DEAFplus
article imprimé Add. & Corr.
rédaction: Frankwalt Möhren
gué m.
[ÉtymologieLt. VĂDUM “endroit peu profond dans l’eau (rivière ou mer); bas-fond”; “endroit guéable”, Forcellini 4,902c; Georges, survit dans toute la Romania: port. vau, dep. 1068 (uaao), Mach3 5,379a; galic. vao, Corom2 5,727b; esp. vado, dep. Cid; Fuero de Madrid; doc. Arag. 1198, fichier DEM; Corom2 [date 967 err.: lt., v. Oelschläger: Josue]; it. anc. et dial. vado, dès Petrarca, TomBel 7,1706b; rhétorom. vau “gué; lit d’une rivière, etc.”, VieliDec; RätNb 2,356a [wau doc. 1544]; frioul. vād “gué” Faggin; etc., cp. FEW; roum. vad, dep. 1417, TiktinMir 3,812b; plus, sur une aire en partie plus vaste, des dér., v. REW 9120a et FEW 17,440a [où cat. vau semble err.]. En fr., occ., cat. et it. (tosc. et Nord) vit un type présentant ou supposant un groupe initial gw-: fr. g(u)- / w-, v. ci-dessous; occ. guá, dep. ca. 1170 (doc. rouerg. BrunelS; etc., v. FEW); acat. guad, 988, guau, 13es., cat. gual, dep. fin 15es., CoromCat 4,691b; it. guado dep. av. 1292, Battaglia 7,91c; CortZol 525b. Ce type est généralement expliqué par une influence de germ. *WAD “gué” (très bien appuyé dans les langues germ. tout comme le verbe correspondant germ. *wadan), congénère de vădum (v. Pokorny 1109), v. FEW 17,440a; CoromCat 4,692b. Une explication phonologique comme pour → garenne demanderait une dépendance des mots occ., cat. et it. du fr., ce qui semble exclu, mais v. l’explication sub → guai. Cp. MeierPrinz 46ss. On n’as pas encore élucidé des rapports possibles avec les dér. de lt. AQUA (cp. LEI 31,585; 592; 633; FEW 25,66b aqua: frm. esgaier, aiguayer, gayer, etc., à comparer avec gaer 3o ci-dessous; → guace). Les traces de -d final peuvent s’expliquer par vădum comme par *wad. Dans qqs textes gués / -z est invariable (cf. Pope § 795; Gam2 504b), ce qui est p.-ê. le résultat d’un emploi collectif du pluriel, p.ex. BenDucF 23866ss., FloreaK 1508, CligesG 1307 avec var. ou TristBérG 4229 (cf. les var. ci-dessous), qui s’observe déjà en lt. classique (cp. encore vada, 9es., CGIL 2,203,51). – Nous ne séparons pas gaer, résultat d’un gallorom. *wadare (cf. lt.tardif vadare “passer à gué”, Georges), de guéer, dér. de gué. – Vadable est traité dans le présent article bien qu’il soit un emprunt à mlt. vadabilis, lui-même un romanisme, cf. Latham 503b (anglolt. ca. 1160-ca. 1307) et cf. le texte lt. cité ici sous vadable. – Le FEW distingue deux groupes sémantiques, I. ‘Furt’, II. ‘Kleiner Teich’. Le dernier n’est pas confirmé par les att. anc. (AliscW p. 349,56 gués, mss. 13es. et 14es., dans une laisse où il est question de bateaux à voile transportant des guerriers: “mare” à corr.; = AliscmH 6061 gueç, manque dans le gloss.). Il est peu probable que le sens d’“abreuvoir” (2o) témoigne d’un héritgae particulier de l’abfrq., il s’est sans doute développé en partant de “gué”, la différence entre un gué et un endroit à eau peu profonde dans une rivière ou sim. étant minime (de là “abreuvoir (non utilisable pour la baignade des animaux)”, “lavoir”, etc. attesté dans des dial. du Nord). De la même façon il n’est pas nécessaire de voir, avec le FEW, dans le développement sémant. de gaer “passer à gué” > “faire entrer des animaux dans un gué (1o ou 2o)” > “baigner (p.ex. une arme)” une influence secondaire du germanique. Noter que le FEW place gaer “faire baigner un cheval” sous I. et sous II.
Rem.: FEW 17,439a donne le dér. gueïs “endroit guéable” (hap.) sur la foi d’une seule att. enregistrée dans Gdf 4,374b: li oisel… pueent asseur noer par le gueis Et manger des poissons, des grans et des petis, Helias. La citation s’identifie avec ChevCygneNaissM 2189 où l’on lit l’egueïs (laisse en -is; manque dans le gloss.). Comme il s’agit de cygnes dans un vivier, une identification avec le concept de ‘gué’ (FEW: I. ‘Furt’) est exclue. La section II. ‘Kleiner Teich’ du FEW ne saurait accueillir l’att., le sens n’étant pas existant à date anc. au moins. Il faut donc lire l’egueïs et rattacher le mot à AQUA, v. FEW 25,65b; anorm. euiz m. “lieu plein d’eau”, ca. 1170 (bien que la déf. soit trop restreinte pour l’att. tirée de ca. 1170 ChronSMichelR 516 où des guêtres protègent contre les euïz pendant un voyage de messagers). – Il est peu prob. que hain. vais, 1327 WatrS 270,1228, TL 11,90; Gdf 8,137a; FEW 17,545b, soit à identifier avec gué. La forme serait acceptable, mais le contexte suggère une signification négative, d’où TL “Schlamm” (au fig.). L’étym. fait difficulté, v. FEW; ZrP 91,109: → gacel, gason; cp. → guace. – FEW 17,439a, I.2.b gasser etc. est transféré ib. 642b à *wattja, ib. 550a. Cf. LEI 31,586,30, qui veut rattacher toute la famille de *wattja à aqua (corr. “passer a guado”). Cp. → gacel et guace. – FEW 17,438b «awallon. wez (1211, HaustChartesOthee)» est à corriger: la date concerne un régeste fr. de 1409 d’un doc. latin. Supprimer ib. anorm. : RouH II 3839 lit eve “eau”. Ib. anorm. ved est introuvable. – FEW 17,439a «mfr. gué “marée basse permettant de passer à pied” (hbret., Planiol)» est tiré du gloss. de ca. 1320 CoutBretP: le mot y conserve pourtant son sens premier, bien qu’il soit question d’un endroit guéable à marée basse (ceulx… qui [veulent passer] la mer et n’ot pas [attenance] de attendre le gué… En cas semblable il semble que ils soient foulz et despourveüz de san, p. 75,13). – TL 4,725,38 “Wassergraben vor der Burg” est documentée par RCambr et Ferg. Dans RCambrK 1776 il est question de chevaliers qui chevauchent vite vers Roye sur Avre, De ci au gué ne sont aresteü: c’est sans doute un passage sur l’Avre et pas un fossé du château. Dans FergM 85,12 (= FergF 3125) “fossé” est suggéré par le contexte immédiat, mais exclu par le contexte large; v. sous 1o (par. ext.; le pluriel se rencontre aussi avec le sens primitif), cp. aussi LicorneG 2353: gloss. “Graben” erronée. – TL 4,725,51 “Wiesenniederung (mit einem Wasserlauf)”, RCambrK 1217, est à supprimer, le mot ne saurait prendre cette acception et les faits s’expliquent: le gué est situé dans la rivière mentionnée au v. 1104; le terrain au bord de cette rivière, à ce même endroit, est nommé bruel au v. 1082. Suppr. aussi FEW 17,439b «Aflandr. gues “pâturage au bord de l’eau” (13.jh.)». – TL 4,726,4 donne la déf. “(übertr.) Zwischenraum”, attestée par un seul contexte: le fer d’une lance escappa… Ou wiet dez armeüre passa si doucement Qu’il ne fist a Hüon ny anoy ne tourment (pic. ca. 1358 HugCapL 3701). L’extension du sens n’est pas très probable: la forme wiet est isolée. Il faut le rattacher à lt. *VŎCĬTUS, FEW 14,589b, où “partie d’une armure qui laisse le corp découvert” avec cette même att. tirée de Gdf 8,317b (= ‘vuit ca. 1320’); pour la graphie cp. Tournai 1392 viesbus, FEW 14,509a. [Etym. par G. Roques; ma proposition avancée ailleurs, < ui “ouverture”, n’est pas valable.] – TL 4,720,39 gaie[r] est qualifié de “übertr.”, soit “se baigner (au fig.)” (Li Chars s’enorguillist et gaie, SeptVicesB 61). Sans avoir vu Henry R 68,507, mais en accord avec lui, l’att. est rangée sous gai, R 91,227-230; DEAF G 39,3. Henry définit “se parer, se pomponner”, DEAF “se développer au détriment de l’âme (en parlant de la chair)”, définition contextuelle; le sens se rattache à gai 2o “insouciant, qui aime à vivre, frivole, volage”, 36,46 (cf. 3o et cp. mener gaie vie, BaudSebB, ib.44, mal placé sous 1o: il est question de violer une femme). – AliscmH 1173 gié est une déformation de gué, selon Holden MedAev 56,334; gloss. “ruscello (?)” manque de fondement; cp. gueç AliscmH 709; 6061. AliscW 1055 et AliscRé 1249 donnent gué (les gués grossissent par le sang des décapités: emploi à expliquer). – Gdf 4,327b gu m. “fond, creux?” manque dans GdfLex et dans le FEW. Le mot est donné d’après SaisnMich CIII qui édite en principe le ms. Cologny; celui-ci donne nettement gu (renseign. dû au conserv. H. Braun), cf. SaisnM 2288var. et SaisnlB 2174var. Le ms., de facture rapide, saute souvent des lettres, spéc. e, cf. SaisnlB 1987 sz = sez; 2130 outrepassez = -sez; etc., de sorte que l’on est en droit de corriger gu en gué: Dedanz Rune (une rivière) se fiert… Que d’autre part issi dou gu[é] de la gravele (il est question du gué au v. 2105; 2120; 2147). – Stone 345a “watercourse” erroné: qn passe un bras de mer par un gué profond mais guéable, le bon cheval se met a port (SOsithB 603; 608). – Certaines gloses dans AlexDoct, mss. 2em. 13es., glosent lacus et palus, mais aussi vadum, -a par wé(s), v. HuntTeach 2,8;15; 17; 18; 23, de même AdParv lacus, ib. 2,46. Il serait osé de se fier à de telles gloses pour postuler l’existence de sens correspondants (un même ms. donne pour palus et pour vada, 17; 18). [La glose wes, HuntTeach 2,102, représente voies.] – Agn. guerde, donné ci-dessous comme var. de gué, vient d’une lettre agn. au fr. assez correct. Il y est question d’un gué passant l’Esk (= Usk) sous Bergeveny (= Abergavenny) dans le comté de Went (= Gwent). C’est sur terre galloise. Y a-t-il une contamination avec gall. rit “gué” ou plutôt mangl. ford(e)? – Cp. guesuel, var. de gasçueil, → gacel, DEAF G 23,35: influence de gué? Cf. aussi FEW 17,642b. – Dans R 91,230 se trouve une version du présent article établie en 1969, compilée sur la base de matériaux de seconde main et sans recherches philologiques: elle possède une valeur métalexicographique.
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(gué ca. 1100 RolS2 2994 [pl. -z]; PhThBestWa 2762; CharroiPo 158; 787; 1033; BrutA 7095; FloreaK 1508; ThebesC 8931; 8935; 8939 [c.s. sg. -z]; 8949; RouH II 3825 [pl. -z]; II 3868 [pl. -z]; III 3712; III 5246; GuillAnglW 2992 [pl. -z]; BenDucF 23574; 23610 [pl. -z]; 23634; 23663 [pl. -z]; 23706; 23709 [c.s. sg. -z]; 35109 [pl. -z]; 35252; CligesG 1307; 1483; 2931; PercB 3015; etc.; ; etc.etc.(1), ⁠francoit. gueç AliscmH 709; 6061, ⁠s.l. BenDucF 18054 [pl. -z]; 23835; 23866 [pl. -z]; 23901; 23920 [pl. -z]; 23931 [pl. -z]; 23960 [pl. -z]; 23974 [pl. -z], gued GaimarB 2962; 2963, guet PelCharlF 256 [pl. guez]; 555; 773 [pl. -z], ⁠Est guei JoinvW1 142c; [fin 14es. FierPrM 1302], ⁠agn. guey gl. JGarl HuntTeach 1,148, ⁠bourg. guef doc. 1312 R 41,587, ⁠agn. pic. hain. lorr. RouH III 3530; doc. Tournai 1224 HerbomezTourn p. 11 [c.r.sg. -s]; p. 12 [id.]; GautLeuL2 II 302 [c.r. sg. -s: invar]; doc. 1263 DocHMarneG 150,5; HuntTeach 2,8; 2,15; 2,17; 2,18; 2,23; 2,32; 2,46; doc. Lille 1285 RoisinB p. 313 [c.r. sg. -s]; Peliarm Gdf [c.r. sg. -s]; doc. St-Quentin 1297 Gdf [c.s. sg. -s]; doc. 1305 / 06 PiérardMons p. 25,21 [c.r. sg. -s]; p. 26,25 [id.]; 577,3 [id.]; 364,25 [id.]; etc. v. gloss. (- an 1336); doc. St-Quentin 1344 DC [c.r. pl. -z]; doc. Péronne 1349 GigotPér 45,152 [prob. invar. -s], ⁠pic. hain. wall. lorr. wei doc. Flines 1246 Ewald [HautecœurFlines p. 66; c.r. sg. -s: invar.]; doc. 1258 DocHMarneG 96,3; 105,9; 234 passim; 256,4; reg. ms. fin 13es. GirySOmer 527,351; doc. 1330 PiérardMons 238,8 [c.r. sg. -s]; 243,6 [id.]; 366,23; 368,26 [id.]; etc., aussi 379,39 v. gloss. (- an 1337), ⁠lorr. weit SBernAn1F 157,16, ⁠s.l. guays Aalma[R 12880] var. ms. 15es. Gdf [c.s.sg.], ⁠mlt. wadum v. DC, ⁠agn. gwé ThomKentF 2904, gewé av. 1399 ChronAnG 21,27, gwerde 1262 ShirleyRoyLett 2,220 [cp. ci-dessus], ⁠francoit. gié (?)⁠ AliscmH 1173 [cp. ci-dessus], guaus [c.s. sg., rime]⁠ AttilaS XV 514)
  • 1o“endroit d’une rivière (ou d’un bras de mer ou lac et sim.) où le niveau d’eau est assez bas pour qu’on puisse traverser à pied, gué” (dep. ca. 1100, RolS2 2994; PhThBestWa 2762; GaimarB 2962; 2963 [l’un ost alad ariere, Ne surent gaed sur la riviere. Twiford ad nun le gued tuit dis U les Daneis sunt resortis]; CharroiPo 158; 787; 1033; BrutA 7095; FloreaK 1508; ThebesC 8931; 8935; 8939 [l’eve ert issi creüe. Quant li guez lor faut li premier Comencierent tuit a neier]; 8949; RouH II 3825; II 3868; III 3712; III 5246; III 3530; GuillAnglW 2992; BenDucF 23574; 23610; 23634; 23663; 23706; 23709; 35109 [As guez vint quant floz (de la mer) ert retraiz]; 35252 [A gué passerent (une rivière)]; PelCharlF 256; 555; 773; CligesG 1307; 1483; 2931, TL 4,723; GdfC 9,733b; Stone 345a; Lac 6,436a; Li 2,1948c; FEW 17,438b)
  • id., comme nom de lieu-dit⁠ (doc. Flines 1246 HautecœurFlines p. 66 [une piece a le Marliere al weis, Ewald]; doc. 1258 DocHMarneG 96,3 [une piece de prei qui siet au Wei Rogier]; 105,9 [id.]; 256,4 [une piece de prei qui siet a Bleson Wei], cf. GamGerm2 381 [noms de lieux en Brab.: 1186 Morelweis, 1250 Wais, s.d. Bardonwez])
  • id., dans un nom propre⁠ (doc. Tournai 1224 HerbomezTourn p. 11 [B. as Wes, ou sens 2o]; p. 12; Taille1313M 31a [Jehan bon gué]; doc. 1332 PiérardMons 379,39 [Gerart Dou Weis, ou sens 2o: même source], cp. Symon guee Taille1297M 280)
  • ⁠par ext. “endroit d’une rivière où le niveau de l’eau, plus ou moins bas, est propice au franchissement (par un pont ou un autre moyen)” (pic. 1ert. 13es.; 1ert. 14es., FergF 3125 [Fergus chevauche, sans s’en douter, à travers une contrée hantée par un larron; sur sa route il passe devant une tour: Par desous avoit un grant pont Par u on trespassoit les gués. Fergus i vient tos trespensés Et bien cuidoit outre passer, mais le larron sort de sa tour pour le poursuivre]; LicorneG 2353 [un chevalier chevauche le long d’une route: un pont est barré par 30 chevaliers: Li vit .xxx. trestuit rengé De renc a la rive du gué], TL 4,725,47 [Ferg; déf. erronée, v. ci-dessus])
  • “bas-fond (de la mer)” (1213; 1ert. 13es., FetRomF1 144,14 [les nes… ne doutoient gaires tenpeste ne flot por lor grandee et por lor force; et se eles cheoient en (var. ou) gué ou en petite mer, ne brisoient pas legierement por pierre ne por roche; cp. note F2 p. 530 “haut-fond”, petite mer et gué correspondent à vadum seul, v. Caesar B.G. III 13,9]; PetPhilT 1564 [Occean par les flums ne crest… Li soleil une part ravist, Partie par les venz sechist, Partie par uns venz privez Repeire as ses propres guez, traduit: partim per occultos meatus in suos amnes (“très grands affluents; bras de mer”) revertuntur, MignePL 172,134, cp. BrunLatChab I 124,55: gloss. “source, spring, fountain” à corr.], Stone 345a [“source”]; FEW 17,439b [“source”], ensuite RabL I, ix, 61, Lac 6,436b)
  • ⁠loc. adv. (chevauchier) le(s) gué(s) “(chevaucher) au pas” ? [L’existence de ce sens n’est pas assurée. V. → gré2 1o, G 1301,24, trois att., p.ex. (chevauchier) l’ambleüre et le gré. La leçon gué semble certaine, de sorte qu’il faut supposer soit une étourderie survenue deux fois, soit une confusion complexe qui remplace gré dans un sens très rare par gué, ayant une ressemblance acoustique, et en comprenant chevauchier le gué comme “chevaucher d’une façon appropriée en passant un gué”. Cp. SchmidtReiten 91 et les galos, DEAF G 103,42.⁠ (ca. 1200; déb. 13es. ms. 15es., ChevVivT 1264 [Sarrés chevalchent les galos et les gués]; AiquinJa 2718 [Serez chevaulchent les galoz et le gué, corrigé en lez le gué, non satisfaisant, cp. la note])
  • 2o“lieu naturel ou aménagé (au bord d’une rivière p.ex. et dans l’eau) pour faire boire des animaux, pour les baigner et pour d’autres usages” (pic. wall. 1280 (?)1521, reg. ms. fin 13es. GirySOmer 527,351 [On a defendu ke nus ne gete ordure ne ne pise dedens les weis de le vile; … nus ne pise encontre les fontaines… ne ne pise es hales; ms. fin 13es.]; Peliarm ms. 1ert. 14es. Gdf [dans un château: abreuvoir?]; doc. St-Quentin 1297 Gdf; doc. 1305 / 06-1337 PiérardMons passim [travaux divers au we(i)s: excavation et maçonnerie (aussi dans l’eau), dallage, remblayage, etc., v. gloss (déf. err.); 577,3: wes privé au bord d’un ruisseau en ville]; doc. St-Quentin 1344 DC [avoir wez et puisoirs es dites yaues]; doc. Péronne 1349 GigotPér 45,152 [en ville]; [MenagB 135,31 [cheval paist en gué, dans un prov., cp. Hassell V9, ou 1o?]; doc. Péronne 1399 GigotPér 48,210], Gdf 4,374a [Kanor l. Peliarm]; GdfC 9,733b; Hu 4,398b; DC 8,232a vadum; FEW 17,439b [“abreuvoir”, “mare” etc. discutable, v. le commentaire gén. ci-dessus])
gaer v.
(gaer RenM VII 540; AthisH 5420; GuillDoleL 1848; HAndArD 361; FetRomF1 417,26; 522,32; 567,11; ArtusS 35,7; AlexParA 691 var. mss. 2em. 13es.; CoincyII9K 1579 var. mss. fin 13es.; JVignayEnsK 92; [Bueve2S 3177 var. ms. 2em. 15es.], ⁠Ouest Nord guaer ca. 1160 ThebesC 8935; PelCharlF 559; 778; CoincyII9K 1579 var. ms. 1266, ⁠agn. pic. waer CoincyII9K 1579; AthisH 5420 ms. 1289; ThebesC 8935 var. ms. 1289; GlDouaiR 2568; HosebHenL 24 ms. fin 13es.; NicBozCharV 128, ⁠s.l. vaer BibbR 908 [cf. MLR 77,286]; 911; CoincyII9K 1579 var. mss. O déb. 14es., gueer Bueve2S 3177; AlexParA II 691 var. ms. 1338; RomPast II 59,45 ms. 14es.; [2em. 14es. AalmaR 12877], geer [prononc. occlus.]⁠ BenDucF 35115; RenR 14656 ms. ca. 1300, gheer HAndArD 462, ⁠pic. weer DurmG 2634; CoincyII9K 1579 var. ms. fin 13es., ⁠s.l. gaier FetRomF1 676,20, ⁠agn. vayer Graec ms. 13e / 14es. HuntTeach 2,33, wayer HosebHenL 84)
  • 1o⁠v.n. “passer à gué” (ca. 11601447, ThebesC 8935; BenDucF 35115 [Par lieus gee, par leus roteie, Moct esfreiz cerche la veie]; PelCharlF 559; 778; GlDouaiR 2568; Graec ms. 13e / 14es. HuntTeach 2,33 [vădo : vayer]; [2em. 14es. AalmaR 12877], TL 4,720; GdfC 9,733c; FEW 17,439a [v.n. manque; waiier, ‘14es.’, est tiré de 1447 ChronStavB])
  • ⁠v.a. “id.”⁠ (ca. 1340, JVignayEnsK 92 [les hommez ne l’osent trespasser ne gaer (le fleuve)], GdfC 9,733c; Hu 4,399a; Rob 1986; FEW 17,439a)
  • ⁠v.pron. “id.”⁠ (1289, ThebesC 8935 var. [Iluec soleit un gue aveir… Jusqu’en mé le gue bien guaerent (var. Dusqu’en mi l’aige se waerent, var. s’en entrerent)], Gdf 4,200a; GdfC 9,733c [1587: v.pron. à valeur passive]; Li 1,1949b [16es. et frm.]; cp. TL 4,720,14)
  • ⁠v.a. “faire passer à gué” (ms. 2eq. 14es., SLouisNanV 75 [(dans le fleuve) avoit .i. pas a gueer chevaus, par lequel nostre gent porroient bien passer])
  • ⁠v.a. à obj. indir. au fig. “passer (à travers qch., dit d’une arme)” (1213, FetRomF1 417,26 [Li darz li gaa outre par mi les boiaus]; 676,20, cp. ci-dessous sub 3o)
  • 2o⁠v.a. “faire entrer (un cheval p.ex.) dans un gué pour (le) laver; (le) laver par d’autres moyens” [cp. wayour ci-dessous]⁠ (dep. 4eq. 12es., RenM VII 540 (= RenR 14656 [gloss. err.]; RenγF2 13090); ArtusS 35,7 [oste la sele (du cheval) et cuevre de robe, mais avant l’ot gaé et essuié]; HosebHenL 84 [Et l’estor q’il seit wayez, e qant sunt sek, conreez]; BibbR 908 [waez l. vaez, v. Rothwell MLR 77,286]; 911 [Dunt les beofs e les chivaus sunt vaés (glosé wat(e)red, cf. éd. O 905) E de tutes autres bestes sunt lavez (glosé waschen); = BibbfW 69]; NicBozCharV 128, TL 4,720; Gdf 4,200a; Stone 886a; Rob 1986; FEW 17,439a; 17,440a)
  • 3o⁠v.a. “plonger (qch.) dans l’eau pour laver, tremper” (ca. 1209ms. 14es.; frm., GuillDoleL 1848 [en la praele… Dras i gaoit Perronele; = RomPast II 117,3]; RomPast II 59,45 [Dras i gueoit Elaine, ms. 14es.]; HAndArD 361 [Dras i gaoit meschinete]; 462 [Bele Doe i ghee laine; = HenryChrest 95,91]; FetRomF1 567,11 [Or l’alaient li flot gaant et gitant ça et la (un corps mutilé)]; DurmG 2634 [Lors est abaissiés al ruisel, Tant i wee le pegnoncel Que tos li sans en est alés, gloss. à corr.]; Bueve2S 3177 [Li bons chevaus senti ses flans guees Pour la grant eue (dans le gué)], TL 4,720; Gdf 4,200a; Rob 1986; FEW 17,440a)
  • ⁠au fig. “plonger (une arme) dans le sang, dans un corps” [cp. baignier TL 1,798,30; AiolN 4823; 6928; Bueve1S 9318, et ci-dessus sub 1o]⁠ (ca. 12001em. 14es., AthisH 5420 [Ainz an seront lences planees En cors de chevaliers gaees Et fer tranchant en sanc baingnié]; FetRomF1 522,32; CoincyII9K 1579 [Le coutel en sa main tenant; En cler sang est toute waee (var. ms. 1465 baignee; mss. 1266-2eq. 14es. guaee, gaee, vaee, weee)]; AlexParA II 691 (var. mss. 2em. 13es. et 1338); HerbCandS 2,351,2062 [Par mi le cors le fort espie li guee], TL 4,720; Gdf 4,200a; FEW 17,440a)
agn. wayour m.
(⁠agn. wayour BibbO 903 [trois mss., dont un corrigé par l’éd. R, mais prob. correct dans ms. ca. 1330 et sûrement dans 1em. 15es. cité par Stone]; BrittN 1,279, waer JGarlUn ms. fin 13es. HuntTeach 2,170, waier BibbfW 68, vajour BibbR 909 [ms. après 1307])
  • “lieu naturel ou aménagé (au bord d’une rivière p.ex. et dans l’eau) pour faire boire des animaux, pour les baigner et pour d’autres usages” [→ gaer 2o]⁠ (fin 13es., JGarlUn ms. fin 13es. HuntTeach 2,170; BibbR 909 [(les chevaux) au seir serrunt waez, Vayour (éd. O 903 w-; gloss. “celui qui abreuve, qui donne à boire” err.; glose ms. 1em. 15es. wateryng place) i ad proprement… Dunt les boefs e les chivaus sunt vaés Et de tutes autres bestes sunt lavez, mss. après 1307, ca. 1330 et 1em. 15es.; correspond à déb. 15es. BibbfW 68 waier, glosé par mangl. wayre]; BrittN 1,279 [encrés de curtilage sour commune, ou de wayour et de enbeverer as bestes…, ou faude, ou vacherie, ou molyn], Stone 886a [waiour et vai- non att.]; Latham [wayarium, -era, -oura, etc., 1275-1348]; OED W 211c [wayour; cp. weir]; FEW 17,440a [“celui qui abreuve”, pour Bibb, err.])
agn. wayur m.
  • “celui dont l’office consiste à abreuver et à soigner les montures et les bêtes de trait (et les bestiaux?)” (fin 13es., JGarl ms. C HuntTeach 2,170 [vadator : wayur])
gaable adj.
(gaable BenDucM 19308 ms. 1ert. 13es., gaiable BenDucF 21489 ms. poit. fin 12es.)
  • “que l’on peut passer à gué” (ca. 1174, BenDucF 21489 [cele eue n’est pas gaiable (var. éd. M gaable) Ne sanz navie trepassable; La mers i refole e undeie], GdfC 9,733b; TL 4,720; FEW 17,439a, ensuite dep. Commynes, GdfC; FEW)
vadable adj.
  • “que l’on peut passer à gué” (ms. 2eq. 14es., SLouisNanD 375 [(dans le fleuve) avoit .i. petit pas vadable a cheval; = SLouisNanV 75 avoit .i. pas a gueer chevaus, par lequel nostre gent porroient bien passer], Gdf 8,128b; DC 8,226c [vadabilis d’après la version lt. de SLouis: Quia fluvius Thaneos non erat vadabilis, = SLouisNanV 75 ne pooit estre trespassez n’a piè n’a cheval]; FEW 17,439a; 17,441a n.4)
tresgaer v.a.
(tresgaer AthisH 10862 var. ms. 2em. 13es., treswaer AthisH ib. mss. pic. 1289 et 1330, ⁠[tragraer AthisH ib. ms. 1299, erroné?], ⁠mfr. transgueer AalmaR 12636)
  • 1o“passer à gué” (mfr. 2em. 14es., AalmaR 12636 [transvado, -das : transgueer])
  • 2o“plonger complètement (une arme, dans un corps p.ex.)” [→ gaer 3o, emploi fig.]⁠ (2em. 13es., AthisH 10862 [seront hanstes (var. lances) fresnines Trespassees (var. treswaees, tresgaees) par mi peitrines], Gdf 4,200a [sub gaer])
gueage m.
(1) gués et guez paraissent comme invariables dans certains textes: Aiol2F 7751 [c.r.sg. -s]; 8485 [c.r.sg. -s]; AliscR 723 [c.r.sg. -z; 770 [desoz uns guez, ms. .i. guez, corr. un guez]; ContPerc4B 648 [c.r.sg. -z]; etc., v. TL 4,725, aussi GautLauL2 II 288 [c.r.sg. -s]; 327; 356