jherusalem. Cet ex. vient de la Prise de Jérus., ms. Béziers av. 1373, p. dans RLaR 32 et 33. Le texte porte une fois vay Jh. (.j. home que tot jorn cridava: Vay Jh.!), la seconde fois, il s’y trouve comme légende d’une miniature (RLaR 32,607; une 3e att. à la p. 608; même erreur dans Espe 44). La pièce est une version occ. de VenjNSaG (v. 1063, cité ci-dessus). Il est probable que vay est une reprise de lt. vae de la source directe (plutôt que de l’afr. guai), cette seule att. ne prouve pas la vitalité du mot en occ., surtout que la date est postérieure à la période de vitalité du mot afr. (on peut toutefois spéculer sur une ‘vie’ latente de vae / vai en occ.; cp. ve, 1420 Elzéar, Pans, sans att.). Dans le texte afr. suit wai subst., qui correspond dans le texte occ. à gran dolor. – Le FEW donne guai (Passion - 12es.) comme la forme la plus ancienne. Cette indication est erronée; elle semble s’appuyer sur Espe 44 qui pourtant donne la forme gai correctement. – Gdf 4,372c donne un wae pour SThomGuern ms.: S’il hua, Hue! Wae! taunt k’il en fu pres las. Il faut lire Hue Wac, c’est le nom d’un personnage historique, Hugh Wake, ca. 1166, v. SThomGuernW1 1925 note et J. H. Round, Feud. Engl. 164. – Le surnom Ve dans Robert Dant Ve, 1334 NecrArrB p. 173, n’est probablement pas à identifier avec le ve traité ici. – Pic. wamist “il aboya”, RenNouvR 3527 (var. vomist, glatist), FEW 222,8a, n’a rien à voir avec guai; c’est p.-ê. un dér. d’une onomatopée du type (h)wa, pas encore documentée (cp. liég. ahouwer “invectiver”, FEW 4,502a, et mfr. hou, houois, etc., ib. 503a [pour mfr. goissement “jappement”, FEW 222,8a, v. BaldEt: l. gri-]). – Dans francoit. 3eq. 14es. AttilaS VI 9 [l’autres escrie et bray… traent grant guay]; XIV 394 [trer guai], il s’agit d’un italianisme, cf. trarre guai dès Dante, TomBel 7,1555c. – La forme ve dans la formule sor son (seur sen) ve (v. ve 2o) demande une explication. On est tenté de l’identifier avec vié “interdiction” (TL 11,419; FEW 14,358a vĕtare), mais la 1èreatt. se trouve dans un ms. fortement picardisé, la seconde dans OvMorB, texte du Centre, et les deux régions ne connaissent pas la réduction de ie à e. Un scribe agn. de SMarieEgt donne son vied, ce que l’on peut interpréter comme hypercorrection, l’agn. réduisant normalement ié en e; un scribe pic. donne sa vie, les autres modifient le texte. Malgré certaines réserves, nous pensons que ces att. peuvent être ici à la bonne place (cf. les att. sous guai 2o: pour sor v. TL 9,862; trad. ‘sous peine des lamentations à venir’, opposée à l’interprétation de l’éd.: ‘en dépit de sa prohibition’).]
Rem.: Got. wai appelle un commentaire. Il est enregistré par tous les dict. sans considération de sa valeur en gotique. S’il reste probable que wai y a existé comme interj., il faut souligner que toutes les att. connues rendent l’interj. gr. biblique xxx: Mt 11,21 Wai pus Kaurazein = xxx = Vae tibi Corazain; Lc 6,24; 25; 26; 10,13; Mc 13,17. Les autres att. du mot (toujours dans des composés) n’ont ni ce sens, ni ce caractère, p.ex. waidedja “Übel-täter / mal-faiteur” (toujours = latro), v. Lehmann et la concord. Tollenaere. – Le FEW note vai pour l’occ. Sa source est Rn qui donne un ex. fr. et un ex. occ.: Vai Jherusalem, vai Jherusalem. Cet ex. vient de la Prise de Jérus., ms. Béziers av. 1373, p. dans RLaR 32 et 33. Le texte porte une fois vay Jh. (.j. home que tot jorn cridava: Vay Jh.!), la seconde fois, il s’y trouve comme légende d’une miniature (RLaR 32,607; une 3e att. à la p. 608; même erreur dans Espe 44). La pièce est une version occ. de VenjNSaG (v. 1063, cité ci-dessus). Il est probable que vay est une reprise de lt. vae de la source directe (plutôt que de l’afr. guai), cette seule att. ne prouve pas la vitalité du mot en occ., surtout que la date est postérieure à la période de vitalité du mot afr. (on peut toutefois spéculer sur une ‘vie’ latente de vae / vai en occ.; cp. ve, 1420 Elzéar, Pans, sans att.). Dans le texte afr. suit wai subst., qui correspond dans le texte occ. à gran dolor. – Le FEW donne guai (Passion - 12es.) comme la forme la plus ancienne. Cette indication est erronée; elle semble s’appuyer sur Espe 44 qui pourtant donne la forme gai correctement. – Gdf 4,372c donne un wae pour SThomGuern ms.: S’il hua, Hue! Wae! taunt k’il en fu pres las. Il faut lire Hue Wac, c’est le nom d’un personnage historique, Hugh Wake, ca. 1166, v. SThomGuernW1 1925 note et J. H. Round, Feud. Engl. 164. – Le surnom Ve dans Robert Dant Ve, 1334 NecrArrB p. 173, n’est probablement pas à identifier avec le ve traité ici. – Pic. wamist “il aboya”, RenNouvR 3527 (var. vomist, glatist), FEW 222,8a, n’a rien à voir avec guai; c’est p.-ê. un dér. d’une onomatopée du type (h)wa, pas encore documentée (cp. liég. ahouwer “invectiver”, FEW 4,502a, et mfr. hou, houois, etc., ib. 503a [pour mfr. goissement “jappement”, FEW 222,8a, v. BaldEt: l. gri-]). – Dans francoit. 3eq. 14es. AttilaS VI 9 [l’autres escrie et bray… traent grant guay]; XIV 394 [trer guai], il s’agit d’un italianisme, cf. trarre guai dès Dante, TomBel 7,1555c. – La forme ve dans la formule sor son (seur sen) ve (v. ve 2o) demande une explication. On est tenté de l’identifier avec vié “interdiction” (TL 11,419; FEW 14,358a vĕtare), mais la 1èreatt. se trouve dans un ms. fortement picardisé, la seconde dans OvMorB, texte du Centre, et les deux régions ne connaissent pas la réduction de ie à e. Un scribe agn. de SMarieEgt donne son vied, ce que l’on peut interpréter comme hypercorrection, l’agn. réduisant normalement ié en e; un scribe pic. donne sa vie, les autres modifient le texte. Malgré certaines réserves, nous pensons que ces att. peuvent être ici à la bonne place (cf. les att. sous guai 2o: pour sor v. TL 9,862; trad. ‘sous peine des lamentations à venir’, opposée à l’interprétation de l’éd.: ‘en dépit de sa prohibition’).]
(agn. wall. lorr. guai PsOxfM 119,5; CommPsia1G VII 409; AdgarK XXVI 381; XXVI 393; XXVI 419; XXVI 429; RègleHospCamS 488; DialGregF 37,1; 122,24; 141,12; JobGregF 306,5; 346,42, agn. gwai AdamS 419; ApocGiffR 1584; 1664; 1665; 2218; 3351; 3419; 3443; 3456, agn. quai PsOxfM 119,5 var. ms. 1em. 13es., agn. pic. lorr. Est wai SThomGuernW1 3142; 3455; GregEzH 15,19; 70,2; 89,25; 90,6; etc.; 90,9; SBernAn1F 31,28; 75,17; 75,20; 75,30; VenjNSaG 1063; 1064; 1069; 1077; 1468; RenclCarH 225,4; 226,1; RenclMisH 88,6; 89,7; 89,11var.; 89,12; 90,12; RobGrethEvP 219,182; 220,201, lorr. wa [wa ai l. wai a?] DialAmeB 27,17, waz [subst., c.s.] RenclMisH 89,12 var. ms. Est fin 13es.; VenjNSfB 840; 845 Nord-Est, pic. Nord-Est vay [RenclCarH 226,1 var. ms. pic. 1402; ]VenjNSfB 1077, Est / Sud-Est / [Poitou?] / s.l. (judéofr.: surtout Est) gai PassionA 54; fin 12es. MaccabPr1G I 2,7; GlBâleB 3470; 4150; 4817; GlBNhébr302L 93,79 [gaïy]; 103,26; LevyTrés 121a)
- ◆1ointerjection exprimant une painte liée à des circonstances malheureuses ou à un mauvais présage (surtout dans la tradition de l’Ancien Testament: menace du pécheur) (ca. 1000 – 14es., PassionA 54 [Hjerussalem, gai te… per tos pechet]; PsOxfM 119,5 [Guai a mei, kar… var. Quai; PsMétrM Las moi; lt. Heu mihi]; CommPsia1G VII 409 [Guai les chaitis]; SThomGuernW1 3142 [wai vus qui estorez Les leis; = Is 10,1 Vae qui condunt leges]; 3455 [wai (impr. uuai) celui, = Mt 18,7 vae mundo]; AdgarK XXVI 381 [guai mi]; XXVI 393 [guai mi, las]; XXVI 419 [emploi absolu, guai!; cp. ib. 379 Heu, las; 387 las; etc.]; RègleHospCamS 488 [Guai vus, cheitifs, éd. G., v. ch. à corr.]; DialGregF 37,1 [absolu, Guai, guai; lt. Heu, heu]; 122,24 [absolu, Guai, guai, un vuid vaissel, mais saeleit; lt. Vae, vae, vas vacuum et signatum]; 141,12 [guai a moi; lt. vae mihi]; GregEzH 15,19 [wai a la mer et a la terre, kar; Apc 12,12 vae terrae et mari]; 70,2 [wai a mi, ke]; 90,9 [Wai a mi]; JobGregF 306,5 [guai a ceaz ki]; 346,42 [guai al pecheor]; SBernAn1F 31,28 [wai a ti ki]; 75,17 [wai a vos, riche gent]; 75,20 [absolu, a cuy il dist ‘Wai!’]; MaccabPr1G I 2,7 [gai a mei]; DialAmeB 27,17 [wa ai (l. wai a?) icel jor; lt. ve, transcrit parallèlement dans le même ms.]; VenjNSaG 1063 [Wai de Jherusalem! aloit to jorn crian, Et wai de lui meïsmes, que ferons nos dolant?; = VenjNSfB 840 Vai, vai J.]; RenclCarH 225,4 [Wai soul, var. Las s.; Wai lui ki; Wai qui]; 226,1 [Wai toi ki, var. Vay qui; Las en toy; Las toi]; RenclMisH 88,6 [Wai cheli, var. Ve celle]; 89,7 [Wai a rike gent, var. Las; Uray; etc.]; GlBâleB 3470 [absolu, gai; hébr. hwoi; Ier 22,18 vae frater; BibleRab en s’écriant: Hélas, mon frère]; 4150 [Ier 48,1 vae super Nabo]; 4817 [Ez 6,11 dic eheu ad omnes abominationes]; GlBNhébr302L 93,79 [Ez 6,11]; 103,26 [absolu: Is 1,24 heu, consolabor super hostibus meis]; RobGrethEvP 219,182 [Wai as pasturs de Israel; Ez 34,2 Vae pastoribus Israel]; 220,201 [absolu, wai]; GlBNhébr301 LevyTrés [Os 13,15, BibleRab ‘sens douteux’]; GlParmePald LevyTrés [Ps 119,5 heu mihi]; ApocGiffR 1584 [Gwai, gwai as habitaunz en terre; cp. sub 2o]; 2218 [E gwai a la tere e a la mer; Apc 12,12]; 3351 [Gway, gway icele grant cité Babiloine]; 3419 [absolu, dient gway! gway! e plaignent… Babiloine]; 3443 [comme 3351]; 3456 [id.]; LevyTrés ‘a’ [Ez 6,11], TL 4,720; Gdf 4,372c; Stone 344b; LevyTrés 121a; FEW 17,457b)
- ◆substantivé (1erq. 13es., RenclMisH 89,12 [Jhesus dit ‘Wai a rike gent, Car il ont lor confortement’. O, rikes hom, chest mot recuel, Ne le lai pas aler au vent. Ichest mot (var. wai, ve) recorde sovent, Car chil ‘Wai!’ (var. wais, waz, las, helas, uray, urais) t’atent a ton suel], TL 4,721,36 [avec s.m.])
- ◆2o“lamentation exprimant le regret douloureux ou le désespoir devant un mauvais présage” (2em. 12es. – fin 13es., AdamS 419 [Tunc Adam manu extendet contra Figuram, post ea contra Eva, dicens: (Adam s’adresse à Dieu) La femme que tu me donas, Ele fist prime icest trespas; Donat le moi e jo mangai. Or m’est avis (ici il semble faire un geste vers Eve) que tornez est a gwai]; GregEzH 89,25 [avoit escrit el livre lamentacions et chant et wai (lt. vae)… (90,6) wai (= le mot ‘wai’) suet om entandre plus sovent en la sainte escriture por lo permenant plour…; est escrit: wai a niant pi en mal; … Sainz Iob dist… lo wai ke il dist departet il del temporal affliement]; etc.; 90,6; SBernAn1F 75,30 [As povres et a ceos ki laborevent fut faiz cist solaiz: ne mies a vos o vos riche ki ci aveiz vostre solaz et lo wai ke deus vos anoncet]; VenjNSaG 1069 [Or a recet le wai (version occ.: gran dolor) qu’il aloit annunçant; = VenjNSfB 845 lo vai]; 1077 [huche le wai que a vos iaux veés]; 1468 [Or avons le wai que cil aloit querant Qui fu morz; = VenjNSfB 1077 lo vay que cil aloit criant]; RenclMisH 90,12 [Mors muera te joie en wai, var. uray; lai = lait]; ApocGiffR 1664 / 1665 [Et a taunt passe li premer gwais: E este vus uncore aprés vienent deus gwais; cp. l’interj. ci-dessus], TL 4,721,30; Gdf 4,372c; Stone 344b [SOsith = ApocGiffR, corr. Rothwell]; FEW 17,457b [s.m. manque: donne Adam comme locution])
●ve interj.
- ◆1ointerjection exprimant une plainte liée à des circonstances malheureuses ou à un mauvais présage (surtout dans la tradition de l’Ancien Testament: menace du pécheur) (mfr. 2em. 14es., ModusT 235,16 [absolu, Ve, ve, ve, dit par un aigle dans une allégorie]; 239,23 [Ve, ve, ve… c’est a dire ‘Maleichon soit sus la terre’]; 257,102 [absolu]; DeschQ 1,200 [ve a toy]; 1,230 [ve a la seignourie]; 1,316 [absolu, ve!]; 5,232; 6,117; 9,169 [lt.: Heu, heu autem et ve illis]; JFevLamentH II 57 [Par ve! se commence l’anteine: C’est aux maris doleur et peine; lt. Incipit antiphona sic: Ve, ve, veque maritis!]; RenclMisH 88,6var. [ms. fin 14es. Ve celle; ms. de base Wai cheli], TL 11,128 [JFevLamentH II 57 sub s.m.]; Gdf 8,154c; Lac 10,133a; FEW 14,119a)
- ◆substantivé (mfr. ca. 1380; fin 14es., RenclMisH 88,11var. [Ichest mot (var. wai, prob. ms. fin 14es. ve) recorde sovent], TL 11,129,3; Gdf 8,155a)
- ◆2os.m. “lamentation exprimant le regret douloureux ou le désespoir devant un mauvais présage” (4eq. 12es. – ca. 1320, SMarieEgtD 1208 [Por le forfait del premier home Qui, seur sen ve, menga le pome, Icel saint sanc nos laissa il (Jésus), cp. OvMor ci-dessous; var. ms. C agn. vied, ms. L pic. sa vie, BE (‘D’ err.) sor defoiz, D fu engané; v. la rem. ci-dessus]; CoincyII35K 18 [Livrez ert tous li mondes a tristrece et a ve]; 56; 659 [delivrer… (les pécheurs) a ve]; CoincyII36K 6 [Eve aporta ve]; JobG 339 [un ve: ‘He…’; lt. Vae qui]; OvMorB III [Quant Dieus ot fet le premier home, Qui, sor son ve, menga la pome], TL 11,128 [“Weh, Verwünschung” à corr.]; Gdf 8,154c; Lac 10,133b)